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vendredi 25 août 2017

LES SALOPARDS ISRAELIENS DETRUISENT DES ECOLES PALESTINIENNES

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Le gouvernement israélien a confisqué cinq locaux mobiles, financés par l’Union européenne et utilisés comme écoles à Jab al-Zeb, à l’est de la ville de Bethlehem en Cisjordanie, annonce l’agence Wafa en se référant à des responsables palestiniens.
Mercredi, les 64 élèves d'une des écoles mobiles de Jab al-Zeb sont venus «en classe» et ont pris place sur des chaises qu'ils avaient apportées eux-mêmes pour assister à leurs cours à ciel ouvert.
«Je suis très déçu. Au lieu de me réjouir de la rentrée, j'ai vu que l'école dont j'avais tant rêvé n'existait plus. C'est qu'auparavant j'allais dans une autre école très éloignée de chez moi», a avoué à l'agence Hasan Naif, élève de troisième.
  • Destruction d’écoles palestiniennes en Cisjordanie
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© SPUTNIK.
Destruction d’écoles palestiniennes en Cisjordanie
Les autorités israéliennes ont justifié leur démarche par l'absence des licences requises pour la construction desdites écoles. Selon les habitants de Jab al-Zeb, les Israéliens sont venus la nuit les privant ainsi de la possibilité de faire appel à la justice pour protester.

​Le ministère palestinien des Affaires étrangères a annoncé pour sa part que, dimanche soir, le gouvernement israélien avait détruit l'école maternelle de Djebel Al-Baba, dans la banlieue de Jérusalem-Est. Ouvert grâce au soutien de l'Union européenne, cet établissement était fréquenté par 25 enfants âgés de moins de cinq ans.
Des crimes contre les Palestiniens et leur droit à l'éducation sont enregistrés tous les jours. Toujours selon l'agence palestinienne Wafa, aujourd'hui même, la police israélienne a fait irruption dans l'école secondaire d'un orphelinat de Jérusalem pour y arrêter deux élèves.
Israël détruit des écoles palestiniennes

jeudi 24 août 2017

L'OCCIDENT TERRORISTE

SOURCE


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En tant que journaliste, réalisateur de documentaire et romancier étatsunien, André Vltchek a couvert d’innombrables conflits armés à travers le monde. Parmi ses travaux les plus récents, on retrouve “L’Occident terroriste”, une discussion avec Noam Chomsky, un expert de la propagande renommé. Ensemble, ils explorent l’héritage du colonialisme qui dure jusqu’à aujourd’hui et dénoncent l’hypocrisie de l’Occident face au terrorisme, alors qu’il est responsable de son développement. Nous avons interrogé André Vltchek sur son livre et sur bien d’autres choses.


Tout au long de votre discussion passionnée avec Noam Chomsky, vous faites un inventaire des faits relatifs au récent interventionnisme impérialiste en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Pourquoi l’idée de mettre en lumière les actions de l’Occident au lieu de celles des supposés ennemis de l’Occident ?

Depuis plusieurs siècles, l’Occident pille le monde militairement et économiquement. Pour pouvoir “légitimer” ses crimes, il a également conçu un système de propagande extrêmement complexe et efficace, imposant sa “logique” et ses dogmes culturels au reste du monde. Cela a été fait avec tant de persistance et de talent que pratiquement tous les autres récits ont disparu.
C’est en réalité une immense tragédie car plusieurs cultures conquises étaient clairement supérieures et beaucoup plus humanistes que la culture de l’Occident. Le résultat est le suivant : le développement logique et naturel du monde s’est enrayé, et a même été écrasé. Seuls les dogmes occidentaux ont prévalu, entraînant du déséquilibre, de la confusion, de la colère, et de la frustration à travers le monde.

Comme Noam Chomsky, vous êtes également un auteur très prolifique. Comment décririez-vous votre travail et celui de Chomsky ? Que retenez-vous de votre expérience passée à travailler sur ce livre ?

Noam et moi possédons différentes approches pour lutter contre cette situation détestable. Noam est un linguiste, un grand penseur théorique et un activiste. Il analyse la situation dans ses écrits non-romanesques qui sont en réalité ses grands travaux philosophiques. Il s’exprime en public également, potentiellement sur tous les continents.
Je vais directement aux sources puisque, pour l’essentiel, je ne crois plus que ce que je vois ou touche. J’essaie de recycler le moins possible. Je me rends sur des zones de guerre et dans les bidonvilles les plus dangereux ; je rencontre la crème des intellectuels mais aussi des gens plus pauvres que pauvres.
Je m’appuie sur un réseau extrêmement complexe de sources dans beaucoup de pays. Puis, je rédige des essais qui se transforment ensuite en des chapitres de mes ouvrages non-romanesques. Ou alors, j’écris des romans, qui sont toujours soit un minimum politiques soit essentiellement politiques. Ou bien je réalise des documentaires, pour des chaînes de télévision comme Telesur ou Al-Mayadeen.
Mon dernier livre, qui dévoile la propagande occidentale à travers le monde, fait plus de 800 pages et porte un titre qui parle de lui-même : “Exposing Lies of The Empire” [“Les mensonges de l’Empire révélés”, inédit en français, NdT]. Mon dernier roman sur l’impérialisme culturel occidental est intitulé “Aurora”.
Avec Noam, on se complimente. Et on aime être ensemble. Lorsque nous travaillons ensemble, on ne se force à rien. On n’est pas toujours d’accord à 100% sur tout, mais il est très rare que nous soyons en total désaccord sur des sujets politiques importants.

Que pensez-vous de l’évolution du contexte terroriste ainsi que du retour des discours relatifs à la “guerre contre le terrorisme” portés par les dirigeants européens et leurs alliés ?

Le terrorisme est essentiellement ce que les empires occidentaux autrefois et ce que l’empire étatsunien aujourd’hui utilisent contre le reste du monde.
Regardez le monde musulman : historiquement, l’islam est très progressiste et tourné vers la société, c’est même une religion “socialiste”. La première université publique, les premiers hôpitaux publics, tout cela était dans le monde musulman.
Même après la Seconde Guerre mondiale, les pays musulmans penchaient vers le socialisme. En conséquence, il fallait que l’Occident enraye, ruine et “radicalise” ces pays !
L’Occident a quasiment ruiné trois des plus importants pays socialistes musulmans : l’Iran, l’Égypte et l’Indonésie. Ensuite, il a utilisé l’Afghanistan et le Pakistan comme des armées de substitution dans sa guerre contre l’Union soviétique, massacrant quasiment ces deux pays également.

Donc vous souhaitez vraiment que vos lecteurs s’intéressent au passé colonial afin de pouvoir comprendre le néocolonialisme de nos jours…

Absolument. J’avance dans plusieurs de mes essais, ainsi que dans “Exposing Lies Of the Empire”, que l’Occident, pour des raisons compréhensibles, fabrique directement le “terrorisme musulman”. En conséquence, on ne devrait même pas utiliser le terme “terrorisme musulman”.
J’ai assisté à ce processus en Turquie, en Syrie, au Liban, en Indonésie, et ailleurs. Ce qui se passe est honteux mais c’est logique étant donné l’essence machiavélique de l’impérialisme occidental : l’Occident a réussi à détruire l’Union soviétique, il a affaibli le combat/processus anticolonialiste -en tuant ou en renversant des personnes comme Lumumba, Mossadegh, Sukarno ou Allende- et s’est retrouvé sans “ennemi majeur”.
Comme nous le savons tous, l’Occident ne peut pas exister sans “ennemi majeur”. Et il en a donc créé un, puissant, sorti de nulle part, et ce processus a royalement dupé tous les pays musulmans. Récemment à Téhéran, deux philosophes iraniens de renom m’ont déclaré que c’est en fait l’Occident qui a créé, à de nombreux endroits du monde, une religion totalement nouvelle, qui n’a rien de commun avec l’islam.

Les visions du tiers-monde sur les relations Nord-Sud sont attaquées et délégitimées régulièrement par des penseurs néo-conservateurs qui considèrent que l’analyse politique centrée sur l’économie est “obsolète et démodée”. Pourrait-on dire que les tenants du soi-disant “choc des civilisations” ont atteint leur but ? Quels sont les réels intérêts derrière leurs prises de positions?

Oui, c’est en train d’arriver. Mais les coupables ne sont pas seulement les néo-conservateurs. Je viens juste de quitter Bandung en Indonésie, qui avait accueilli en 1955 la fameuse “Conférence Asie-Afrique” (berceau du mouvement des non-alignés). Quand vous regardez les photos de cette conférence, vous avez envie de pleurer…ou de crier !
L’attrait du monde non-occidental pour l’indépendance et pour la vraie liberté était si fort à l’époque, mais la brutalité de l’Occident a brisé le courage et la détermination de tous ces pays, exceptés une poignée d’entre eux. La volonté de résistance contre l’impérialisme occidental a été annihilée pendant des décennies. C’est aujourd’hui seulement que l’on voit ressurgir ces idéologies, ces buts et ces rêves.
Bien-sûr, il y a et il y aura un énorme choc des civilisations, mais cela se passera sous des bannières et selon des logiques différentes de celles promues par les idéologues occidentaux.
Un “choc des civilisations” plus réel sera très simple et positif : il prendra la forme d’un combat de résistance du monde oppressé contre la terreur occidentale qui brutalise notre planète depuis des siècles.

Vous avez fréquemment visité et vécu dans des pays latino-américains, arabes, et asiatiques pendant de nombreuses années. À votre avis, comment les forces progressistes devraient-elles relever les défis posés par les conflits liés à l’identité culturelle et à l’ethnicité au XXIe siècle ? La vision eurocentrée est-elle un grand piège pour ceux qui essaient de comprendre et de changer le monde ?

Oui tout à fait, et il est essentiel de comprendre cela ! Les forces progressistes de l’Occident devraient, je crois, prendre du recul et faire preuve de plus d’humilité. Au lieu de constamment faire la morale à tous les gouvernements de gauche d’Amérique latine ou d’Asie et de montrer de la haine envers eux, ils devraient apprendre un peu le respect ainsi que se renseigner sur la culture chinoise ou latino-américaine. Ils devraient essayer de comprendre comment les choses ont historiquement été réalisées dans ces pays.
La gauche occidentale a franchement et clairement perdu. L’espoir se trouve désormais en Amérique latine et en Asie ainsi que dans quelques rares pays africains. La gauche occidentale devrait, je pense, cesser d’être “puriste” et soutenir ce qui nous reste dans ce monde, au lieu de définir “qui est un vrai Marxiste et qui ne l’est pas”, etc.
Le principale combat maintenant devrait être le combat contre l’impérialisme occidental. Je connais le monde, et je suis convaincu que si l’impérialisme occidental était défait, le reste du monde trouverait un moyen de coexister pacifiquement et de bâtir un monde humain, plus doux et plus compatissant. Ensuite, et ensuite seulement, on pourra s’occuper des détails. En attendant, sauver notre planète de ce qui la ruine depuis des siècles devrait être notre unique objectif.

Andre Vltchek est philosophe, romancier, cinéaste, et journaliste d’investigation. Il a couvert des guerres et des conflits dans des dizaines de pays. Trois de ses récents ouvrages sont un roman révolutionnaire intitulé “Aurora”, et deux travaux à succès de politique non-romanesque appelé “Exposing Lies of The Empire” pour l’un et, “Fighting Against Western Imperialism” [Lutter contre l’impérialisme occidental, inédit en français, NdT] pour l’autre. Ses autres livres sont disponibles ici. Andre produit également des documentaires pour teleSUR et Al-Mayadeen. Visionner Rwanda Gambit, sont documentaire avant-gardiste sur le Rwanda et la République Démocratique du Congo. Après avoir vécu en Amérique latine, en Afrique et en Océanie, Vltchek réside habite désormais en Asie de l’est et au Moyen-Orient et continue de travailler partout dans le monde. On peut le contacter sur son site internet ou sur Twitter.

Traduit de l’anglais par Rémi Gromelle pour Investig’Action
Source: Investig’Action

lundi 21 août 2017

LE MANAGEMENT DE LA TERREUR

SOURCE
Un nouvel attentat « djihadiste » vient d’avoir lieu sur les Ramblas à Barcelone, dans la zone la plus fréquentée de la ville catalane en Espagne. Le massacre est identique à celui de Nice et à celui du 9 août à Levallois Perret, contre des militaires…
Dans mon livre « Le djihad et le management de la terreur » paru aux éditions Vérone en 2017, 445 pages, je renvoyais mon lecteur, notamment aux publications de l’ancien patron du Pôle anti terroriste français, Le juge Marc Trévidic qui avait démissionné avec fracas de son poste, après avoir refusé de tenir le discours convenu « officiel » concernant le terrorisme, sur les plateaux de télévisions où il était invité…
Pour information, il est déterminant de lire Marc Trévidic, « Au cœur de l’antiterrorisme », éditions JC Lattès, 2011 ; « Terroristes : les 7 piliers de la déraison », JC Lattès, 2013 ; « Qui a peur du petit méchant juge ? », JC Lattès, 2014.
Une fois de plus, comme nous en sommes désormais accoutumés, il était tout à fait essentiel que le terroriste laisse bien en vue son passeport dans le véhicule ayant servi au massacre. Car il faut à tout prix que l’on puisse identifier la menace ! Qui nous menace et qui vient nous tuer en Europe ? Réponse sans ambiguïté, grâce au passeport : Les djihadistes !
Le but est atteint et nous savons, grâce notamment au juge Trévidic, que ces actions sont organisées avec la bénédiction de la CIA qui avait inauguré en Europe l’utilisation des djihadistes en faisant venir au Kosovo ses armées de Moudjahidin Afghans qui ont perpétré les horreurs que nous savons en Ex –Yougoslavie, (Cf., le Juge Trévidic dans « Terroristes : les 7 piliers de la déraison »)…
Chacun se rappellera des actions terroristes du GLADIO, créé lui aussi par la CIA et agissant exclusivement en Europe, en utilisant des gens d’extrême droite qui se faisaient passer pour des terroristes d’extrême gauche, dans le but de jeter le discrédit sur les partis de gauche et surtout sur les partis communistes européens trop influents aux goût des étasuniens désireux de conserver leur hégémonie sur l’Europe en faisant d’elle leur marché principal et obsédés par l’anti communisme… Chacun aura en souvenir l’attentat de la gare de Bologne qui restera l’action la plus emblématique du GLADIO en Europe et qui avait été commanditée par la CIA…
Tout se passe comme d’habitude y compris avec le détail du passeport de rigueur : si la police ne pouvait pas dire rapidement et avec certitude, l’identité du terroriste, l’attentat resterait un coup d’épée dans l’eau. Il est absolument déterminant que ce détail soit soigneusement souligné ; il était déterminant de retrouver sur les ruines fumantes du WTC le passeport d’un terroriste, intact, ayant traversé le feu intense de l’avion destructeur fondant l’acier à quasi 3000 degrés ; il était déterminant de trouver les papiers d’identité des frères Kouachi, dans la voiture après le meurtre de Charlie Hebdo et la suite ; il était déterminant de trouver le SMS sur un téléphone intact jeté par les terroristes dans la poubelle publique à côté du Bataclan et retrouvé illico par la police avant le passage des éboueurs ; il est déterminant aujourd’hui que les Européens sachent qui les menacent et donc ce qu’ils doivent faire pour être protégés : renforcer la coercition, exaspérer la surveillance, laisser tomber leurs libertés, accentuer la militarisation, augmenter les budgets attribués à la seule armée capable de les protéger du djihadisme : l’OTAN !
Bref, les USA veulent dominer assurément les européens et exploiter confortablement ce grand marché. Or, toutes les mesures prises contre les Russes, ne servent qu’à cet objectif : privatiser le marché européen pour les seuls intérêts de l’envahisseur, aidé de son armée l’OTAN, en écartant la « menace russe » qui ose venir manger sur les plates-bandes des yankees ! L’objectif, à terme, c’est de déclencher une guerre contre la Russie et de pouvoir enfin nous refaire le coup du plan Marshal, alias TAFTA, TTIP, prévu depuis longtemps et préparé en grand secret à Bruxelles avec les collabos de service…
Mais les Etats formant l’Union Européenne se montrent récalcitrants, voyant que la stratégie sans complexe des USA ne sert que leurs intérêts en flouant abusivement ceux des européens. C’est là que le recours au terrorisme est absolument nécessaire dans les plans de cette stratégie étasunienne. On peut dire ouvertement que la CIA a réactivé son GLADIO en Europe, via les islamistes cette fois, pour dresser les récalcitrants et les obliger à contribuer à la militarisation excessive de l’UE, via l’OTAN, et ainsi donner tout le pouvoir à cette force armée du IVème Reich pour en arriver enfin au TAFTA,TTIP tant attendu…
Il est surprenant de constater qu’une masse considérable de gens, fasse preuve d’une telle naïveté, face aux attentats ! Comment la majorité de nos concitoyens ne voit-elle pas que le coup du « passeport providentiel », répétitif, finit par être carrément suspect ?
Le député Thomas Zlowodzki, LR, a tweeté en disant que « les Français victimes du terrorisme à Barcelone devaient assumer, puisqu’ils n’ont pas voté François Fillon qui, lui, aurait éradiqué le terrorisme islamiste ». Il faut donc comprendre que si les Français s’étaient pliés à la politique ultra libérale et pro TAFTA TTIP de l’Europe, la CIA n’aurait pas été obligée de fomenter de nouveaux attentats pour remettre de force, dans le giron du fascisme ultra libéral, des peuples trop émancipés et peu respectueux de la dictature néo libérale et néo conservatrice dominant le monde. Partout, dans les journaux, on dénonce l’infâme chantage des « islamistes » sans jamais reconnaître que l’infâme chantage vient des Etats-Unis qui ont créé Al-Qaïda puis Daech ! Ceux qui ne savent pas encore cela doivent se renseigner sans tarder ! On décrit dans les medias, l’attentat de Barcelone à la camionnette bélier, survenu sur les célèbres Ramblas de Barcelone et les 20 morts (13 continuent à dire les medias français) et une centaine de blessés à ce jour. Daech, « Etat Islamique » revendique l’attaque ! Tout y est et rien n’est vrai ! Tout est ainsi en apparence et rien n’est ainsi en réalité !
Comment expliquer cette naïveté et passivité des peuples européens face à la manipulation évidente qui est faite sans arrêt concernant le terrorisme en Europe ? Combien de personnes, en France, ont-elles pris la peine de lire les publications du juge Trévidic, l’une des personnes certainement les plus compétentes et les mieux informées concernant le sujet du terrorisme ? Comment les Européens ne comprennent-ils pas encore que les vrais et seuls terroristes qui nous menacent sont les Etats-Unis d’Amérique ? Comment n’ont-ils pas encore tiré les leçons de l’ex Yougoslavie, dont la déflagration a été orchestrée par l’OTAN, ainsi que de l’Irak, de la Libye et de la Syrie ? Combien de centaines de milliers de morts innocents faudra-t-il encore aux Européens pour qu’ils comprennent qu’on les prend pour des idiots ? Face à un « terrorisme chirurgical » ne portant plus ses fruits, ne terrorisant plus personne, tellement il en est devenu banal et prévisible, il n’y aura que la guerre nucléaire qui pourra constituer le niveau suivant d’un terrorisme de masses dont l’efficacité accordera d’office aux prédateurs dominants, la liberté de conduire ce qui restera des peuples en esclavage ! Le collapsus à venir ne garantit absolument pas qu’il y ait encore quelqu’un pour faire valoir un TAFTA TTIP, pour conduire des peuples à l’esclavage, après ce sommet atteint par la bêtise humaine et c’est peut-être mieux ainsi pour notre Mère à tous la Terre !
Jean-Yves Jezequel 
jeudi 17 août 2017

mardi 15 août 2017

LE BRUIT ET LA FUREUR

14 - 18 
Tout est loin d’avoir été dit sur la « der des ders », sur l’histoire de cette immense tromperie, de ce gâchis infini. A travers le récit d’un soldat qui a traversé toute la guerre et qui parle aussi au nom de ces camarades, « 14-18 le bruit et la fureur » est un documentaire réalisé à partir d’images d’archives, pour la première fois, restaurées, colorisées et sonorisées. A rebours de la victimisation du soldat qui a longtemps prévalu, le propos de ce film est nouveau : la Grande Guerre a été entretenue par un consentement général. Ce sont des sociétés entières qui se sont jetées dans ce qu’elles pensaient être un combat de la civilisation contre la barbarie. Elles se sont ainsi engagées dans le premier massacre de masse moderne, sans avoir la moindre idée de ce qui les attendait; En suivant les analyses d’Annette Becker, l’un des chefs de file de ce nouveau courant historiographique, ce film donne une vision neuve de ce conflit dont l’ampleur, la violence, le caractère total ont à la fois préfiguré et engendré les tragédies du XXe siècle.

vendredi 11 août 2017

LES TRES BONNES RAISONS DE LA COREE DU NORD D'ATTAQUER LES AMERLOPES

SOURCE


Quand les Etats-Unis détruisaient un pays pour le sauver
Le 25 juin 2010 marque le soixantième anniversaire du début de la Guerre de Corée, appelée «Guerre de Libération de la patrie » en République populaire démocratique de Corée.  Entre 1950 et 1953, les hostilités ont fait près de quatre millions de victimes, mais l’ « héritage » de cette guerre va  bien au-delà de ce bilan humain déjà terrifiant : l‘accord d’armistice signé à Panmunjom le 27 juillet 1953 a scellé la division de la péninsule coréenne en établissant une ligne de démarcation militaire entre le nord et le sud, et, faute de véritable traité de paix, la Corée reste « techniquement » en état de belligérance.
Au lendemain de la libération de la Corée (15 août 1945), après 35 ans de colonisation japonaise, le peuple coréen pouvait pourtant légitimement prétendre à recouvrer son indépendance et sa souveraineté, comme s’y étaient engagés les pays alliés lors de la Conférence du Caire (novembre 1943). Cette légitime aspiration de la nation coréenne ne fut malheureusement pas réalisée dans le contexte d’affrontement des grandes puissances : dès le mois de septembre 1945, deux zones d’occupation, soviétique et américaine, se mirent en placede part et d’autre du 38emeparallèle. En 1948, l’organisation d’élections séparées au sud, sous l’égide de l’ONU où les Etats-Unis disposaient de la majorité, aboutit à la création de deux Etats coréens : la République de Corée au sud, la République populaire démocratique de Corée au nord. La partition de fait de la Corée était réalisée. La nation coréenne se trouvait dramatiquement divisée contre son gré par la « frontière » artificielle du 38eme parallèle, autour de laquelle divers accrochages firent des milliers de morts de 1945 à 1950.
La thèse de l’offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 servit de prétexte à une intervention militaire des Etats-Unis, dans le cadre d’une stratégie américaine globale de « refoulement du communisme ».  L’intervention américaine en Corée fut légitimée par le Conseil de sécurité de l’ONU  – où l’URSS ne siégeait pas en raison du refus d’y admettre la jeune République populaire de Chine -, le président américain Harry Truman présentant alors l’envoi de troupes en Corée comme une « opération de police » dont le but était de repousser un « raid de bandits contre la République de Corée ». Le président américain l’a fait sans déclaration de guerre, jusqu’alors une condition préalable à la participation militaire des Etats-Unis à l’étranger. Il a ainsi établi un précédent pour le président Lyndon Johnson qui a engagé des troupes dans la Guerre du Vietnam sans jamais solliciter un mandat du Congrès pour son action. Les interventions en Irak et en Afghanistan ont été menées selon les mêmes principes.
Pour cette « opération de police », les Etats-Unis eurent recours à des armes de destruction massive,  ou menacèrent d’en utiliser, ce qui contribue encore à éclairer la situation actuelle. Comme l’écrit  l’historien américain Bruce Cumings en conclusion de l’article que nous reproduisons ci-après, « la Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée ». Cumings écrivait ces lignes en 2004, sous l’administration Bush. Elles restent d’une troublante actualité, surtout  après l’annonce, le 6 avril 2010, de la nouvelle posture nucléaire de l’administration Obama, selon laquelle les Etats-Unis s’autorisent à frapper la Corée du Nord avec des armes nucléaires même si celle-ci n’utilise que des armes conventionnelles.

Mémoires de feu en Corée du Nord
Quand les USA détruisaient un pays pour le sauver

La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée.

Bombardier B-29 US en mission, juillet 1950.© Roger-Viollet
Plutôt que d’une guerre « oubliée », mieux vaudrait parler, s’agissant de la guerre de Corée (1950-1953), d’une guerre inconnue. L’effet incroyablement destructeur des campagnes aériennes US contre la Corée du Nord – qui allèrent du largage continu et à grande échelle de bombes incendiaires (essentiellement au napalm) aux menaces de recours aux armes nucléaires et chimiques (1) et à la destruction de gigantesques barrages nord-coréens dans la phase finale de la guerre – est indélébile. Ces faits sont toutefois peu connus, même des historiens, et les analyses de la presse sur le problème nucléaire nord-coréen ces dix dernières années n’en font jamais fait état.
La guerre de Corée passe pour avoir été limitée, mais elle ressembla fort à la guerre aérienne contre le Japon impérial pendant la seconde guerre mondiale, et fut souvent menée par les mêmes responsables militaires US. Si les attaques d’Hiroshima et de Nagasaki ont fait l’objet de nombreuses analyses, les bombardements incendiaires contre les villes japonaises et coréennes ont reçu beaucoup moins d’attention. Quant aux stratégies nucléaire et aérienne de Washington en Asie du Nord-Est après la guerre de Corée, elles sont encore moins bien comprises, alors que ces stratégies ont défini les choix nord-coréens et demeurent un facteur-clé dans l’élaboration de la stratégie US en matière de sécurité nationale. (…)
Le napalm fut inventé à la fin de la seconde guerre mondiale. Son utilisation provoqua un débat majeur pendant la guerre du Vietnam, attisé par des photos insoutenables d’enfants qui couraient nus sur les routes, leur peau partant en lambeaux… Une quantité encore plus grande de napalm fut néanmoins larguée sur la Corée, dont l’effet fut beaucoup plus dévastateur, car la République populaire démocratique de Corée (RPDC) comptait bien plus de villes peuplées que le Nord-Vietnam. En 2003, j’ai participé à une conférence aux côtés d’anciens combattants US de la guerre de Corée. Lors d’une discussion à propos du napalm, un survivant de la bataille du Réservoir de Changjin (Chosin, en japonais), qui avait perdu un œil et une partie de la jambe, affirma que cette arme était bel et bien ignoble, mais qu’elle « tombait sur les bonnes personnes ».
Les bonnes personnes ? Comme lorsqu’un bombardement toucha par erreur une douzaine de soldats US : « Tout autour de moi, les hommes étaient brûlés. Ils se roulaient dans la neige. Des hommes que je connaissais, avec qui j’avais marché et combattu, me suppliaient de leur tirer dessus… C’était terrible. Quand le napalm avait complètement brûlé la peau, elle se détachait en lambeaux du visage, des bras, des jambes… comme des chips de pommes de terre frites (2). »
Un peu plus tard, George Barrett, du New York Times, découvrit un « tribut macabre à la totalité de la guerre moderne » dans un village au nord d’Anyang (en Corée du Sud) : « Les habitants de tout le village et dans les champs environnants furent tués et conservèrent exactement l’attitude qu’ils avaient lorsqu’ils furent frappés par le napalm : un homme s’apprêtait à monter sur sa bicyclette, une cinquantaine d’enfants jouaient dans un orphelinat, une mère de famille étrangement intacte tenait dans la main une page du catalogue Sears-Roebuck où était cochée la commande no 3811294 pour une “ravissante liseuse couleur corail”. » Dean Acheson, secrétaire d’Etat, voulait que ce genre de «reportage à sensation » soit signalé à la censure afin qu’on puisse y mettre un terme (3).
L’un des premiers ordres d’incendier des villes et des villages que j’ai trouvés dans les archives fut donné dans l’extrême sud-est de la Corée, pendant que des combats violents se déroulaient le long du périmètre de Pusan, début août 1950, alors que des milliers de guérilleros harcelaient les soldats US. Le 6 août 1950, un officier US donna l’ordre à l’armée de l’air « que soient oblitérées les villes suivantes» : Chongsong, Chinbo et Kusu-Dong. Des bombardiers stratégiques B-29 furent également mis à contribution pour des bombardements tactiques. Le 16 août, cinq formations de B-29 frappèrent une zone rectangulaire près du front qui comptait un grand nombre de villes et de villages, et créèrent un océan de feu en larguant des centaines de tonnes de napalm. Un ordre semblable fut émis le 20 août. Et le 26 août, on trouve dans ces mêmes archives la simple mention : « Onze villages incendiés (4) ».
Les pilotes avaient ordre de frapper les cibles qu’ils pouvaient discerner pour éviter de frapper des civils, mais ils bombardaient souvent des centres de population importants identifiés par radar, ou larguaient d’énormes quantités de napalm sur des objectifs secondaires lorsque la cible principale ne pouvait être atteinte. La ville industrielle de Hungnam fut la cible d’une attaque majeure le 31 juillet 1950, au cours de laquelle 500 tonnes de bombes furent lâchées à travers les nuages. Les flammes s’élevèrent jusqu’à une centaine de mètres. L’armée US largua 625 tonnes de bombes sur la Corée du Nord le 12 août, un tonnage qui aurait requis une flotte de 250 B-17 pendant la seconde guerre mondiale. Fin août, les formations de B-29 déversaient 800 tonnes de bombes par jour sur le Nord (5). Ce tonnage consistait en grande partie en napalm pur. De juin à fin octobre 1950, les B-29 déversèrent 3,2 millions de litres de napalm.
Au sein de l’armée de l’air US, certains se délectaient des vertus de cette arme relativement nouvelle, introduite à la fin de la précédente guerre, se riant des protestations communistes et fourvoyant la presse en parlant de « bombardements de précision ». Les civils, aimaient-ils à prétendre, étaient prévenus de l’arrivée des bombardiers par des tracts, alors que tous les pilotes savaient que ces tracts n’avaient aucun effet (6). Cela n’était qu’un prélude à la destruction de la plupart des villes et villages nord-coréens qui allait suivre l’entrée de la Chine dans la guerre.

Pablo Picasso, Massacre en Corée, 1951
Larguer trente bombes atomiques ?
L’entrée des Chinois dans le conflit provoqua une escalade immédiate de la campagne aérienne. A compter du début novembre 1950, le général MacArthur ordonna que la zone située entre le front et la frontière chinoise soit transformée en désert, que l’aviation détruise tous les « équipements, usines, villes et villages » sur des milliers de kilomètres carrés du territoire nord-coréen. Comme le rapporta un attaché militaire britannique auprès du quartier général de MacArthur, le général US donna l’ordre de « détruire tous les moyens de communication, tous les équipements, usines, villes et villages » à l’exception des barrages de Najin, près de la frontière soviétique et de Yalu (épargnés pour ne pas provoquer Moscou et Pékin). « Cette destruction [devait] débuter à la frontière mandchoue et continuer vers le sud. » Le 8 novembre 1950, 79 B-29 larguaient 550 tonnes de bombes incendiaires sur Sinuiju, «rayant de la carte ». Une semaine plus tard, un déluge de napalm s’abattait sur Hoeryong « dans le but de liquider l’endroit ». Le 25 novembre, « une grande partie de la région du Nord-Ouest entre le Yalu et les lignes ennemies plus au sud (…) est plus ou moins en feu ». La zone allait bientôt devenir une «étendue déserte de terre brûlée (7) ».
Général Mac Arthur  azs
Tout cela se passait avant la grande offensive sino-coréenne qui chassa les forces de l’ONU du nord de la Corée. Au début de l’attaque, les 14 et 15 décembre, l’aviation US lâcha au-dessus de Pyongyang 700 bombes de 500 livres, du napalm déversé par des avions de combat Mustang, et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement qui atterrirent avec un bruit sourd et explosèrent ensuite, quand les gens tentèrent de sauver les morts des brasiers allumés par le napalm. Début janvier, le général Ridgway ordonna de nouveau à l’aviation de frapper la capitale Pyongyang « dans le but de détruire la ville par le feu à l’aide de bombes incendiaires » (objectif qui fut accompli en deux temps, les 3 et 5 janvier 1951). A mesure que les USAméricains se retiraient au sud du 30e parallèle, la politique incendiaire de la terre brûlée se poursuivit : Uijongbu, Wonju et d’autres petites villes du Sud, dont l’ennemi se rapprochait, furent la proie des flammes (8).
L’aviation militaire tenta aussi de décapiter la direction nord-coréenne. Pendant la guerre en Irak, en mars 2003, le monde a appris l’existence de la bombe surnommée « MOAB » (Mother of all bombs,Mère de toutes les bombes), pesant 21 500 livres et d’une capacité explosive de 18 000 livres de TNT. Newsweek en publia une photo en couverture, sous le titre « Pourquoi l’Amérique fait-elle peur au monde ? (9) ». Au cours de l’hiver 1950-1951, Kim Il-sung et ses alliés les plus proches étaient revenus à leur point de départ des années 1930 et se terraient dans de profonds bunkers à Kanggye, près de la frontière mandchoue. Après trois mois de vaines recherches à la suite du débarquement d’Inch’on, les B-29 larguèrent des bombes « Tarzan » sur Kanggye. Il s’agissait d’une bombe nouvelle, énorme, de 12 000 livres, jamais utilisée auparavant. Mais ce n’était encore qu’un pétard à côté de l’arme incendiaire ultime, la bombe atomique.
Le 9 juillet 1950, deux semaines seulement après le début de la guerre, le général MacArthur envoya au général Ridgway un « message urgent » qui incita les chefs d’état-major (CEM) « à examiner s’il fallait ou non donner des bombes A à MacArthur ». Le général Charles Bolte, chef des opérations, fut chargé de discuter avec MacArthur de l’utilisation de bombes atomiques « en soutien direct aux combats terrestres ». Bolte estimait qu’on pouvait réserver de 10 à 20 bombes au théâtre coréen sans que les capacités militaires globales des USA s’en trouvent affectées « outre mesure ». MacArthur suggéra à Bolte une utilisation tactique des armes atomiques et lui donna un aperçu des ambitions extraordinaires qu’il nourrissait dans le cadre de la guerre, notamment l’occupation du Nord et une riposte à une potentielle intervention chinoise ou soviétique comme suit : « Je les isolerai en Corée du Nord. En Corée, je vois un cul-de-sac. Les seuls passages en provenance de Mandchourie et de Vladivostok comportent de nombreux tunnels et ponts. Je vois là une occasion unique d’utiliser la bombe atomique, pour frapper un coup qui barrerait la route et demanderait un travail de réparation de six mois. »
A ce stade de la guerre, toutefois, les chefs d’état-major rejetèrent l’usage de la bombe car les cibles suffisamment importantes pour nécessiter des armes nucléaires manquaient, ils redoutaient les réactions de l’opinion mondiale cinq ans après Hiroshima et ils s’attendaient que le cours de la guerre soit renversé par des moyens militaires classiques. Le calcul ne fut plus le même lorsque d’importants contingents de soldats chinois entrèrent en guerre, en octobre et novembre 1950.
Lors d’une célèbre conférence de presse, le 30 novembre, le président Truman agita la menace de la bombe atomique (10). Ce n’était pas une bourde comme on le supposa alors. Le même jour, le général de l’armée de l’air Stratemeyer envoya l’ordre au général Hoyt Vandenberg de placer le commandement stratégique aérien en alerte « afin qu’il soit prêt à envoyer sans retard des formations de bombardiers équipés de bombes moyennes en Extrême-Orient, (…) ce supplément[devant] comprendre des capacités atomiques ». Le général d’aviation Curtis LeMay se souvient à juste titre que les CEM étaient parvenus auparavant à la conclusion que les armes atomiques ne seraient probablement pas employées en Corée, sauf dans le cadre d’une « campagne atomique générale contre la Chine maoïste ». Mais puisque les ordres changeaient en raison de l’entrée en guerre des forces chinoises, LeMay voulait être chargé de la tâche ; il déclara à Stratemeyer que son quartier général était le seul qui possédait l’expérience, la formation technique et « la connaissance intime »des méthodes de largage. L’homme qui dirigea le bombardement incendiaire de Tokyo en mars 1945 était prêt à mettre le cap de nouveau sur l’Extrême-Orient pour diriger les attaques (11). Washington se souciait peu à l’époque de savoir comment Moscou allait réagir car les USAméricains possédaient au moins 450 bombes atomiques tandis que les Soviétiques n’en avaient que 25.
Curtis LeMay
Peu de temps après, le 9 décembre, MacArthur fit savoir qu’il voulait un pouvoir discrétionnaire concernant l’utilisation des armes atomiques sur le théâtre coréen, et, le 24 décembre, il soumit une «liste de cibles devant retarder l’avancée de l’ennemi » pour lesquelles il disait avoir besoin de 26 bombes atomiques. Il demandait en outre que 4 bombes soient larguées sur les « forces d’invasion » et 4 autres sur les « concentrations ennemies cruciales de moyens aériens ».
Dans des interviews parues après sa mort, MacArthur affirmait avoir un plan permettant de remporter la guerre en dix jours : « J’aurais largué une trentaine de bombes atomiques (…) en mettant le paquet le long de la frontière avec la Mandchourie. » Il aurait ensuite amené 500 000 soldats de la Chine nationaliste au Yalu, puis aurait « répandu derrière nous, de la mer du Japon à la mer Jaune, une ceinture de cobalt radioactif (…) dont la durée de vie active se situe entre soixante et cent vingt années. Pendant soixante ans au moins, il n’aurait pas pu y avoir d’invasion terrestre de la Corée par le nord ». Il avait la certitude que les Russes n’auraient pas bougé devant cette stratégie de l’extrême : « Mon plan était simple comme bonjour (12). »
La radioactivité du cobalt 60 est 320 fois plus élevée que celle du radium. Selon l’historien Carroll Quigley, une bombe H de 400 tonnes au cobalt pourrait détruire toute vie animale sur terre. Les propos bellicistes de MacArthur paraissent insensés, mais il n’était pas le seul à penser de la sorte. Avant l’offensive sino-coréenne, un comité dépendant des chefs d’état-major avait déclaré que les bombes atomiques pourraient s’avérer être le « facteur décisif » qui stopperait l’avancée chinoise en Corée. Au départ, on envisageait éventuellement leur utilisation dans « un cordon sanitaire[pouvant] être établi par l’ONU suivant une bande située en Mandchourie juste au nord de la frontière coréenne ».
La Chine en ligne de mire
Quelques mois plus tard, le député Albert Gore (le père d’Al Gore, candidat démocrate malheureux en 2000), qui s’opposa par la suite à la guerre du Vietnam, déplorait que « la Corée détruise peu à peu la virilité US » et suggérait de mettre fin à la guerre par « quelque chose de cataclysmique », à savoir une ceinture radioactive qui diviserait la péninsule coréenne en deux de façon permanente. Bien que le général Ridgway n’ait pas parlé de bombe au cobalt, après avoir succédé à MacArthur en tant que commandant US en Corée, il renouvela en mai 1951 la demande formulée par son prédécesseur le 24 décembre, réclamant cette fois 38 bombes atomiques (13). Cette demande ne fut pas acceptée.
Début avril 1951, les USA furent à deux doigts d’utiliser des armes atomiques, au moment, précisément, où Truman révoquait MacArthur. Si les informations concernant cet événement sont encore en grande partie classées secrètes, il est désormais clair que Truman ne destitua pas MacArthur uniquement en raison de son insubordination réitérée, mais parce qu’il voulait un commandant fiable sur le terrain au cas où Washington décide de recourir aux armes atomiques. En d’autres termes, Truman se débarrassa de MacArthur pour garder ouverte sa politique en matière d’armes atomiques. Le 10 mars 1951, après que les Chinois eurent massé de nouvelles forces près de la frontière coréenne et que les Soviétiques eurent stationné 200 bombardiers sur les bases aériennes de Mandchourie (d’où ils pouvaient frapper non seulement la Corée, mais les bases US au Japon) (14), MacArthur demanda une « force atomique de type Jour J » afin de conserver la supériorité aérienne sur le théâtre coréen. Le 14 mars, le général Vandenberg écrivait : « Finletter et Lovett alertés sur les discussions atomiques. Je pense que tout est prêt. » Fin mars, Stratemeyer rapporta que les fosses de chargement des bombes atomiques sur la base aérienne de Kadena, à Okinawa, étaient de nouveau opérationnelles. Les bombes y furent transportées en pièces détachées, puis montées sur la base, seul le noyau nucléaire restant à placer. Le 5 avril, les CEM ordonnèrent que des représailles atomiques immédiates soient lancées contre les bases mandchoues si de nouveaux contingents importants de soldats chinois se joignaient aux combats ou, semble-t-il, si des bombardiers étaient déployés de là contre des positions US. Le même jour, Gordon Dean, président de la Commission sur l’énergie atomique, prit des dispositions pour faire transférer 9 têtes nucléaires Mark IV au 9e groupe de bombardiers de l’aviation militaire, affecté au transport des bombes atomiques. (…)
Les chefs d’état-major envisagèrent de nouveau l’emploi des armes nucléaires en juin 1951 – cette fois, du point de vue tactique sur le champ de bataille (15) – et ce fut le cas à maintes autres reprises jusqu’en 1953. Robert Oppenheimer, l’ancien directeur du Projet Manhattan, travailla sur le Projet Vista, destiné à évaluer la faisabilité de l’usage tactique des armes atomiques. Au début de 1951, un jeune homme du nom de Samuel Cohen, qui effectuait une mission secrète pour le département de la défense, étudia les batailles ayant conduit à la seconde prise de Séoul et en conclut qu’il devait exister un moyen de détruire l’ennemi sans détruire la ville. Il allait devenir le père de la bombe à neutrons (16).
Des milliers de villages anéantis
Le projet nucléaire le plus terrifiant des USA en Corée fut probablement l’opération Hudson Harbor. Cette opération semble avoir fait partie d’un projet plus vaste portant sur « l’exploitation ouverte par le département de la défense et l’exploitation clandestine par la Central Intelligence Agency, en Corée, de la possibilité d’utiliser les armes nouvelles » (un euphémisme désignant ce qu’on appelle maintenant les armes de destruction massive). (…)
Sans recourir aux « armes nouvelles », bien que le napalm ait été très nouveau à l’époque, l’offensive aérienne n’en a pas moins rasé la Corée du Nord et tué des millions de civils avant la fin de la guerre. Pendant trois années, les Nord-Coréens se sont trouvés face à la menace quotidienne d’être brûlés par le napalm : « On ne pouvait pas y échapper », m’a confié l’un eux en 1981. En 1952, pratiquement tout avait été complètement rasé dans le centre et le nord de la Corée. Les survivants vivaient dans des grottes. (…)
Au cours de la guerre, écrivit Conrad Crane, l’armée de l’air US « provoqua une destruction terrible dans toute la Corée du Nord. L’évaluation à l’armistice des dégâts provoqués par les bombardements révéla que sur les 22 villes principales du pays, 18 avaient été au moins à moitié anéanties. » Il ressortait d’un tableau établi par l’auteur que les grandes villes industrielles de Hamhung et de Hungnam avaient été détruites à 80 %-85 %, Sariwon à 95 %, Sinanju à 100 %, le port de Chinnamp’o à 80 % et Pyongyang à 75 %. Un journaliste britannique décrivit l’un des milliers de villages anéantis comme « un monticule étendu de cendres violettes ». Le général William Dean, qui fut capturé après la bataille de Taejon, en juillet 1950, et emmené au Nord, déclara par la suite qu’il ne restait de la plupart des villes et des villages qu’il vit que « des gravats ou des ruines couvertes de neige ». Tous les Coréens qu’il rencontra, ou presque, avaient perdu un parent dans un bombardement (17). Winston Churchill, vers la fin de la guerre, s’émut et déclara à Washington que, lorsque le napalm fut inventé à la fin de la seconde guerre mondiale, personne n’imaginait qu’on en « aspergerait » toute une population civile (18).
Telle fut la « guerre limitée » livrée en Corée. En guise d’épitaphe à cette entreprise aérienne effrénée, citons le point de vue de son architecte, le général Curtis LeMay, qui déclara après le début de la guerre : « Nous avons en quelque sorte glissé un mot sous la porte du Pentagone disant : “Laissez-nous aller là-bas (…) incendier cinq des plus grandes villes de Corée du Nord – elles ne sont pas très grandes – ça devrait régler les choses.” Eh bien, on nous a répondu par des cris – “Vous allez tuer de nombreux civils”, et “c’est trop horrible”. Pourtant, en trois ans (…),nous avons incendié toutes (sic) les villes en Corée du Nord de même qu’en Corée du Sud (…). Sur trois ans, on arrive à le faire passer, mais tuer d’un coup quelques personnes pour régler le problème, beaucoup ne peuvent pas l’encaisser (19). »
La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée.
Notes
(1) Stephen Endicott, Edward Hagerman, « Les armes biologiques de la guerre de Corée », Le Monde diplomatique, juillet 1999.
(2) Cité dans Clay Blair, Forgotten War, Random House, New York, 1989.
(3) Archives nationales US, dossier 995 000, boîte 6175, dépêche de George Barrett, 8 février 1951.
(4) Archives nationales, RG338, dossier KMAG, boîte 5418, journal KMAG, entrées des 6, 16, 20 et 26 août 1950.
(5The New York Times, 31 juillet, 2 août et 1er septembre 1950.
(6) Voir « Air War in Korea », dans Air University Quarterly Review 4, n° 2, automne 1950, pp. 19-40, et «Precision bombing », dans Air University Quartely review 4, n° 4, été 1951, pp. 58-65.
(7) Archives MacArthur, RG6, boîte 1, « Stratemeyer à MacArthur », 8 novembre 1950 ; Public Record Office, FO 317, pièce n° 84072, « Bouchier aux chefs d’état-major », 6 novembre 1950 ; pièce no 84073, 25 novembre 1959, sitrep.
(8) Bruce Cumings, The Origins of the Korean War, tome II, Princeton University Press, 1990, pp. 753-754 New York Times, 13 décembre 1950 et 3 janvier 1951.
(9Newsweek, 24 mars 2003.
(10The New York Times, 30 novembre et 1er décembre 1950.
(11) Hoyt Vandenberg Papers, boîte 86, Stratemeyer à Vandenberg, 30 novembre 1950 ; LeMay à Vandenberg, 2 décembre 1950. Voir aussi Richard Rhodes, Dark Sun : The Making of the Hydrogen Bomb,1955, pp. 444-446.
(12) Bruce Cumings, op. cit., p. 750. Charles Willoughby Papers, boîte 8, interviews par Bob Considine et Jim Lucas en 1954 parus dans le New York Times, 9 avril 1964.
(13) Carroll Quigley, Tragedy and Hope : A History of the World in Our Time, MacMillan, New York, 1966, p. 875. C. Quigley fut le professeur préféré de William Clinton à Georgetown University. Voir aussi B. Cumings, op. cit., p. 750.
(14) Les documents rendus publics après l’effondrement de l’Union soviétique ne semblent pas corroborer cette information. Selon les historiens, les Soviétiques ne déployèrent pas une force aérienne de cette importance à l’époque, contrairement à ce que pensaient les services de renseignement – en raison peut-être d’une désinformation efficace de la part des Chinois.
(15) Il ne s’agissait pas d’utiliser des armes nucléaires dites tactiques, non encore disponibles en 1951, mais d’utiliser les Mark IV tactiquement dans les combats, comme les bombes classiques larguées par les B-29 avaient été utilisées dans les combats depuis fin août 1950.
(16) Samuel Cohen était un ami d’enfance d’Herman Kahn. Voir Fred Kaplan, The Wizards of the Armageddon, Simon & Schuster, New York, 1983, p. 220. Sur Oppenheimer et le projet Vista, voir B. Cumings, op. cit., pp. 751-752, David C. Elliot, « Project Vista and Nuclear Weapons in Europe », dans International Security 2, no 1, été 1986, pp. 163-183.
(17) Conrad Crane, American Airpower Strategy in Korea, University Press of Kansas, Lawrence, 2000, pp. 168-169.
(18) Jon Halliday et Bruce Cumings, Korea : The Unknown War, Pantheon Books, New York, 1988, p. 166.
(19) John Foster Dulles Papers, histoire orale Curtis LeMay, 28 avril 1966.
Bruce Cumings –  Professeur d’histoire à l’université de Chicago ; auteur de Parallax Visions : Making Sense of American-East Asian Relations, Duke University Press, Londres, 1999 et de North Korea, Another Country, The New Press, New York, 2004.

“bombardement au napalm d’un village près de Hanchon, Corée du Nord, le 10 mai 1951. L’utilisation du napalm sur des villages est devenue plus tard tristement célèbre au Viêt-Nam, mais beaucoup plus a été larguées sur la Corée du Nord. (Photo : AP)”

Bombardement des États-Unis du port de Wonsan en 1951. Saturation américaine bombardant les 18 aplanies de 22 villes de la Corée du Nord, un niveau inégal de destruction dans les guerres modernes. (Photo : Ministère de la Défense américain)

Bombardier B-29 US en mission, juillet 1950.© Roger-Viollet
Let us make it very clear here for western readers. North Korea was virtually totally destroyed during the “Korean War.” U.S. General Douglas MacArthur’s architect for the criminal air campaign was Strategic Air Command head General Curtis LeMay who had proudly conducted the earlier March 10 – August 15, 1945 continuous incendiary bombings of Japan that had destroyed 63 major cities and murdered a million citizens. (The deadly Atomic bombings actually killed far fewer people.) Eight years later, after destroying North Korea’s 78 cities and thousands of her villages, and killing countless numbers of her civilians, LeMay remarked, “Over a period of three years or so we killed off – what – twenty percent of the population.”6 It is now believed that the population north of the imposed 38th Parallel lost nearly a third its population of 8 – 9 million people during the 37-month long “hot” war, 1950 – 1953, perhaps an unprecedented percentage of mortality suffered by one nation due to the belligerance of another.
6. Richard Rhodes, “The General and World War III,” The New Yorker, June 19, 1995, p. 53.