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mardi 20 février 2018

SYRIE : LA FOLIE DE "LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE"

Source : IVERIS, Michel Rimbaud, 19-02-2018
COMMENTAIRES ICI
Depuis maintenant sept ans, la Syrie est en guerre. Ce pays aimable, tolérant, hautement civilisé que même ses détracteurs ne pouvaient s’empêcher de trouver beau et attachant est d’ores et déjà confronté à un formidable défi, celui de l’après-guerre. Les assaillants barbares venus de cent pays, atlantistes comme islamistes, se sont acharnés à vouloir en détruire les richesses, les infrastructures, les capacités, les monuments, les beautés naturelles afin de le rayer de la carte. Ils ont aussi et surtout tenté de broyer le peuple syrien, d’effacer sa mémoire et son identité afin de l’anéantir.

Le Lion de Palmyre, datant du 1er siècle avant Jésus-Christ, a été détruit par Daech à la pelle mécanique en 2015. Désormais restaurée, cette pièce maîtresse du musée de Palmyre est exposée dans les jardins du musée de Damas. (Photo IVERIS)
Avec la complicité d’une soi-disant « communauté internationale » en trompe-l’œil, ils s’emploient maintenant à le priver, autant qu’il sera possible, de toute perspective d’avenir, en lui volant ses droits imprescriptibles : disposer de lui-même, décider, sans ingérence étrangère, de son destin et de son régime politique. Sans pudeur et sans vergogne, les mêmes assaillants ne cachent pas leurs velléités de replacer l’avenir, notamment constitutionnel, de la Syrie sous « tutelle onusienne », c’est-à-dire sous mandat, autant dire sous le joug colonial.
Afin d’effacer l’empreinte géographique d’une Syrie mère de la civilisation (y compris la nôtre), peut-il y avoir un moyen plus efficace que de disperser un peuple et surtout de briser un Etat qui a commis le crime de lèse-majesté ? En effet, au final, l’entreprise est destinée à faire de ce qui fut jadis une grande Syrie un archipel de mini-entités, et de son peuple une mosaïque tribalisée ayant vocation à être vaporisée en une vaste diaspora : dans une première approche, ce crime inqualifiable mérite la double qualification de « politicide » – la dissolution d’un Etat qui dérange – et d’ethnocide – l’anéantissement d’un peuple qui résiste.
C’est ce qui est inscrit dans le « grand dessein » néoconservateur. Ce dernier, notons-le au passage, reviendrait à infliger à la Syrie le destin réservé depuis 70 ans à la Palestine, pan de terre volé sous l’égide du colonialisme triomphant. Le sort des Syriens pourrait alors ressembler à celui des Palestiniens, irrémédiablement spoliés au nom d’une « mission divine ». Le sinistre destin des peuples amérindiens, éliminés de l’histoire, est là pour rappeler de quoi sont capables les colons venus d’ailleurs.
Les dégâts sont immenses, se chiffrant en centaines de milliards de dollars, auquel il conviendrait d’ajouter – mais c’est leur problème – les millions, billions ou trillions dépensés par les « puissances » assaillantes pour conduire leurs batailles « pour la démocratisation ».
Il ne sert à rien d’invoquer les valeurs de la morale, naturelle ou religieuse, le droit international et la légalité onusienne, voire la simple décence, face à des agresseurs sans foi ni loi. On ne peut attendre d’Etats qui s’érigent en gendarmes de la planète tout en se comportant comme des régimes voyous une quelconque logique. Il est paradoxal, après tout ce temps, ces horreurs, ces massacres, ces actes de sauvagerie, cette barbarie, que l’on trouve encore dans le grand Occident « démocratique » tant de défenseurs de l’indéfendable, tant d’admirateurs des djihadistes présentés comme démocrates ou « modérés ». Les intellectuels sont piégés par leur aveuglement initial, les médias sont plombés par l’omerta, les politiques sont otages de leur doxa néoconservatrice, dans l’Hexagone comme dans tout le monde judéo-chrétien.
Pourquoi un tel acharnement, une telle obstination dans le mensonge ? C’est que la Syrie est depuis longtemps dans le collimateur de l’Amérique, de la Grande-Bretagne et d’Israël. La Syrie historique est le centre de gravité du Proche-Orient, le lieu de naissance des trois religions révélées, le cœur battant de l’arabisme, symbole de l’islam moderne et tolérant, siège des premiers califes : un héritage très lourd à assumer, mais qui a assuré à ce « phare de l’Orient » un prestige indéniable auprès des Arabes et une aura de sympathie chez les Musulmans.
Tolérante, multiconfessionnelle, moderne, républicaine, forte de son identité et de sa conscience historique, elle représente ce que les extrémistes de tout bord exècrent par-dessus tout.
Depuis son indépendance et la création d’Israël, la Syrie n’a cessé d’apporter un soutien indéfectible à la cause palestinienne et est toujours apparue comme un Etat rebelle à l’ordre israélo-atlantique. Face au délabrement du monde arabe, la Syrie s’est inscrite dans l’axe de la résistance et elle résiste. Son armée nationale a tenu le coup seule contre tous durant quatre ans, puis, aidée de ses alliés, a entamé la reconquête, s’affirmant au passage comme le principal artisan de l’éradication de Da’esh, malgré les mensonges et prétentions des usurpateurs fanfarons. L’Etat syrien contrôle désormais les quatre cinquièmes du territoire national, ayant mis en échec, par sa résilience, les plans des agresseurs.
Pour ceux-ci, la Syrie de 2018, après tant de batailles et tant d’essais non transformés, constitue une réalité impensable et intolérable. Il faut donc la faire disparaître de la carte, ne serait-ce qu’en l’ignorant. Il convient pour cela de délégitimer l’Etat, présenté systématiquement comme un « régime», ses institutions, sa constitution, son gouvernement, diaboliser son Président, ignorer les volontés de son peuple, les succès de son armée en les attribuant à ses alliés, voire à ses ennemis.
Il faut dénier au Président et à son entourage tout pouvoir, tout rôle à venir, tout droit de véto, et faire en sorte qu’il ne puisse y avoir de solution politique « syrienne » issue d’un dialogue national, sous l’égide de ses alliés et de ses amis. Il faut au contraire que son sort soit décidé par ses ennemis, par la « communauté internationale » aux aguets, par trois Etats représentant 470 millions de personnes soit 6 à 7% de l’humanité, lesquels pestent de ne plus pouvoir imposer leur loi au Conseil de Sécurité
Décidément, le monde est tombé sur la tête puisqu’il n’y a plus de légalité internationale, plus de respect du droit onusien, censé être la bible des diplomates. Les faux gendarmes du monde qui en sont les fauteurs de désordre, les cambrioleurs qui crient au vol, les violeurs de la légalité qui crient au viol, les agresseurs qui s’indignent des agressions de l’armée syrienne, les pratiquants d’ingérences illégales qui s’indignent de l’intervention légale des alliés et partenaires de l’Etat, tout ce beau monde s’agite et manœuvre au grand jour.
Exit les comparses et les forces écran, voilà que les commanditaires et les parrains véritables ont jeté le masque et s’emploient à réaliser ouvertement ce qu’ils ont échoué à faire par procuration durant sept ans. Israël au Sud, l’Amérique et ses affidés européens au nord–est en appui des forces kurdes portées aux nues, la Turquie au nord-ouest contre les projets des Kurdes et tous contre Bachar al-Assad. Le prétexte de la lutte contre Da’esh et le terrorisme apparaît maintenant pour ce qu’il était, une fumisterie que défendent les ennemis de la Syrie légale et à laquelle ne croient plus que les imbéciles.
Jean-Yves Le Drian exige (sic) « le retrait de tous ceux qui n’ont rien à faire en Syrie ». Il ose. Devinez qui sont pour lui ceux qui n’ont rien à faire en Syrie ? Oui, vous avez gagné : l’Iran, le nouveau diable à la mode, le Hezbollah terreur d’Israël, la Russie, les forces « chiites » d’Irak.
Vous savez donc quels sont les pays qui ont à y faire : les trois obsédés du bombardement humanitaire, ceux qui possèdent des armes de destruction massive, violent systématiquement le droit international, soutiennent le terrorisme quand ils ne l’ont pas créé, ceux qui souhaitent piller tranquillement les ressources pétrolières et gazières de la Syrie et de la région : en d’autres mots, l’Amérique et ses fidèles. Pour faire bon poids bonne mesure, ajoutons Israël, ami des « révolutions arabes » qui détruisent les Etats du même nom, la Saoudie, grande démocratie devant l’éternel et spécialiste en constitutions, en droits de l’homme et de la femme, et en tolérance religieuse, la Turquie membre éminent de l’OTAN, ennemie des turcs des montagnes, mais amie des séparatistes kurdes de Syrie ou d’Irak et soutien des djihadistes, le Qatar à condition qu’il continue à acheter tout et n’importe quoi dans notre pays en difficulté.
Pour le reste, la Syrie a tenu bon pendant de longues années, son armée est capable de soutenir les assauts d’Israël et d’abattre les avions qui l’attaquent. Elle est solidement ancrée dans un axe de la résistance résolu et bien coordonné, soutenue par des alliés fiables, à commencer par la Russie. La Syrie n’est pas un figurant, elle est au centre d’une guerre globale. Combien d’Etats auraient résisté comme elle l’a fait ?
Messieurs les « amis de la Syrie », ennemis de son « régime » et de son Président, vous avez maintenu la fiction d’un soulèvement populaire contre un « tyran massacreur ». En quoi cela vous regarde-t-il ? Vous avez d’ailleurs tout faux et le savez bien puisqu’en réalité le pays qui vous obsède est avant tout victime d’une guerre d’agression qui met en danger son existence.
L’Etat syrien a sûrement le droit de piloter les négociations qui décideront de son avenir et de récuser toute ingérence des agresseurs. Il a le droit de refuser vos ingérences, vos plans de partition et vos projets tordus. Les guerres de Syrie sont depuis belle lurette les composantes d’une guerre universelle en passe de devenir « mondiale ». Si cette agression regarde la « communauté internationale », c’est selon les critères du droit international, codifiés par la Charte des Nations-Unies, qu’elle doit être considérée… Là, on comprendra très bien que cette approche, la seule envisageable, vous pose un léger problème. Ce problème n’est pas celui du pays agressé. Il est celui de l’agresseur que vous êtes et qui traite la Syrie comme un « pays ouvert » à toutes les aventures et à toutes les entreprises hostiles.
Messieurs les agresseurs, n’oubliez jamais que votre présence en Syrie est illégitime et illégale, y compris s’agissant de vos barbouzes, de vos conseillers spéciaux ou de vos forces-au-sol. Et s’il y a une présence légitime par excellence, ce n’est pas la vôtre, c’est celle de l’Etat syrien, celle des alliés et partenaires du gouvernement de Bachar al-Assad, dont vous exigiez le départ. S’il y a un retrait qu’impose le respect du droit international, c’est celui des pays qui n’ont rien à faire en Syrie, vos pays.
Michel Raimbaud
Ancien ambassadeur
Professeur et conférencier


Source : IVERIS, Michel Rimbaud, 19-02-2018


mardi 13 février 2018

UN PAYS DE MERDE : LES U.S.A.

SOURCE

Une affiche représentant le révolutionnaire des années 1930 et du Front de libération nationale qui porte son nom (FMLN), l’un des principaux participants à la guerre du Salvador dans les années 1980 et 1990. (@martixos)
J’ai couvert la guerre au Salvador pendant cinq ans. C’était un soulèvement paysan de la part des dépossédés contre les 14 familles dominantes et la poignée de corporations américaines qui dirigeaient le Salvador comme si c’était une plantation. La moitié de la population était sans terre. Les ouvriers travaillaient comme des serfs dans les plantations de café, les champs de canne à sucre et les champs de coton dans une pauvreté effroyable. Les tentatives pour s’organiser et manifester pacifiquement afin de combattre l’énorme inégalité sociale se sont heurtées à la violence, y compris les tirs de mitrailleuses montées sur le toit des bâtiments du centre-ville de San Salvador, qui ont fait pleuvoir des balles sans discrimination sur une foule de manifestants. Des paysans, des travailleurs, des responsables religieux et universitaires ont été enlevés par les escadrons de la mort, sauvagement torturés et assassinés, leurs corps mutilés ont souvent été laissés sur les bords des routes pour être vus par le public. Quand je suis arrivé, les escadrons de la mort massacraient entre 700 et 1000 personnes par mois.
Une armée d’insurgés se leva, le Farabundo Martí National Liberation Front (connu sous l’abréviation espagnole FMLN), du nom du dirigeant d’un soulèvement paysan de 1932, qui a fut brisé par le massacre de milliers, peut-être des dizaines de milliers, dont beaucoup ont été tués lors d’exécutions sommaires. Le FMLN a repris une grande partie du pays des mains des militaires corrompus et démoralisés. A l’automne 1983, les rebelles, armés par le gouvernement sandiniste du Nicaragua, étaient sur le point de prendre la deuxième ville du pays. Au début, je ne voyageais pas avec l’armée. C’était trop dangereux. Il était beaucoup plus sûr d’aller au combat avec le FMLN. Sans une intervention extérieure, les rebelles auraient pris le contrôle du Salvador en quelques mois et évincé les oligarques.
Mais, loin au nord, il y avait un pays de merde dirigé par un ancien acteur de série B qui avait joué dans « Bedtime for Bonzo » et qui était aux premiers stades de la démence. Ce pays de merde, qui voyait le monde en noir et blanc, communiste et capitaliste, était déterminé à contrecarrer les aspirations des pauvres et des sans-terre. Il ne permettrait pas d’entraver les profits de ses entreprises, comme United Fruit, ou le pouvoir de la classe des oligarques dociles qui avait misé sur le Salvador. Il méprisait les aspirations des pauvres, en particulier les pauvres d’Amérique latine ou d’Afrique, les misérables de la terre, comme l’écrivain Frantz Fanon les appelait, des gens qui, aux yeux de ceux qui gouvernaient ce pays de merde, devaient travailler dans la misère toute leur vie pour les oligarques et les grandes compagnies américaines alliées avec eux. Laissez les pauvres, bruns et noirs avoir faim, regarder leurs enfants mourir de maladie ou être assassinés. Pouvoir et richesse, comme le croyaient ceux qui dirigeaient ce pays de merde, leur appartenaient de droit divin. Ils étaient dotés d’attributs spéciaux, en tant que seigneurs du royaume de merde. Que Dieu bénisse les pays de merde.
Le poète chilien Pablo Neruda a compris comment ceux qui gouvernaient ce pays de merde regardaient les misérables de la terre. Il a écrit :
Lorsque la trompette sonna
tout était déjà prêt sur terre.
Jéhovah répartit le monde
entre Coca-Cola, Anaconda,
Ford Motors, et autres cartels :
la Compañía Frutera
se réserva le plus juteux,
le Centre côtier de ma terre,
la douce hanche américaine.
Elle rebaptisa ses terres
en « Républiques Bananières »,
et sur les morts en leur sommeil,
sur les héros pleins d’inquiétude
qui avaient conquis la grandeur,
la liberté et les drapeaux,
elle instaura l’opéra bouffe :
elle aliéna l’initiative,
offrit des trônes de Césars,
dégaina l’envie, attira
la dictature des diptères…
La dictature des diptères avait ses mauvais côtés. Elle promut l’imbécillité et l’ineptie, des hommes dont les attributs principaux étaient la brutalité, la fausseté et le vol. Ils étaient tous des créatures déplaisantes. Anastasio « Tachito » Somosa au Nicaragua. Les Duvalier en Haïti. Augusto Pinochet au Chili. Efrain Rios Montt au Guatemala. Ces mouches ont exécuté les ordres du pays de merde. Ils assassinaient leur propre peuple sans le moindre scrupule et en échange de gros pots-de vin, ils permettaient l’exploitation et le pillage par les sociétés. Oui, ils avaient leurs excentricités. C’est ce que font souvent les personnes dépravées. Le général Maximiliano Hernández Martínez, qui accéda au pouvoir par un coup d’état militaire, dirigeait le gouvernement au Salvador qui organisa les massacres de 1932, connus sous le nom de La Matanza (La Tuerie). Le général, un reclus qui apparaissait rarement en public, croyait en des puissances occultes et tenait des séances dans la résidence présidentielle. Il fut un des modèles de Gabriel Garcia Marquèz pour son portrait d’un tyran sud-américain dans L’Automne d’un Patriarche. Martinez avait copié son style sur celui du dictateur fasciste italien Benito Mussolini. Il interdit toute immigration d’Arabes, d’Hindous, de Chinois et de Noirs. Il déclara, une fois : « C’est une bonne chose que les enfants marchent pieds nus. C’est comme cela qu’ils peuvent mieux recevoir les effluves bénéfiques de la planète, les vibrations de la terre. Les plantes et les animaux n’ont pas de chaussures ». Et il a dit que c’était un crime plus grand, de tuer une fourmi que de tuer un être humain « parce qu’un homme qui meurt se réincarne, alors qu’une fourmi est morte pour toujours ». Sa solution lors d’une épidémie de rougeole a été d’ordonner d’envelopper les lampadaires dans de la cellophane pour purifier l’air. Il croyait que l’eau colorée pouvait guérir la plupart des maladies.
Quelle ne serait pas la surprise des dirigeants du pays de merde s’ils connaissaient les poètes, les écrivains et les artistes, les intellectuels et les hommes et les femmes d’une grande probité morale, comme l’archevêque salvadorien Oscar Romero, qui fut assassiné en 1980 avec une balle envoyée aux tueurs depuis le pays de merde. Les dirigeants du pays de merde ne voient pas les peuples d’Amérique latine ou d’Afrique comme des êtres humains à part entière. Mais enfin ce ne sont pas de grands lecteurs, surtout de poésie écrite par les races inférieures de la terre. Ils n’ont pas entendu la véracité du poète salvadorien Roque Dalton, qui a écrit :
Faites attention, vous valez votre pesant d’or
Car pour le capitalisme, seuls les possédants
d’or valent leur pesant d’or.
Le pays de merde a versé 1 million de dollars par jour en aide et en armes dans le pays. Ils envoyèrent leurs meurtriers les plus impitoyables, dont Félix Rodríguez, l’agent de la CIA et vétéran de la Baie des Cochons qui avait supervisé la traque de Che Guevara en Bolivie, dirigé son exécution et portait fièrement la montre-bracelet qu’il avait prise sur le corps du révolutionnaire martyr. La nuit, vous pouviez voir les tueurs envoyés au Salvador par le pays de merde, généralement avec leurs femmes vietnamiennes, assis autour de la piscine à l’hôtel Sheraton. Ils avaient perfectionné les arts obscurs d’infiltration, de torture, d’interrogatoire, de disparition et de meurtre par la pratique sur le peuple vietnamien pendant la guerre là-bas. Ils pouvaient vous apprendre comment étrangler quelqu’un avec une corde de piano pour qu’il n’y ait pas de bruit quand la victime s’étouffe. Ils ont apporté beaucoup de ces compétences avec eux en Amérique centrale. Ils ont dirigé les escadrons de la mort pour exterminer les chefs de la résistance, les prêtres et les religieuses travaillant dans les communautés pauvres, les enseignants, les journalistes, les syndicalistes, les leaders étudiants, les professeurs et les intellectuels qui dénonçaient la barbarie. Ils ont formé et équipé de nouveaux soldats pour les oligarques. Ils ont formé des unités mercenaires avec des centaines de soldats recrutés dans des pays comme le Honduras, le Venezuela et le Chili. Ils appelaient ces unités militaires, qui étaient secrètes, « Actifs latino-américains contrôlés unilatéralement ». Ils les ont envoyés combattre le FMLN [Front Farabundo Martí de libération nationale,NdT] parce que l’armée salvadorienne était si peu fiable. Ils ont fourni des unités d’hélicoptères pour chasser les insurgés par les airs. C’était une orgie de militarisme. Au moment où le pays de merde en a terminé, il avait dépensé 4 milliards de dollars pour écraser le soulèvement. Et pendant qu’il orchestrait le bain de sang au Salvador, il a fourni un milliard de dollars aux malfrats et aux tueurs connus sous le nom de Contras au Nicaragua, où 50 000 personnes ont été assassinées. Il a également assisté discrètement les assassins du Guatemala, où 200 000 personnes ont été tuées. Les pauvres paysans n’avaient aucune chance. Des fosses communes parsèment l’isthme centre-américain, témoignage de leur travail.
Dalton écrivit:
Les morts sont plus insolents que jamais.
Avant, c’était facile :
nous leur avons donné un collier amidonné et une fleur
nous avons mis leurs noms sur une liste honorifique :
la longueur et le souffle de notre terre
les illustres nuances d’antan
la statue monstrueuse.
Le cadavre a signé sur la ligne pointillée de la mémoire
a rejoint les rangs et se met en file, une fois de plus
et a marché au rythme de notre musique démodée.
Mais qu’est-ce que tu vas faire
les morts
ne sont plus ce qu’ils étaient.
Ces jours-ci, ils sont ironiques
posent des questions.
Il me semble qu’ils commencent à comprendre
qu’ils sont majoritaires.
Les dirigeants de ce pays de merde superviseraient l’assassinat de 80 000 personnes et 8 000 disparus au Salvador. Les agents des services secrets du pays de merde étaient apparemment complices de l’assassinat de l’archevêque Romero en 1980, organisé par un ancien officier de l’armée salvadorienne du nom de Roberto D’Aubuisson – connu affectueusement sous le nom de « Blowtorch Bob » – qui était l’un des tueurs préférés du pays de merde. Le pays de merde a protégé les commanditaires du meurtre et du viol de quatre religieuses américaines en décembre 1980. Ils ont protégé les officiers de la Brigade Atlacatl – qui en 1981 avait massacré plus de 700 civils à El Mozote – lorsqu’en 1989, ils ont abattu six prêtres jésuites espagnols, dont l’un était le recteur de l’Université d’Amérique centrale, ainsi que leur gouvernante et sa fille adolescente, sur le campus de l’université. Les officiers salvadoriens qui ont supervisé ces massacres, et d’innombrables autres, avaient été sélectionnés et formés à l’école militaire américaine des Amériques. La guerre détruirait une grande partie de l’infrastructure. Le Salvador ne s’en est jamais remis. Il regorge d’armes. Il y a un meurtre toutes les heures et demie. Laissons couler le sang, ont dit les dirigeants du pays de merde. Le sang des noirs et des bronzés n’a pas d’importance.
Ce qu’est un pays de merde dépend de votre point de vue.
Source : Truthdig, Chris Hedges, 14-01-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

vendredi 9 février 2018

VIVE LA COREE DU NORD ET MORT AUX PEDOCRIMINELS USALOPARDS

SOURCE

A quelques jours de l'ouverture des JO d'hiver en Corée du sud, alors que l'espoir d'une réunification s'exprime dans la présence annoncée d'une équipe composée de nord et de sud Coréens, la menace d'une attaque majeure persiste et s'amplifie à Washington.
Et c'est Jimmy Carter qui confirme ce risque imminent en novembre 2017.
Carter a dit textuellement :
« Le plus grand danger d’une autre guerre de Corée, c’est que cela menacera même la paix mondiale et il est incontournable que Pyongyang et Washington trouvent un moyen de résoudre la tension montante et arrivent à un accord pacifique et durable. »

En fait, le problème proviendrait de Washington et non de Pyongyang, qui depuis des décennies aspire à des relations normalisées avec l’Amérique et l’Occident. Carter trouve les chefs d’État nord-coréens et les autres représentants du gouvernement « tout à fait sensés et décidés à préserver leur pays  ». Ils ne sont pas fous comme les qualifient faussement les USA et d’autres lignes dures en Occident.

Leurs exigences sont tout à fait légitimes, explique Carter, ils aimeraient des dialogues directs avec Washington, un traité de paix qui mettrait fin à un armistice précaire qui dure depuis des décennies.
«  Ils veulent que les sanctions soient levées et ils veulent la garantie qu’il n’y aura pas d’agression arbitraire contre leur pays, comme durant la guerre des années 50. Ils veulent avoir des relations normalisées avec la communauté internationale. Ils ne représentent pas une menace pour l’Amérique ni pour aucun autre pays. Ils veulent que leur indépendance souveraine soit respectée. Et ils méritent qu’on respecte leurs revendications. C’est avec raison qu’ils craignent de la part des USA une guerre prétendument « préventive » contre leur pays, et c’est la raison pour laquelle ils ont opté pour une dissuasion atomique et balistique. Et ceci uniquement pour leur défense et non pour une attaque.   »

Carter rappelle que dans toute l’histoire après la Seconde Guerre Mondiale, la Corée du Nord n’a jamais attaqué aucun autre pays. L’Amérique par contre a menacé avec une véritable violence toutes les nations qui ne se sont pas pliées à sa volonté. Elle prévoit d’avance des changements de gouvernement d’Etats indépendants. Au travers de la menace de Washington, il n’y a aucune chance que la Corée du Nord approuve un abandon total du nucléaire et se retrouve de ce fait totalement sans défense.

De son côté, l’ancien secrétaire américain à la Défense William Perry a déclaré, lundi 5 février 2018 :
«  Une éventuelle attaque préventive contre la Corée du Nord est une menace majeure, car elle pourrait déboucher sur une guerre nucléaire ..........Cette méthode (attaque nucléaire) censée résoudre les questions liées à la Corée du Nord est inacceptable 
Oui… la Corée du Nord détient actuellement plus d’une centaine de missiles transportant des ogives nucléaires. Il se peut que Pyongyang dévoile ses missiles intercontinentaux. Mais je crois que contrairement aux groupes terroristes d’al-Qaïda et de Daech, le Nord n’utilisera jamais ces armes nucléaires et ne procédera point à un acte suicidaire ».


1 - LES MAUVAIS SOUVENIRS DE LA CORÉE DU NORD
A - Rappel historique
Au lendemain de la libération de la Corée (15 août 1945), après 35 ans de colonisation japonaise, le peuple coréen pouvait légitimement prétendre à recouvrer son indépendance et sa souveraineté, comme s’y étaient engagés les pays alliés lors de la Conférence du Caire (novembre 1943).
Cette légitime aspiration de la nation coréenne ne fut malheureusement pas réalisée dans le contexte d’affrontement des grandes puissances : dès le mois de septembre 1945, deux zones d’occupation, soviétique et américaine, se mirent en place de part et d’autre du 38emeparallèle.
En 1948, l’organisation d’élections séparées au sud, sous l’égide de l’ONU où les Etats-Unis disposaient de la majorité, aboutit à la création de deux Etats coréens : la République de Corée au sud, la République populaire démocratique de Corée au nord.
La partition de fait de la Corée était réalisée. La nation coréenne se trouvait dramatiquement divisée contre son gré par la « frontière » artificielle du 38eme parallèle,
Le 10 mars 1948. Synghman Rhee ( pro-US) est élu, grâce à la fraude, président de la Corée du Sud. En réponse à cette forfaiture, le 9 septembre 1948, la république de Corée du Nord est proclamée.
Dès lors les accrochages se sont multipliés entre les deux Corée faisant des milliers de morts de 1948 à 1950.
Au début de l'année 1950, Synghman Rhee fait emprisonner 30 000 communistes. Environ 300 000 autres, soupçonnés de sympathies communistes, sont envoyés dans un mouvement de « rééducation : la Ligue Bodo (*) (ou ligue nationale d’orientation et de réhabilitation ). Ils seront exécutés par les forces armées coréennes du Sud lors de leur retraite en juin devant l'armée du Nord.
L’offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 servit de prétexte à une intervention militaire des Etats-Unis d’Amérique, dans le cadre d’une stratégie américaine globale de « refoulement du communisme ».  
L’intervention américaine en Corée fut légitimée par le Conseil de sécurité de l’ONU – où l’URSS ne siégeait pas en raison du refus d’y admettre la jeune République populaire de Chine -, le président américain Harry Truman a présenté l’envoi de troupes en Corée comme une « opération de simple police »
(*) Le massacre de la ligue Bodo a été commis sur des communistes et leurs possibles sympathisants en Corée du Sud pendant l’été 1950 au début de la guerre de Corée.
Les estimations concernant le nombre de morts varient. D’après Kim Dong-Choon, un membre de la commission vérité et réconciliation, au moins 100 000 personnes ont été exécutées. Des historiens pensent que jusqu’à 200 000 personnes ont été tuées par la police et l’armée sud-coréenne ' Pendant des décennies, la responsabilité de ces massacres a été attribuée aux forces communistes. !!! (cf : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_la_ligue_Bodo)


B - Comment la plus meurtrière des campagnes de bombardements de l’histoire a créé la crise actuelle en Corée
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Puis ce pays a été rasé par les bombes américaines pendant la période 1950-1953, des villages entiers détruits : plus de 4 millions de civils tués : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-coree-du-nord-un-etat-198961
Plutôt que d’une guerre « oubliée  », mieux vaudrait parler, s’agissant de la guerre de Corée (1950-1953), d’une guerre inconnue. L’effet incroyablement destructeur des campagnes aériennes US contre la Corée du Nord – qui allèrent du largage continu et à grande échelle de bombes incendiaires (essentiellement du napalm) aux menaces de recours aux armes nucléaires et chimiques et à la destruction de gigantesques barrages nord-coréens dans la phase finale de la guerre – est indélébile.
Ces faits sont toutefois peu connus, même des historiens, et les analyses de la presse sur le problème nucléaire nord-coréen ces dix dernières années n’en font jamais fait état. Et pour cause !!!

C _- Pourtant des voix se sont faites entendre pour dénoncer le génocide US  :
En mai 1951, une équipe internationale d’enquête déclarait : « Les membres, tout au long de leur voyage, n’ont pas vu une seule ville qui n’avait pas été détruite, et il y avait très peu de villages intacts  ».
Le 25 juin 1951, le général O’Donnell, commandant du Far Eastern Air Force Bomber Command, a témoigné en réponse à une question du sénateur Stennis (« … La Corée du Nord a été pratiquement détruite, n’est-ce pas ?  »)
«  Oh, oui… je dirais que tout, ou presque, du nord de la péninsule coréenne, est dans un état terrible. Tout est détruit. Il n’y a plus rien debout digne de ce nom… Juste avant l’arrivée des Chinois, nos avions étaient cloués au sol. Il n’ y avait plus rien à bombarder en Corée.  »
En août 1951, le correspondant de guerre Tibor Meray déclarait qu’il avait été témoin « d’une dévastation totale entre le fleuve Yalu et la capitale  » et « qu’il n’y avait plus de villes en Corée du Nord  », ajoutant que « j’avais l’impression de voyager sur la Lune parce qu’il n’ y avait que des dévastations… Chaque ville n’était plus qu’un alignement de cheminées. »

D - Posons-nous la question :
combien d’Américains, par exemple, sont conscients du fait que les avions américains ont lâché, sur la péninsule coréenne, plus de bombes (635 000 tonnes) et de napalm (32 557 tonnes) que pendant toute la campagne du Pacifique contre les Japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale ?

Cela représente en gros 63 kg de bombes et 3,2 kg de napalm par habitant. Les villes étant principalement visées, par des généraux dont vous découvrirez l’effroyable cynisme. Pour ceux-là, pas de Nuremberg, mais les plus hautes distinctions. Pourtant, le massacre d’Oradour-sur-Glane par la division Das Reich, si on compare, fait pâle figure.
Combien d’Américains savent que « sur une période de trois ans ou à peu près », pour citerCurtis LeMay, général de l’Armée de l’Air et chef du Commandement Stratégique Aérien pendant la guerre de Corée, nous avons assassiné… 20% de la population  » ?
Les USA veulent-ils de nouveau faire le même job ? Mais la situation a bien changée car Kim Jon-un a réalisé deux coups de maître : l'un économique, l'autre militaire.
 

2 - COUP DE MAÎTRE ÉCONOMIQUE   :
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Aujourd’hui, la Corée du Nord est en autosuffisance alimentaire et un pays industriellement moderne. Ainsi, depuis 2010-2011, surtout dans la capitale, mais aussi dans les autres villes, les signes de ce changement et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens, commencent à devenir très nets : nouveaux commerces et restaurants, rayons remplis, automobiles et bicyclettes électriques, portables, toutes sortes de marchandises jamais vues auparavant.
Aujourd’hui, 80% de l’approvisionnement en biens de première nécessité passe par les marchés privés. Les petits marchés périodiques (Golmikiang) sont désormais tolérés et discrètement encouragés. Les investissements extérieurs augmentent aussi (il y a désormais des dizaines d’entreprises européennes qui ont investi en Corée du Nord ces dernières années).
Autres exemples :
- Le nombre de médecins et de lits hospitaliers pour mille habitants en 2003 était de respectivement 3,29 et 13,2 (en Corée du Sud, il était de 1,96 et 12,3 en 2008), chiffres comparables et même, dans certains cas, supérieurs, à ceux de certains pays occidentaux (en Allemagne, ils sont respectivement de 3,53 et 8,17).
- L’espérance de vie à la naissance (70 ans) est plus basse que dans les principaux pays occidentaux, mais analogue et, dans certains cas, supérieure à celle de quelques pays asiatiques, et des pays importants ( Indes, Russie, Cambodge, Indonésie, Birmanie....).
- La dépense pour l’éducation et la culture (et les arts) se monte, respectivement, à 9,2 et 6,8% du budget de l’État (en Italie, en 2014, c’était 7,9 et 1,4%), ce qui témoigne d’une attention particulière à l’égard des futures générations
Ainsi, on a assisté, dans les trois dernières années, à une augmentation importante des dépenses de l’État pour de nouvelles infrastructures, qui va de + 4,3% en 2014 à + 13,7% en 2016. Ces chiffres sont à lire avec ceux de l’augmentation du PIB (+3,9% en 2016, le plus élevé des 17 dernières années (Source : Bank of Korea)) et de la balance commerciale, plus dynamique que dans le passé. Les échanges avec la Chine – principal partenaire économique du pays – se montaient à peine à 0,37 milliards de dollars en 1999, maintenant, ils atteignent 6 milliards.
Toutefois, le blocus qu’impose Trump, ce grand humaniste, à la Corée du Nord risque de remettre en question les acquis de ces dernières années.


3 - COUP DE MAÎTRE MILITAIRE  :
Les USA et leurs alliés de la région ne cessent de provoquer, notamment chaque année au moment des récoltes : les manœuvres militaires US mobilisent les militaires nord coréens à une période où leur aide aux paysans pour la récolte est indispensable, en raison de terrains très montagneux.
 
Sans oublier que la Corée du Nord est confrontée à une stratégie d'embargo économique et financier particulièrement cruelle et inhumaine, auquel il faut ajouter en plus d’incessantes provocations militaires simulant une attaque nucléaire de grande envergure contre ses villes.
La Corée du Nord n’a donc d’autre choix possible que de se doter d'un bouclier militaire crédible.
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Le Renseignement US a été très surpris de l'avancée militaire de la Corée du Nord.. En effet, la Corée du Nord atteindra son objectif d’armement courant 2018 – alors que les services de renseignement US le prévoyaient à l'horizon 2020-2021.
La Corée du Nord aurait créé de nombreuses infrastructures souterraines qui lui donneraient un avantage si une guerre se déclenchait, selon la revue américaine le National Interest. Ces installations causeraient beaucoup de soucis aux militaires sud-coréens et américains.
Les infrastructures militaires souterraines de la Corée du Nord peuvent devenir « une arme secrète » de Pyongyang en cas d'une guerre sur la péninsule coréenne, écrit The National Interest.
Kim Jong-un a atteint son objectif stratégique. Il a une ogive nucléaire (bombe H), et maintenant il a aussi un missile avec une portée globale de 13 000 kilomètres, qui peut atteindre presque n’importe quelle partie du globe, du moins sur le territoire de son adversaire potentiel. La Corée est en passe de devenir une puissance nucléaire.
Maintenant très habilement le Président Nord-Coréen veut éclaircir et calmer la situation en dialoguant avec le gouvernement Sud Coréen.
Ainsi, il a isolé Trump et désormais, la dénucléarisation de la Corée du Nord ne peut être possible que si les Etats-Unis et la Corée du Nord « deviennent convaincus que leur sécurité peut également être garantie sans armes nucléaires ».
En conclusion, il n’y a vraiment aucune option militaire ouverte aux États-Unis, à l’exception des options comportant un risque énorme de destruction de ses propres ressources et vies humaines.


4 - MENACE D'UNE ATTAQUE LIMITEE PAR LES USA ?
Sur la photo de gauche à droite :
 - le Secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson 

-  Donald Trump 

- le Secrétaire à la Défense James Mattis
Surnommé le "chien fou" )
patron du Pentagone.

Récemment les médias américains font état d’une possible « attaque limitée » sur les installations atomiques et balistiques de la Corée du Nord afin de « faire preuve de la fermeté » des États-Unis face à Pyongyang.
Ces spéculations, qui n’ont pas encore été confirmées ni rejetées par l’administration américaine, sont pourtant renforcées par certains éléments dont le refus de Donald Trump de nommer Victor Cha, en tant qu’ambassadeur des États-Unis en Corée du Sud. En effet :
 «  Cha a dit, en privé, à des responsables du Conseil de sécurité national des États-Unis qu’il s’opposait au lancement d’une attaque limitée contre la Corée du Nord ainsi qu’à la décision de Trump de se retirer de l’accord de libre-échange, signé avec la Corée du Sud  », indique The Washington Post.
De plus, Victor Cha a qualifié de «  dangereux », le lancement des attaques contre la Corée du Nord, disant qu’une telle mesure risquerait de déclencher une guerre atomique.

 
Par ailleurs, le général Paul Selva, chef d'état-major adjoint des armées américaines a déclaré, mercredi 31 janvier 2018, que les USA était en mesure de détruire la majeure partie des infrastructures nucléaires de la Corée du Nord.
L’option d’une « frappe préventive » sur la Corée du Nord apparaît plus proche que jamaisaprès que Washington a écarté un diplomate hostile à cette stratégie, l’ambassadeur de la Corée du Sud aux États-Unis, Victor Cha.

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Surnommées « Bloody Nose Strategy » (stratégie du nez ensanglanté), ces frappes militaires « limitées » auraient pour objectif d’effrayer le régime de Pyongyang afin de l’obliger à renoncer à son programme nucléaire et balistique. 
La « Bloody Nose Strategy » est une sorte de coup de poing dans le nez, expliquait le Wall Street Journal cité par le journal français Le Monde, début janvier, c’est à dire « une réaction à un test de missile ou un essai nucléaire au moyen d’une frappe ciblée sur une installation militaire nord-coréenne ».
« Ce n’est pas la même chose que tirer 59 missiles Tomahawk sur une base militaire en Syrie ou lancer une bombe sur un bunker en Afghanistan. Ça pourrait déclencher une guerre comme on n’en a jamais vu  », ajoute ce conseiller du think tank Centre for Strategic and International Studies. 
L’option « Bloody Nose » est sérieusement envisagée à Washington. En effet, l’armée américaine est prête à lancer une telle guerre. Elle a déployé en position offensive des bombardiers nucléaires B-2 et B-52 à Guam, et des centaines d’avions de chasse et une armada de navires de guerre dans d’autres bases du Pacifique. Il y a de bonnes raisons de croire que le face à face que Washington a provoqué avec la Corée du Nord, en exigeant que Pyongyang abandonne son programme d’armes nucléaires, est une répétition générale massive pour un futur bras de fer nucléaire avec la Chine.
Tous ces faits ne vont pas vers un apaisement, l'inquiétude grandira à l'approche du printemps car la Corée du Nord reprendra ses essais afin de finaliser son armement. Quelle sera la réaction de Trump ?

« Depuis le premier conflit du golfe Persique de 1990-1991, les États-Unis sont en guerre sans interruption depuis un quart de siècle. Tout en utilisant des slogans de propagande comme la défense des droits de l’Homme et la guerre contre le terrorisme pour dissimuler les véritables objectifs de leurs interventions au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique, ainsi que leur confrontation avec la Russie et la Chine, les Etats-Unis se sont engagés dans une lutte pour l’hégémonie mondiale. Alors que les États-Unis tentent de compenser leur faiblesse économique et contrer les tensions sociales internes, leur escalade incessante des opérations militaires menace de déboucher sur une guerre mondiale à grande échelle, entre États dotés d’armes nucléaires. » David North


CONCLUSION
Dans ses mémoires, Madeleine Albright raconte qu'en 2000, peu avant la fin du mandat de Bill Clinton, les États-Unis et la Corée du Nord étaient tout près d'obtenir un accord mettant fin à la menace potentielle des missiles de longue portée nord-coréens. À l'époque, de nombreux parlementaires et experts américains s’y sont opposés "craignant qu’un accord avec la Corée du Nord ne fragilise le projet américain de défense antimissile " !!!. 
Ils se sont opposés à une possibilité de désarmement nord-coréen, car cela aurait constitué une menace sur le programme d’armement américain… censé protéger contre la menace nord-coréenne ! On voit ici le poids du complexe militaro-industriel.
Puis, a son arrivée l'administration Bush a rompu les négociations avec la Corée du Nord et a traité cet État d’état "voyou".
La fenêtre d’opportunité se refermait. En janvier 2002, le président Bush ajoutait la Corée du Nord dans les pays de "l’axe du mal", ce qui allait contribuer à durcir la position des nord coréens.

Si on veut éviter une autre guerre de Corée, une guerre potentiellement nucléaire, et si, comme l’écrivain d’origine tchèque Milan Kundera l’a écrit dans une phrase célèbre, «   la lutte d’un homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli  », alors les Américains ordinaires ne peuvent plus se permettre d’oublier l’héritage de mort, de destruction et d’écrasement de la guerre originelle de Corée.
Le peuple américain doit comprendre que les Coréens du Nord ont le droit de posséder des forces dissuasives, fussent-elles atomiques, pour se protéger d'une barbarie qu'ils ont déjà subi.
Barry Posen, un professeur des sciences politiques à l’Université MIT, a écrit pour le quotidien The New York Times qu’en cas de déclenchement d’une guerre, voire limitée, contre la Codrée du Nord, le résultat serait la pure destruction et elle risquerait la vie des centaines de milliers, même des millions de personnes.
De son côté la Corée du Nord ne va pas renoncer à ses programmes balistiques et atomiques, tant que les États-Unis poursuivent leur politique hostile , destinée à renverser le gouvernement de Pyongyang.
La Corée du Nord ne peut admettre d’être impunément agressée et doit engager une réponse proportionnelle à l'attaque de sa souveraineté, sachant que les USA ont toujours refusé jusqu'à présent la solution diplomatique qui lui a toujours offert la Corée du Nord : traité de paix entre les deux pays.

Kim Jong-un veut, avant tout, amener les Etats-Unis a signer un traité de paix avec son pays ainsi qu'une paix durable pour toute la région.



Dernières minutes :
Dimanche, 4 février 2018, The New York Times a rapporté que des militaires américains participent aux exercices qui doivent les préparer à une guerre éventuelle contre les Nord-Coréens. Lundi, l’Associated Press a fait état du départ des navires et des avions américains pour la péninsule coréenne. !!!!
De son côté la Chine a placé 300 000 hommes à la frontière avec la Corée du Nord et installé un vaste camp pouvant accueillir 500 000 réfugiés éventuels. !!!
Tous ces indices montrent que les États-Unis se préparent bel et bien à une guerre contre la Corée du Nord, même si rien n'indique que cette guerre aura réellement lieu.

La délégation nord-coréenne de 280 membres a franchi à pied, mercredi 7 février 2018, la ligne de démarcation entre les deux pays (enfin une bonne nouvelle) !!!

REFERENCES

- Voilà pourquoi la Corée du Nord déteste autant les Etats-Unis d’Amérique… : http://reseauinternational.net/voila-pourquoi-la-coree-du-nord-deteste-autant-les-etats-unis-damerique-2/#comments

- Mais pourquoi nous haïssent-ils tant, ces Nord-Coréens ? : https://aphadolie.com/2017/12/18/why-they-hate-us-mais-pourquoi-nous-haissent-ils-tant-ces-nord-coreens/

Toute la vérité sur la Corée du Nord  : https://www.youtube.com/watch?v=vLfQ05H_oWk :
La Corée du Nord, cette inconnue presque normale : http://reseauinternational.net/la-coree-du-nord-cette-inconnue-presque-normale/

Trump – en Corée du Nord, ce sont des êtres humains que vous allez assassiner ! (Global Research) : http://reseauinternational.net/trump-en-coree-du-nord-ce-sont-des-etres-humains-que-vous-allez-assassiner-global-research/

- Mémoires de feu en Corée du Nord par Bruce Cumings  :https://www.monde-diplomatique.fr/2004/12/CUMINGS/11732
- Jimmy Carter : « Les dirigeants de Corée du Nord ne sont pas fous. » : https://reseauinternational.net/jimmy-carter-les-dirigeants-de-coree-du-nord-ne-sont-pas-fous/

- États-Unis et Corée du Nord : il n’y a pas de solution militaire : https://blogs.mediapart.fr/pascalboniface/blog/040917/etats-unis-et-coree-du-nord-il-n-y-pas-de-solution-militaire



 ANNEXE : Les destructions de la Corée du Nord par l'aviation US
En moins de trois semaines après l’assaut initial contre Kanggye, dix villes avaient été incendiées, dont Ch’osan (85 %), Hoeryong (90 %), Huich’on (75 %), Kanggye (75 %), Kointong (90 %), Manp’ochin (95 %), Namsi (90 %), Sakchu (75 %), Sinuichu (60 %) et Uichu (20 %).
Le 17 novembre 1950, le général MacArthur dit à l’ambassadeur US en Corée John J. Muccio, « Malheureusement, cette région sera transformée en désert  ». Par « cette région », MacArthur voulait dire toute la zone comprise entre « nos positions actuelles et la frontière ».
Pendant que la Force aérienne continuait de brûler des villes, elle suivait attentivement les niveaux de destruction qui en résultaient :
* Anju – 15%
* Chinnampo (Namp’o) - 80%
* Chongju (Chŏngju) – 60%
* Haeju – 75%
* Hamhung (Hamhŭng) – 80%
* Hungnam (Hŭngnam) – 85%
* Hwangju (Hwangju County) – 97%
* Kanggye – 60% 

* Kunu-ri (Kunu-dong)- 100%
* Kyomipo (Songnim) – 80%
* Musan – 5%
* Najin (Rashin) – 5%
* Pyongyang – 75%
* Sariwon (Sariwŏn) – 95%
* Sinanju – 100%
* Sinuiju – 50%
* Songjin (Kimchaek) – 50%
* Sunan (Sunan-guyok) – 90%
* Unggi (Sonbong County) – 5%
* Wonsan (Wŏnsan)- 80%

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L'explication de ces destructions massives :
Comme on l’avait appris au cours de la Seconde Guerre mondiale, les attaques incendiaires pouvaient dévaster les villes à une vitesse incroyable : l’attaque à la bombe incendiaire de la Royal Air Force à Würzburg, en Allemagne, dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, n’avait pris que 20 minutes pour envelopper la ville dans une tempête de feu avec des températures estimées à 1500-2000°C.

L’utilisation intensive du napalm. Mis au point à l’Université Harvard en 1942, la substance collante et inflammable a été utilisée pour la première fois pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est devenu une arme clé pendant la guerre de Corée, où 32 557 tonnes ont été utilisées, selon une logique que l’historien Bruce Cumings caractérisait ainsi : « Ce sont des sauvages, ce qui nous donne le droit de répandre du napalm sur des innocents ». Longtemps après la guerre, Cumings a décrit une rencontre avec un survivant âgé :

« Dans un coin de rue se tenait un homme (je pense que c’était un homme ou une femme avec de larges épaules) qui avait une curieuse croûte violette sur chaque partie visible de sa peau – épaisse sur ses mains, mince sur ses bras, couvrant entièrement sa tête et son visage. Il était chauve, il n’avait pas d’oreilles ni de lèvres, et ses yeux, sans paupières, étaient d’un blanc grisâtre, sans pupilles… Cette croûte violacée est le résultat d’un contact avec le napalm, puis le corps de la victime, non traitée, a été laissé pour guérir d’une façon ou d’une autre. »
Pendant les pourparlers d’armistice à la fin des combats, les commandants américains n’avaient plus de villes à prendre pour cible. Afin de mettre la pression sur les négociations, ils ont dirigé les bombardiers vers les grands barrages coréens. Comme l’a rapporté le New York Times, l’inondation causée par la destruction d’un barrage « a nettoyé » 40 km de la vallée et détruit des milliers d’hectares de riz récemment semé.
source : Etat de peur : comment la campagne de bombardement la plus meurtrière de l’histoire a créé la crise actuelle en Corée (Counterpunch) : https://reseauinternational.net/etat-de-peur-comment-la-campagne-de-bombardement-la-plus-meurtriere-de-lhistoire-a-cree-la-crise-actuelle-en-coree-counterpunch/

 Les USA sont détestés parce que le peuple coréen (du Nord) a de la mémoire, et que cette mémoire est gravée dans leur chair, à cause des effroyables massacres commis par l’armée américaine, sans doute les pires massacres de l’histoire de l’humanité, qui n’en a pas été avare pourtant. En fait les Nord-Coréens ont peur, et ce n’est pas sans raison, on va le voir. Ils ont peur que ces fou-furieux d’américains, culs-bénis bien-pensants et confits dans leur bigoterie et leur bonne conscience, réitèrent ce qu’ils ont déjà fait il y a 65 ans. Les avions américains ont lâché, sur la péninsule coréenne, plus de bombes – 635 000 tonnes – et de napalm – 32 557 tonnes – que pendant toute la campagne du Pacifique contre les Japonais au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Cela représente en gros 63 kg de bombes et 3,2 kg de napalm par habitant. Les villes étant principalement visées, par des généraux dont vous découvrirez l’effroyable cynisme. Pour ceux-là, pas de Nuremberg, mais les plus hautes distinctions. Pourtant, le massacre d’Oradour-sur-Glane par la division Das Reich, si on compare, fait pâle figure.