Victor Davis Hanson | Publié le 22 septembre 2016
Cet été, le président Obama jouait souvent au golf. Hillary Clinton et Donald Trump promettaient de laisser aller le monde. L’été semblait s’achever dans la torpeur et le monde paraissait plutôt calme.
L’été 1914 en Europe paraissait calme, lui aussi. Mais le 28 juillet, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche fut assassiné à Sarajevo par Gavrilo Princip avec l’aide de ses complices séparatistes serbes. Cet acte isolé a déclenché la Première Guerre mondiale.
Pendant l’été 1939, la plupart des observateurs pensaient qu’Adolf Hitler en avait enfin fini avec ses intimidations en série. On supposait que les politiques d’apaisement avaient permis de rassasier ses immenses appétits territoriaux. Mais, le 1er septembre, l’Allemagne nazie envahissait soudain la Pologne et déclenchait la Seconde Guerre mondiale, qui allait engloutir quelque 60 millions de vies.
Les guerres paraissent souvent venir de nulle part, alors que des événements imprévus transforment en embrasements planétaires des tensions qui couvent de longue date.
Les boutefeux sont souvent des agresseurs plus faibles qui croient naïvement que les nations plus puissantes qu’eux souhaitent la paix à tout prix et qu’elles ne réagiront pas à une agression opportuniste.
Malheureusement, notre tranquille fin d’été 2016 a dissimulé beaucoup de tensions latentes qui maintenant émergent, en grande partie en raison du désengagement des États-Unis qui seraient, paraît-il, fatigués.
La guerre, elle, à la différence des États, ne dort pas.
La Russie a massé des troupes à sa frontière avec l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine semble croire que l’Europe est plongée dans le désarroi et il croit que la principale préoccupation du président Obama est de présenter des excuses aux étrangers pour les fautes passées des États-Unis. Poutine parie qu’au sein des puissances occidentales fatiguées, il ne s’en trouvera aucune pour pouvoir ou vouloir endiguer sa réintégration de l’Ukraine — ou ensuite des États baltes. Quel branché d’Amsterdam se soucie de ce qui pourrait arriver à la lointaine Kiev ?
L’Iran a échangé des otages américains contre une rançon. Il n’y a pas longtemps, un missile iranien a manqué de peu un porte-avions américain. Des Iraniens ont piraté un bateau américain et ont harcelé nos navires de guerre dans le golfe Persique. Téhéran promet régulièrement de détruire soit Israël, soit les États-Unis, soit les deux. C’est un drôle de dividende de paix de « l’accord avec l’Iran » !
La Corée du Nord n’est pas simplement délirante. Les récents essais nucléaires et tirs de missiles en direction du Japon donnent l’impression que l’homme fort de Corée du Nord, Kim Jong-Un, croit vraiment qu’il pourrait gagner une guerre − et obtenir ainsi d’encore plus grandes concessions de la part de l’Occident et de la part de ses voisins asiatiques.
De manière analogue, les islamistes radicaux semblent décidés à mener de nouvelles attaques en postulant que l’Occident ne répondra probablement pas par un déploiement de puissance écrasant. Le week-end dernier nous a confrontés à des explosions de bombes artisanales à Manhattan et dans le New Jersey, ainsi qu’à une attaque à l’arme blanche dans un centre commercial du Minnesota − et à la frustration des Américains.
L’Europe et les États-Unis ont été déstabilisés par un déferlement de migrants − principalement de jeunes hommes − venus du Moyen-Orient déchiré par la guerre. Le politiquement correct a figé les dirigeants occidentaux, les empêchant de ne serait-ce que formaliser la menace et, bien sûr, d’y répondre.
Pendant ce temps le gouvernement américain semble plus préoccupé par la fermeture du centre de détention de Guantanamo, par le souci qu’aucun représentant de l’État ne prononce les mots « terreur islamique » et par la diffusion de mises en garde des Américains contre tout excès dû à leurs préjugés supposés innés.
Les agresseurs sont également encouragés par d’importantes coupes dans le budget de la défense des États-Unis. Le canard boiteux de la présidence Obama, les politiques menées dans l’ombre et la division culturelle et raciale des États-Unis reflètent la lassitude des électeurs vis-à-vis des engagements internationaux.
Ce serait une erreur de croire que la guerre est impossible parce qu’elle ne bénéficie à personne, ou qu’elle est surannée en notre XXIe siècle si sophistiqué, ou qu’elle serait insensée dans un monde nucléarisé.
La nature humaine est immuable et reste irrationnelle. Le mal est éternel. Malheureusement, l’apaisement est souvent vu par les malfrats non comme de la magnanimité à charge de revanche mais comme de la timidité à exploiter.
Quelqu’un devra bientôt dire aux Nord-Coréens qu’un ordre mondial stable ne peut tolérer leurs tirs de missiles et essais nucléaires répétés.
Quelqu’un pourrait rappeler à Poutine que les anciennes Républiques soviétiques ont droit à l’auto-détermination.
Quelqu’un pourrait informer les Chinois que personne ne peut installer des îles artificielles et des bases militaires pour contrôler les voies maritimes commerciales.
Quelqu’un pourrait faire entendre aux terroristes islamistes qu’il y a une limite à la patience occidentale face à leurs bombardements permanents, leurs meurtres et leurs destructions.
Le problème est qu’il n’y a pas de « quelqu’un » (et sûrement pas les Nations Unies ou l’Union européenne) qui possède l’autorité et la puissance requises, en dehors des États-Unis. Mais pendant longtemps, les États-Unis ont accompli plus que leur part du maintien de l’ordre international, et leur peuple est las des coûteuses chasses aux dragons à l’étranger.
Le résultat, en cette date tardive, est que la thérapie lourde qui consisterait à restaurer la dissuasion à long terme est presque aussi dangereuse que la maladie du sempiternel apaisement à court terme.
Obama semble convaincu de pouvoir quitter ses fonctions avec l’aura d’un porteur de paix avant que ses brebis apaisées ne finissent par s’unir dans une réaction violente. Il nous a assuré que le monde n’avait jamais été aussi calme et paisible.
D’autres ont affirmé la même chose au cours des dernières semaines des paisibles étés 1914 et 1939.
Les nuages de la guerre s’accumulent. L’orage est imminent.
Source : Townhall, le 22/09/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire