---------- toute l’intelligence est dans la trompette ---------- l'information déployée par Jean-claude Barthelay ---------j'ai été enfant de choeur, militant socialiste, pilier de bar, artisan du batiment, conseiller municipal, sportif ( course à pied, alpinisme ) et touriste à Chamonix, c'est dire si j'en ai entendu des conneries...........................
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lundi 27 février 2017
dimanche 26 février 2017
GENOCIDE : 6 MILLIONS DE MORTS
SOURCE
« Tant que l’opinion publique abdique, le Congolais reste le « nègre » de l’Afrique »Baloji, Tout ceci ne vous rendra pas le Congo
République Démocratique du Congo : 6 millions de morts, le génocide zappé par les médias
Les médias dominants ont la mémoire courte… Ou peut-être est-ce la laisse qui tient les journalistes à leurs maîtres qui les empêche d’aller où l’exigerait leur déontologie pourtant si noble ? Il y une vingtaine d’années (1994), un génocide horrible eut lieu au Rwanda, ancienne colonie belge.
Pour des conflits d’intérêts – opaques pour le citoyen lambda, très clairs pour les marchands d’armes et de mensonges qui nous dirigent – personne n’en parlera, laissant consciencieusement le massacre se perpétuer pendant de longues semaines.
Résultat, un génocide dont ont été complices nos dirigeants et la communauté internationale, incapables même après coup d’identifier les coupables et de faire en sorte qu’ils ne nuisent plus… Et l’Histoire se répète, malheureusement (peut-être d’ailleurs à cause des mêmes personnes).
Depuis 1996, une situation similaire se déroule en République Démocratique du Congo. On évalue à 6 millions de morts – plus que l’Holocauste de la Seconde guerre mondiale – le désastre humanitaire qui se déroule depuis près de 20 ans en RDC, dans la plus grande indifférence. Un rapport de l’ONU accablant le prouve…
En plein centre de l’Afrique, le Congo est un pays riche, rempli de matières premières (diamants, or, étain, gaz, pétrole, uranium, coltan…), de forêts, d’eau, de femmes et d’hommes, d’une multitude de tribus rassemblées sous une nation dessinée par les colons, et qui ne correspond historiquement à pas grand-chose. Suite au génocide au Rwanda, les pays voisins ont de plus profité du flou politique et institutionnel au Congo (limitrophe du Rwanda) pour attaquer de toutes parts ce gigantesque pays rempli de trésors.
Et les Occidentaux dans tout cela ? La culpabilité des dirigeants américains et européens quant au génocide au Rwanda les a poussé à mener une politique pro-Rwanda, laissant les rebelles rwandais passés du côté congolais libre de faire ce qu’ils voulaient, aidés par des alliés ougandais et du Burundi…
Mais surtout, les nombreuses richesses naturelles en RDC sont vitales pour les économies occidentales, notamment pour les secteurs automobile, aéronautique, spatial, les hautes technologies et l’Électronique, la joaillerie… Le coltan surtout (dont le Congo détient au moins 60% des ressources mondiales) est essentiel dans la fabrication des composants électroniques que l’on retrouve dans les TV, les ordinateurs, les smartphones mais aussi certaines armes comme les missiles ! La RDC subit aussi des déforestations massives. Les principaux importateurs ? USA, Europe, Chine. Pas étonnant.
Mais puisque l’intrusion guerrière semble interne à l’Afrique, personne ne peut accuser les USA et les autres puissances occidentales de profiter des ressources et des richesses du Congo en intervenant directement. Non, c’est encore plus pratique de laisser les peuples se descendre entre eux. Parallèlement, les USA soutiennent les dictatures qui se succèdent au Congo et les milices rwandaises et ougandaises. Joyeux.
Pauvreté entretenue et conditions de vie abjectes, viols incessants (et un taux de SIDA atteignant les 20% de la population dans les provinces de l’est), déplacements de population, outrages, épidémies… : une stratégie de déshumanisation est en place afin de rendre les victimes impuissantes, une situation terrible sur laquelle il n’y a pas de mots assez durs.
« Tant que l’opinion publique abdique, le Congolais reste le « nègre » de l’Afrique »Baloji, Tout ceci ne vous rendra pas le Congo
Les dirigeants occidentaux sont-ils assoiffés de richesses au point de laisser perpétrer un nouveau génocide ? Oui, au point de laisser perpétrer et même couvrir un nouveau génocide. Avec des armes, des entrainements militaires venant de nos élites. Une chose : ce qui se passe au Congo, des affaires politiques et économiques au génocide, n’est pas déterminé par les Congolais seuls, mais aussi par les puissances carnassières, avides de richesses et sans considération pour les peuples.
La situation au Congo sera résolue par les Congolais eux-mêmes. Mais la communauté internationale doit instamment cesser de soutenir Rwandais, Ougandais et toutes les milices perpétuant cet état de guerre insupportable leur permettant de mettre la mains sur les richesses d’un pays sans avoir de compte à rendre personne.
6 millions de morts. Dont la moitié d’enfants en bas âge. Le monde dit « libre » – nous – doit impérativement regarder en face ce que sa « liberté » laisse faire. Pourquoi tant de violence et si peu de bruit de la part des médias ?
Est-ce inintéressant pour le Français moyen ? N’est-ce pas assez sensationnel, ce massacre qui se compte en millions de personnes ? Est-ce trop loin de « chez nous », appliquent-ils une fois encore cette odieuse « Loi de proximité » ? Pourquoi aucune réaction, aucun impact dans l’imaginaire collectif, ni indignation, ni colère, ni émotion ?
Notre devoir en tant que citoyens du monde est donc de faire passer le message. Que le monde sache. Avant que le monde bouge. Il y a des coupables en Europe comme il y en a en Afrique. Le silence des puissants tue autant que le bruit des mitraillettes. Mettons tous les assassins face à leurs responsabilités.
FAITES TOURNER !
Photo : greatphotojournalism.com
samedi 25 février 2017
vendredi 24 février 2017
L'ELECTION PRESIDENTIELLE LA PLUS RIDICULE
SOURCE
L'illusionniste
Il stresse, le jeune candidat. Il stresse. Son agence de pub a fait fuiter dans la presse, et d'abord le Figaro, que les services secrets russes sont après lui. Pour preuve, ces méchantes rumeurs sur sa vie privée relayées par deux sites pro-russes, armes de propagande massive pour l'autocratie poutinienne, les mal nommés Sputnik et Russia Today. OMG!
Effectivement, Sputnik relaye rapidement des propos pourtant sibyllins de Julian Assange qui prétendait détenir des informations privilégiées sur Macron à un autre journal russe. Le site pro-russe a laissé de larges colonnes à un député LR qui s'autorise à accuser ainsi le nouveau chouchou des sondages: "Il y a un très riche lobby gay derrière lui. Cela veut tout dire." Tout dire ?
Nicolas Dhuicq, député Les Républicains (LR) de l’Aube, est réputé pour son dilettantisme parlementaire qui frise l'absentéisme crasse malgré l'absence de sanctions. Le même Dhuicq établissait un lien entre homoparentalité et terrorisme en 2012. Le même Dhuicq avait lui aussi embauché son épouse Catherine comme assistante parlementaire.
De son côté RT a multiplié les attaques contre Macron: "Emmanuel Macron est-il le candidat de SFR Presse et Altice ?" (9 février), "Emmanuel Macron, une escroquerie absolue" (3 février), ou encore "Emmanuel Macron protégé médiatiquement, François Fillon «pas un homme de système»" (3 février).
Macron, victime d'un complot pro-russe ? A vrai dire, là n'est pas l'important. Emmanuel Macron est devenu le nouveau chouchou des sondages, le prochain victorieux désigné de l'élection présidentielle.
Jeudi, la nouvelle fait l'effet d'un choc: Fillon s'effondre un peu plus dans les sondages, à 17 ou 18%, tandis que Macron caracole désormais en seconde position, 20 ou 21% derrière Marine Le Pen. Comme la blonde présidente n'aurait théoriquement aucune chance, Macron serait donc notre nouveau président.
Ne riez pas.
L'homme n'a dévoilé quasiment rien de son "projeeeeeeet". Son programme officiel est inexistant. Quand il commence à le dévoiler, on est saisi d'effroi: le garçon est un croisement raté entre Hollande et Juppé. Macron élu, c'est Hollande réélu, un Hollande décomplexé, un Hollande libéré de ce fardeau qui s'appelle la défense des plus pauvres, l'attention aux acquis sociaux de longue lutte, le primat de la loi qui libère sur le libéralisme qui opprime.
La "Macronomie" est un prolongement évident, douloureux, inefficace du quinquennat précédent. "Les propositions du candidat d'En Marche s'inscrivent dans le droit fil du pacte de responsabilité, du CICE ou de la loi Travail" nous explique un essayiste souverainiste dans les colonnes du Figaro. Cette semaine, Macron dévoile ses "propositions" en matière écologique. Le vide absolu, un propos inconséquent digne du siècle d'avant. Il y a d'abord les habituelles platitudes de communicants - "Nous sommes en train de surconsommer et de fragiliser notre planète, de détruire ce qui est notre commun" - ou encore, ne riez pas: "Être écologiste aujourd’hui, c’est se préoccuper de l’humanité".
Dans cette "réalité alternative", Macron est écologiste. Ne riez pas. Ses propositions sont maigres: fermer les 5 centrales à charbon en France, défense des "mines responsables" en Guyane (ne riez pas), poursuite des recherches sur le gaz de schiste et de la recherche sur les OGM. Macron est resté flou sur les moyens de réduire à 50% la production électrique nucléaire. Il promet aussi "32% d’énergies renouvelables". Il veut même simplifier les "procédures pour raccourcir les délais de raccordement au réseau électrique des installations solaires ou éoliennes."Macron reprend différents objectifs non atteints par François Hollande - 500 000 rénovations thermiques de logements par an, interdiction des pesticides néonicotinoïdes d'ici 2020.
La prédatrice
Jeudi soir, Marine Le Pen a les honneurs d'une émission en prime time sur le service public. La dame se fait rare dans les médias, même si son lieutenant Philipot truste la quasi-totalité des plateaux radio-audiovisuels chaque jour. Le Pen s'enfonce dans les mensonges et les approximations. On appelle cela la "réalité alternative", un monde sans faille, binaire et détestable telle que l'extrême droite sait les créer dans ses discours. Elle s'effondre quand elle tente d'expliquer la relève de l'euro par le franc. Elle patauge quand la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem ose lui porter le fer. Elle esquive quand on lui rappelle les affaires de détournements de fonds publics, nombreuses, qui frappe des élus du FN. Elle ment quand elle se réclame du droit des femmes.
Le clou du triste spectacle fut l'intervention de Patrick Buisson. L'ex-vizir de Nicolas Sarkozy, expert en écoutes clandestines, ancien éditeur de chants nazis et ex-directeur de Minute, est invité pour interviewer Marine Le Pen.
Formidable service public, la recherche du buzz, une vraie honte.
Marine Le Pen comme son compagnon Louis Aliot sont très silencieux sur l'affaire du moment. Marine a embauché Louis comme attaché parlementaire européen, "à temps partiel" précise M. Aliot mercredi sur France info, pour 5 000 euros mensuels. Ces comportements de prédateurs de l'argent public sont coutumiers au Front national. Rappelons qu'une enquête est toujours en cours sur un détournement des remboursements de frais de campagne pour les élections cantonales de 2011, présidentielle et législatives de 2012, municipales, européennes et sénatoriales de 2014, départementales et régionales en 2015.
Sur une autre station du service public, un représentant syndical policier explique que Bamboula est une insulte "convenable." Le débat porte sur ce jeune Théo, violé par un policier à Aulnay-sous-bois. Théo est noir. Cela suffit à la fachoshère pour se déchaîner. L'ancien leader du GUD, ce groupuscule neo-nazi et violent, se livre à coeur joie sur les réseaux sociaux. A Aulnay, malgré les appels au calme de Théo, des soirées d'émeute. L'IGPN explique que la fissure anale de 10 cm est un dommage "involontaire". Quelques policiers, soutenus par l'habituelle racaille raciste, défende le "viol involontaire".
Le magouilleur
François Fillon a encore tout donné pour sortir de son affaire. Le #PénélopeGate est d'abord et surtout un naufrage personnel. Mardi, le chantre de la Vroite fait face à 200 journalistes pour dénoncer, pêle-mêle, "Dix jours de lynchage médiatique", "le tribunal médiatique", "une opération montée pour (...) effacer le choix des électeurs de la primaire". Il "s'excuse" devant les Français, mais il nie tout délit.
Pourquoi s'excuser alors ? L'hypothèse d'un plan B est enterrée à coup de chantage - sans Fillon, ce sera la ruine de la droite française. Ses proches décident aussi de fustiger, comme leur mentor, la presse. Cette trumpisation des esprits, certains pourtant brillants et démocrates, est effarante. Qu'auraient du faire "les médias" ? Se taire, se coucher et sagement commenter les petites phrases du candidats Fillon sur la fraude sociale, l'assistanat et la Sécu-qui-coûte-trop-cher ?
Lundi, Fillon balance un nouveau mensonge avec une assurance qui trouble ses proches soutiens et jusqu'à l'électeur: l'extrait télévisuel d'une interview de Pénélope Fillon où elle déclarait n'avoir jamais été "assistante" de son mari aurait été "sorti de son contexte" contre la volonté de l'auteure journaliste. Laquelle journaliste, en direct sur Twitter fustige Fillon pour ce énième mensonge. Puis deux jours après, voici France 2 qui diffuse l'intégralité de l'interview de 2007.
Les révélations se succèdent: Fillon lui-même, dans son exercice tardif de transparence, dévoile enfin les riches contributeurs qui ont permis à sa micro-société 2F Conseil d'empocher 757 000 euros en trois ans: on y retrouve AXA qui a tout à gagner de la privatisation promise de la Sécurité Sociale, et FIMALAC, l'employeur de Pénélope Fillon...
Pire, après son emploi d'assistante parlementaire pour lequel les preuves de réalité tardent à être apportées à la justice, Pénélope Fillon aurait reçu une indemnité de licenciement de 45 000 euros, toujours sur les fonds du contribuable. Puis Fillon explique que ses deux enfants, également rémunérés sur son enveloppe parlementaire pour 3 et 4000 euros mensuels chacun pendant quelques mois l'ont aidé, l'un à écrire son programme politique, l'autre l'un de ses derniers livres. Deux missions sans rapport avec le job d'attaché parlementaire. Mieux encore, il est assez probable que l'emploi de la fille soit totalement fictif. Il faut comprendre François. François a des frais. D'après le magazine Capital, peu suspect de gauchisme, l'entretien du château familial dans la Beauce lui coûte entre 5 et 7 500 euros par mois. Une dépense à 85% couverte par les indemnités parlementaires que Fillon a attribuées à ses proches.
Mercredi, lettre ouverte aux Français dans le premier quotidien régional, Sud-Ouest. On n'y apprend rien, Fillon répète les mêmes arguments hors sol et à côté du vrai sujet. Rien n'y fait. A côté, la Fillonsphère rejoint la fachosphère pour propager quelques saloperies mensongères sur la fille du fondateur de Mediapart, en pointe dans la dénonciation des abus fillonesques. L'extrême droite, quelque soit son véhicule, utilise les mêmes ressorts. Jeudi, ses deux enfants Charles et Marie terminent 7 heures d'audition devant la la police. Le même jour, les avocats de ce candidat qui réclamait que la Justice fasse rapidement son travail demande au parquet de se dé-saisir.
Allez comprendre.
Fillon est un boulet, un "cauchemar pour communicant" explique bien justement les Jours. "Confrontées à des accidents industriels, les entreprises sont contraintes de retirer des modèles défectueux du marché". C'est peu de le dire. Fillon ressemble à un accident politique, un de plus. Un faux social, faux gaulliste, qui s'est décidé à embrasser un discours et un programme de rigueur pour les autres, surtout les plus modestes, quand lui-même se goinfre sur l'argent public pour financer "légalement" ses besoins familiaux.
L'espoir ?
Dimanche, Jean-Luc Mélenchon s'amuse et l'emporte sur le terrain de la fréquentation avec son double meeting, l'un sous forme d'hologramme - plus de 800 000 spectateurs et téléspectateurs au total. Le candidat de la France insoumise suit son programme. Chaque meeting est thématique, et lui permet de dérouler, justifier, argumenter sur son programme. C'est médiatiquement moins vendeur que le vent de l'illusion macroniste ou les petites phrases de l'autodéfense fillonesque. Mais c'est politiquement plus instructif, riche et nourri.
Melenchon est gêné par le ralliement probable du candidat EELV, crépusculaire mais sympathique, Yannick Jadot, avec Benoît Hamon. Lequel Hamon n'a pas encore réussi à rallier l'intégralité du PS à sa cause. L'absence de positionnement clair de Hamon (mais de qui donc est-il le candidat ?) le coince. Légèrement favori dans les sondages, il refuse de s'aliéner la frange droite du PS contre laquelle il s'est pourtant fait élire. Hamon, comme Macron, tente de surfer sur cette ambiguïté.
Quand on vous dit que cette élection est devenue ridicule...
Ami citoyen, il y a une autre voie.
Où il est question d'un candidat qui caracole dans les sondages sans programme, d'un ex-favori qui paye dans les sondages ses abus familiaux avec l'argent du contribuable, et d'une gauche qui pourrait se retrouver qualifiée si tant est qu'elle le veuille vraiment; bref de la plus ridicule des élections présidentielles que la Vème République ait connue.
L'illusionniste
Il stresse, le jeune candidat. Il stresse. Son agence de pub a fait fuiter dans la presse, et d'abord le Figaro, que les services secrets russes sont après lui. Pour preuve, ces méchantes rumeurs sur sa vie privée relayées par deux sites pro-russes, armes de propagande massive pour l'autocratie poutinienne, les mal nommés Sputnik et Russia Today. OMG!
Effectivement, Sputnik relaye rapidement des propos pourtant sibyllins de Julian Assange qui prétendait détenir des informations privilégiées sur Macron à un autre journal russe. Le site pro-russe a laissé de larges colonnes à un député LR qui s'autorise à accuser ainsi le nouveau chouchou des sondages: "Il y a un très riche lobby gay derrière lui. Cela veut tout dire." Tout dire ?
Nicolas Dhuicq, député Les Républicains (LR) de l’Aube, est réputé pour son dilettantisme parlementaire qui frise l'absentéisme crasse malgré l'absence de sanctions. Le même Dhuicq établissait un lien entre homoparentalité et terrorisme en 2012. Le même Dhuicq avait lui aussi embauché son épouse Catherine comme assistante parlementaire.
De son côté RT a multiplié les attaques contre Macron: "Emmanuel Macron est-il le candidat de SFR Presse et Altice ?" (9 février), "Emmanuel Macron, une escroquerie absolue" (3 février), ou encore "Emmanuel Macron protégé médiatiquement, François Fillon «pas un homme de système»" (3 février).
Macron, victime d'un complot pro-russe ? A vrai dire, là n'est pas l'important. Emmanuel Macron est devenu le nouveau chouchou des sondages, le prochain victorieux désigné de l'élection présidentielle.
Jeudi, la nouvelle fait l'effet d'un choc: Fillon s'effondre un peu plus dans les sondages, à 17 ou 18%, tandis que Macron caracole désormais en seconde position, 20 ou 21% derrière Marine Le Pen. Comme la blonde présidente n'aurait théoriquement aucune chance, Macron serait donc notre nouveau président.
Ne riez pas.
L'homme n'a dévoilé quasiment rien de son "projeeeeeeet". Son programme officiel est inexistant. Quand il commence à le dévoiler, on est saisi d'effroi: le garçon est un croisement raté entre Hollande et Juppé. Macron élu, c'est Hollande réélu, un Hollande décomplexé, un Hollande libéré de ce fardeau qui s'appelle la défense des plus pauvres, l'attention aux acquis sociaux de longue lutte, le primat de la loi qui libère sur le libéralisme qui opprime.
La "Macronomie" est un prolongement évident, douloureux, inefficace du quinquennat précédent. "Les propositions du candidat d'En Marche s'inscrivent dans le droit fil du pacte de responsabilité, du CICE ou de la loi Travail" nous explique un essayiste souverainiste dans les colonnes du Figaro. Cette semaine, Macron dévoile ses "propositions" en matière écologique. Le vide absolu, un propos inconséquent digne du siècle d'avant. Il y a d'abord les habituelles platitudes de communicants - "Nous sommes en train de surconsommer et de fragiliser notre planète, de détruire ce qui est notre commun" - ou encore, ne riez pas: "Être écologiste aujourd’hui, c’est se préoccuper de l’humanité".
Dans cette "réalité alternative", Macron est écologiste. Ne riez pas. Ses propositions sont maigres: fermer les 5 centrales à charbon en France, défense des "mines responsables" en Guyane (ne riez pas), poursuite des recherches sur le gaz de schiste et de la recherche sur les OGM. Macron est resté flou sur les moyens de réduire à 50% la production électrique nucléaire. Il promet aussi "32% d’énergies renouvelables". Il veut même simplifier les "procédures pour raccourcir les délais de raccordement au réseau électrique des installations solaires ou éoliennes."Macron reprend différents objectifs non atteints par François Hollande - 500 000 rénovations thermiques de logements par an, interdiction des pesticides néonicotinoïdes d'ici 2020.
La prédatrice
Jeudi soir, Marine Le Pen a les honneurs d'une émission en prime time sur le service public. La dame se fait rare dans les médias, même si son lieutenant Philipot truste la quasi-totalité des plateaux radio-audiovisuels chaque jour. Le Pen s'enfonce dans les mensonges et les approximations. On appelle cela la "réalité alternative", un monde sans faille, binaire et détestable telle que l'extrême droite sait les créer dans ses discours. Elle s'effondre quand elle tente d'expliquer la relève de l'euro par le franc. Elle patauge quand la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem ose lui porter le fer. Elle esquive quand on lui rappelle les affaires de détournements de fonds publics, nombreuses, qui frappe des élus du FN. Elle ment quand elle se réclame du droit des femmes.
Le clou du triste spectacle fut l'intervention de Patrick Buisson. L'ex-vizir de Nicolas Sarkozy, expert en écoutes clandestines, ancien éditeur de chants nazis et ex-directeur de Minute, est invité pour interviewer Marine Le Pen.
Formidable service public, la recherche du buzz, une vraie honte.
Marine Le Pen comme son compagnon Louis Aliot sont très silencieux sur l'affaire du moment. Marine a embauché Louis comme attaché parlementaire européen, "à temps partiel" précise M. Aliot mercredi sur France info, pour 5 000 euros mensuels. Ces comportements de prédateurs de l'argent public sont coutumiers au Front national. Rappelons qu'une enquête est toujours en cours sur un détournement des remboursements de frais de campagne pour les élections cantonales de 2011, présidentielle et législatives de 2012, municipales, européennes et sénatoriales de 2014, départementales et régionales en 2015.
Sur une autre station du service public, un représentant syndical policier explique que Bamboula est une insulte "convenable." Le débat porte sur ce jeune Théo, violé par un policier à Aulnay-sous-bois. Théo est noir. Cela suffit à la fachoshère pour se déchaîner. L'ancien leader du GUD, ce groupuscule neo-nazi et violent, se livre à coeur joie sur les réseaux sociaux. A Aulnay, malgré les appels au calme de Théo, des soirées d'émeute. L'IGPN explique que la fissure anale de 10 cm est un dommage "involontaire". Quelques policiers, soutenus par l'habituelle racaille raciste, défende le "viol involontaire".
Le magouilleur
François Fillon a encore tout donné pour sortir de son affaire. Le #PénélopeGate est d'abord et surtout un naufrage personnel. Mardi, le chantre de la Vroite fait face à 200 journalistes pour dénoncer, pêle-mêle, "Dix jours de lynchage médiatique", "le tribunal médiatique", "une opération montée pour (...) effacer le choix des électeurs de la primaire". Il "s'excuse" devant les Français, mais il nie tout délit.
Pourquoi s'excuser alors ? L'hypothèse d'un plan B est enterrée à coup de chantage - sans Fillon, ce sera la ruine de la droite française. Ses proches décident aussi de fustiger, comme leur mentor, la presse. Cette trumpisation des esprits, certains pourtant brillants et démocrates, est effarante. Qu'auraient du faire "les médias" ? Se taire, se coucher et sagement commenter les petites phrases du candidats Fillon sur la fraude sociale, l'assistanat et la Sécu-qui-coûte-trop-cher ?
Lundi, Fillon balance un nouveau mensonge avec une assurance qui trouble ses proches soutiens et jusqu'à l'électeur: l'extrait télévisuel d'une interview de Pénélope Fillon où elle déclarait n'avoir jamais été "assistante" de son mari aurait été "sorti de son contexte" contre la volonté de l'auteure journaliste. Laquelle journaliste, en direct sur Twitter fustige Fillon pour ce énième mensonge. Puis deux jours après, voici France 2 qui diffuse l'intégralité de l'interview de 2007.
"Je n’ai jamais été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre." Pénélope Fillon, 2007Fillon est plombé, "baisé" commente Charlie Hebdo. Impossible de se renoncer, trop fragile pour continuer. Les premiers sondages révèlent qu'il n'aurait même pas convaincu son camp.
Les révélations se succèdent: Fillon lui-même, dans son exercice tardif de transparence, dévoile enfin les riches contributeurs qui ont permis à sa micro-société 2F Conseil d'empocher 757 000 euros en trois ans: on y retrouve AXA qui a tout à gagner de la privatisation promise de la Sécurité Sociale, et FIMALAC, l'employeur de Pénélope Fillon...
Pire, après son emploi d'assistante parlementaire pour lequel les preuves de réalité tardent à être apportées à la justice, Pénélope Fillon aurait reçu une indemnité de licenciement de 45 000 euros, toujours sur les fonds du contribuable. Puis Fillon explique que ses deux enfants, également rémunérés sur son enveloppe parlementaire pour 3 et 4000 euros mensuels chacun pendant quelques mois l'ont aidé, l'un à écrire son programme politique, l'autre l'un de ses derniers livres. Deux missions sans rapport avec le job d'attaché parlementaire. Mieux encore, il est assez probable que l'emploi de la fille soit totalement fictif. Il faut comprendre François. François a des frais. D'après le magazine Capital, peu suspect de gauchisme, l'entretien du château familial dans la Beauce lui coûte entre 5 et 7 500 euros par mois. Une dépense à 85% couverte par les indemnités parlementaires que Fillon a attribuées à ses proches.
Mercredi, lettre ouverte aux Français dans le premier quotidien régional, Sud-Ouest. On n'y apprend rien, Fillon répète les mêmes arguments hors sol et à côté du vrai sujet. Rien n'y fait. A côté, la Fillonsphère rejoint la fachosphère pour propager quelques saloperies mensongères sur la fille du fondateur de Mediapart, en pointe dans la dénonciation des abus fillonesques. L'extrême droite, quelque soit son véhicule, utilise les mêmes ressorts. Jeudi, ses deux enfants Charles et Marie terminent 7 heures d'audition devant la la police. Le même jour, les avocats de ce candidat qui réclamait que la Justice fasse rapidement son travail demande au parquet de se dé-saisir.
Allez comprendre.
Fillon est un boulet, un "cauchemar pour communicant" explique bien justement les Jours. "Confrontées à des accidents industriels, les entreprises sont contraintes de retirer des modèles défectueux du marché". C'est peu de le dire. Fillon ressemble à un accident politique, un de plus. Un faux social, faux gaulliste, qui s'est décidé à embrasser un discours et un programme de rigueur pour les autres, surtout les plus modestes, quand lui-même se goinfre sur l'argent public pour financer "légalement" ses besoins familiaux.
L'espoir ?
Dimanche, Jean-Luc Mélenchon s'amuse et l'emporte sur le terrain de la fréquentation avec son double meeting, l'un sous forme d'hologramme - plus de 800 000 spectateurs et téléspectateurs au total. Le candidat de la France insoumise suit son programme. Chaque meeting est thématique, et lui permet de dérouler, justifier, argumenter sur son programme. C'est médiatiquement moins vendeur que le vent de l'illusion macroniste ou les petites phrases de l'autodéfense fillonesque. Mais c'est politiquement plus instructif, riche et nourri.
"Le continent numérique doit être rendu au peuple " Jean-Luc MélenchonAinsi dimanche, le candidat déroule ses propositions: suppression d'Hadopi (?), protection des données personnelles, soutien à la création de jeux vidéo, réforme du droit d’auteur, neutralité du Net, promotion du logiciel libre, et rupture des contrats entre Microsoft et l’éducation nationale et l’armée, lutte contre l’optimisation fiscale des géants du Web, etc. Puis c'est l'Europe, et Mélenchon d'expliquer les contours imprécis du nouveau traité européen en cours d'étude à Bruxelles et Strasbourg: "On se dirige ainsi sensiblement vers une UE de plus en plus autonome des États sur le plan économique. Évidemment en figeant la règle libérale comme un absolu."/
Melenchon est gêné par le ralliement probable du candidat EELV, crépusculaire mais sympathique, Yannick Jadot, avec Benoît Hamon. Lequel Hamon n'a pas encore réussi à rallier l'intégralité du PS à sa cause. L'absence de positionnement clair de Hamon (mais de qui donc est-il le candidat ?) le coince. Légèrement favori dans les sondages, il refuse de s'aliéner la frange droite du PS contre laquelle il s'est pourtant fait élire. Hamon, comme Macron, tente de surfer sur cette ambiguïté.
Quand on vous dit que cette élection est devenue ridicule...
Ami citoyen, il y a une autre voie.
jeudi 23 février 2017
mardi 21 février 2017
LA COLONISATION : CRIME CONTRE L'HUMANITE
La colonisation : Oeuvre négative et crime contre l'humanité
février 21, 2017
Un coup d’éclair dans un ciel déjà électrisé par les affaires en France lors de l’élection présidentielle. Le candidat Emmanuel Macron de passage à Alger venu tâter le pouls indirectement de la perception algérienne de l’élection française eu égard aux liens de sang entre les deux peuples déclare au journal Echorouk News: «La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.» Des propos qui ont déclenché des protestations de la part de la droite et de l’extrême droite.
On prête à Emmanuel Macron de vouloir capter potentiellement un électorat issu de l’émigration. Ce qui est sûr c’est qu’il va s’aliéner l’électorat de Droite, et celui du reliquat des rapatriés habitant le Sud de la France qui à des degrés divers ont souffert du déracinement et de cette fuite dans le chaos que même les dirigeants du FLN n’appréhendaient pas être aussi forte c’était sans compter sur la politique de la terre brûlée mise en œuvre par l’OAS qui a tout fait pour créer les conditions du chaos mais aussi des révolutionnaires de la vingt cinquième heure qui voulant se rattraper se seraient rendus coupables d’exactions envers les Européens d’Algérie ce qui a précipité le divorce définitif des deux communautés
Les négationnistes niant l’évidence
Qui trouve-t-on dans le landerneau chauvin de la droite? Les positions de l’extrême droite sont connues à l’instar du guide Jean-Marie Le Pen tortionnaire devant l’Eternel et qui à titre d’exemple de ses multiples basses oeuvres, oublia son poignard lors d’une perquisition et un interrogatoire- torture à mort dans un appartement, poignard exhibé bien plus tard par le fils du torturé avec les initiales J.M Le Pen 1er R.e.p. Avec Le Pen tous les racistes revanchards et les petits pieds-noirs entraînés dans la tourmente et sensibles au discours de l’OAS qui a tout fait pour diviser les deux communautés, à l’indépendance commettant l’irréparable.
Parmi les enragés, il y a les émigrés de la deuxième ou troisième génération qui sont plus royalistes que le roi, on y trouve beaucoup d’Italiens, de Libanais, de Roumains, de Hongrois, d’Arméniens. La France c’est eux il n’y a qu’eux qui doivent en parler. Le filon Algérie est porteur, il permet de capter des voix. A des degrés divers ils ont une histoire avec l’Algérie. Il y a Gérald Moussa Darmanin qui déclare: «Honte à Emmanuel Macron qui insulte la France à l’étranger: crachats inacceptables sur la tombe des français tirailleurs, supplétifs, harkis morts pour une France qu’ils aimaient.» «Son grand-père, Moussa Ouakid, né en 1907, d’origine algérienne, adjudant-chef dans l’armée française, fut fait prisonnier et a participé à la Libération en 1945 et participe ensuite à la Guerre d’Algérie dans l’armée française.» (1)
Il y a Christian Estrosi: «Je suis bouleversé qu’une personnalité politique telle que Emmanuel Macron vienne aujourd’hui discréditer la grande histoire de France. Christian Estrosi, fils unique d’un immigrant italien, débute d’abord comme pilote de Grand Prix motocycliste ce qui lui vaudra plus tard le surnom de ‘motodidacte” (…)» (2)
Il y a naturellement la droite à la fois sensible au discours des races supérieures de la suprématie de la race blanche et quelque part croisés des temps modernes. Gérard Longuet et «souchien» en sera l’un des tenants «(…) Au printemps 1964, il prend part, en compagnie d’Alain Madelin, à la création du mouvement Occident, groupuscule d’extrême droite (…) Il rejoint le Groupe union défense (GUD), groupuscule d’extrême droite puis Ordre nouveau, (…) Après avoir manifesté par un bras d’honneur son opposition personnelle à la demande formulée par l’Algérie d’«une reconnaissance franche des crimes perpétrés» par le colonialisme français, Gérard Longuet a expliqué: «La France n’a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation.» (3)
L’autre exemple nous est donné par François Fillon et sa haine viscérale de l’islam. Il n’est que de lire sa dernière logorrhée, un brûlot où il donne sa vision de l’islam certes, en y mettant les formes, mais on sent le parti pris irréductible.
Mais il y a pire qu’eux, ce sont les gauchistes – pas tous heureusement- dans un langage ambigu se déclarent progressistes pour la liberté des peuples et contre la colonisation. Nous avons un échantillon avec le plus illustre d’entre eux, François Mitterrand, qui signa la mise à mort de près de 200 patriotes envoyés à la guillotine…
Massacre de masse ou génocide?
Apparemment le mot génocide est interdit pour qualifier les atrocités en Algérie, c’est dit on une marque déposée pour qualifier les massacres de masse à l’endroit des Juifs sous le IIIe Reich . Le mot ayant été proposé par Raphaël Lemkin intellectuel juif rescapé des camps de la mort, nazi. Benjami Stora utilisera le mot massacre de masse pour qualifier les millions de morts algériens depuis l’invasion coloniale, la colonisation proprement dite et la Révolution de Novembre de1954
On ne peut mieux résumer cette période noire avec les mots de Jaurès citant Clemenceau le 27 mars 1908: «On a tué, massacré, violé, pillé tout à l’aise dans un pays sans défense, l’histoire de cette frénésie de meurtres et de rapines ne sera jamais connue, les Européens ayant trop de motifs pour faire le silence (…). Rien n’est plus contraire aux intérêts français que cette politique de barbarie.» Rappelons nous les enfumades des tribus d’Oued Riah du Dahra en mai-juin 1845. Avec Bugeaud, Cavaignac et Saint Arnaud, dont Victor Hugo a pu dire qu’il avait les états de service d’un chacal. Nous pouvons déduire ce que furent les massacres de masse en Algérie en ajoutant d’abord les dizaines de milliers de morts algériens sur les théâtres de guerre pour la France à partir de 1837, Pour rappel Les régiments de tirailleurs algériens écrivirent pour l’armée française parmi les pages les plus glorieuses de son histoire. Ils furent de tous les conflits au nombre de 11 ils participent à toutes les campagnes du Second Empire et de la IIIe République et de la IVe République» (4)
En 1854 lors du siège de Sébastopol (1853-1856) sur 2800 tirailleurs envoyés en Crimée, plus de 900 sont tués ou blessés. Durant la guerre de 1870-71, les trois régiments de tirailleurs (environ 9000 hommes) sont envoyés en France où ils combattent lors des batailles de Wissembourg et Froeschwiller-Woerth. Les régiments sont décimés et après Froeschwiller, le 2e Tirailleurs ne compte plus que 450 hommes valides sur 3000. Après la défaite de Sedan du 2 septembre 1870, un régiment de tirailleurs combat dans l’Armée de la Loire. Leurs pertes sont estimées à 5000 tués La Marche des Tirailleurs ou Chant des Turcos relate l’exploit du 2e Régiment de Tirailleurs algériens à Froeschwiller le 6 août 1870. Les Tirailleurs chargèrent les canons prussiens et furent anéanti à 90%.» (4)
Si on y ajoute les dizaines de milliers de morts du carnage de mai 1945, le million de morts de la Révolution de Novembre 1954. C’est au total au bas mot 5 millions d’Algériens qui passèrent de vie à trépas pour des causes diverses: l’acharnement bestial de l’armée d’Afrique, les famines et la maladie qui eurent leurs dîmes de plus d’un million et demi de morts, ensuite les vies «offertes» pour la gloire et l’honneur de la France et enfin la répression du pouvoir colonial pendant une durée de 132 ans d’une occupation sans partage envers un peuple qui n’aspirait qu’à vivre dans la dignité. Un simple calcul – à titre indicatif-montre que pendant les 132 ans de l’invasion brutale d’un pays sans défense, et la colonisation criminelle soit 13500 mois, c’est en moyenne 360 morts par mois, 12 morts/jour ou encore un mort de mort violente toutes les deux heures pendant 132 ans.» (4)
Dès 2010 Fillon avait admis que la colonisation était un crime contre l’humanité
Curieusement, Fillon, qui tire à boulets rouges sur Macron, avait reconnu par deux fois que la colonisation était un crime contre l’humanité. En 2010, François Fillon Premier ministre avait procédé à une modification du droit pénal pour se conformer aux principes portés par la Cour pénale internationale stipulant que le crime de génocide, caractérisé par une volonté manifeste de nuire ou d’exterminer une population civile. Cela s’applique tout à fait à ce qui s’est passé en Algérie.
« Fillon oublie ce qu’il disait lui-même récemment: «Cette repentance permanente est indigne d’un candidat à la présidence de la République», a réagi François Fillon, au cours d’un meeting à Compiègne, ce mercredi 15 février. Il qualifiait lui-même la colonisation et l’esclavage d”abomination» dans une interview accordée la semaine dernière au Quotidien de la Réunion. Également interrogé sur le passé colonial de la France par la chaîne Reunion 1er, François Fillon avait, là aussi, lié colonisation et esclavage pour les dénoncer vigoureusement: «Que cela soit la colonisation ou que cela soit l’esclavage. L’esclavage est le crime le plus abominable qui n’ait jamais été commis par l’humanité». Déjà, en octobre 2016 sur France 2, François Fillon, à l’époque candidat à la primaire, avait été interpellé par un syndicaliste guadeloupéen, «Bien sûr que la colonisation est aujourd’hui, avec les critères qui sont les nôtres, un crime. Bien sûr» avait-il expliqué.» (5)
Oui, la colonisation est un crime contre l’humanité
«Pour Bruno Guigue, la réaction chauvine suscitée par ses propos, en tout cas, montre que le révisionnisme colonial fait partie de l’ADN de la droite française. Il faut les entendre fulminer, ces humanistes à géométrie variable, lorsque cette page sinistre de l’histoire de France est pointée du doigt.(…)Contre ces impostures réactionnaires, il faut relire ce qu’écrivait Aimé Césaire en 1955 dans son magnifique ´´Discours sur le colonialisme´´. Il citait le colonel de Montagnac, l’un des conquérants de l’Algérie: «Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes.» Il donnait la parole au comte d’Herisson: «Il est vrai que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltées, paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis´´.(…) Partout, la conquête coloniale fut effroyable. Le colonisateur au drapeau tricolore l’a déshonoré, ce drapeau. Il l’a noyé dans le sang des peuples martyrisés par ceux qui prétendaient leur apporter la civilisation au bout du fusil.(…)». (6)
«Pour l’historien Benyamin Stora, Emmanuel Macron a pris soin de rappeler la face civilisatrice, par effraction, de la colonisation. Ce n’est pas la première fois qu’un homme politique tient des propos analogues – sans aller jusqu’à la qualification de crime contre l’humanité. En 2007, Nicolas Sarkozy avait condamné fortement la colonisation ainsi que François Hollande. Du coup, cela tend à politiser le débat et à en faire une affaire franco-française. A la question «La colonisation est-elle un crime contre l’humanité?» Benjamin Stora répond: «Cela fait très longtemps que les historiens ont apporté la preuve de massacres, de crimes, de tortures durant la longue période de la colonisation » (7).
Benjamin Stora nous informe que Michel Rocard avait tenté de faire jugé un criminel parmi tant d’autres en vain « En 1959,écrit-il Michel Rocard publiait un rapport concluant à des déplacements de 2 millions de paysans en Algérie. Mais la France a construit un système juridique qui fait qu’aucune plainte ne peut aboutir et que cette période ne peut être jugée. Il est indispensable, pour qu’un crime contre l’humanité soit reconnu, qu’un Etat ou un particulier dépose plainte. C’est ce qu’avait tenté de faire Rocard en attaquant en 1986 Jean-Marie Le Pen pour torture pendant la guerre d’Algérie. Mais, en raison des lois d’amnistie votées dans les années 1960, aucune plainte ne peut aboutir. Seules des poursuites devant des tribunaux internationaux pourraient débloquer le processus ». (7)
« C’est un problème d’autant plus insoluble qu’en France, dès que l’on prononce les mots «crimes contre l’humanité», le débat se clôt ou se politise. Il est quasiment interdit d’évoquer tout acte de violence commis par la France pendant la colonisation. On oppose immédiatement l’apport des «Lumières», l’oeuvre civilisatrice de la France… Or, en matière de colonisation, la France a bâti un faux modèle républicain: elle a proclamé le principe d’égalité, mais ne l’a que rarement mis en pratique. Les «crimes contre l’humanité» incluent aussi bien des génocides comme la Shoah ou celui des Arméniens que des massacres de masse perpétrés en Afrique ou en Algérie.» (7)
La colonisation «crime contre l’humanité»: Pourquoi Macron a raison
C’est la conviction de Bruno-Roger Petit qui nous explique pourquoi Macron a raison: «Emmanuel Macron a juridiquement tort, mais a-t-il politiquement raison? Le pénal suffit-il à caractériser le moral? Relisons Bel ami, ces pages d’introduction où Maupassant campe le personnage de Georges Duroy, déambulant dans Paris en quête de destin: «Et il se rappelait ses deux années d’Afrique, la façon dont il rançonnait les Arabes dans les petits postes du Sud. Et un sourire cruel et gai passa sur ses lèvres au souvenir d’une escapade qui avait coûté la vie à trois hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur avait valu, à ses camarades et à lui, vingt poules, deux moutons et de l’or, et de quoi rire pendant six mois. On n’avait jamais trouvé les coupables, qu’on n’avait guère cherché d’ailleurs, l’Arabe étant un peu considéré comme la proie naturelle du soldat». Maupassant livre une anecdote. Que l’on devine vraie. Que l’on sait ordinaire, dans le sens où elle est répétée à l’infini depuis que la France s’est emparée de l’Algérie. Et que cela va encore durer soixante-dix ans. Comment dire mieux la colonisation française, sa violence et son injustice? Comment ne pas comprendre les traces laissées dans la conscience d’un peuple? Comment nier l’indélébile empreinte mémorielle?» (8)
Bruno Roger Petit poursuit: «Emmanuel Macron raconte une histoire que bien des Français n’ont pas envie d’entendre. Parce qu’il la raconte du point de vue des victimes. (..)Après Vichy, la colonisation est le passé qui ne passe pas, et la polémique déclenchée par le propos de Macron en atteste. Alors haro sur Macron qui ne connaît pas le droit… «faute politique», «faute historique», «faute juridique» disent-ils. Mais il n’en est pas un pour dire «faute morale».(…) Quitte à oublier Clemenceau et son célèbre discours de 1885 qui, répondant à l’apologie des vertus de la colonisation énoncée par Jules Ferry, avait dressé cet impressionnant réquisitoire: «Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur! Voilà l’histoire de votre civilisation! Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l’Européen apporte avec lui: de l’alcool, de l’opium qu’il répand, qu’il impose s’il lui plaît. Et c’est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l’homme!»» (8)
Conclusion
« La colonisation déclare l’historien Pascal Blanchard, en soi n’est pas juridiquement un « crime contre l’humanité », ce n’est pas le même phénomène que l’esclavage. Même si les textes internationaux énoncent que « les crimes contre l’humanité doivent être commis par une puissance étatique qui pratique une politique d’hégémonie idéologique ». Par contre, certaines pages de l’Histoire de la colonisation, comme la conquête de l’Algérie, de 1830 à 1842, celle de l’Indochine, ou encore la grande révolte et sa répression en Nouvelle-Calédonie en 1878 et la guerre au Cameroun dans les années 1950, ont été de l’ordre de l’inacceptable, et donc du crime contre l’humanité au regard des « faits ». Y compris au regard du droit français, depuis la loi du 26 décembre 1964 où la notion de crime contre l’humanité fait son apparition dans le code pénal. On est dans un pays paradoxal avec 12 744 musées, mais il n’y en a aucun qui traite, parle ou appréhende l’Histoire coloniale. Quand l’Histoire ne peut pas rentrer au musée, c’est qu’elle est encore brûlante, manipulée aussi ou qu’elle n’a pas trouvé le temps de l’apaisement des mémoires. Elle reste donc dans le champ du politique, des manipulations de l’histoire et des mémoires en conflit ». (9)
Pour nous la colonisation fut un génocide dans la durée avec un traumatisme toujours actuel, cent trente deux ans après, nous n’arrivons pas à guérir de cette invasion d’un beau matin de juillet 1830, nous n’arrivons pas à faire notre deuil du fait de l’arrogance à géométrie variable de la puissance qui seule se croit autorisée à dicter la norme, de ce que c’est qu’un massacre, un génocide, une oeuvre positive..qui est en réalité une oeuvre négative
Nul doute que cette déclaration marquera un tournant, mais il est inutile d’attendre une quelconque repentance de la génération actuelle en France. L’Algérie se devrait de rester digne, et de ne pas verser dans la solution mercantile de miettes pour solde de tout compte. Elle devrait peut-être rassurer la France que la douleur algérienne n’est pas une pompe à finance qui commerce de la dignité des millions de morts pour avoir seulement lutté pour la liberté du pays.
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rald_Darmanin
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Estrosi
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Longuet
4.Chems Eddine Chitour http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/215694-une-inutile-demande-de-repentance.html
5. http://www.huffingtonpost.fr/2017/02/16/francois-fillon-critique-les-propos-demmanuel-macron-sur-la-col/?utm_hp_ref=fr-homepage
6. http://www.mondialisation.ca/oui-la-colonisation-est-un-crime-contre-lhumanite/5575306
7 Benjamin Stora http://www.leparisien.fr/politique/macron-sur-la-colonisation-les-historiens-ont-apporte-la-preuve-de-massacres-juge-stora-17-02-2017-6687714.php#_=_
8.Bruno-Roger Petit https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/la-colonisation-crime-contre-l-humanite-pourquoi-macron-a-raison_454711
9. http://www.la-croix.com/France/Politique/Certaines-pages-de-lHistoire-de-la-colonisation-sont-de-lordre-du-crime-contre-lhumanite-2017-02-17-1200825594?ref=yfp
Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/260793-oeuvre-negative-et-crime-contre-l-humanite.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Ecole Polytechnique Alger
lundi 20 février 2017
dimanche 19 février 2017
POLICE DE LA PENSEE
SOURCE
Google et Facebook lancent leurs dispositifs anti « intox » en France
Les deux géants américains annoncent simultanément deux initiatives anti « fake news » avant la présidentielle.
Après avoir perturbé le processus électoral américain, les fake news sont devenues l'ennemi public numéro 1. A l'approche des élections en France, deux géants d'Internet mettent en place coup sur coup des dispositifs pour lutter contre la désinformation.
Google, à travers Google News Lab (sa division pour les médias) et First Draft (un réseau de médias) annoncent ce lundi le lancement de CrossCheck, un outil de vérification collaboratif pour limiter la diffusion d'informations trompeuses ou fallacieuses. Il doit commencer à fonctionner à la fin du mois (le 27 précisément), et jusqu'à l'élection présidentielle.
« C'est la première fois que l'on expérimente une telle initiative sur un temps aussi long, souligne Jenni Sargent, directrice générale de First Draft News. Si ça marche bien, on espère que ça continuera.» Seize rédactions sont parties prenantes du projet (dont l'AFP, « Les Echos », « Le Monde », « France Télévisions », ou encore « La Provence » etc.), ainsi que plusieurs sociétés de technologie.
Concrètement, le grand public pourra signaler des contenus douteux vus sur Internet, les réseaux sociaux etc. ou poser des questions via une plate-forme spécialisée, afin que les partenaires de CrossCheck puissent mener l'enquête et répondre aux demandes directement sur la plateforme. Certains médias pourront aussi publier des articles sur leurs propres canaux. Enfin, CrossCheck travaillera également avec des étudiants en journalisme.
Pictogramme de signalement et articles correctifs
Facebook est partenaire de ce projet et va notamment donner accès à CrowdTangle, un outils qui permet de détecter les informations ayant, par exemple, le plus de résonnance sur les réseaux sociaux. En parallèle, la firme de Mark Zuckerberg a également développé son propre outil de fact-checking . Après les Etats-Unis il y a quelques semaines puis l'Allemagne, le réseau social lance ce dispositif ce lundi en France, avec 8 rédactions partenaires.
Le principe ? Lorsque les internautes tombent sur une information suspecte, ils le signalent à une plate-forme, à laquelle ont accès les médias. Ces derniers peuvent alors la vérifier. Si deux s'aperçoivent qu'il s'agit d'une fausse information, celle-ci est signalée ainsi par un pictogramme et un lien vers un article correctif sera éventuellement proposé. « Parallèlement, les sites diffusant des fausses informations auront une visibilité réduite », ajoute Edouard Braud, directeur des partenariats médias chez Facebook. Et une information « contestée » ne pourra bénéficier de publicité.
Ces deux initiatives reposent donc à la fois sur les internautes et le bon vouloir des médias. En attendant de voir si elles portent leurs fruits, plusieurs médias français ont récemment renforcé leurs propres dispositifs de fact-checking (Les décodeurs au « Monde » et la nouvelle extension Decodex pour repérer les sites parodiques ou mensongers, Desintox à « Libération » ou Le vrai-faux aux « Echos »).
samedi 18 février 2017
AIME CESAIRE /// DISCOURS SUR LE COLONIALISME - 1950 -
Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
Le fait est que la civilisation dite «européenne», la civilisation «occidentale», telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la «raison», comme à la barre de la «conscience», cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper.
L’Europe est indéfendable.
Il paraît que c’est la constatation que se confient tout bas les stratèges américains.
En soi cela n’est pas grave.
Le grave est que «l’Europe» est moralement, spirituellement indéfendable.
Et aujourd’hui il se trouve que ce ne sont pas seulement les masses européennes qui incriminent, mais que l’acte d’accusation est proféré sur le plan mondial par des dizaines et des dizaines de millions d’hommes qui, du fond de l’esclavage, s’érigent en juges.
Il paraît que c’est la constatation que se confient tout bas les stratèges américains.
En soi cela n’est pas grave.
Le grave est que «l’Europe» est moralement, spirituellement indéfendable.
Et aujourd’hui il se trouve que ce ne sont pas seulement les masses européennes qui incriminent, mais que l’acte d’accusation est proféré sur le plan mondial par des dizaines et des dizaines de millions d’hommes qui, du fond de l’esclavage, s’érigent en juges.
On peut tuer en Indochine, torturer à Madagascar, emprisonner en Afrique, sévir aux Antilles. Les colonisés savent désormais qu’ils ont sur les colonialistes un avantage. Ils savent que leurs «maîtres» provisoires mentent.
Donc que leurs maîtres sont faibles.
Et puisque aujourd’hui il m’est demandé de parler de la colonisation et de la civilisation, allons droit au mensonge principal à partir duquel prolifèrent tous les autres.
Donc que leurs maîtres sont faibles.
Et puisque aujourd’hui il m’est demandé de parler de la colonisation et de la civilisation, allons droit au mensonge principal à partir duquel prolifèrent tous les autres.
Colonisation et civilisation ?
La malédiction la plus commune en cette matière est d’être la dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte.
Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes.
La malédiction la plus commune en cette matière est d’être la dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte.
Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes.
Poursuivant mon analyse, je trouve que l’hypocrisie est de date récente ; que ni Cortez découvrant Mexico du haut du grand téocalli, ni Pizarre devant Cuzco (encore moins Marco Polo devant Cambaluc), ne protestent d’être les fourriers d’un ordre supérieur ; qu’ils tuent ; qu’ils pillent ; qu’ils ont des casques, des lances, des cupidités ; que les baveurs sont venus plus tard ; que le grand responsable dans ce domaine est le pédantisme chrétien, pour avoir posé les équations malhonnêtes : christianisme = civilisation ; paganisme = sauvagerie, d’où ne pouvaient que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes devaient être les Indiens, les Jaunes, les Nègres.
Cela réglé, j’admets que mettre les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier sur elle-même, s’étiole ; que l’échange est ici l’oxygène, et que la grande chance de l’Europe est d’avoir été un carrefour, et que, d’avoir été le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d’accueil de tous les sentiments en a fait le meilleur redistributeur d’énergie.
Mais alors je pose la question suivante : la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact ? Ou, si l’on préfère, de toutes les manières d’établir contact, était-elle la meilleure ?
Je réponds non.
Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.
Je réponds non.
Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.
Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et «interrogés», de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.
Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.
On s’étonne, on s’indigne. On dit : «Comme c’est curieux ! Mais, bah ! C’est le nazisme, ça passera !» Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme-là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.
On s’étonne, on s’indigne. On dit : «Comme c’est curieux ! Mais, bah ! C’est le nazisme, ça passera !» Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme-là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.
Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’un Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.
J’ai beaucoup parlé d’Hitler. C’est qu’il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s’avère impuissante à fonder une morale individuelle. Qu’on le veuille ou non : au bout du cul-de-sac Europe, je veux dire l’Europe d’Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.
Et, dès lors, une de ses phrases s’impose à moi :
«Nous aspirons, non pas à l’égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s’agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d’en faire une loi.»
Cela sonne net, hautain, brutal, et nous installe en pleine sauvagerie hurlante. Mais descendons d’un degré.
Qui parle ? J’ai honte à le dire : c’est l’humaniste occidental, le philosophe «idéaliste». Qu’il s’appelle Renan, c’est un hasard. Que ce soit tiré d’un livre intitulé : La Réforme intellectuelle et morale, qu’il ait été écrit en France, au lendemain d’une guerre que la France avait voulue du droit contre la force, cela en dit long sur les mœurs bourgeoises.
«Nous aspirons, non pas à l’égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s’agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d’en faire une loi.»
Cela sonne net, hautain, brutal, et nous installe en pleine sauvagerie hurlante. Mais descendons d’un degré.
Qui parle ? J’ai honte à le dire : c’est l’humaniste occidental, le philosophe «idéaliste». Qu’il s’appelle Renan, c’est un hasard. Que ce soit tiré d’un livre intitulé : La Réforme intellectuelle et morale, qu’il ait été écrit en France, au lendemain d’une guerre que la France avait voulue du droit contre la force, cela en dit long sur les mœurs bourgeoises.
«La régénération des races inférieures ou abâtardies par les races supérieures est dans l’ordre providentiel de l’humanité. L’homme du peuple est presque toujours, chez nous, un noble déclassé, sa lourde main est bien mieux faite pour manier l’épée que l’outil servile. Plutôt que de travailler, il choisit de se battre, c’est-à-dire qu’il revient à son premier état. Regere imperio populos, voilà notre vocation. Versez cette dévorante activité sur des pays qui, comme la Chine, appellent la conquête étrangère. Des aventuriers qui troublent la société européenne, faites un ver sacrum, un essaim comme ceux des Francs, des Lombards, des Normands, chacun sera dans son rôle. La nature a fait une race d’ouvriers, c’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice, en prélevant d’elle, pour le bienfait d’un tel gouvernement, un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre ; soyez bon pour lui et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Réduisez cette noble race à travailler dans l’ergastule comme des nègres et des Chinois, elle se révolte. Tout révolté est, chez nous, plus ou moins, un soldat qui a manqué sa vocation, un être fait pour la vie héroïque, et que vous appliquez à une besogne contraire à sa race, mauvais ouvrier, trop bon soldat. Or, la vie qui révolte nos travailleurs rendrait heureux un Chinois, un fellah, êtres qui ne sont nullement militaires. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait, et tout ira bien.»
Hitler ? Rosenberg ? Non, Renan.
Hitler ? Rosenberg ? Non, Renan.
Mais descendons encore d’un degré. Et c’est le politicien verbeux. Qui proteste ? Personne, que je sache, lorsque M. Albert Sarraut, tenant discours aux élèves de l’École coloniale, leur enseigne qu’il serait puéril d’opposer aux entreprises européennes de colonisation «un prétendu droit d’occupation et je ne sais quel autre droit de farouche isolement qui pérenniserait en des mains incapables la vaine possession de richesses sans emploi.»
Et qui s’indigne d’entendre un certain R.P. Barde assurer que les biens de ce monde, «s’ils restaient indéfiniment répartis, comme ils le seraient sans la colonisation, ne répondraient ni aux desseins de Dieu, ni aux justes exigences de la collectivité humaine» ?
Et qui s’indigne d’entendre un certain R.P. Barde assurer que les biens de ce monde, «s’ils restaient indéfiniment répartis, comme ils le seraient sans la colonisation, ne répondraient ni aux desseins de Dieu, ni aux justes exigences de la collectivité humaine» ?
Attendu, comme l’affirme son confrère en christianisme, le R. P. Muller : «… que l’humanité ne doit pas, ne peut pas souffrir que l’incapacité, l’incurie, la paresse des peuples sauvages laissent indéfiniment sans emploi les richesses que Dieu leur a confiées avec mission de les faire servir au bien de tous».
Personne.
Je veux dire : pas un écrivain patenté, pas un académicien, pas un prédicateur, pas un politicien, pas un croisé du droit et de la religion, pas un «défenseur de la personne humaine».
Et pourtant, par la bouche des Sarraut et des Barde, des Muller et des Renan, par la bouche de tous ceux qui jugeaient et jugent licite d’appliquer aux peuples extra-européens, et au bénéfice de nations plus fortes et mieux équipées, «une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique», c’était déjà Hitler qui parlait.
Personne.
Je veux dire : pas un écrivain patenté, pas un académicien, pas un prédicateur, pas un politicien, pas un croisé du droit et de la religion, pas un «défenseur de la personne humaine».
Et pourtant, par la bouche des Sarraut et des Barde, des Muller et des Renan, par la bouche de tous ceux qui jugeaient et jugent licite d’appliquer aux peuples extra-européens, et au bénéfice de nations plus fortes et mieux équipées, «une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique», c’était déjà Hitler qui parlait.
Où veux-je en venir ? À cette idée : que nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation — donc la force — est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment.
Colonisation : tête de pont dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation.
J’ai relevé dans l’histoire des expéditions coloniales quelques traits que j’ai cités ailleurs tout à loisir.
Cela n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde. Il paraît que c’est tirer de vieux squelettes du placard. Voire !
Était-il inutile de citer le colonel de Montagnac, un des conquérants de l’Algérie : «Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes.»
Convenait-il de refuser la parole au comte d’Herisson : «Il est vrai que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltées, paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis.»
Fallait-il refuser à Saint-Arnaud le droit de faire sa profession de foi barbare : «On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres.»
Fallait-il empêcher le maréchal Bugeaud de systématiser tout cela dans une théorie audacieuse et de se revendiquer des grands ancêtres : «Il faut une grande invasion en Afrique qui ressemble à ce que faisaient les Francs, à ce que faisaient les Goths.»
Fallait-il rejeter dans les ténèbres de l’oubli le fait d’armes mémorable du commandant Gérard et se taire sur la prise d’Ambike, une ville qui, à vrai dire, n’avait jamais songé à se défendre : «Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on ne les retint pas ; enivrés de l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant… À la fin de l’après-midi, sous l’action de la chaleur, un petit brouillard s’éleva : c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant.»
Oui ou non, ces faits sont-ils vrais ? Et les voluptés sadiques, les innombrables jouissances qui vous frisselisent la carcasse de Loti quand il tient au bout de sa lorgnette d’officier un bon massacre d’Annamites ? Vrai ou pas vrai (1) ? Et si ces faits sont vrais, comme il n’est au pouvoir de personne de le nier, dira-t-on, pour les minimiser, que ces cadavres ne prouvent rien ?
Cela n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde. Il paraît que c’est tirer de vieux squelettes du placard. Voire !
Était-il inutile de citer le colonel de Montagnac, un des conquérants de l’Algérie : «Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes.»
Convenait-il de refuser la parole au comte d’Herisson : «Il est vrai que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltées, paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis.»
Fallait-il refuser à Saint-Arnaud le droit de faire sa profession de foi barbare : «On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres.»
Fallait-il empêcher le maréchal Bugeaud de systématiser tout cela dans une théorie audacieuse et de se revendiquer des grands ancêtres : «Il faut une grande invasion en Afrique qui ressemble à ce que faisaient les Francs, à ce que faisaient les Goths.»
Fallait-il rejeter dans les ténèbres de l’oubli le fait d’armes mémorable du commandant Gérard et se taire sur la prise d’Ambike, une ville qui, à vrai dire, n’avait jamais songé à se défendre : «Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on ne les retint pas ; enivrés de l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant… À la fin de l’après-midi, sous l’action de la chaleur, un petit brouillard s’éleva : c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant.»
Oui ou non, ces faits sont-ils vrais ? Et les voluptés sadiques, les innombrables jouissances qui vous frisselisent la carcasse de Loti quand il tient au bout de sa lorgnette d’officier un bon massacre d’Annamites ? Vrai ou pas vrai (1) ? Et si ces faits sont vrais, comme il n’est au pouvoir de personne de le nier, dira-t-on, pour les minimiser, que ces cadavres ne prouvent rien ?
Pour ma part, si j’ai rappelé quelques détails de ces hideuses boucheries, ce n’est point par délectation morose, c’est parce que je pense que ces têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ces maisons brûlées, ces invasions gothiques, ce sang qui fume, ces villes qui s’évaporent au tranchant du glaive, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. C’est cette action, ce choc en retour de la colonisation qu’il importait de signaler.
Partialité ? Non. Il fut un temps où de ces mêmes faits on tirait vanité, et où, sûr du lendemain, on ne mâchait pas ses mots. Une dernière citation ; je l’emprunte à un certain Carl Sieger, auteur d’un Essai sur la Colonisation (2) :
«Les pays neufs sont un vaste champ ouvert aux activités individuelles, violentes, qui, dans les métropoles, se heurteraient à certains préjugés, à une conception sage et réglée de la vie, et qui, aux colonies, peuvent se développer plus librement et mieux affirmer, par suite, leur valeur. Ainsi, les colonies peuvent, à un certain point, servir de soupape de sûreté à la société moderne. Cette utilité serait-elle la seule, elle est immense.»
En vérité, il est des tares qu’il n’est au pouvoir de personne de réparer et que l’on n’a jamais fini d’expier.
Mais parlons des colonisés.
Je vois bien ce que la colonisation a détruit : les admirables civilisations indiennes et que ni Deterding, ni Royal Dutch, ni Standard Oil ne me consoleront jamais des Aztèques et des Incas.
Je vois bien celles — condamnées à terme — dans lesquelles elle a introduit un principe de ruine : Océanie, Nigéria, Nyassaland. Je vois moins bien ce qu’elle a apporté.
«Les pays neufs sont un vaste champ ouvert aux activités individuelles, violentes, qui, dans les métropoles, se heurteraient à certains préjugés, à une conception sage et réglée de la vie, et qui, aux colonies, peuvent se développer plus librement et mieux affirmer, par suite, leur valeur. Ainsi, les colonies peuvent, à un certain point, servir de soupape de sûreté à la société moderne. Cette utilité serait-elle la seule, elle est immense.»
En vérité, il est des tares qu’il n’est au pouvoir de personne de réparer et que l’on n’a jamais fini d’expier.
Mais parlons des colonisés.
Je vois bien ce que la colonisation a détruit : les admirables civilisations indiennes et que ni Deterding, ni Royal Dutch, ni Standard Oil ne me consoleront jamais des Aztèques et des Incas.
Je vois bien celles — condamnées à terme — dans lesquelles elle a introduit un principe de ruine : Océanie, Nigéria, Nyassaland. Je vois moins bien ce qu’elle a apporté.
Sécurité ? Culture ? Juridisme ? En attendant, je regarde et je vois, partout où il y a, face à face, colonisateurs et colonisés, la force, la brutalité, la cruauté, le sadisme, le heurt et, en parodie de la formation culturelle, la fabrication hâtive de quelques milliers de fonctionnaires subalternes, de boys, d’artisans, d’employés de commerce et d’interprètes nécessaires à la bonne marche des affaires.
J’ai parlé de contact.
Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies.
Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production.
Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies.
Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production.
À mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.
J’entends la tempête. On me parle de progrès, de «réalisations», de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes.
Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.
J’entends la tempête. On me parle de progrès, de «réalisations», de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes.
Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.
On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemins de fer.
Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.
Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.
Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.
Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.
On m’en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d’hectares d’oliviers ou de vignes plantés.
Moi, je parle d’économies naturelles, d’économies harmonieuses et viables, d’économies à la mesure de l’homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières.
Moi, je parle d’économies naturelles, d’économies harmonieuses et viables, d’économies à la mesure de l’homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières.
On se targue d’abus supprimés.
Moi aussi, je parle d’abus, mais pour dire qu’aux anciens — très réels — on en a superposé d’autres — très détestables. On me parle de tyrans locaux mis à la raison ; mais je constate qu’en général ils font très bon ménage avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s’est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité.
Moi aussi, je parle d’abus, mais pour dire qu’aux anciens — très réels — on en a superposé d’autres — très détestables. On me parle de tyrans locaux mis à la raison ; mais je constate qu’en général ils font très bon ménage avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s’est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité.
On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification.
Pour ma part, je fais l’apologie systématique des civilisations para-européennes.
Chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque matraquage policier, chaque réclamation ouvrière noyée dans le sang, chaque scandale étouffé, chaque expédition punitive, chaque car de C.R.S., chaque policier et chaque milicien nous fait sentir le prix de nos vieilles sociétés.
C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns.
C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalistes, comme on l’a dit, mais aussi anti-capitalistes.
C’étaient des sociétés démocratiques, toujours.
C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles.
Pour ma part, je fais l’apologie systématique des civilisations para-européennes.
Chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque matraquage policier, chaque réclamation ouvrière noyée dans le sang, chaque scandale étouffé, chaque expédition punitive, chaque car de C.R.S., chaque policier et chaque milicien nous fait sentir le prix de nos vieilles sociétés.
C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns.
C’étaient des sociétés pas seulement anté-capitalistes, comme on l’a dit, mais aussi anti-capitalistes.
C’étaient des sociétés démocratiques, toujours.
C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles.
Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme.
Elles étaient le fait, elles n’avaient aucune prétention à être l’idée, elles n’étaient, malgré leurs défauts, ni haïssables, ni condamnables. Elles se contentaient d’être. Devant elles n’avaient de sens, ni le mot échec, ni le mot avatar. Elles réservaient, intact, l’espoir.
Elles étaient le fait, elles n’avaient aucune prétention à être l’idée, elles n’étaient, malgré leurs défauts, ni haïssables, ni condamnables. Elles se contentaient d’être. Devant elles n’avaient de sens, ni le mot échec, ni le mot avatar. Elles réservaient, intact, l’espoir.
Au lieu que ce soient les seuls mots que l’on puisse, en toute honnêteté, appliquer aux entreprises européennes hors d’Europe. Ma seule consolation est que les colonisations passent, que les nations ne sommeillent qu’un temps et que les peuples demeurent.
Cela dit, il paraît que, dans certains milieux, l’on a feint de découvrir en moi un «ennemi de l’Europe» et un prophète du retour au passé anté-européen.
Cela dit, il paraît que, dans certains milieux, l’on a feint de découvrir en moi un «ennemi de l’Europe» et un prophète du retour au passé anté-européen.
Pour ma part, je cherche vainement où j’ai pu tenir de pareils discours ; où l’on m’a vu sous-estimer l’importance de l’Europe dans l’histoire de la pensée humaine ; où l’on m’a entendu prêcher un quelconque retour ; où l’on m’a vu prétendre qu’il pouvait y avoir retour.
La vérité est que j’ai dit tout autre chose : savoir que le grand drame historique de l’Afrique a moins été sa mise en contact trop tardive avec le reste du monde, que la manière dont ce contact a été opéré ; que c’est au moment où l’Europe est tombée entre les mains des financiers et des capitaines d’industrie les plus dénués de scrupules que l’Europe s’est «propagée» ; que notre malchance a voulu que ce soit cette Europe-là que nous ayons rencontré sur notre route et que l’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire.
Par ailleurs, jugeant l’action colonisatrice, j’ai ajouté que l’Europe a fait fort bon ménage avec tous les féodaux indigènes qui acceptaient de servir ; ourdi avec eux une vicieuse complicité ; rendu leur tyrannie plus effective et plus efficace, et que son action n’a tendu a rien de moins qu’à artificiellement prolonger la survie des passés locaux dans ce qu’ils avaient de plus pernicieux.
J’ai dit — et c’est très différent — que l’Europe colonisatrice a enté l’abus moderne sur l’antique injustice ; l’odieux racisme sur la vieille inégalité.
J’ai dit — et c’est très différent — que l’Europe colonisatrice a enté l’abus moderne sur l’antique injustice ; l’odieux racisme sur la vieille inégalité.
Que si c’est un procès d’intention que l’on me fait, je maintiens que l’Europe colonisatrice est déloyale à légitimer a posteriori l’action colonisatrice par les évidents progrès matériels réalisés dans certains domaines sous le régime colonial, attendu que la mutation brusque est chose toujours possible, en histoire comme ailleurs ; que nul ne sait à quel stade de développement matériel eussent été ces mêmes pays sans l’intervention européenne ; que l’équipement technique, la réorganisation administrative, «l’européanisation», en un mot, de l’Afrique ou de l’Asie n’étaient — comme le prouve l’exemple japonais — aucunement liés à l’occupation européenne ; que l’européanisation des continents non européens pouvait se faire autrement que sous la botte de l’Europe ; que ce mouvement d’européanisation était en train ; qu’il a même été ralenti ; qu’en tout cas il a été faussé par la mainmise de l’Europe.
À preuve qu’à l’heure actuelle, ce sont les indigènes d’Afrique ou d’Asie qui réclament des écoles et que c’est l’Europe colonisatrice qui en refuse ; que c’est l’homme africain qui demande des ports et des routes, que c’est l’Europe colonisatrice qui, à ce sujet, lésine ; que c’est le colonisé qui veut aller de l’avant, que c’est le colonisateur qui retient en arrière.
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