---------- toute l’intelligence est dans la trompette ---------- l'information déployée par Jean-claude Barthelay ---------j'ai été enfant de choeur, militant socialiste, pilier de bar, artisan du batiment, conseiller municipal, sportif ( course à pied, alpinisme ) et touriste à Chamonix, c'est dire si j'en ai entendu des conneries...........................
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dimanche 30 juillet 2017
samedi 29 juillet 2017
JEAN FERRAT /// LA COMMUNE
Ceux qui fusillèrent la Commune et vendirent la France aux Prussiens en 1871 furent aussi ceux qui envoyèrent la jeunesse et les travailleurs au charnier en 1914, qui tentèrent d'écraser la République des Soviets en 1917, qui dépecèrent la Tchécoslovaquie en 1938, qui vendirent (à nouveau) la France aux nazis en 1940...Ceux qui massacrèrent les peuples indochinois et algérien...qui imposèrent la Françafrique, assassinèrent Sankara, applaudirent l'apartheid, collaborèrent au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994....Aujourd'hui, ils vendent nôtre pays à l'axe euro-atlantique, financent des groupes néo-nazis en Ukraine, des salafistes en Syrie et se préparent à applaudir l'ultra-réaction thatchérienne de Fillon, ou bien celle brune-bleu marine, ou encore celle "rose pâle", vallso-macronienne....Collabos un jour, collabos toujours!
DU PERE DUCHESNE AU PERE PEINARD
SOURCE
Le style employé imite le parler du peuple pour mieux se faire l'écho de l'opinion publique. Les articles sont écrits non seulement dans le but d'être lus mais encore d'être entendus, voire joués en public. Le succès du journal est tel que les tirages ont pu atteindre les 50 000 exemplaires.
La Justice dans les caricatures du « Père Peinard » Solange Vernois , Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » Hors-série | 2001. URL : http://rhei.revues.org/index442.html
Deux journaux qui, à un siècle d'intervalle, veulent porter la parole du peuple.
Le Père Duchesne - 1790 à 1794
Publié de 1790 à 1794 par Jean-René Hébert, Le Père Duchesne est l’un des journaux les plus lus pendant la Révolution française et particulièrement pendant la Terreur. Le journal, au ton pamphétaire, se veut le porte parole du peuple, comme le rappelle d'ailleurs son titre qui fait référence à un personnage imaginaire et populaire né avant la révolution de 1789, celui d'un fabricant de fourneaux.Le style employé imite le parler du peuple pour mieux se faire l'écho de l'opinion publique. Les articles sont écrits non seulement dans le but d'être lus mais encore d'être entendus, voire joués en public. Le succès du journal est tel que les tirages ont pu atteindre les 50 000 exemplaires.
" QUE des ci-devant nobles, que des calotins, que des financiers, que des robins trahissent la patrie, cela ne m’étonne pas, foutre. D’un sac à charbon on ne sauroit tirer blanche farine. La caque sent toujours le hareng ; mais qu’un sans-culotte, élevé à un grade éminent, tourne casaque à la république, il y a de quoi se débaptiser, et cependant, foutre, nous n’en n’avons que trop d’exemples, pour l’honneur de la Sans-Culotterie.En nivôse an II (décembre 1793) s’engage une lutte entre les "indulgents " que représentent Démoulin et son journal Le Vieux Cordelier et les " enragés " ou " hébertistes". Le 14 ventôse, au club des Cordeliers, Hébert en appelle à une nouvelle insurrection populaire ce qui lui sera fatal. Il est guillotiné le 4 germinal an II (24 mars 1794).
Qu’elle est donc l’espérance de ces renégats ? Croyent-ils qu’il jouiroient du fruit de leurs trahisons, si la contre-révolution, qu’il est aussi impossible de faire que de prendre la lune avec les dents, pouvoit arriver ? Les aristocrates qui se servent de ces lâches comme le singe de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, les méprisent autant que nous.
On aime la trahison, mais on déteste le traître. Si les marquis, les ducs, les princes pouvoient remonter sur l’eau, pourroient-ils se fier aux jean-foutres qui ont trahi la patrie ? Ils rougiroient d’avoir eu obligation à de pareils viédases, et ils commenceroient par les faire pendre, pour étouffer avec eux le souvenir des services qu’ils en auroient reçu, et leur faire restituer l’or qu’ils leur ont donné."
La Grande Colère du père Duchesne - n° 290, (1793). Jacques René Hébert (1757-1794)
Sur le site de la Bibliothèque municipale de Lisieux
La fin d'Hébert et des Enragés - L'Histoire par l'image.
Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790‑1794), Paris, Tallandier, 2009, 575 p. Compte renduLe Père Peinard - 1889 à 1902
Impliqué très jeune dans les mouvements anarchistes et syndicalistes, Emile Pouget est arrêté en 1883 lors d’une manifestation et condamné à trois ans de prison. A sa sortie, il fonde un journal hebdomadaire anarchiste, le Père Peinard, qui s'inscrit dans la tradition d'Hébert et du Père Duchesne et utilise un langage simple, parfois argotique. Le journal, sans cesse menacé de poursuites, paraîtra plus ou moins régulièrement de 1889 à 1902. Emile Pouget séjournera à plusieurs reprises à la prison de Sainte-Pélagie et devra même se réfugier un temps à Londres. Puis, délaissant l’activité des petits groupes libertaires, il s'engagera en 1901 au sein de la CGT, deviendra le secrétaire du syndicat aux fédérations professionnelles et le responsable de son hebdomadaire La Voix du Peuple.
" Pour ce qui est de nous, bon populo, en fait de poissons nous continuerons à avaler des couleuvres - et de trimer pire que des galériens afin que les morues de la haute se baladent dans de riches flabalas.
Si seulement nous suivions l'exemple que nous donnent les paysans !
A ce moment , ils finiront l'échenillage des arbres, enlèveront les mousses, les lichens et autres salopises qui sucent les troncs et les branches.
Jusqu'au gui des pommmiers, qui malgré sa gueule verte, ne trouvera pas grâce : ils lui couperont la chique carrément. "
Germinal, rien que le nom vous ragaillardit, nom d'une pipe ! Il semble qu'on entend les nouvelles pousses crever leur coque et sortir leur nez vert hors de terre.
Ce chouette mois nous amènera le printemps, — et l'espoir des beaux jours. Rien que l'espoir, hélas !... Faudra pas trop se presser de faire la nique à l'hiver. En Germinal, y a le premier avril, et gare au poisson, foutre ! Les bons amis chercheront à nous monter le job, et le frio pourra bien s'aviser de nous geler le pif et de semer du grésil où il y a que faire.Des croquants, assez finauds pour se mordre les oreilles, chausseront des lunettes bleues pour foutre en déroute la lune rousse : malgré cette riche précaution, qu'ils ne s'épatent pas trop, si leurs bourgeons sont fricassés.Pour se rattrapper, ceux-là sèmeront des citrouilles. Comme s'il n'y en avait déjà pas assez d'espèces, depuis les actionnaires du Panama, jusqu'aux abouleurs des emprunts Russes.Les vaches s'en iront aux prés, et quoique bouffant de la verdure, elle continueront à fienter noir.Des vaches qui, pour n'avoir que deux pattes, mériteront rudement qu'on les envoie paître, ce sont les proprios. En Germinal, de même qu'à chaque renouvellement de saison, leur fête tombera sur la gueule des parigots.Qué tristesse, cette maudite fête !Certes, les déménageurs à la cloche de bois ne chômeront pas, et les bouifles auront un turbin du diable pour rapetasser les bouts des grolons, usés à botter le cul des vautours.Ça ne ronflera pourtant pas suffisamment. A preuve, que beaucoup de désespérés ne trouveront pas d'autre moyen de se dépêtrer de leur vampire qu'en allumant un réchaud de charbon.Et Germinal mentira à son nom : au lieu de faire pousser la vie, il aura fait germer la mort !
La Justice dans les caricatures du « Père Peinard » Solange Vernois , Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » Hors-série | 2001. URL : http://rhei.revues.org/index442.html
LETTRE A UN AMI DU GENRE HUMAIN
SOURCE
Cher Antonio,
J’ai bien reçu ton journal, à numéro unique, intitulé La cité future (1).
Tu espérais que celui-ci fût « une invitation et une incitation » (2). Comme une perche tendue doit être saisie, je vais donc te donner mon point de vue et des nouvelles cisalpines.
Tu as écrit : « les révolutionnaires de 89 ne prévoyaient pas l’ordre capitaliste. Ils voulaient mettre en œuvre les droits de l’homme » (3).
Sur ce point, je partage plutôt la vision d’Albert Soboul : « l’insurrection populaire avait assuré le triomphe. Grâce aux journées de juillet et octobre [1789], les tentatives de contre-révolution avaient été brisées. L’Assemblée nationale, victorieuse de la monarchie, mais grâce aux Parisiens, redoutant de se trouver à la merci du peuple, se défia désormais autant de la démocratie que de l’absolutisme. [...] Craignant d’appeler les classes populaires à la vie politique et à l’administration des affaires publiques, elle se garda de tirer des affirmations solennelles de la Déclaration des droits, les conséquences qui en découlaient naturellement. La monarchie affaiblie et le peuple en tutelle, l’Assemblée constituante entreprit, en cette fin de 1789, de régénérer les institutions de la France au profit de la bourgeoisie. » (4)
Depuis cette révolution bourgeoise réussie, les choses sont restées peu ou prou en l’état, avec quelques soubresauts. Après avoir été instrumentalisé, le peuple est encore en droit de résister, en théorie, à l’oppression (5), mais on lui dénie le droit à l’insurrection (6).
Bien sûr, on a des belles formules du genre : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (7). Les belles formules n’engagent, finalement, que ceux qui y croient. La réalité peut se résumer en gouvernance du capital, par le capitalisme et pour le capital.
Tu sais bien que le peuple est jugé dangereux : il s’est rendu coupable de la Terreur rouge.
Vae victis ! Malheur aux vaincus : ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. Ils ont tout loisir de taire la terreur blanche qui succéda, les diverses répressions sanglantes suivantes et les guerres coloniales, impérialistes.
L’ordre capitaliste domine donc.
Je partage ton point de vue : « le mot ordre a un pouvoir thaumaturgique ; la conservation des institutions politiques est en grande partie confiée à ce pouvoir. L’ordre en vigueur se présente comme quelque chose d’harmonieusement coordonné, de solidement coordonné ; et la multitude des citoyens hésite et s’épouvante de l’incertitude que pourrait apporter un changement radical. » (8)
L’ordre capitaliste domine, mais sans avoir à régner.
Ici, le monarque républicain règne, mais dirige avec une marge étroite, de plus en plus étroite ; l’assemblée nationale n’a plus qu’un rôle subalterne : l’assemblée des godillots est en marche, il n’y a, là, rien de nouveau !
Ici, l’ordre républicain joue les supplétifs, on pourrait parler de sous-ordre républicain tant la République n’a plus que les attributs du pouvoir. Pour assurer l’apparence du pouvoir républicain, il ne reste que le décorum, le faste désuet, compassé et les ors. Mais son rôle n’est plus que du domaine de l’intendance et du maintien de l’ordre. Dire qu’au sortir de 39-45, chez toi, à tout prendre, il valait mieux le rétablissement, provisoire, de l’ordre fasciste que pas d’ordre du tout.
Ici, la République maîtrise les commémorations. Certes, celles-ci sont très sélectionnées : le 8 mai est un exemple édifiant comme si on pouvait, dans l’Histoire, faire un tri, séparer le bon grain de l’ivraie. À d’autres dates, on commémore des disparitions violentes, mais on oublie les anonymes sacrifiés, continuellement, sur l’autel du profit. À croire que la mithridatisation des esprits a bien fonctionné, que ces morts dans l’indifférence, ici ou ailleurs, soient le tribu inévitable de la modernité, alors qu’ils ne sont que les résultats de l’inconscience. Tout ce, qui n’est pas de nature à remettre en question l’ordre établi, peut faire l’objet de célébration. Les commémorations sont les arbres qui dissimulent la forêt des inégalités, de la souffrance sociale, et comblent l’absence de solidarité.
Que reste-t-il de la liberté quand l’État poursuit ceux qui prônent un boycott, comme ceux qui aident leurs semblables migrant ? Bien peu, si ce n’est l’impérieuse liberté de consommer !
Que reste-t-il de l’indépendance d’un État qui n’est plus maître de sa monnaie, qui emprunte, comme un quelconque client, au marché ?
Que reste-t-il de sa souveraineté quand il se laisse noter comme un petit écolier par des instituts, qui ont brillé par leur manque de clairvoyance ?
Comme tu peux l’imaginer la République a fait allégeance au capital : une nouvelle féodalité a donc remplacé l’ancienne. Les acteurs ont changé, changeront encore, mais ce sont in fine les mêmes ressorts. En effet, le personnel politique est interchangeable et passe, sert même de défouloir, mais le capitalisme, lui, demeure. Pour les politiques, la Roche tarpéienne est toujours proche du Capitole.
Tu sais, les principes des Lumières ne sont que vestiges, prisonniers de la poussière : nous avons oublié de Montesquieu, c’est fâcheux, nous sommes loin de « faire loi ce qui est juste ». Ainsi, la délinquance financière est parée du terme « optimisation fiscale ». On trouvera toujours des politiques corrompus pour faire des lois qui vont à l’encontre de l’Intérêt Général, qui feront loi ce qui est juste... pour quelques-uns. Corrompus au sens de corruption de la conscience. Les grands délinquants échappent, ainsi, à la prison ; la prison est surtout devenu un moyen inhumain de traitement du corps social en souffrance.
Tu as connu les geôles fascistes, tu te doutes que les prisons républicaines ne sont pas reluisantes. Si un État doit être jugé à l’aune de son système pénitentiaire, il n’y a rien, ici, qui puisse susciter de la fierté. Ce sont des zones de non-droit où règne la promiscuité, l’insalubrité, la violence, ce sont des zones de relégation. Et que penser de tous ceux qui sont en préventive, de tous ceux qui sont victimes d’erreurs judiciaires. Dehors, les grands criminels, qui portent atteinte à la santé publique, à l’environnement s’enrichissent en toute impunité. L’État, lui, continue de bafouer les droits naturels en toute récidive.
Je ne vais pas te contredire : la culture est bien cet « indispensable superflu »(9), elle « consiste non pas tant dans le nombre des notions et dans la masse de matériels bruts qu’à un moment donné nous nous trouvons avoir emmagasinés dans notre mémoire, que dans cette éducation raffinée de l’esprit, rendu agile à chaque travail, riche de multiple et toujours vive curiosité, dans cette capacité d’apprendre des choses nouvelles, que nous avons acquise en étudiant les anciennes. » (10) Encore faut-il que cette culture ne soit pas aliénante et qu’elle permette à chacun de devenir acteur et non sujet. « La discipline de l’État bourgeois impose aux citoyens, fait de ceux-ci des sujets qui se flattent d’influer sur le cours des événements ». (11)
Le peuple est réduit au statut de mineur : il a besoin de pédagogie et on lui fournit à l’envi une culture prédigérée, facilement assimilable ; il vit en partie par procuration, on lui fournit, donc, des idoles.
Peut-on parler encore d’hégémonie culturelle de la bourgeoisie ? Une sous-culture est déversée telle une lance d’incendie qui viendrait noyer la moindre étincelle de contestation de l’ordre établi. Elle se substitue à la Grande Culture rendue peu accessible au commun des mortels : il ne faudrait pas qu’il y découvre quelque idée subversive. Il y a encore hégémonie car les médias sont en majorité détenus par une ploutocratie, ils sont donc au service de la doctrine dominante. À la fois, il y a une hégémonie culturelle et une sous-culture surabondante, envahissante. Difficile aux idées progressistes, au sens de progrès social, de se frayer un chemin dans ces bruits parasites permanents.
« Si [le monde capitaliste] est le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? » (12) pourrait se dire Candide.
Vivre, ce n’est pas accumuler
Vivre, c’est être acteur, c’est faire des rencontres, c’est recevoir et transmettre. C’est avoir un idéal comme ligne directrice, en sachant pertinemment qu’il ne sera pas atteint de son vivant. C’est participer à semer, à planter ce que d’autres verront grandir. C’est nourrir ce que d’autres ont initié.
C’est être humble, mais sans concession.
C’est être digne et sans faiblesse.
« Vivre, c’est résister » (13). Résister à ses propres démons, ses pulsions animales, ainsi qu’à la régression, l’oppression et l’aliénation.
« L’avenir appartient aux jeunes. L’histoire appartient aux jeunes » (14) as-tu écrit.
Vois-tu, pour l’heure, la jeunesse semble plutôt intéressée, attirée, subjuguée par les blandices de l’innovation. Tu as raison d’écrire : « la bourgeoisie aiguise sa créativité, améliore sa technique, la production se multiplie : la thèse et l’antithèse développent le jeu de leurs forces qui se synthétisent dans les accélérations progressives du rythme de travail ; ces accélérations sont les étapes historiques de la société bourgeoise qui se surpasse continuellement en amplifiant sa respiration, en réduisant dans la mesure où cela est possible les antagonismes, en cherchant à satisfaire, dans la limite de sa propre conservation, toutes les demandes, tous les désirs, toutes les volontés d’un toujours plus grand bien-être, de toujours plus d’indépendance et d’autonomie des individus. Mais le rapport juridique de classe reste inchangé, car c’est une règle mathématique, en changeant en proportion égale les membres d’une équation, l’équation ne change pas ». (15)
C’est la définition de la « révolution passive », ce concept de Vincenzo Cuoco (16) que tu as eu la bonne idée de reprendre et d’enrichir.
Un mésusage des innovations entraîne une aliénation, alors qu’une émancipation aurait pu être envisageable. Comme une évidence, « la science s’est limitée à accomplir la seule tâche qui lui était accordée » (17) et cela sans conscience, comme un oubli de Rabelais.
Que pourrions-nous conseiller aux jeunes d’aujourd’hui et de demain ?
Voir avec leurs propres yeux.
Saisir le monde avec leurs propres sens.
Exercer leur libre arbitre, leur esprit critique et élaborer leur propre culture.
Rompre les chaînes invisibles.
Se satisfaire de l’essentiel et aller vers l’Autre.
Il s’agit donc de « vivre à propos. Toutes autres choses, régner, thésauriser, bâtir, n’en sont qu’appendicules et adminicules pour le plus. » (18)
« Les jeunes [devraient être] comme les vélites légers et courageux de l’armée prolétarienne qui vont à l’assaut de la vieille cité pourrie et chancelante pour faire surgir de ses ruines la nouvelle cité (19). »
Que la cité soit pourrie, c’est certes regrettable, mais c’est surmontable.
Que la Terre soit pourrie pour de sordides profits, c’est pendable et c’est insurmontable.
Je suis, comme toi, pessimiste par la raison et optimiste par la volonté. (20)
Homo sapiens est encore un enfant : plaise aux Éléments, que cet enfant s’assagisse avant de tout dévaster, consommer, brûler, irrémédiablement.
L’affranchissement des esprits, toujours plus égarés dans les Ténèbres par le matérialisme, est une œuvre immense. Ce n’est pas l’œuvre d’une vie, ni d’une génération. C’est l’œuvre de l’Humanité...
Antonio, je ne te souhaite pas bonnes vacances parce que, d’abord, ce terme me déplait : j’y vois comme une suspension de la conscience, quand l’argent, roi des fous, lui, ne laisse pas d’exercer sa tyrannie et de commettre ses crimes.
Camarade, je souhaite simplement que ton engagement participe à l’avènement des « Jours Heureux » (21).
« Personne »,
d’Utopia, le 4 thermidor an 225
J’ai bien reçu ton journal, à numéro unique, intitulé La cité future (1).
Tu espérais que celui-ci fût « une invitation et une incitation » (2). Comme une perche tendue doit être saisie, je vais donc te donner mon point de vue et des nouvelles cisalpines.
Tu as écrit : « les révolutionnaires de 89 ne prévoyaient pas l’ordre capitaliste. Ils voulaient mettre en œuvre les droits de l’homme » (3).
Sur ce point, je partage plutôt la vision d’Albert Soboul : « l’insurrection populaire avait assuré le triomphe. Grâce aux journées de juillet et octobre [1789], les tentatives de contre-révolution avaient été brisées. L’Assemblée nationale, victorieuse de la monarchie, mais grâce aux Parisiens, redoutant de se trouver à la merci du peuple, se défia désormais autant de la démocratie que de l’absolutisme. [...] Craignant d’appeler les classes populaires à la vie politique et à l’administration des affaires publiques, elle se garda de tirer des affirmations solennelles de la Déclaration des droits, les conséquences qui en découlaient naturellement. La monarchie affaiblie et le peuple en tutelle, l’Assemblée constituante entreprit, en cette fin de 1789, de régénérer les institutions de la France au profit de la bourgeoisie. » (4)
Depuis cette révolution bourgeoise réussie, les choses sont restées peu ou prou en l’état, avec quelques soubresauts. Après avoir été instrumentalisé, le peuple est encore en droit de résister, en théorie, à l’oppression (5), mais on lui dénie le droit à l’insurrection (6).
Bien sûr, on a des belles formules du genre : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (7). Les belles formules n’engagent, finalement, que ceux qui y croient. La réalité peut se résumer en gouvernance du capital, par le capitalisme et pour le capital.
Tu sais bien que le peuple est jugé dangereux : il s’est rendu coupable de la Terreur rouge.
Vae victis ! Malheur aux vaincus : ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. Ils ont tout loisir de taire la terreur blanche qui succéda, les diverses répressions sanglantes suivantes et les guerres coloniales, impérialistes.
L’ordre capitaliste domine donc.
Je partage ton point de vue : « le mot ordre a un pouvoir thaumaturgique ; la conservation des institutions politiques est en grande partie confiée à ce pouvoir. L’ordre en vigueur se présente comme quelque chose d’harmonieusement coordonné, de solidement coordonné ; et la multitude des citoyens hésite et s’épouvante de l’incertitude que pourrait apporter un changement radical. » (8)
L’ordre capitaliste domine, mais sans avoir à régner.
Ici, le monarque républicain règne, mais dirige avec une marge étroite, de plus en plus étroite ; l’assemblée nationale n’a plus qu’un rôle subalterne : l’assemblée des godillots est en marche, il n’y a, là, rien de nouveau !
Ici, l’ordre républicain joue les supplétifs, on pourrait parler de sous-ordre républicain tant la République n’a plus que les attributs du pouvoir. Pour assurer l’apparence du pouvoir républicain, il ne reste que le décorum, le faste désuet, compassé et les ors. Mais son rôle n’est plus que du domaine de l’intendance et du maintien de l’ordre. Dire qu’au sortir de 39-45, chez toi, à tout prendre, il valait mieux le rétablissement, provisoire, de l’ordre fasciste que pas d’ordre du tout.
Ici, la République maîtrise les commémorations. Certes, celles-ci sont très sélectionnées : le 8 mai est un exemple édifiant comme si on pouvait, dans l’Histoire, faire un tri, séparer le bon grain de l’ivraie. À d’autres dates, on commémore des disparitions violentes, mais on oublie les anonymes sacrifiés, continuellement, sur l’autel du profit. À croire que la mithridatisation des esprits a bien fonctionné, que ces morts dans l’indifférence, ici ou ailleurs, soient le tribu inévitable de la modernité, alors qu’ils ne sont que les résultats de l’inconscience. Tout ce, qui n’est pas de nature à remettre en question l’ordre établi, peut faire l’objet de célébration. Les commémorations sont les arbres qui dissimulent la forêt des inégalités, de la souffrance sociale, et comblent l’absence de solidarité.
Que reste-t-il de la liberté quand l’État poursuit ceux qui prônent un boycott, comme ceux qui aident leurs semblables migrant ? Bien peu, si ce n’est l’impérieuse liberté de consommer !
Que reste-t-il de l’indépendance d’un État qui n’est plus maître de sa monnaie, qui emprunte, comme un quelconque client, au marché ?
Que reste-t-il de sa souveraineté quand il se laisse noter comme un petit écolier par des instituts, qui ont brillé par leur manque de clairvoyance ?
Comme tu peux l’imaginer la République a fait allégeance au capital : une nouvelle féodalité a donc remplacé l’ancienne. Les acteurs ont changé, changeront encore, mais ce sont in fine les mêmes ressorts. En effet, le personnel politique est interchangeable et passe, sert même de défouloir, mais le capitalisme, lui, demeure. Pour les politiques, la Roche tarpéienne est toujours proche du Capitole.
Tu sais, les principes des Lumières ne sont que vestiges, prisonniers de la poussière : nous avons oublié de Montesquieu, c’est fâcheux, nous sommes loin de « faire loi ce qui est juste ». Ainsi, la délinquance financière est parée du terme « optimisation fiscale ». On trouvera toujours des politiques corrompus pour faire des lois qui vont à l’encontre de l’Intérêt Général, qui feront loi ce qui est juste... pour quelques-uns. Corrompus au sens de corruption de la conscience. Les grands délinquants échappent, ainsi, à la prison ; la prison est surtout devenu un moyen inhumain de traitement du corps social en souffrance.
Tu as connu les geôles fascistes, tu te doutes que les prisons républicaines ne sont pas reluisantes. Si un État doit être jugé à l’aune de son système pénitentiaire, il n’y a rien, ici, qui puisse susciter de la fierté. Ce sont des zones de non-droit où règne la promiscuité, l’insalubrité, la violence, ce sont des zones de relégation. Et que penser de tous ceux qui sont en préventive, de tous ceux qui sont victimes d’erreurs judiciaires. Dehors, les grands criminels, qui portent atteinte à la santé publique, à l’environnement s’enrichissent en toute impunité. L’État, lui, continue de bafouer les droits naturels en toute récidive.
Je ne vais pas te contredire : la culture est bien cet « indispensable superflu »(9), elle « consiste non pas tant dans le nombre des notions et dans la masse de matériels bruts qu’à un moment donné nous nous trouvons avoir emmagasinés dans notre mémoire, que dans cette éducation raffinée de l’esprit, rendu agile à chaque travail, riche de multiple et toujours vive curiosité, dans cette capacité d’apprendre des choses nouvelles, que nous avons acquise en étudiant les anciennes. » (10) Encore faut-il que cette culture ne soit pas aliénante et qu’elle permette à chacun de devenir acteur et non sujet. « La discipline de l’État bourgeois impose aux citoyens, fait de ceux-ci des sujets qui se flattent d’influer sur le cours des événements ». (11)
Le peuple est réduit au statut de mineur : il a besoin de pédagogie et on lui fournit à l’envi une culture prédigérée, facilement assimilable ; il vit en partie par procuration, on lui fournit, donc, des idoles.
Peut-on parler encore d’hégémonie culturelle de la bourgeoisie ? Une sous-culture est déversée telle une lance d’incendie qui viendrait noyer la moindre étincelle de contestation de l’ordre établi. Elle se substitue à la Grande Culture rendue peu accessible au commun des mortels : il ne faudrait pas qu’il y découvre quelque idée subversive. Il y a encore hégémonie car les médias sont en majorité détenus par une ploutocratie, ils sont donc au service de la doctrine dominante. À la fois, il y a une hégémonie culturelle et une sous-culture surabondante, envahissante. Difficile aux idées progressistes, au sens de progrès social, de se frayer un chemin dans ces bruits parasites permanents.
« Si [le monde capitaliste] est le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? » (12) pourrait se dire Candide.
Vivre, ce n’est pas accumuler
Vivre, c’est être acteur, c’est faire des rencontres, c’est recevoir et transmettre. C’est avoir un idéal comme ligne directrice, en sachant pertinemment qu’il ne sera pas atteint de son vivant. C’est participer à semer, à planter ce que d’autres verront grandir. C’est nourrir ce que d’autres ont initié.
C’est être humble, mais sans concession.
C’est être digne et sans faiblesse.
« Vivre, c’est résister » (13). Résister à ses propres démons, ses pulsions animales, ainsi qu’à la régression, l’oppression et l’aliénation.
« L’avenir appartient aux jeunes. L’histoire appartient aux jeunes » (14) as-tu écrit.
Vois-tu, pour l’heure, la jeunesse semble plutôt intéressée, attirée, subjuguée par les blandices de l’innovation. Tu as raison d’écrire : « la bourgeoisie aiguise sa créativité, améliore sa technique, la production se multiplie : la thèse et l’antithèse développent le jeu de leurs forces qui se synthétisent dans les accélérations progressives du rythme de travail ; ces accélérations sont les étapes historiques de la société bourgeoise qui se surpasse continuellement en amplifiant sa respiration, en réduisant dans la mesure où cela est possible les antagonismes, en cherchant à satisfaire, dans la limite de sa propre conservation, toutes les demandes, tous les désirs, toutes les volontés d’un toujours plus grand bien-être, de toujours plus d’indépendance et d’autonomie des individus. Mais le rapport juridique de classe reste inchangé, car c’est une règle mathématique, en changeant en proportion égale les membres d’une équation, l’équation ne change pas ». (15)
C’est la définition de la « révolution passive », ce concept de Vincenzo Cuoco (16) que tu as eu la bonne idée de reprendre et d’enrichir.
Un mésusage des innovations entraîne une aliénation, alors qu’une émancipation aurait pu être envisageable. Comme une évidence, « la science s’est limitée à accomplir la seule tâche qui lui était accordée » (17) et cela sans conscience, comme un oubli de Rabelais.
Que pourrions-nous conseiller aux jeunes d’aujourd’hui et de demain ?
Voir avec leurs propres yeux.
Saisir le monde avec leurs propres sens.
Exercer leur libre arbitre, leur esprit critique et élaborer leur propre culture.
Rompre les chaînes invisibles.
Se satisfaire de l’essentiel et aller vers l’Autre.
Il s’agit donc de « vivre à propos. Toutes autres choses, régner, thésauriser, bâtir, n’en sont qu’appendicules et adminicules pour le plus. » (18)
« Les jeunes [devraient être] comme les vélites légers et courageux de l’armée prolétarienne qui vont à l’assaut de la vieille cité pourrie et chancelante pour faire surgir de ses ruines la nouvelle cité (19). »
Que la cité soit pourrie, c’est certes regrettable, mais c’est surmontable.
Que la Terre soit pourrie pour de sordides profits, c’est pendable et c’est insurmontable.
Je suis, comme toi, pessimiste par la raison et optimiste par la volonté. (20)
Homo sapiens est encore un enfant : plaise aux Éléments, que cet enfant s’assagisse avant de tout dévaster, consommer, brûler, irrémédiablement.
L’affranchissement des esprits, toujours plus égarés dans les Ténèbres par le matérialisme, est une œuvre immense. Ce n’est pas l’œuvre d’une vie, ni d’une génération. C’est l’œuvre de l’Humanité...
Antonio, je ne te souhaite pas bonnes vacances parce que, d’abord, ce terme me déplait : j’y vois comme une suspension de la conscience, quand l’argent, roi des fous, lui, ne laisse pas d’exercer sa tyrannie et de commettre ses crimes.
Camarade, je souhaite simplement que ton engagement participe à l’avènement des « Jours Heureux » (21).
« Personne »,
d’Utopia, le 4 thermidor an 225
Notes :
(1) Antonio Gramsci, La cité future, Éditions Critiques, présentation d’André Tosel
(2), (3) Ibidem
(4) Albert Soboul, Histoire de la Révolution française I, partie I, chap. III)
(5) Article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : le droit de « résister à l’oppression » permettait de légaliser les événements de juillet 1789.
(6) Article 35 des Droits de 1793 : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Les 35 articles sur http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais...
Robespierre, « le monstre », proposa de définir la propriété : « le droit qu’à chaque individu de jouir et de disposer de la portion de biens qui lui est garantie par la loi ».
(7) Article 2 de la Constitution de 1958
(8), (9), (10), (11) Antonio Gramsci, La cité future .
(12) « Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? », Voltaire,Candide ou l’Optimisme .
(13) Antonio Gramsci, La cité future , « Je hais les indifférents » : « vivere vuol dire essere partigiani » est traduit par « vivre signifie être partisans » ou par « vivre c’est résister ».
(14), (15) Antonio Gramsci, La cité future .
(16) ‘‘La « révolution passive » est pour V. Cuoco celle qu’apportent de l’extérieur les armées conduites par Bonaparte. Cette révolution n’est pas celle du peuple, et accentue la séparation entre les intellectuels et la masse, entre la culture et la nation d’où la contradiction chez Cuoco entre l’aspiration à l’indépendance d’une « nation » italienne et sa préférence fondamentale pour une révolution sans « révolution »’’. (note de « Gramsci dans le texte »)
(17) Antonio Gramsci, La cité future.
(18) Montaigne, Les Essais , livre III, chap. XIII.
(19) Antonio Gramsci, La cité future .
(20) « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par la volonté », Gramsci, dansLettres de prison , lettre à Carlo du 19 décembre 1929. Expression, attribuée à Romain Rolland, qui devint la devise d’Antonio Gramsci.
(21) Les Jours heureux par le Conseil National de la Résistance, à retrouver sur
http://www.humanite.fr/politique/les-jours-heureux-le-programme-du-con...
(1) Antonio Gramsci, La cité future, Éditions Critiques, présentation d’André Tosel
(2), (3) Ibidem
(4) Albert Soboul, Histoire de la Révolution française I, partie I, chap. III)
(5) Article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : le droit de « résister à l’oppression » permettait de légaliser les événements de juillet 1789.
(6) Article 35 des Droits de 1793 : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Les 35 articles sur http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais...
Robespierre, « le monstre », proposa de définir la propriété : « le droit qu’à chaque individu de jouir et de disposer de la portion de biens qui lui est garantie par la loi ».
(7) Article 2 de la Constitution de 1958
(8), (9), (10), (11) Antonio Gramsci, La cité future .
(12) « Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? », Voltaire,Candide ou l’Optimisme .
(13) Antonio Gramsci, La cité future , « Je hais les indifférents » : « vivere vuol dire essere partigiani » est traduit par « vivre signifie être partisans » ou par « vivre c’est résister ».
(14), (15) Antonio Gramsci, La cité future .
(16) ‘‘La « révolution passive » est pour V. Cuoco celle qu’apportent de l’extérieur les armées conduites par Bonaparte. Cette révolution n’est pas celle du peuple, et accentue la séparation entre les intellectuels et la masse, entre la culture et la nation d’où la contradiction chez Cuoco entre l’aspiration à l’indépendance d’une « nation » italienne et sa préférence fondamentale pour une révolution sans « révolution »’’. (note de « Gramsci dans le texte »)
(17) Antonio Gramsci, La cité future.
(18) Montaigne, Les Essais , livre III, chap. XIII.
(19) Antonio Gramsci, La cité future .
(20) « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par la volonté », Gramsci, dansLettres de prison , lettre à Carlo du 19 décembre 1929. Expression, attribuée à Romain Rolland, qui devint la devise d’Antonio Gramsci.
(21) Les Jours heureux par le Conseil National de la Résistance, à retrouver sur
http://www.humanite.fr/politique/les-jours-heureux-le-programme-du-con...
mardi 25 juillet 2017
METAUX : LES BESOINS COLOSSAUX DE LA TRANSITION ENERGETIQUE
SOURCE
Mots-clefs : Energie, Métaux
14 commentaires
Un intéressant sujet que l’épuisement des métaux (lire aussi ici par exemple…)
Source : Les Echos, Muryel Jacque, 20-07-2017
Les technologies requises pour limiter le réchauffement du climat feront grimper la demande de ressources naturelles. C’est, selon la Banque mondiale, un risque majeur pour l’environnement.
Un avenir bas carbone ne se construira pas sans minerais ni métaux. Loin s’en faut. Pour contenir le réchauffement planétaire sous les 2 °C, comme ambitionné par plus de 170 pays signataires de l’Accord de Paris fin 2015, il faudra en fait en extraire d’énormes quantités, avance la Banque mondiale dans un rapport sur le rôle primordial que jouera le secteur dans une telle économie « verte ».
Le constat paraît sans appel. « Le rapport montre clairement que la composition des technologies supposées alimenter le passage à une énergie propre – éolien, solaire, hydrogène et systèmes électriques – nécessite en fait significativement PLUS [sic] de ressources que les systèmes d’alimentation en énergie traditionnels », écrivent les auteurs qui se sont penchés sur trois grandes technologies renouvelables : l’éolien, le solaire et les batteries de stockage d’énergie.
Les besoins futurs ne seront absolument pas les mêmes selon que le réchauffement de la planète est limité à 2 °C, ou qu’il atteigne 4 °C voire 6 °C, les trois scénarios envisagés par l’organisation. Sans surprise, le premier scénario se révèle le plus « ressourçovore ». La demande de métaux pourrait doubler avec le boom des technologies éoliennes et solaires, dit la Banque mondiale. Mais c’est dans les accumulateurs électriques que l’exemple est le plus frappant : leur développement pourrait entraîner un bond de 1.000 % de la demande de lithium, si le monde prend les mesures requises pour contenir l’élévation de la température nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Choix politiques
La Banque mondiale a listé les ressources clefs de la transition énergétique, à l’instar du cuivre, de l’argent, de l’aluminium (bauxite), du nickel, du zinc et, probablement, du platine. Des marchés qui devraient donc bénéficier d’un virage vert. Elle cite aussi les terres rares, neodymium et indium.
Évidemment, beaucoup dépendra du nombre de […]
Suite à lire sur : Les Echos, Muryel Jacque, 20-07-2017
samedi 8 juillet 2017
jeudi 6 juillet 2017
DE RIEN ET SANS DENTS
SOURCE
Macron méprise les gens qui ne sont rien.
Jacques-Marie BOURGET
Macron devient-il notre roi délire ? Après avoir, pour les cérémonies du 18 juin, interdit l'entrée au public "ordinaire", il se prépare à intégrer le "droit" d'exception dans le droit commun. Sans parler du Code du travail mis à la poubelle, des retraites rognées et la Sécu au rabais. Nous roulons vers l'abîme ? Alors chantons, comme sur le pont du Titanic à l'instant du naufrage. Que diriez vous du Chant des Partisans ?
Sur le Mont-Valérien, Macron ne vaut pas grand-chose... Le 18 juin, lors de la commémoration rituelle de l’appel à la résistance lancé par De Gaulle, le tout neuf président de la France a refusé l’accès de la cérémonie aux Français ordinaires, aux dépourvus d’invitation, de Bristol à lettres d’or. Craignait-il que, saisi d’un syndrome mélenchonien, l’ombre du Général ressuscitée en hologramme ne vienne effacer la sienne ? Ce n’est pas le nouveau Jupiter, accouché de la pyramide du Louvre, qui nous dira le contraire : l’homme vit aussi de symboles et de rites. Là, devant les portes du fort qui coiffe le Mont-Valérien, c’est la première fois depuis le 1er novembre 1944 que les manants ont été interdits de ce recueillement collectif.
Hollande conchiait les « sans-dents », Macron, lui, les sans-grade, les sans-diplôme, les sans-Sciences-Po, les sans-famille qui ne sont pas issus des « deux-cents ». Et aussi les « illettrées ». C’est ainsi que le 17 septembre 2014 à Josselin il a qualifié les ouvrières bretonnes de l’usine Gad. Quand il aime la foule, le président de la France la veut comme les fans de Johnny à Bercy. Mais il déteste le peuple et lui interdit même d’entonner le Chant des Partisans. Un hymne lent et mortel, pas du tout écrit en marche, et que l’on n’a pas coutume d’écouter en posant la main droite sur le cœur, façon Hollywood. En gros, la société qui a fait la queue devant le fort où discourait le président n’était pas assez civile. Et les tricards ont compris le message : « Ben quoi ? C’est ça la nouvelle démocratie ! », a entendu le reporter du quotidien Le Parisien. Ou encore : « Une cérémonie de l’entre-soi... C’est quoi, ça ? » Enfin, la phrase d’une femme âgée expliquant sa raison d’être et d’être ici : « Parce que c’est l’appel du général de Gaulle et pour que la France reste la France. »
Puisque nous parlons de Résistance, la discrète protestation des exclus du Mont-Valérien me fait penser à l’Indignez-vous lancé par Stéphane Hessel en 2010. Qu’est devenu le grand espoir né de ces quelques pages, l’impression en petit livre d’un discours prononcé par ce héros de la France libre lors d’une cérémonie sur les cendres du maquis des Glières ? Aurait-il muté en macronmanie ? Pourtant, 4 millions d’exemplaires d’un fascicule incandescent traduit en 34 langues, ça devrait laisser des traces. Où sont les indignés désormais invisibles ?
Soyons optimistes, les futurs révoltés finissent d’avaler leur dégoût avant de monter aux barricades. C’est dans un moment d’histoire noire, où se croisaient bien des douleurs, que le texte d’Hessel est né. L’excellent Stéphane était alors ému par le sort des sans-papiers, par la « réforme » des retraites, le sabotage de la planète et l’écart de plus en plus abyssal entre riches et pauvres. « Réveil public d’un peuple qui était jusqu’à présent très passif », a alors écrit Edgar Morin. Réveillé. Et aussi sec rendormi. Et de nouveau les yeux ouverts après l’atterrissage d’un néo-Jupiter à la tête de la France ? Puisqu’il est certain, vu les poignards que Macron s’apprête à lancer contre les ultimes lambeaux de notre pacte national issu de la Résistance, que le réveil va sonner, dur comme une sirène.
Résistance, Conseil national de la Résistance, Mont-Valérien, Glières... autant de gros mots. Si peu modernes, si peu start-up, si peu Davos pour notre génie de la pastille, celle amère qu’il veut nous faire avaler de force. Certes, s’ils tiennent le coup et ne se disloquent pas, les 500 000 Insoumis de Mélenchon sont une cohorte prometteuse, prête à se coucher en travers de la route du bulldozer éradicateur lancé depuis Wall Sreet, avec Emmanuel au volant.
Observons que dans sa courte invite à l’indignation, parvis de la révolte, Hessel n’a pas oublié de citer – dans le lot des injustices majeures commises dans le monde – celui de la Palestine. Ce rappel, qui n’était que l’accomplissement d’un devoir, a pourtant déclenché une tempête. Un certain Marc Knobel, « chercheur au Crif », a alors accusé l’espiègle et rigoureux Stéphane de « tenter de légitimer le terrorisme ». Alors que Boris Cyrulnik, un savant de kiosques de gare, critique le principe même d’indignation et que Pierre Assouline, en pompier de service, détruit le texte qui « dégouline de bons sentiments ». Rescapé des fusilleurs de l’occupation, Hessel est symboliquement flingué en retard.
Si je fais ce rappel à la Palestine, qui sombre doucement dans un silence digne, c’est pour en revenir à Macron. J’ai déjà décrit ici comment chaque militant d’En marche, candidat à la députation, avait été passé au scanner afin d’être certain que l’impétrant n’avait pas prononcé de toute sa vie une syllabe contre la politique d’Israël. C’est clair, Macron et son équipage sont bien des sionistes compulsifs, avec pour arbitre des élégances une dénommée Laurence Haïm. Une star de la police de la pensée qui cumule les fonctions d’attachée de presse de Jupiter, de propagandiste de Netanyahu et aussi d’un marchand de costumes du 2e arrondissement de Paris.
Si, dans la politique de Hollande, le sort de la Palestine a été mis au congélateur, dès l’arrivée de Macron il est déplacé vers la poubelle. Alors, que dire du sort de Georges Ibrahim Abdallah, militant révolutionnaire qui, luttant pour la libération de la Palestine à l’époque de massacre du Sabra et Chatila, meurt dans une prison française depuis 34 ans ! En passe de battre le titre de « plus vieux prisonnier politique du monde ». Puisque son groupe, les Fractions armées révolutionnaires libanaises, est accusé d’avoir, en 1982 à Paris, abattu un officier américain, chaque année le département d’État américain n’oublie pas de renouveler l’ordre donné à la France, celui de conserver Abdallah en prison. Dans une missive exprès, Hillary Clinton n’a pas manqué à la coutume. Aujourd’hui, Abdallah n’est plus un prisonnier, mais un otage de la France. En 2003, le tribunal correctionnel de Pau a accordé la mise en liberté de ce combattant en lutte pour une Palestine libre et indépendante. Voilà donc treize années qu’une première mesure d’élargissement a été prise, puis réitérée en 2012, en vain, pour un homme qui « n’a pas de sang sur les mains ». Les amateurs de comparaisons noteront que Jean-Marc Rouillant, le chef d’Action directe condamné pour des crimes (dont l’assassinat du PDG de Renault), se promène librement dans nos rues...
Interdictions de manifester, promulgation attendue d’une loi d’exception réduisant les libertés publiques : la conjonction d’une idéologie policière et d’un désir d’ordre – si utile pour le business –, et la France s’enfonce dans le classement qui mesure les indices de la liberté. Il suffit pour le constater de cliquer sur le site d’Amnesty International, une structure qui, pourtant, ne veut que le meilleur pour les pays de l’Otan.
Le new deal français est aujourd’hui le suivant : « Nous vous protégeons, vous citoyens, du terrorisme, mais laissez-nous, nous autres, terroriser le Code du travail. » Convaincu par le matraquage médiatique qu’un djihadiste peut aisément se cacher sous son lit, le Français n’a plus qu’un choix, pousser un « hosannah ! » destiné au Jupiter qui le sauve. Pourtant, le très savant Michel Serres qui n’est pas un énergumène a calculé que le risque d’être victime d’un attentat était comparable à celui d’être touché par une météorite. « La stratégie de la tension » éprouvée en Italie il y a quarante ans semble être un outil politique qui ne vieillit pas. C’est sans doute pour en faire une bonne lecture que, dans le magazine Elle, Emmanuel Macron, sans même sourire, a conseillé aux jeunes Français de « lire Karl Marx ». Tout va bien.
Jacques-Marie BOURGET
Article publié dans le mensuel Afrique Asie de juillet 2017
Hollande conchiait les « sans-dents », Macron, lui, les sans-grade, les sans-diplôme, les sans-Sciences-Po, les sans-famille qui ne sont pas issus des « deux-cents ». Et aussi les « illettrées ». C’est ainsi que le 17 septembre 2014 à Josselin il a qualifié les ouvrières bretonnes de l’usine Gad. Quand il aime la foule, le président de la France la veut comme les fans de Johnny à Bercy. Mais il déteste le peuple et lui interdit même d’entonner le Chant des Partisans. Un hymne lent et mortel, pas du tout écrit en marche, et que l’on n’a pas coutume d’écouter en posant la main droite sur le cœur, façon Hollywood. En gros, la société qui a fait la queue devant le fort où discourait le président n’était pas assez civile. Et les tricards ont compris le message : « Ben quoi ? C’est ça la nouvelle démocratie ! », a entendu le reporter du quotidien Le Parisien. Ou encore : « Une cérémonie de l’entre-soi... C’est quoi, ça ? » Enfin, la phrase d’une femme âgée expliquant sa raison d’être et d’être ici : « Parce que c’est l’appel du général de Gaulle et pour que la France reste la France. »
Puisque nous parlons de Résistance, la discrète protestation des exclus du Mont-Valérien me fait penser à l’Indignez-vous lancé par Stéphane Hessel en 2010. Qu’est devenu le grand espoir né de ces quelques pages, l’impression en petit livre d’un discours prononcé par ce héros de la France libre lors d’une cérémonie sur les cendres du maquis des Glières ? Aurait-il muté en macronmanie ? Pourtant, 4 millions d’exemplaires d’un fascicule incandescent traduit en 34 langues, ça devrait laisser des traces. Où sont les indignés désormais invisibles ?
Soyons optimistes, les futurs révoltés finissent d’avaler leur dégoût avant de monter aux barricades. C’est dans un moment d’histoire noire, où se croisaient bien des douleurs, que le texte d’Hessel est né. L’excellent Stéphane était alors ému par le sort des sans-papiers, par la « réforme » des retraites, le sabotage de la planète et l’écart de plus en plus abyssal entre riches et pauvres. « Réveil public d’un peuple qui était jusqu’à présent très passif », a alors écrit Edgar Morin. Réveillé. Et aussi sec rendormi. Et de nouveau les yeux ouverts après l’atterrissage d’un néo-Jupiter à la tête de la France ? Puisqu’il est certain, vu les poignards que Macron s’apprête à lancer contre les ultimes lambeaux de notre pacte national issu de la Résistance, que le réveil va sonner, dur comme une sirène.
Résistance, Conseil national de la Résistance, Mont-Valérien, Glières... autant de gros mots. Si peu modernes, si peu start-up, si peu Davos pour notre génie de la pastille, celle amère qu’il veut nous faire avaler de force. Certes, s’ils tiennent le coup et ne se disloquent pas, les 500 000 Insoumis de Mélenchon sont une cohorte prometteuse, prête à se coucher en travers de la route du bulldozer éradicateur lancé depuis Wall Sreet, avec Emmanuel au volant.
Observons que dans sa courte invite à l’indignation, parvis de la révolte, Hessel n’a pas oublié de citer – dans le lot des injustices majeures commises dans le monde – celui de la Palestine. Ce rappel, qui n’était que l’accomplissement d’un devoir, a pourtant déclenché une tempête. Un certain Marc Knobel, « chercheur au Crif », a alors accusé l’espiègle et rigoureux Stéphane de « tenter de légitimer le terrorisme ». Alors que Boris Cyrulnik, un savant de kiosques de gare, critique le principe même d’indignation et que Pierre Assouline, en pompier de service, détruit le texte qui « dégouline de bons sentiments ». Rescapé des fusilleurs de l’occupation, Hessel est symboliquement flingué en retard.
Si je fais ce rappel à la Palestine, qui sombre doucement dans un silence digne, c’est pour en revenir à Macron. J’ai déjà décrit ici comment chaque militant d’En marche, candidat à la députation, avait été passé au scanner afin d’être certain que l’impétrant n’avait pas prononcé de toute sa vie une syllabe contre la politique d’Israël. C’est clair, Macron et son équipage sont bien des sionistes compulsifs, avec pour arbitre des élégances une dénommée Laurence Haïm. Une star de la police de la pensée qui cumule les fonctions d’attachée de presse de Jupiter, de propagandiste de Netanyahu et aussi d’un marchand de costumes du 2e arrondissement de Paris.
Si, dans la politique de Hollande, le sort de la Palestine a été mis au congélateur, dès l’arrivée de Macron il est déplacé vers la poubelle. Alors, que dire du sort de Georges Ibrahim Abdallah, militant révolutionnaire qui, luttant pour la libération de la Palestine à l’époque de massacre du Sabra et Chatila, meurt dans une prison française depuis 34 ans ! En passe de battre le titre de « plus vieux prisonnier politique du monde ». Puisque son groupe, les Fractions armées révolutionnaires libanaises, est accusé d’avoir, en 1982 à Paris, abattu un officier américain, chaque année le département d’État américain n’oublie pas de renouveler l’ordre donné à la France, celui de conserver Abdallah en prison. Dans une missive exprès, Hillary Clinton n’a pas manqué à la coutume. Aujourd’hui, Abdallah n’est plus un prisonnier, mais un otage de la France. En 2003, le tribunal correctionnel de Pau a accordé la mise en liberté de ce combattant en lutte pour une Palestine libre et indépendante. Voilà donc treize années qu’une première mesure d’élargissement a été prise, puis réitérée en 2012, en vain, pour un homme qui « n’a pas de sang sur les mains ». Les amateurs de comparaisons noteront que Jean-Marc Rouillant, le chef d’Action directe condamné pour des crimes (dont l’assassinat du PDG de Renault), se promène librement dans nos rues...
Interdictions de manifester, promulgation attendue d’une loi d’exception réduisant les libertés publiques : la conjonction d’une idéologie policière et d’un désir d’ordre – si utile pour le business –, et la France s’enfonce dans le classement qui mesure les indices de la liberté. Il suffit pour le constater de cliquer sur le site d’Amnesty International, une structure qui, pourtant, ne veut que le meilleur pour les pays de l’Otan.
Le new deal français est aujourd’hui le suivant : « Nous vous protégeons, vous citoyens, du terrorisme, mais laissez-nous, nous autres, terroriser le Code du travail. » Convaincu par le matraquage médiatique qu’un djihadiste peut aisément se cacher sous son lit, le Français n’a plus qu’un choix, pousser un « hosannah ! » destiné au Jupiter qui le sauve. Pourtant, le très savant Michel Serres qui n’est pas un énergumène a calculé que le risque d’être victime d’un attentat était comparable à celui d’être touché par une météorite. « La stratégie de la tension » éprouvée en Italie il y a quarante ans semble être un outil politique qui ne vieillit pas. C’est sans doute pour en faire une bonne lecture que, dans le magazine Elle, Emmanuel Macron, sans même sourire, a conseillé aux jeunes Français de « lire Karl Marx ». Tout va bien.
Jacques-Marie BOURGET
Article publié dans le mensuel Afrique Asie de juillet 2017
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