Source : Robert Charvin , 04-09-2017
Cet été la crise diplomatique entre les Etats-Unis et la Corée du Nord a refait surface. Les déclarations du président Donald Trump, qui a menacé de déclencher une guerre « avec le feux et la furie comme le monde n’en a jamais vu », ont marqué le ton. Loin de décrypter les questions-clés, les discours politiques et médiatiques occidentaux n’envisagent ni la réunification de la Corée, ni l’option diplomatique comme début de solution. L’appétit inconfessable du monde des affaires serait-il en train de justifier une nouvelle guerre? Dans son livre « Comment peut-on être Coréen (du Nord)? », le spécialiste en droit international Robert Charvin nous éclaire sur les dessous de cette dangereuse crise politique héritée de la Guerre Froide.
Alex Anfruns: Quels sont les enjeux de la crise qui a éclaté entre la Corée du Nord et Trump?
Robert Charvin : La crise actuelle n’est que le prolongement d’une tension qui n’a pas cessé depuis des décennies (à l’exception des courtes périodes où Séoul et les Etats-Unis acceptaient d’amorcer un dialogue). Elle ne peut se résoudre que par la négociation afin que soit conclu enfin le traité de paix supprimant l’état de belligérance qui demeure depuis 1953 !
Ce traité doit garantir des relations diplomatiques et commerciales normales, permettant un rapprochement progressif entre le Nord et le Sud de la Péninsule en vue d’une réunification ultérieure, résolvant de nombreux problèmes socio-économiques.
Pour beaucoup Pyongyang est un « régime dictatorial » qui menacerait la paix dans le monde. Vous qui connaissez bien la Corée du Nord, quel est votre avis?
La Corée du Nord, c’est-à-dire la République Démocratique et Populaire de Corée (RPDC), Etat membre des Nations Unies, n’est pas une puissance « provocatrice » : ce n’est pas elle qui a des bases militaires à proximité immédiate des frontières américaines et des armes nucléaires depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’empire étatsunien exerce son hégémonie sur une large partie du monde, pas la Corée populaire.
La théorie du Djoutché, idéologie de Pyongyang ne s’impose pas aux peuples comme l’American Way of Life! Si l’on craint, malgré tout, les forces armées de la RPDC, pourquoi ne pas souscrire, comme elle le propose depuis longtemps, un accord de dénucléarisation régional englobant évidemment les Etats-Unis?
Quant aux champions des droits de l’homme, civils et politiques, bien entendu occidentaux, pourquoi ne proposent-ils pas la détente, seul moyen de favoriser tous les droits du peuple coréen, au Nord comme au Sud?
Le point de vue de Pyongyang est systématiquement écarté dans les débats… Pourquoi un tel consensus?
La Corée du Nord est un cas d’école depuis plusieurs décennies. Malheureusement, ni les médias ni les partis politiques occidentaux, ne la traitent comme tel. Il est admis que l’on puisse dire n’importe quoi sur ce pays, « incarnation du Mal », dirigée par des « fous fanatiques », de surcroît « encore » communiste, même s’il s’agit d’un socialisme teinté de confucianisme.
Les raisons de ce consensus, qu’a fini par absorber diverses forces progressistes qui ont eu peur de s’affaiblir davantage en allant « trop» à contre-courant (électoralisme et crétinisme parlementaire obligent !) ne sont pas mystérieux. La Corée est loin des Etats-Unis et de l’Europe : difficile de distinguer la vérité de ce qui est politiquement utile à certains intérêts. Le citoyen moyen est plus facilement convaincu par des arguments faciles, cultivés par de pseudo-intellectuels et une presse répétitive, que par des explications historiques, sociologiques et économiques, sans parler de la géopolitique ignorée, oubliée, même par une « gauche» atteignant les limites de l’inculture.
Il y a longtemps, pourtant, que le monde capitaliste fait usage, pour légitimer son hégémonie, des difficultés dont il est souvent à l’origine, mais dont souffrent les peuples décrétés « ennemis » : il s’agit de convaincre « qu’ailleurs, c’est pire», et qu’il faut donc accepter les « bons maîtres» qui règnent à Paris, à Bruxelles ou à Washington.
Il ne peut évidemment s’agir des dictatures protégées parce que rentable pour les affaires, du style Arabie Saoudite ou Etats africains sous contrôle dont les élections sont des mascarades, et la répression des oppositions, la règle. Il faut qu’elle soit « rouge » ou assimilée, du Chili de Salvador Allende jusqu’à Kim Jong Un, via Castro, Chavez ou Maduro… Ce sont d’« excellents » contre-feux à ceux qu’en Occident dénoncent le règne délirant de l’argent et la concurrence – toujours faussée –.
Les Etats-Unis et leurs alliés locaux ont pu tuer Lumumba, Allende et tants d’autres, et renverser de nombreux pouvoirs fragiles parce qu’il est très difficile d’édifier le socialisme, en rupture totale avec le monde dominant. Mais la Corée populaire demeure, comble du scandale et de la provocation !
Qu’est-ce qui explique la ténacité du système politique au pouvoir à Pyongyang ?
Le peuple coréen a la « peau dure»: presque un demi-siècle de colonialisme japonais – féroce ! –; une guerre dévastatrice avec les Américains en 1950-1953 : un seul édifice debout dans la capitale, Pyongyang, en 1953 ! Près de 70 ans d’embargo imposé unilatéralement – et donc illicite –, créant un « effet citadelle assiégée », qualifiée avec cynisme de paranoïa !
Sans compter les drames provoqués, y compris des coûts alimentaires, par la disparition de l’allié soviétique, des Etats d’Europe de l’Est et l’évolution de la Chine qui ne fait qu’assurer à Pyongyang le « service minimum », Séoul étant économiquement plus « rentable ».
Malgré tout, et en payant le prix, la Corée Populaire est restée souveraine, ne comptant avant tout que sur ses propres capacités, créant chez elle un esprit de résistance à toute épreuve jusqu’à ce jour, mêlant dans son idéologie marxisme et confucianisme, ce dont les journaleux de la grande presse occidentale ne s’intéressent pas le moins du monde.
Bref, un modèle à ne pas suivre selon les Occidentaux qui ne vivent qu’en pillant la planète. Il faudrait 5 planètes entières pour que les habitants de la terre vivent au niveau des Etatsuniens. La Corée du Nord est un manque à gagner qui ne doit pas être contagieux ; elle occupe une position stratégique aux frontières de la Russie, de la Chine et du Japon. Elle doit être « réduite » au maximum et si possible, un jour, disparaître face à l’armada militaire nord-américaine (basée en Corée du Sud, à Guam, etc.)
En attendant cette chute annoncée, la Corée du Nord sert de prétexte au maintien de la présence militaire nord-américaine à des milliers de kilomètres de là, mais tout près des frontières de la Russie (une alliée de Pyongyang) et de la Chine dont « les ambitions sont menaçantes », si l’on en croît les économistes occidentaux !
Le comble est le cynisme des « observateurs » : tout est entrepris depuis des décennies pour étouffer la Corée du Nord, mais on lui reproche de respirer mal ! Les autorités de Pyongyang n’ont pourtant qu’un seul choix : résister ou capituler et s’aligner sur Séoul, soumise directement aux dollars et aux soldats yankees.
Pourtant, Pyongyang semble être assez isolé sur la scène politique mondiale. Comment l’expliquez-vous?
Un drame politique : l’internationalisme est mort. L’anticommunisme qui sévit contre la Corée du Nord ne rencontre pas d’obstacle. Ayant perdu la plupart des batailles idéologiques, certains partis communistes ont quitté le terrain de la solidarité internationale : être aux côtés des Coréens est trop « coûteux», le socialisme nord-coréen trop « différent » ; le monolithisme idéologique est le contraire du « droit de l’hommisme » encore à la mode. On a renoncé à la notion de « modèle » unique du socialisme, mais l’occidentalisme et l’ethnocentrisme imprègnent nombre de communistes occidentaux.
A la limite, les quelques rares gaullistes qui ont survécu en France, comprennent mieux la volonté coréenne de posséder une force de dissuasion nucléaire que les milieux « progressistes » se refusant à toute approche géopolitique et moins sensibles à la question de l’indépendance nationale !
A l’évidence, le socialisme capable de résister à la mondialisation néolibérale et aux intérêts spéculatifs et pilleurs des grandes firmes, ne peut que s’appuyer sur la Nation, sur les particularismes historiques et sur l’héritage : ce sont les syncrétismes qui font l’Histoire.
Le socialisme français, belge, américain ou italien ne peut être « standard » : seul le marché, c’est-à-dire un monde centré sur les « affaires» et le capital, uniformise, au détriment des valeurs populaires.
La Corée est coréenne : c’est parce que Pyongyang est avant tout souveraine, sans compromis, y compris vis-à-vis de la Chine, la grande voisine très différente, que la RPDC, Etat membre des Nations Unies, en voie de développement malgré tout, existe toujours.
Avez-vous un message d’espoir sur l’issue de ce conflit, qui est étroitement lié à notre histoire récente ?
Il est possible qu’un jour prochain, à la suite de la folie impériale d’un Trump, des manœuvres de Wall Street, ou de telle ou telle puissance, chaque peuple, au Sud évidemment mais en Europe aussi, puisse comprendre qu’il ne peut compter avant tout que sur lui-même car il n’existe pas de philanthropie internationale, les alliances et la coopération ne pouvant être que complémentaire.
C’est le message de la RPDC : il est respectable par les tristes temps qui courent. Par contre, la violence et les menaces des « Grands» ne méritent que le mépris. Il n’y a aucune excuse à ceux qui, par delà toutes les frontières se croient tout permis.
Source : Robert Charvin , 04-09-2017
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Crise États-Unis-Corée : l’analyse de Robert Charvin, spécialiste de la Corée
Source : Initiative communiste, Robert Charvin, 04-09-2017
Doyen honoraire de la Faculté de droit de Nice, militant communiste, auteur d’un livre récent paru chez Delga (Comment peut-on être Coréen du nord ?), Robert Charvin livre son analyse sur la situation dans la péninsule coréenne aux lecteurs d’Initiative communiste.
Initiative Communiste : Votre ouvrage s’inspire de la question de Montesquieu “Comment peut-on être persan?” Est-ce que la façon de traiter la Corée du Nord dans l’espace médiatique en France, fondée sur les préjugés, n’est-elle pas indigne de l’esprit d’examen propre aux Lumières ?
Robert Charvin : Montesquieu ironisait sur les incultes ethnocentristes de son temps qui ne concevaient pas que l’on « puisse être persan » ! Quelques siècles plus tard, il en est de même au sein de la « patrie » des droits de l’homme (en réalité, l’homme occidental) dont les valeurs seules sont « universelles ».
Les Autres n’ont que des leçons à recevoir du haut de notre grandeur éternelle : les « Trumpistes » français ont précédé les Américains !
Les pays qui ne s’alignent pas sont dans l’erreur et leurs gouvernants des voyous dangereux pour le monde !
Les pays qui ne s’alignent pas sont dans l’erreur et leurs gouvernants des voyous dangereux pour le monde !
À Paris, comme à Washington, on sait que la seule démocratie qui vaille est élective, peu importe que l’argent ou la violence (selon les pays) décident des résultats. Quant aux droits économiques et sociaux, ils n’ont pas à être pris en compte pour procéder à l’évaluation… et aux sanctions contre les régimes qui « déplaisent » ! Les Euraméricains, maîtres (provisoires) du monde, s’autoproclament ainsi juges du « Bien et du Mal » dans l’ordre international. Les principaux médias et les partis suivent sans examen ces jugements de cour. La Corée du Nord fait consensus : elle serait l’incarnation de la malfaisance, bien que nul de fasse allusion à la tragique histoire nationale (colonisation japonaise féroce, guerre américaine dévastatrice, embargo et sanctions à répétition depuis 1953, etc.). Rares sont ceux qui connaissent son syncrétisme idéologique fait de marxisme et de confucianisme. Pour se conforter dans leur « bon droit », nombre d’Occidentaux préfèrent ne pas savoir !
Initiative Communiste :Dans votre ouvrage, vous rappelez certaines réalités de l’histoire coréenne (un ambassadeur coréen se suicidant dans l’indifférence générale devant les grandes puissances entérinant la colonisation de son pays par le Japon, un seul immeuble debout à Pyongyang après les bombardements US pendant la guerre de Corée etc.). Est-ce cette histoire tragique qui explique la résistance patriotique farouche que la RPDC oppose toujours à l’impérialisme?
Robert Charvin : Maltraiter un peuple, comme l’a été le peuple soviétique dès la Révolution d’Octobre, le peuple palestinien depuis plus d’un siècle, le peuple cubain après 1958, ou le peuple nord-coréen, c’est provoquer en leur sein ce qu’on peut appeler un « effet citadelle ». Assaillis de toutes parts, par tous les moyens, menacés d’agression militaire, mis en difficultés économiques, discrédités par les puissances médiatiques dans l’opinion internationale, ces peuples ne peuvent qu’avoir une réaction défensive faite d’un patriotisme virulent, d’une mobilisation farouche, d’un monolithisme sans faille. Toute critique ne peut être que trahison dans une situation de belligérance chronique !
Toute concession devient marche vers la capitulation.
Si l’Occident et ses « droits-de-l’hommistes » professionnels avaient réellement la volonté de favoriser les droits humains en Corée et dans le monde, comme ils le prétendent, ils dénonceraient les sanctions collectives et favoriseraient la détente et la coopération. La politique d’agression et les condamnations médiatiques systématiques sont incompatibles avec « l’aide au développement de la démocratie ». Étrangler un peuple le conduit à respirer mal et à se débattre !
Cette pathologie féroce, liée au fait que le capitalisme a besoin d’ennemis, présente cependant des avantages pour les victimes. Le peuple coréen est concrètement informé de ce qu’ est l’impérialisme et ses tares destructives. Il a su se constituer en une force de résistance homogène, cohérente, et il a appris à surmonter toutes les difficultés imposées. Il est grave que les progressistes et de nombreux communistes en Occident n’en aient pas une conscience claire, à croire qu’ils préfèrent l’impérialisme des grands à la souveraineté des petits !
Toute concession devient marche vers la capitulation.
Si l’Occident et ses « droits-de-l’hommistes » professionnels avaient réellement la volonté de favoriser les droits humains en Corée et dans le monde, comme ils le prétendent, ils dénonceraient les sanctions collectives et favoriseraient la détente et la coopération. La politique d’agression et les condamnations médiatiques systématiques sont incompatibles avec « l’aide au développement de la démocratie ». Étrangler un peuple le conduit à respirer mal et à se débattre !
Cette pathologie féroce, liée au fait que le capitalisme a besoin d’ennemis, présente cependant des avantages pour les victimes. Le peuple coréen est concrètement informé de ce qu’ est l’impérialisme et ses tares destructives. Il a su se constituer en une force de résistance homogène, cohérente, et il a appris à surmonter toutes les difficultés imposées. Il est grave que les progressistes et de nombreux communistes en Occident n’en aient pas une conscience claire, à croire qu’ils préfèrent l’impérialisme des grands à la souveraineté des petits !
Initiative Communiste : Manœuvres militaires géantes, déploiement de missiles, de sous-marins et porte-avions nucléaires, les États-Unis choisissent une stratégie de la tension en Corée : est-ce exagéré de parler de menace sur la paix mondiale ?
Robert Charvin : En permanence, depuis des décennies, les États-Unis et leurs alliés (en particulier ceux de Séoul et de Tokyo, mais aussi de Paris) menacent l’existence même de la Corée du Nord en invoquant paradoxalement ses « provocations » ! La plus gigantesque armée du monde, celle des États-Unis, est pourtant à sa porte, dotée des armes les plus sophistiquées, y compris nucléaires. Chaque année, elle manoeuvre aux frontières avec les armées sud-coréennes et autres, mimant encerclement et attaques ! Le peuple coréen a déjà subi les massacres, notamment sur les populations civiles, que pratiquent les armées occidentales lorsqu’elles veulent détruire un système ne leur convenant pas : la guerre de 1950-1952 n’est pas oubliée !
Ce sont les États-Unis qui, bien loin de leur territoire national, provoquent tous les peuples de la région qu’ils veulent garder ou mettre sous tutelle !
Ce sont les États-Unis qui, bien loin de leur territoire national, provoquent tous les peuples de la région qu’ils veulent garder ou mettre sous tutelle !
Ce sont les États-Unis qui jouent dangereusement de leur puissance nucléaire en osant invoquer la légitime défense. Au discours délirant de Trump s’ajoute une propagande massive et sans nuance contre la Corée du Nord, reprise par les Européens. Certains films américains vont jusqu’à imaginer une invasion militaire nord-coréenne du territoire des États-Unis : le film “L’Aube rouge” , par exemple, passé récemment sur une chaîne TV française !
En fait, cette paranoïa anti-coréenne est totalement feinte. Elle dissimule une réalité géostratégique de première importance pour les États-Unis : la Corée est une zone de contacts avec la Chine, la Russie et le Japon. Le maintien de la présence militaire américaine est jugé nécessaire aux intérêts des États-Unis. La petite Corée du Nord est l’ennemi « utile ». Il faut entretenir sa mauvaise réputation communiste, il faut empêcher sa réunification avec le Sud afin de conserver un abcès de fixation justifiant l’ingérence étasunienne dans la région (notamment les bases en Corée du Sud, à Guam, etc.). Tous les moyens sont bons pour maintenir un état de guerre larvée empêchant un développement rapide de la Corée du Nord, au risque de déclencher un affrontement entre les puissances.
Là encore, un regret s’impose : certains courants progressistes, obsédés par l’électoralisme, négligent le fait que la RPDC propose depuis toujours la dénucléarisation de toute la région, est prête à conclure un traité de paix avec les États-Unis garantissant sa souveraineté et à coopérer avec tous les États du monde. Renvoyer dos à dos les parties en présence, comme cela est fait pour les Palestiniens et les Israéliens, pour la Russie et les États-Unis, au nom d’une paix dont on ne précise pas le contenu, c’est en fait crier avec les loups !
En fait, cette paranoïa anti-coréenne est totalement feinte. Elle dissimule une réalité géostratégique de première importance pour les États-Unis : la Corée est une zone de contacts avec la Chine, la Russie et le Japon. Le maintien de la présence militaire américaine est jugé nécessaire aux intérêts des États-Unis. La petite Corée du Nord est l’ennemi « utile ». Il faut entretenir sa mauvaise réputation communiste, il faut empêcher sa réunification avec le Sud afin de conserver un abcès de fixation justifiant l’ingérence étasunienne dans la région (notamment les bases en Corée du Sud, à Guam, etc.). Tous les moyens sont bons pour maintenir un état de guerre larvée empêchant un développement rapide de la Corée du Nord, au risque de déclencher un affrontement entre les puissances.
Là encore, un regret s’impose : certains courants progressistes, obsédés par l’électoralisme, négligent le fait que la RPDC propose depuis toujours la dénucléarisation de toute la région, est prête à conclure un traité de paix avec les États-Unis garantissant sa souveraineté et à coopérer avec tous les États du monde. Renvoyer dos à dos les parties en présence, comme cela est fait pour les Palestiniens et les Israéliens, pour la Russie et les États-Unis, au nom d’une paix dont on ne précise pas le contenu, c’est en fait crier avec les loups !
Initiative Communiste : En 2016 et 2017 un très important mouvement populaire a conduit à la chute du gouvernement Park. Y a-t-il une évolution vers une démocratisation du régime autoritaire du sud ? Les premières annonces du nouveau président, sur la réouverture d’un dialogue direct avec la Corée du Nord, sur le système anti-missile américain en cours de déploiement, soufflent le chaud et le froid. N’est-ce pas le peuple coréen le principal atout pour la paix ?
Robert Charvin : La force décisive pour des changements positifs en Corée, c’est le peuple coréen tout entier. S’il n’y a pas encore de bonnes relations entre le Nord et le Sud depuis la fin de la guerre mondiale, c’est du fait des grandes puissances, en premier lieu des États-Unis.
Lorsqu’il se produit des changements à Séoul (comme ce fut le cas avec l’élection de Kim Dae-jung ou récemment avec l’élimination de la présidence corrompue de Mme Park (aujourd’hui incarcérée), le rapprochement Nord-Sud se réalise. Les médias occidentaux sont restés très
discrets sur le vaste mouvement de masse qui a renversé à Séoul l’équipe dirigeante, grande alliée de Washington ! Malheureusement, la nouvelle équipe qui n’est plus systématiquement hostile au Nord, reste subordonnée aux États-Unis et sa ligne politique n’est pas encore libre.
Mais le peuple sud-coréen, y compris les grands groupes économiques comme Hyundai, comme le peuple du Nord, souhaite la réunification et la paix : la coréanité a pour les deux parties plus de vertus, n’en déplaise à l’Occident, que l’American Way of Life, importé au sud après 1949.
On peut raisonnablement concevoir que le Nord et le Sud, malgré tous les obstacles, trouvent la voie vers une confédération, respectueuse dans un premier temps des deux souverainetés et des deux régimes socio-économiques, premiers pas d’une marche vers l’unité qui ferait de la Corée une nouvelle puissance émergente d’importance.
La solidarité internationale, amputée aujourd’hui par la contamination des thèses des néo-conservateurs et par les conceptions de la social-démocratie (à l’exception de quelques cas individuels comme celui de J. Lang) qui ont envahi le courant progressiste, doit pouvoir renaître si la lucidité l’emporte sur l’ethnocentrisme et l’oubli de la géopolitique. La cause coréenne le mérite.
Lorsqu’il se produit des changements à Séoul (comme ce fut le cas avec l’élection de Kim Dae-jung ou récemment avec l’élimination de la présidence corrompue de Mme Park (aujourd’hui incarcérée), le rapprochement Nord-Sud se réalise. Les médias occidentaux sont restés très
discrets sur le vaste mouvement de masse qui a renversé à Séoul l’équipe dirigeante, grande alliée de Washington ! Malheureusement, la nouvelle équipe qui n’est plus systématiquement hostile au Nord, reste subordonnée aux États-Unis et sa ligne politique n’est pas encore libre.
Mais le peuple sud-coréen, y compris les grands groupes économiques comme Hyundai, comme le peuple du Nord, souhaite la réunification et la paix : la coréanité a pour les deux parties plus de vertus, n’en déplaise à l’Occident, que l’American Way of Life, importé au sud après 1949.
On peut raisonnablement concevoir que le Nord et le Sud, malgré tous les obstacles, trouvent la voie vers une confédération, respectueuse dans un premier temps des deux souverainetés et des deux régimes socio-économiques, premiers pas d’une marche vers l’unité qui ferait de la Corée une nouvelle puissance émergente d’importance.
La solidarité internationale, amputée aujourd’hui par la contamination des thèses des néo-conservateurs et par les conceptions de la social-démocratie (à l’exception de quelques cas individuels comme celui de J. Lang) qui ont envahi le courant progressiste, doit pouvoir renaître si la lucidité l’emporte sur l’ethnocentrisme et l’oubli de la géopolitique. La cause coréenne le mérite.
Source : Initiative communiste, Robert Charvin, 04-09-2017
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Voire aussi la thèse de Florent Charles : La question coréenne et le problème de la réunification
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