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dimanche 22 octobre 2017

LE DECLIN DANGEREUX DES CRIMINELS US.SALOPES

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Derrière l’hystérie de Washington au sujet de la Russie, de la Syrie et de la Corée du Nord, voici l’analyse plus complète de l’hégémonie américaine en décomposition mais dangereuse qui résiste au début d’un nouvel ordre multipolaire, explique Daniel Lazare.
L’affrontement avec la République populaire démocratique de Corée est un événement majeur qui ne peut se terminer que de deux façons: un échange nucléaire ou une reconfiguration de l’ordre international.
Le président Donald Trump en train de prêter serment le 20 janvier 2017. (capture d’écran depuis Whitehouse. gov)
Bien que la complaisance soit toujours injustifiée, la première semble de plus en plus improbable. Comme l’a fait observer un stratège mondial comme Steven Bannon au sujet de la possibilité d’une frappe américaine préventive : « Il n’y a pas de solution militaire. Oubliez ça. Tant que quelqu’un ne résoudra pas la partie de l’équation qui me montre que dix millions de personnes à Séoul ne meurent pas dans les 30 premières minutes des armes classiques, je ne sais pas de quoi vous parlez. Il n’ y a pas de solution militaire ici. Ils nous ont eu. »
Ça ne veut pas dire que Donald Trump, l’ex-patron de Bannon, ne pourrait pas encore faire quelque chose d’irréfléchi. Après tout, c’est un homme qui s’enorgueillit d’être imprévisible dans les négociations d’affaires, comme le souligne l’historien William R. Polk, qui a travaillé pour l’administration Kennedy pendant la crise des missiles cubains. Trump pense peut-être que ce serait une bonne idée d’être un peu fou avec le RPDC.
Mais c’est une des bonnes choses d’avoir un « état profond », dont l’existence a été prouvée sans aucun doute possible depuis que la communauté du renseignement a déclaré la guerre à Trump en novembre dernier. Bien qu’il empêche Trump d’atteindre un modus vivendi raisonnable avec la Russie, il signifie également que le Président est continuellement entouré de généraux, de revenants, et d’autres professionnels qui connaissent la différence entre l’immobilier et la guerre nucléaire.
Aussi idéologiquement bloqués qu’ils puissent être, on peut sans doute compter sur eux pour s’assurer que Trump ne plonge pas le monde dans l’Armageddon (nommé, soit dit en passant, pour une ville de l’Age du Bronze à environ 20 milles au sud-est de Haïfa, Israël).
Il reste l’option numéro deux : reconfiguration. Les deux personnes qui connaissent le mieux le sujet sont le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping. Tous deux s’affrontent depuis des années pour un nouvel ordre mondial dans lequel une nation servirait de juge, de juré et de bourreau. Il s’agit bien sûr des États-Unis.
Si les États-Unis affirment que les activités de Moscou dans l’est de l’Ukraine sont illégitimes, alors, en tant que seule « hyperpuissance » restante du monde, elle veillera à ce que la Russie souffre en conséquence. Si la Chine demande davantage en Asie centrale ou dans le Pacifique occidental, alors les gens raisonnables du monde entier vont tristement secouer la tête et l’accuser de miner la démocratie internationale, qui est toujours synonyme de politique étrangère américaine.
Il n’ y a personne – aucune institution – à qui la Russie ou la Chine puisse faire appel dans de telles circonstances, car les États-Unis sont également en charge de la cour d’appel. C’est la « nation indispensable », selon les mots immortels de Madeleine Albright, secrétaire d’État sous Bill Clinton, parce que « nous nous tenons debout et nous voyons plus loin que d’autres pays dans l’avenir ». Avec un tel éclat, comment un autre pays pourrait s’opposer ?
Contester le faiseur de règles
Mais maintenant qu’un petit État assiégé de la péninsule coréenne fait mieux que les États-Unis et l’oblige à faire marche arrière, les États-Unis ne semblent plus aussi clairvoyants. Si la Corée du Nord a vraiment fait échec aux États-Unis, comme le dit Bannon, d’autres États voudront faire de même. L’hégémonie américaine apparaîtra comme un homme de 71 ans en surpoids, nu à l’exception de sa coiffure bouffante.
Le stratège en chef de la Maison-Blanche Steve Bannon s’exprimant lors de la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC) de 2017 à National Harbor, Maryland.
Non pas que les États-Unis n’aient jamais subi de revers auparavant. Au contraire, il a été contraint d’accepter le régime Castro à la suite de la crise des missiles cubains en 1962, et il a subi une grande défaite au Vietnam en 1975. Mais cette fois, c’est différent. Là où l’on s’attendait à ce que l’Orient et l’Occident s’affrontent pendant la guerre froide, donnant autant qu’ils le pouvaient, les États-Unis, en tant qu’hégémonie mondiale, doivent maintenant faire tout ce qui est en leur pouvoir pour préserver leur aura d’invincibilité.
Depuis 1989, cela a signifié frapper une série de « méchants » qui ont eu la malchance de se mettre sur son chemin. Le premier à partir fut Manuel Noriega, renversé six semaines après la chute du mur de Berlin lors d’une invasion qui a coûté la vie à pas moins de 500 soldats panaméens et peut-être même à des milliers de civils.
Vient ensuite le mollah Omar d’Afghanistan, destitué en octobre 2001, suivi de Slobodan Milosevic, traîné devant un tribunal international en 2002; Saddam Hussein, exécuté en 2006, et Mouammar Kadhafi, tué par une foule en 2011. Pendant un certain temps, le monde a vraiment ressemblé à « Gunsmoke », et les États-Unis ont vraiment ressemblé au shérif Matt Dillon.
Mais il y a eu quelques bosses sur la route. L’administration Obama a applaudi à un coup d’État dirigé par les nazis à Kiev au début de l’année 2014 pour assister impuissant à la réaction de Poutine, sous une pression populaire intense, se séparer de la Crimée, qui, historiquement, faisait partie de la Russie et abritait la base navale stratégique russe de Sébastopol, et en la ramenant en Russie.
Les États-Unis avaient fait quelque chose de similaire six ans plus tôt lorsqu’ils avaient encouragé le Kosovo à se séparer de la Serbie. Mais, en ce qui concerne l’Ukraine, les néoconservateurs ont invoqué la trahison de Munich de 1938 et comparé l’affaire de la Crimée à la saisie par Hitler de la région des Sudètes.
Soutenu par la Russie, le président syrien Bachar al-Assad a porté un autre coup à Washington en chassant les forces pro-Al Qaïda ,soutenues par les États-Unis , d’Alep Est en décembre 2016. Comme on pouvait s’ y attendre, le Huffington Post a comparé l’offensive syrienne au bombardement fasciste de Guernica.
Le feu et la fureur
Enfin, à partir du mois de mars, le Nord-Coréen Kim Jong Un s’est lancé dans une partie de surenchère avec Trump, en lançant des missiles balistiques dans la mer du Japon, en testant un ICBM qui pourrait être capable de frapper la Californie, puis en faisant exploser une ogive à hydrogène environ huit fois plus puissante que la bombe atomique qui a bombardé Hiroshima en 1945. Quand Trump s’est juré de répondre « par le feu, la fureur et la puissance brute, comme le monde ne l’a jamais vu auparavant », Kim a levé la mise en tirant un missile au-dessus de l’île nord japonaise d’Hokkaido.
Lancement du missile nord-coréen le 6 mars 2017.
Aussi bizarre que puisse être le comportement de Kim, il y a une logique à sa folie. Comme Poutine l’a expliqué lors du sommet BRICS avec le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, le « leader suprême » de la RPDC a vu comment l’Amérique a détruit la Libye et l’Irak et a donc conclu qu’un système de vecteurs nucléaires est la seule garantie sûre contre l’invasion américaine.
« Nous nous souvenons tous de ce qui s’est passé avec l’Irak et Saddam Hussein », dit-il. « Ses enfants ont été tués, je pense que son petit-fils a été abattu, tout le pays a été détruit et Saddam Hussein pendu… Nous savons tous comment cela s’est produit et les Nord-Coréens se souviennent très bien de ce qui s’est passé en Irak… Ils mangeront de l’herbe, mais n’arrêteront pas leur programme nucléaire tant qu’ils ne se sentiront pas en sécurité. »
Puisque les actions de Kim sont de nature défensive, la solution logique serait que les États-Unis se retirent et entament des négociations. Mais Trump, désespéré de sauver la face, l’a vite écartée. « Parler n’est pas la réponse ! », a-t-il tweeté. Pourtant, le résultat de cette fantaisie n’est que de rendre l’Amérique plus impuissante que jamais.
Bien que le New York Times ait écrit que les pressions américaines visant à couper l’approvisionnement en pétrole de la Corée du Nord ont mis la Chine « sur la sellette », ce n’était rien de plus que siffler devant le cimetière. Il n’ y a aucune raison de penser que Xi est le moindrement inconfortable. Au contraire, il s’amuse sans doute énormément en regardant l’Amérique se créer de nouvelles difficultés.
Les difficultés américaines.
Si Trump recule à ce stade, les forces qui se trouvent dans la région en souffriront, tandis que celles de la Chine seront renforcées en conséquence. D’un autre côté, si Trump fait quelque chose d’irréfléchi, ce sera une occasion en or pour Pékin, Moscou ou les deux à la fois d’intervenir en tant que pacificateur. Le Japon et la Corée du Sud n’auront pas d’autre choix que de reconnaître qu’il y a maintenant trois arbitres dans la région au lieu d’un seul, tandis que d’autres pays – les Philippines, l’Indonésie et peut-être même l’Australie et la Nouvelle-Zélande – devront faire de même.
Le président Donald Trump accueille le président chinois Xi Jinping à un dîner d’État lors de leur sommet à Mar-a-Lago, en Floride, le 6 avril 2017. (copie d’écran depuis whitehouse. gov)
L’unicité sera reléguée au second plan, tandis que le multilatéralisme occupera une place centrale. Étant donné que la part des États-Unis dans le PIB mondial a chuté de plus de 20 % depuis 1989, un recul est inévitable. L’Amérique a tenté de compenser en utilisant au maximum ses avantages militaires et politiques. Ce serait une proposition qui perdrait du terrain, même si elle avait le leadership le plus brillant au monde. Pourtant, ce n’est pas le cas. Au lieu de cela, elle a un président qui est une risée internationale, un Congrès dysfonctionnel et une politique étrangère perdue dans un monde de rêve néoconservateur. Par conséquent, la retraite se transforme en déroute désordonnée.
En supposant qu’un champignon atomique ne monte pas au-dessus de Los Angeles, le monde va être un endroit très différent après la crise coréenne. Bien sûr, si un champignon atomique monte, ça sera encore plus le cas.
Daniel Lazare est l’auteur de plusieurs ouvrages dont The Frozen Republic: How the Constitution Is Paralyzing Democracy (Harcourt Brace).
Source : Daniel Lazare, Consortium News, 09-09-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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