---------- toute l’intelligence est dans la trompette ---------- l'information déployée par Jean-claude Barthelay ---------j'ai été enfant de choeur, militant socialiste, pilier de bar, artisan du batiment, conseiller municipal, sportif ( course à pied, alpinisme ) et touriste à Chamonix, c'est dire si j'en ai entendu des conneries...........................
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mardi 23 janvier 2018
samedi 20 janvier 2018
LA REALITE SUR LES ACTIONS DES PEDOCRIMINELS JUIFS, ISRAELIENS ET SIONISTES
SOURCE
Israël : de plus en plus d'enfants palestiniens placés en isolement carcéral
Selon l'Unicef, environ 700 enfants palestiniens de 12 à 17 ans sont chaque année arrêtés, interrogés et détenus par l'armée, la police et les agents de sécurité israéliens.
Le nombre d'enfants palestiniens détenus dans les quartiers d'isolement des prisons israéliennes est en train d'augmenter, dénonce dans un rapport publié lundi 12 mai l'ONG Défense des enfants international.
« Le recours au placement en quartier d'isolement d'enfants palestiniens pendant les interrogatoires est de plus en plus fréquent », a indiqué dans un communiqué l'ONG, évoquant une augmentation de 2 % de cette pratique depuis 2012.
« Il s'agit d'une violation des droits des enfants et la communauté internationale doit exiger des explications et des solutions, a déclaré Ayed Abou Eqtaish, représentant de cette ONG dans les Territoires palestiniens. En général, les enfants palestiniens sont détenus à l'isolement, soit par mesure disciplinaire, soit pour les séparer de la population adulte de la prison. »
700 ENFANTS
En octobre, quelques mois après la publication d'un rapport accablant de l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) sur l'arrestation et la détention de mineurs palestiniens, Israël avait annoncé une série de réformes et « de méthodes alternatives » pour répondre aux recommandations de l'agence des Nations unies.
Selon l'Unicef, qui utilise des statistiques de l'ONG israélienne B'tselem, environ 700 enfants palestiniens de 12 à 17 ans, en grande majorité des garçons, sont chaque année arrêtés, interrogés et détenus par l'armée, la police et les agents de sécurité israéliens. La majorité d'entre eux sont accusés d'avoir lancé des pierres.
mercredi 17 janvier 2018
LA CENSURE ET LE SILENCE DES VEAUX
SOURCE
Avec la nouvelle initiative de Macron, qui est venue renforcer la censure sur Internet, nous sommes tenus désormais de savoir que quiconque voudrait protester, devra se taire ou aller en prison après sanctions financières importantes à l’appui!
Nous sommes donc priés de subir la censure d’Internet, que cela nous plaise ou nous déplaise! Ajoutons que la censure a été décrétée pour « le bien de l’homme » infantilisé!
Pourtant, ne serait-ce pas plutôt la pratique du mensonge, de la désinformation, de la manipulation de l’opinion publique, par les médias au service du Pouvoir et du CAC 40, qui est à l’origine de la crise économique de la presse et des médias « officiels » dans leur ensemble?
Les journalistes ont été placés sous la houlette du gourou ultra libéral de la bien-pensance. La liberté d’opinions a donc disparu par le fait même et quasi l’ensemble des médias est passé dans les mains du CAC40. L’argent domine tout et contrôle tout, il veille en permanence sur son business et se moque éperdument de la réalité, de la factualité comme de l’historicité réelle, comme du droit des peuples à être effectivement informés afin qu’ils puissent faire leurs choix de vie en connaissance de causes… Nous avons perdu notre liberté d’expression, liberté de penser et liberté de la pensée!
En France, la loi de 1881 et les suivantes qui ont le même objet, permettaient déjà de traquer la diffamation et le mensonge! La loi prévoyait déjà la poursuite pour « propagation de fausses nouvelles »! De plus, il est bon de se rappeler que cette loi avait été votée pour limiter la liberté de la presse, dans le pays des « droits de l’Homme »… Cette loi avait été crapuleusement conçue pour criminaliser les propos de la Commune de Paris ! Qu’est-ce que Macron veut crapuleusement imposer de plus ? Que reste-t-il de plus à faire, à part de continuer à brandir niaisement son « petit livre rouge du mensonge déguisé en vérité » ?!
En réalité, nous découvrons dans l’initiative crapuleuse de Macron, que « la fausse nouvelle », ne s’avère être grave que si elle concerne de près ou de loin un homme politique ultra libéral, bien entendu, et plus encore si cet homme politique ultra libéral et néo conservateur est le président de la République française, même si celui-ci, comme c’est le cas de Macron, a été élu par une minorité de Français! (Cf., les chiffres des élections, abstentions et les perversions du système électoral français, in article de JYJézéquel :
http://www.mondialisation.ca/le-resultat-final-des-fausses-elections-presidentielles-francaises/5589120)
Non seulement la censure est devenue crapuleuse, mais elle indique le niveau de mépris que cet homme peut avoir pour les Français. Les Français s’en rendent-ils compte, ou sont-ils déjà anesthésiés par la propagande au point d’être disposés à être lobotomisés sans résistance pour l’avènement triomphale de la pensée unique?
Attaquer la liberté sur Internet veut dire l’obligation faite à tous de rejoindre le flux ultra libéral et néo conservateur de la secte atlantiste. La secte ultra libérale et néo conservatrice ne peut pas laisser le Web vivre sa vie, car elle ne peut tolérer qu’un tel instrument de liberté puisse mettre sa gouvernance exclusive en danger du fait de n’être pas enchaîné, contrôlé, maitrisé, censuré, limité, inquisitorialisé…
La liberté est une menace mortelle pour le libéralisme qui est un fascisme; elle est une menace mortelle pour la doctrine sectaire de ce système; elle est une menace mortelle pour l’asservissement des peuples à la finance mondialisée, néocoloniale! Les médias pervers au service de cette perversion ont enterré la liberté d’expression. Internet est venu les détrôner et les jeter au bas de leurs « chaires de vérité » devenues les chaires du mensonge permanent ! Puis, les sans scrupules dominants ont déclaré que les sites d’information devaient être « associés obligatoirement à de grands médias », « officiels », ceux qui ne disent que la vérité par essence, par nature, par droit divin, par « révélation », par statut doctrinal, au nom d’une Constitution du sectarisme! Les croisades de limitation de la liberté sur le Net ont éclatées, prêchées par des illuminés fanatiques, prônant les « decodex » et autres sornettes de ce genre, prenant les gens pour de parfaits idiots et allant jusqu’à la menace de l’enfer éternel pour tous les insoumis. Les menaces n’ayant eu aucun effet jusqu’à présent, car il n’y avait plus grand monde pour croire en la possibilité d’un « enfer éternel », les gros industriels du Web ont alors imaginé, dans leurs ateliers de la perversion, comment ils pourraient parvenir à limiter l’accès aux réseaux performants, pour tout individu ou groupe d’individus qui ne serait pas membre de la secte, c’est à dire, partenaire « convenable » et – comble de plaisanterie de mauvais goût – capable de payer grassement sa privation de liberté, comme si cela devenait un privilège!
Macron fait donc partie de ces sans scrupules qui nous privent de notre liberté en nous disant qu’ils nous font un cadeau, pour notre bien… Le débat et l’information digne de ce nom ont disparu de France. Macron pense, comme tout bon sectaire, que la personne humaine adulte et responsable doit être impérativement infantilisée; qu’elle ne peut pas faire elle-même le tri sélectif devant la poubelle, verte, jaune, bleu ou rouge. Il pense que c’est lui qui est habilité à faire le tri pour nous les citoyens « lambda » et donc à décider pour nous ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, ce qui est bien et ce qui est mauvais! C’est donc une nouvelle religion, une doctrine sectaire, un mépris spectaculaire pour le peuple, la « colonie pénitentiaire de Kafka », un monde « orwellien » radicalisé et un délire de toute puissance pour quelqu’un qui s’est fait dieu à la place de dieu!
Depuis déjà longtemps, les médias courants étaient devenus des clones de la « bien pensance », puisque ces médias étaient en grande partie financés par les subventions de l’État. La logique de la pensée unique allait fatalement s’imposer à tous ces médias et Macron pouvait récolter le gros lot dans ses filets de campagne électorale et régner en maître absolu sur le monde de « l’information » devenu le monde de la désinformation et de la manipulation.
La CIA ayant inventé le concept de « complotisme », pour protéger avantageusement ses crimes incessants, les « grands médias », aux ordres des esclavagistes ultra libéraux et néo conservateurs fascistes, dont la CIA est la Gestapo attitrée, allaient se mettre en bandes organisées (par exemple, Le Monde/Libération), pour désigner les « complotistes », les « non alignés », les « subversifs du système », les « insoumis », les « mal pensants », en un mot, tous ceux qui ne détenaient pas les « bonnes informations ». Tout interlocuteur trop bien informé pouvait être ainsi facilement discrédité par cet instrument mafieux d’arnaque ou de guerre de la perversion nommée doctrine de la lutte contre le « complotisme »… Dans le même ordre d’idée, l’accusation parfaitement arbitraire « d’antisémitisme » allait faire aussi partie des moyens de la guerre de la désinformation perversion pour réduire au silence tout individu qui oserait proclamer des vérités dérangeantes, non conformes au formatage de « post-vérité » seul autorisé par la secte atlantiste.
Aux temps mémorables des grandes « chasses aux sorcières », il y avait aussi des imbéciles heureux qui se complaisaient à dénoncer comme « sorcières », les femmes trop jolies, trop belles, trop sulfureuses, trop intelligentes, trop efficaces, inaccessibles pour eux. C’était la façon la plus simple d’éprouver le plaisir malsain de les voir arrêtées, martyrisées, souffrir et mourir sur les bûchers de la jalousie et de la psycho pathologie religieuse. Aujourd’hui, les mêmes imbéciles heureux, provenant de la cuvée Macron et complices, agissent à partir de la même intentionnalité. Les « complices », sont tous ces abusés, naïfs, arrivistes, ou démunis de cervelle, incapables de raisonner ou au contraire carrément volontaires pour un cynisme assumé de la perversion! Il y a, parmi ces gens là, ceux qui constituent la bande des auxiliaires de la mafia dominante, qui faute de n’avoir rien d’autre à faire pour exister, se complaît dans la chasse aux « complotistes »…
Ainsi, des textes parfaitement documentés, des images authentiques, des réflexions de valeur, sont purement et simplement refusés à l’édition parce que jugés « inacceptables au politiquement correct », inacceptables à la « pensée unique » dominante de la secte atlantiste ! Des conférences, débats, confrontations, rassemblements, échanges, documentaires ont été supprimés en France par la censure implicite et explicite de la secte atlantiste veillant sur son pouvoir absolu de gardienne de la pensée unique et de dresseuse patentée des peuples à « l’amour de leur soumission » ou promotrice de « la fabrication du consentement »…
A partir de 2012, lorsque la guerre a éclaté en Syrie, il est devenu impossible en France de s’exprimer sur cette guerre. Dès que quelqu’un voulait communiquer avec le peuple sur la question, réunir un public dans une salle pour une information réelle, les menaces pleuvaient aussitôt de toute part sur les organisateurs « terrorisés » qui annulaient les colloques ou conférences pourtant nécessaires sur le sujet. Je le sais, puisque je l’ai vécu moi-même, à la suite de la publication de mon livre sur « Le djihad et le management de la terreur ». L’État français et ses bandes de mafieux assermentés ont organisé un authentique « terrorisme » médiatique chargé de tuer la vérité, toute velléité de savoir, et toute prétention à vouloir penser librement sur cette question majeure…
Pourquoi est-il impossible de s’exprimer en France sur la situation syrienne, sur la politique étrangère de Hollande et de Macron aujourd’hui? Qui se pose cette question honnêtement?
La réponse est pourtant simple. Parce que l’État français est un vassal des États-Unis; parce que l’État français, sans l’avis de personne, a formé, encadré, ravitaillé, financé et appuyé des terroristes « djihadistes » pour massacrer le peuple syrien dans le but de renverser Bachar El Assad et de s’emparer de ce pays pour l’aligner et le forcer à entrer dans la secte atlantiste. Parce que l’État français est un authentique criminel de guerre et génocidaire qui doit comparaître devant le TPI. Voilà pourquoi il est devenu impossible de faire passer la moindre information sur ce sujet en France.
Ce mensonge triomphant est révoltant pour la conscience éveillée des personnes qui se voient ouvertement méprisées par ce Pouvoir de pervers et de criminels leur imposant sa dictature de la pensée, uniquement parce qu’il tient à garder les coudées franches pour continuer à contrôler, en les dominant, des peuples transformés en moutons bêlant au rythme de la propagande…
Le journaliste de renom Jean-Loup Izambert a été censuré, pourquoi ? Qui sont les Éditeurs courageux qui ont malgré tout accepté de publier son formidable travail d’enquête? Que chacun s’interroge sur ces questions.
Lorsque Paul Moreira a voulu publier son documentaire, dont la qualité est exceptionnelle, sur ce qui se passe vraiment en Ukraine, (voir le documentaire : Ukraine, « Les masques de la Révolution », sur https://vimeo.com/jay4louise/Videos), les inquisiteurs du journalisme kapo ont hurlé avec les loups et déclaré Paul Moreira ne faisant plus partie des « gens sérieux », car devenu tout à coup un « complotiste »… etc. Il a été censuré. Qui sont les inconscients qui osent encore dire que cette société n’est pas dégénérée, pervertie, le mensonge incarné, tout ce qu’il y a de plus pervers et de plus détestable? La réponse me semble évidente : ou bien ce sont ceux qui sont comme elle, dégénérés, pervers, menteurs, et détestables, ou bien ce sont les idiots, les sans cervelle, les naïfs, les psychiquement fragiles, les moutons, les dressés, les dépersonnalisés…
C’est la même chose qui s’est passée pour ce fameux historien philosophe Éric Hobsbawm qui a été censuré pour son livre « L’âge des extrêmes » ! Heureusement pour nous que « Le Monde Diplomatique » et un éditeur Belge ont couru le risque de le publier !
Même histoire avec Guy Mettan qui a été médiatiquement assassiné par Christophe Deloire, un agent de la Gestapo journalistique, lorsque Mettan a voulu organiser à Genève, un débat sur le véritable rôle des « casques blancs » en Syrie. On ne touche pas à l’organisation criminelle des États membres de la secte atlantiste…
Natacha Polony s’est faite virer de partout, périodiques, télévisions, radios, car elle a été déclarée, non conforme au statut de respectabilité, n’ayant pas sa place autour de la table du journalisme officiel. Elle a osé se montrer en compagnie de « La France des insoumis » ! Elle est aujourd’hui la présidente du « Comité Orwell » et se bat contre la police de la pensée. Bien entendu il y a des larbins du système, comme Laurent Joffrin, qui se pensent bien inspirés pour casser celle qui a osé organiser une dissidence, en soulignant les tares de ce milieu devenu misérable… Mais, des Laurent Joffrin n’intéressent plus personne aujourd’hui, à part les moutons du troupeau qui bêlent en chœur leur inconscience et qui entrent dans « le silence des agneaux » au moment d’être menés docilement par les loups à l’abattoir… Le troupeau s’amenuise chaque jour un peu plus et bientôt les loups du journalisme kapo au service de la censure, n’auront plus rien à se mettre sous la dent…
Lorsque RT-TV France a voulu s’installer dans l’hexagone, l’État français et ses assassins de service ont tout fait pour mettre des bâtons dans les roues de la chaîne Russia Today. Mais aujourd’hui RT-TV France diffuse enfin, après un combat acharné contre la censure et les accusations mensongères d’un fanatisme révélateur de la pathologie au pouvoir.
Qui n’a pas entendu parler de la disparition du média « Afrique Asie »? La qualité et le niveau supérieur de ce média au service de l’information et non pas au service de la censure, ont été détruits par l’État terroriste français qui a, de manière tout à fait crapuleuse, commandité un contrôle fiscal contre ce journal militant. En pratiquant le racket, pourtant condamné par la loi, l’État étant au-dessus des lois, n’a de comptes à rendre à personne et peut tuer qui il veut, quand il veut, où il veut. Majed Nehme, le directeur héro de ce journal a été « journalistiquement » tué par l’État français, content de son coup! Voilà une gigantesque censure de plus : celui qui ne dit pas le mensonge que le Pouvoir veut entendre, est exécuté sans scrupule.
Qui ne connaît pas encore la brillante historienne Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII ? Elle est devenue « l’ennemi Numéro 1 » du mensonge institutionnalisé ! Étant donné qu’il est impossible de la mener en bateau, tant est redoutable sa force de frappe documentée, la solution a été trouvée la concernant : l’annulation pure et simple de tous les débats publics lorsqu’elle doit être présente, car la vérité est trop bien défendue par cette femme historienne qu’il est impossible de recaler! Combien de Français savent cela? Que disent tous les moutons bien dressés, lorsqu’ils découvrent la figure de cette historienne exceptionnelle, censurée à mort dans tous les medias de France et de Navarre?
Quant aux « lanceurs d’alerte », il est certain que, repérés et identifiés, leur vie devient tout « naturellement » précaire ! Ajoutons que cinq lanceurs d’alerte en pleine forme et encore jeunes, parfois même très jeunes, sont morts ces dernières années, de façon tout à fait mystérieuse : tous déclarés « suicidés », alors que rien ne pouvait venir conforter ces allégations. Ce fut le cas de James Dolan en 2013, 36 ans ; de Serena Shim en 2014 tuée dans un accident de voiture, étrange: la jeune journaliste avait des renseignements précis sur le soutien turc à Daech, 29 ans ; Michael Ruppert en 2014, 63 ans ; Udo Ulfkotte en 2017, 56 ans ; David Kelly en 2003, 59 ans…
La censure règne sévèrement sur tout l’Occident dit « libre et démocratique ». La société est noyée dans le mensonge permanent ; elle vit dans ce bain ; elle respire cet air malsain ; elle dévore cette alimentation toxique ; elle ne peut plus faire un discernement entre le vrai et le faux, car elle n’aura bientôt plus aucun moyen de comparer ce qu’on lui enfonce dans la tête à coup de propagande, avec d’autres versions de la réalité. Cette société est donc la bergerie atlantiste dans laquelle la censure et le mensonge au service des États transformés en traders de la haute finance, ont conduit les peuples à la dépossession de leurs libertés fondamentales et au « silence des agneaux » conduits à l’abattoir.
Jean-Yves Jézéquel pour Mondialisation
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
Copyright © Jean-Yves Jézéquel, Mondialisation.ca, 2018
mardi 16 janvier 2018
AHED TAMIMI ET LES CRIMINELS SIONISTES
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Partager la publication "Ahed Tamimi donne aux Israéliens une leçon digne de Gandhi"
Par Jonathan Cook
Ahed Tamimi, âgé de seize ans, n’est peut-être pas ce que les Israéliens avaient en tête quand, pendant de nombreuses années, ils avaient critiqué les Palestiniens de ne pas avoir produit un Mahatma Gandhi ou un Nelson Mandela.
Finalement, les peuples colonisés mettent au premier plan une figure mieux à même de remettre en question les valeurs pourries qui sont au cœur de la société qui les opprime. Ahed est bien qualifié pour cette tâche.
La semaine dernière, elle a été accusée d’agression et d’incitation après avoir giflé deux soldats israéliens lourdement armés qui refusaient de quitter la cour de sa maison familiale dans le village de Nabi Saleh, près de Ramallah, en Cisjordanie. Sa mère, Nariman, est en détention pour avoir filmé l’incident. La vidéo est rapidement devenue virale.
Ahed s’est défoncé peu de temps après que des soldats qui se trouvaient à proximité ont tiré sur sa cousine de 15 ans en plein visage, la blessant gravement.
Les commentateurs occidentaux ont largement refusé à Ahed le genre de soutien enflammé réservé aux manifestants pour la démocratie dans des endroits comme la Chine et l’Iran. Néanmoins, cette écolière palestinienne – qui risque peut-être une longue peine de prison pour avoir défié ses oppresseurs – est rapidement devenue une icône des médias sociaux.
Bien qu’Ahed soit jusqu’à ce moment-là une inconnue pour la plupart des Israéliens, elle est un visage familier pour les Palestiniens et les militants du monde entier.
Pendant des années, elle et d’autres villageois se sont affrontés chaque semaine avec l’armée israélienne qui impose la domination des colons juifs sur Nabi Saleh. Ces colons se sont emparés de force des terres du village et de l’ancienne source, une source d’eau vitale pour une communauté qui dépend de l’agriculture.
Avec ses cheveux blonds irrépressibles et ses yeux bleus perçants, Ahed a souvent été filmée depuis qu’elle était une petite fille affrontant des soldats qui se dressent au-dessus d’elle. Ces scènes ont inspiré une ancienne militante israélienne pour la paix à oindre sa Jeanne d’Arc de Palestine.
Mais peu d’Israéliens apprécient.
Non seulement elle défie les stéréotypes israéliens sur un Palestinien, mais elle a porté un coup contre l’auto-illusion d’une culture fortement militarisée et masculine.
Elle a également donné forme, de manière troublante, aux enfants palestiniens maintenus dans l’anonymat qu’Israël accuse de lancer de pierres.
Des villages palestiniens comme Nabi Saleh sont régulièrement envahis par des soldats. Les enfants sont traînés hors de leur lit au milieu de la nuit, comme cela est arrivé à Ahed lors de son arrestation le mois dernier en représailles de ses gifles. Des groupes de défense des droits de l’homme documentent comment les enfants sont régulièrement battus et torturés en détention.
Chaque année, des centaines de personnes passent par les prisons israéliennes, accusées d’avoir jeté des pierres. Avec des taux de condamnation supérieurs à 99 % dans les tribunaux militaires israéliens, la culpabilité et l’incarcération de ces enfants sont une conclusion inéluctable.
Ceux-là ont peut-être de la chance. Au cours des 16 dernières années, l’armée israélienne a tué en moyenne 11 enfants par mois.
La vidéo d’Ahed, diffusée à plusieurs reprises sur la chaîne de télévision israélienne, a menacé de retourner l’image de David combattant un Goliath arabe dont se prévalait Israël. Ceci explique l’indignation toxique et les sentiments outrés qui ont saisi Israël depuis la diffusion de la vidéo.
Comme on pouvait le prévoir, les politiciens israéliens étaient furieux. Naftali Bennett, le ministre de l’Education, a appelé Ahed à « mettre fin à sa vie en prison ». La ministre de la Culture, Miri Regev, une ancienne porte-parole de l’armée, a déclaré qu’elle se sentait personnellement « humiliée » et « anéantie » par Ahed.
Mais le plus troublant c’est qu’un débat médiatique a qualifié de «honte nationale» l’échec des soldats à frapper Ahed en réponse à ses gifles.
Le vénérable animateur de télévision Yaron London a exprimé son étonnement que les soldats « se soient abstenus d’utiliser leurs armes » contre elle, se demandant s’ils « hésitaient par lâcheté ».
Mais les menaces de Ben Caspit, un des principaux analystes israéliens, étaient beaucoup plus sinistres. Dans une colonne en hébreu, il a dit que les actes d’Ahed ont fait « bouillir le sang de chaque Israélien ». Il a proposé de la soumettre à la vengeance « dans le noir, sans témoins ni caméras », ajoutant que sa propre forme de vengeance le conduirait directement en prison.
Ce fantasme – de violer de sang-froid une enfant incarcérée – aurait dû écœurer chaque Israélien. Et pourtant, Caspit est toujours en sécurité dans son travail.
Mais en plus de mettre en lumière la maladie d’une société accro à la déshumanisation et à l’oppression des Palestiniens, y compris des enfants, le cas d’Ahed soulève la question troublante de savoir quel genre de résistance les Israéliens pensent que les Palestiniens sont autorisés à pratiquer.
Au moins, le droit international est clair. Les Nations Unies ont déclaré que les personnes sous occupation sont autorisées à utiliser « tous les moyens disponibles », y compris la lutte armée, pour se libérer.
Mais Ahed, les villageois de Nabi Saleh et beaucoup de Palestiniens comme eux ont préféré adopter une stratégie différente – une désobéissance civile militante et conflictuelle. Leur résistance défie l’hypothèse de l’occupant selon laquelle il a le droit de dominer les Palestiniens.
Leur approche contraste fortement avec les compromis constants et la prétendue «coopération sécuritaire» acceptée par l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
Selon le commentateur israélien Gideon Levy, le cas d’Ahed démontre que les Israéliens refusent aux Palestiniens le droit non seulement d’utiliser des roquettes, des fusils, des couteaux ou des pierres, mais même ce qu’il appelle ironiquement un « soulèvement des gifles ».
Ahed et Nabi Saleh ont montré que la résistance populaire non-armée – si elle doit gêner Israël et le monde – ne peut se permettre d’être passive ou polie. Elle doit être intrépide, antagoniste et perturbatrice.
Surtout, elle doit tenir un miroir à l’oppresseur. Ahed a démasqué le tyran armé qui se cache dans l’âme de trop d’Israéliens. C’est une leçon digne de Gandhi ou de Mandela.
Source : http://www.redressonline.com/2018/01/ahed-tamimi-offers-israelis-a-lesson-worthy-of-gandhi/
Traduction : Avic– Réseau International
lundi 8 janvier 2018
JOHNNY ET L'INDUSTRIE DE L'IRREALITE /// IDOLATRIE DE LA FRANCE BOVINE
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COMMENTAIRE RECOMMANDE
La mort de Johnny Hallyday a déclenché une vague médiatique à la hauteur des événements les plus dramatiques. Le 6 décembre 2017, les commentaires en boucle coupés par les directs, les témoignages de proches et les micro-trottoirs des fans se succédèrent sans discontinuer sur toutes les ondes : chaînes d’info... en continu, immédiatement suivies par les chaînes d’info générales puis par la presse écrite. Le déluge continua les jours suivants, relancé par un hommage national retransmis en direct et un « dernier voyage » aux Antilles. Les titres étaient à la hauteur de l’évènement : « France en deuil », « France en larmes ». Les commentateurs redoublaient l’unanimité par leurs explications : la France était en deuil parce que le défunt était une « idole », voire un « héros », etc. On se sentait ainsi un peu seul si l’on ne ressentait aucune tristesse. Était-on même tout à fait français ? Dès le premier jour de ce deuil médiatique, les solitaires découvraient pourtant qu’ils l’étaient moins lorsque, rencontrant des amis, ils partageaient agacement et ironie. Il est probable que ces dissidents étaient socialement proches mais, à l’inverse, les endeuillés n’étaient-ils pas surtout membres du showbiz et les fans plutôt des septuagénaires des milieux populaires ? En tout cas, il n’y avait nulle unanimité.
Lire aussi , « Les médias reflètent-ils la réalité du monde ? », Le Monde diplomatique, août 1999.Comment ce déferlement unanimiste avait-il pu se développer contre la vérité et la raison ? Encore une fois, on se trompait d’objet en croyant que l’information enregistre simplement l’importance des événements et parle forcément des choses qu’elle désigne. Les médias étaient bien en peine de voir qu’ils fabriquaient eux-mêmes cette unanimité d’images et de papier. Était-ce encore de l’information que ces images et commentaires diffusés pendant une semaine, jusqu’à la tombe antillaise ? En attendant les suites du récit funèbre où, « avec du recul », viendront les documentaires sur la carrière du chanteur et les confidences des intimes. Les médias se sont comportés comme des entreprises de mobilisation. Un rôle habituel mais dénié.
L’industrie de l’irréalité
Dans les dystopies les plus classiques, l’ordre totalitaire est notamment assuré par la propagande. Dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, la mise en condition totalitaire s’impose par la profusion de l’information et précisément par celle des images diffusées par les murs écrans tandis que, dans 1984 de George Orwell, Big Brother règne par le contrôle strict d’une information unique. George Orwell était sans doute plus réaliste au regard des régimes totalitaires qui avaient occupé le XXe siècle, Aldous Huxley plus prophétique en anticipant l’ère télévisuelle et numérique de l’inflation des canaux et des messages. Le traitement médiatique de la mort de Johnny Hallyday a donné une version hybride de cette tutelle en associant une multiplicité des médiateurs et une uniformité du message. Tous ces médias, chaînes de télévision ou de radio, et même la presse écrite, moyennant quelques variations, titraient sur la mort de Johnny — seul le quotidien La Croix titrait sur l’annonce du déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem par Donald Trump. La communion avec autrui, le bien par excellence disait Emile Durkheim, tel fut le spectacle que donnèrent les médias, quitte à mépriser tout le monde, les spectateurs sommés de clamer leur amour ou rejetés dans le néant. Il fallut attendre plusieurs jours pour entendre quelques voix dissonantes.
Lire aussi , « Des chaînes « tout info » bien peu dérangeantes », Le Monde diplomatique, juin 2007.George Orwell et Aldous Huxley n’avaient pas fait l’autopsie du régime de conditionnement supposant implicitement qu’il fallait chercher du côté du pouvoir politique totalitaire, une puissante administration tirant les ficelles de la soumission. À commencer par celle des producteurs d’information. Rien de tel ici. Il faut donc expliquer comment les médias ont mis en musique une partition du deuil unanime, sans poste de commandement, en quelque sorte spontanément. Si l’on en croit les justifications professionnelles, la hiérarchie de l’information serait déterminée par l’importance de l’évènement. Tant pis si cet objectivisme de l’information ne résiste pas aux épreuves les plus simples. Rien de plus solide qu’une idéologie professionnelle que les professionnels démentent volontiers en privé mais qui est commode pour se préserver. Comment les médias ont-ils pu être si unanimes face à un événement dont beaucoup de journalistes auraient convenu qu’à titre personnel, ils s’en fichaient ? Cette forme de coordination se trame dans les salles de rédaction où les uns et les autres réagissent selon ce que disent et montrent les uns et les autres. Il faut voir les murs d’écrans diffusant les images de la concurrence dans les studios de télévision et les exemplaires de journaux dans les bureaux des radios et de la presse écrite pour comprendre cette situation d’interdépendance tactique élargie (Thomas Schelling) où la vision que se font les uns dépend non seulement de la vision des autres mais de ce qu’on croit être la vision de l’autre. Et inversement. Contre tout le bon sens libéral du pluralisme de l’information, il faut alors expliquer comment l’information peut être d’autant plus uniforme que se multiplient les moyens de communication.
On n’a même pas entendu les critiques les plus banales de l’instrumentalisation des médias par les pouvoirs politiques et de l’aveuglement de journalistes ne sachant pas ce qu’ils font. En l’occurrence, les journalistes ne sont pas des instruments du pouvoir, ils en sont des acteurs. Et s’ils ne sont pas plus conscients que d’autres de ce qu’ils font, ils ne sont donc pas, ou pas complètement, des « idiots utiles ». Les relations interpersonnelles les associent aux dirigeants politiques qu’ils fréquentent, tutoient et parfois épousent mais par leur action au cœur des mécanismes de pouvoir. Pas seulement un personnel auxiliaire mais un personnel informel de l’État. Et si on reproche parfois la pusillanimité des interviews aux politiques, est-ce parce qu’ils obéissent ou parce qu’ils sont d’accord ? D’accord sur les façons de concevoir la politique et d’ailleurs déjà largement familiers d’un milieu d’interconnaissance. Ce nouveau clergé séculier organise les grandes célébrations d’État comme l’ont été les cérémonies en hommage à Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday. D’autant plus qu’ils ont accédé eux-mêmes à la célébrité comme c’est de plus en plus le cas pour une frange supérieure de la profession. Notamment dans la presse télévisuelle où la quasi ubiquité de certains visages vaut une renommée quasi automatique. L’attraction de la profession pour les jeunes candidats aux écoles de journalisme participe aussi à la quête de cette réussite particulière qu’est la notoriété. La télévision est devenue rapidement cette machine à la produire pour ses propres acteurs autant que pour les politiques, les gens de spectacle et quelques autres. « L’industrie de l’irréalité » a gagné en... réalité. Elle l’est aujourd’hui surtout pour ses personnels qui occupent de plus en plus l’espace médiatique, avec des journalistes invitant des confrères, et réciproquement, et d’autres personnalités du showbiz, du sport et de la politique qui font le tour des studios, en mettant même en scène des querelles intestines.
Lire aussi , « Aux dîners du Siècle, l’élite du pouvoir se restaure », Le Monde diplomatique, février 2011.Cette promotion collective d’une profession dans la hiérarchie sociale se mesure à la place des journalistes en d’autres arènes comme les cercles de puissants : ainsi les diners du Siècle comprenaient 17 journalistes sur 100 membres. De même, la réussite de quelques-uns amène les subordonnés à s’identifier à leur patron, quitte à espérer leur succéder, comme en politique — avec les assistants qui se présentent par leur proximité moins à une émission qu’à son animateur ou producteur inévitablement connu. C’est cette notoriété qui constitue le lien, le crédit, bref ce qui permet la coordination sociale.
Parler d’un clergé séculier n’est pas métaphorique seulement par la fonction d’officiant — ceux qui officient aux cérémonies ordinaires (interviews, invitations) ou exceptionnelles (obsèques) — si on considère que cette économie de la domination fondée sur la célébrité rapproche d’un néo-protestantisme qu’on pourrait dire laïc, car la transcendance n’est pas située dans un dieu identifiable mais suggère une providence indéfinie. Comme le protestantisme et spécialement Calvin avaient rendu un grand service à la bourgeoisie capitaliste en faisant de la réussite matérielle le signe de la grâce divine et l’avait ainsi désinhibée des soupçons chrétiens pesant sur l’argent et le profit, l’économie de la célébrité soude ses bénéficiaires par cet entre-soi où chacun bénéficie du réconfort des autres célébrités rassemblées dans une communauté d’élus. En même temps, la célébrité comme forme de la réussite sociale, signifiée par un nom, opère selon les schèmes de l’individualisme puisqu’il s’agit de la forme la plus personnalisée de la réussite, celle où la célébrité parachève le triomphe de l’individu.
La doxocratie
Comme d’habitude fascinés par l’apparence, en dissertant sur les idoles et les héros, les commentateurs n’ont pas vu que Johnny n’y était pour rien. Il n’y eut guère d’exception sinon pour dénoncer ou bouder. Un peu de temps après, quand même et au titre de la célébrité. Les politiciens furent assurément les plus gênés même s’ils ne partageaient pas les mêmes raisons : il ne fallait pas braquer d’éventuels électeurs. Certains n’évitèrent pas le ridicule en comparant le défunt à Victor Hugo ou à la tour Eiffel. Plus rares furent ceux qui tentèrent de comprendre en s’emparant de l’entreprise de la campagne de presse comme d’un révélateur. Ainsi Régis Debray qui, en retrouvant des souvenirs de vieux marxiste, lisait une configuration de classes où les élites composites rassemblées par la notoriété fondent leur domination sur les classes culturellement les plus modestes. Une « oligarchie populiste » résumait-il non sans quelque pertinence. Oligarchie ? Le terme n’a cependant guère d’autre vertu que de démentir un démocratisme naïf tant tous les régimes politiques sont sociologiquement plus ou moins oligarchiques. Bien des choses changent cependant selon qu’il s’agit d’oligarchie autoritaire ou d’oligarchie pluraliste. Sans que cela interdise de s’interroger sur les apparences. Quant à « populiste », l’emploi est plus flou tant la destination d’une stratégie ne suffit pas à résumer un ordre politique. Il n’est d’ailleurs pas certain que cette stratégie en interdise d’autres selon les circonstances. Et si cette stratégie « populiste » caractérise bien le travail de domination, encore faut-il qu’elle soit efficace et que les dominés soient bien dominés. Derrière le spectacle de douleur unanime donné par les médias, combien de fans endeuillés, de badauds curieux et d’indifférents absents ? Sans oublier qu’on peut endosser les personnages successivement ou simultanément. Assaillie par les messages de condoléances de ses amis, une fan du chanteur réagissait avec un bon sens que d’aucuns jugeraient « populaire » : « Faut pas exagérer, ce n’est tout de même pas mon père ou ma mère qui vient de mourir ». On pourra discuter sur le nom à donner à cet ordre politique nouveau.
Il faut alors regarder du côté des maîtres apparents du jeu, les détenteurs du pouvoir. On comprend aisément que des dirigeants politiques s’emparent des occasions de popularité, s’approchent intimement des personnages publics censés leur donner accès aux bénéfices de leur propre popularité, journalistes et membres du showbiz. Tout cet univers est caricaturé par une mesure annuelle de popularité dont le classement mêle acteurs, chanteurs, journalistes et politiques. Cette année encore, le premier fut un chanteur retraité depuis quinze ans qui a demandé qu’on lui fiche la paix. Cette galéjade, à elle seule une démonstration, n’en est pas moins commentée, sans rire, par la plupart des médias. Il est des indices plus sérieux de cette confusion entre le réel et l’irréel, ils se sont multipliés depuis qu’un acteur de cinéma (Ronald Reagan) est devenu Président des États Unis, avant qu’un autre le devienne à son tour grâce à une fortune bâtie sur la notoriété (Donald Trump). Il ne faut pas omettre les alliances matrimoniales qui amènent des dirigeants politiques à épouser des actrices ou des mannequins. Autant que d’une hypergamie traditionnelle et toujours actuelle où les puissants — des hommes forcément — épousaient des femmes d’un milieu plus modeste mais belles, elle relève d’une endogamie où l’on partage le même milieu, les mêmes situations et donc les mêmes relations. La rubrique matrimoniale mondaine a élargi l’espace de la pipolisation au-delà du cercle des aristocraties et du showbiz au monde politique et, longtemps cantonné aux cérémonies privées, a débordé les frontières des manifestations publiques, réceptions officielles ou hommages funèbres.
De là à se rendre à deux cérémonies d’hommage funèbre à la suite, comme l’a fait le président de la République, il n’y a pas qu’un calcul intuitif sur l’exploitation émotionnelle d’un deuil mais aussi les sondages qui ont mesuré en quasi instantané l’émotion suscitée par ces deux morts dans le public. Dans le public ? Du moins dans ces échantillons de sondés semi-professionnels qui sont régulièrement appelés à donner leur opinion. Difficile d’imaginer qu’ils ne se déclarent pas émus par le décès d’un vieux monsieur au yeux bleus et par celui d’un chanteur populaire dont l’information rapportait la lente agonie. Nous n’aurons pas droit à ces sondages confidentiels rangés dans les archives du Service d’information gouvernemental pour y dormir à l’abri de toute investigation. Les commanditaires s’y fient-ils ? Il est difficile de le croire, et pourtant… La crédulité des politiques est d’autant plus encouragée que la cote de popularité du Président de la république a accusé une hausse forte et inédite. Elle fut immédiatement attribuée à un « effet Johnny ». Peu importe que l’émotion soit initialement réelle ou pas, elle le devient sous l’effet des médias qui la mettent en scène et recrutent des agents d’émotion ponctuels parmi des gens sincères, amis et fans. Peu importe même qu’elle soit durable ou brève. Elle sera entretenue en attendant une autre occasion. Dans le cas de Johnny, la France éplorée le demeure sur les ondes sans faillir. Inventant un peuple de fans inconsolables. En l’occurrence, il est probable que ces fans resteront très minoritaires. Ainsi va ce régime que l’on pourrait appeler doxocratie puisqu’il fonctionne par la fabrication de l’opinion.
Un étrange silence
Pourquoi cette combinaison sociale, cette formule de domination est-elle anti-démocratique ? On se limitera ici à une dimension particulière d’une menace générale sur le pluralisme de idées et des élites. La vague unanimiste opère comme un contrôle social redoutable. Les voix dissonantes sont dissuadées par la vague médiatique qui incite plutôt au silence tant elle paraît inexorable parce qu’elle est immense et ramène les individus à des entités négligeables mais aussi parce qu’elle est décourageante de grégarité. Pour ne pas dire de bêtise. Le mot est lâché. Comment peut-on émettre un point de vue critique qui semble englober tant de gens — même en prenant des précautions et soutenir un raisonnement aux antipodes des émotions brutes sans être déjà coupable de morgue et d’arrogance ? Sur les réseaux sociaux, piloris et potences seront dressés. Aucune précaution ne saurait y suffire. Cela n’est évidemment que métaphore et ne comporte aucun danger réel, c’est-à-dire physique. La prévisibilité n’en souffle pas moins la question : à quoi bon ?
Lire aussi , « Critique des médias, une histoire impétueuse », Le Monde diplomatique, avril 2016.Critiquer les dirigeants politiques, rien de plus facile en démocratie parlementaire. En principe. Et il est vrai qu’ils ont droit à des volées de critiques, parfois injustes. Critiquer les médias est une activité banale mais difficile dans les médias eux-mêmes. Critiquer les journalistes est encore plus ardu, même si tous les journalistes ne sont pas également concernés. Dans une profession qui se sent souvent critiquée, voire mal aimée, les nerfs sont à fleur de peau et les réactions souvent corporatistes. Critiquer les personnages du showbiz est d’autant plus difficile que leur statut de saltimbanque semble les mettre à l’abri puisqu’ils jouent des rôles ou chantent, avec talent ou non. Privilège d’artistes. Et s’ils s’expriment politiquement, s’ils ont des amitiés politiques, comment leur dénierait-on les droits communs des citoyens ? Ces relations se multiplient-elles, s’intensifient-elles jusqu’aux mariages et autres relations d’intimité amoureuse, familiale ou amicale qu’elles sont protégées par le statut de la vie privée, même si la presse people en fait ses colonnes et les conversations mondaines ses rumeurs. Enfin, objecte-t-on, si cela fait les unes c’est bien parce que le peuple apprécie. Ce présupposé a d’ailleurs organisé la coordination de la célébration funèbre. Et si les foules adorent, comment les en priver ? Et quel cuistre se permettrait-il de mettre en cause le mauvais goût des gens simples ? Des vaniteux forcément. Et si, conscients de la difficulté et malgré tout soucieux de porter le regard critique, ils redoublent de rigueur argumentative, de références, ils se dévoileront. Des intellectuels forcément. Ainsi, sentant les vents mauvais, les critiques, les esprits chagrins et les misanthropes se taisent. À quoi bon ? se disent-ils. Moins par crainte des insultes que par lucidité sur l’avenir. Les répliques de la vague médiatique perdurent, à en juger par l’apparition régulière de Johnny sur les écrans et des révélations décalées dans le temps ; l’industrie de l’irréalité a un avenir radieux. À la vitesse où les célébrités meurent, il y aura bien des hommages funèbres à concélébrer.
Alain Garrigou
Il faut dire que le "sujet" se prêtait à l’exercice.Dès sa première interview le jeune Jean Philippe Smet annonçait la couleur. Eut-il fallu que son géniteur soit américain ? il fut américain.... le décor était posé.
Toujours en décalage avec l’actualité, il manquait rarement son cœur de cible, celui de la France bovine (selon De Gaulle), celle qui vit dans le "souvenir (souvenir"♪). C’est pour sans doute pour ça qu’il merda tant à l’international.
La mode du cha-cha se mourrait, il chantait du cha-cha (personnellement j’ai arrêté de le suivre à "itsi-bitsi petit bikini" - "Londre", "l’ombre", "l’onde", peu importe). Le mouvement hippy entrait dans l’histoire, il dévoyait Jimmy Hendrix, pour la première partie d’un concert où subsistait "cheveux longs et idées courtes". Là où il fut un véritable précurseur, c’est dans son génie à faire du buzz... jusque dans la "bidasserie", après Elvis tout de même, éternel Polydor® de la Vogue© de la révolte boutonneuse et bananée.
Une peur pathologique de la solitude, tyrannisait son entourage et comblait les foules (celles de Lebon). En politique on dit "démagogie" pour rester poli... normal que nos suiveurs institutionnels aient essayé de raviver leur flamme vacillante à ses cendres encore fumantes. Hue et Raffarin communiants contre l’oubli, comme ce fut pathétique ! Quant au Président, on sait son goût pour l’Antique et pour les sondages de popularité.
Des médias à l’unisson, la messe est dite. "Bachar assassin de son peuple", "Poutine infiltrant les démocraties du Monde Libre", "Kim Jong Un Folamour", "Rohani liberticide", "la guerre contre les faiques niouzes" est en marche, pas de place pour le doute, c’est bien le monde d’Orwell, celui de la novlangue... notre système est bien totalitaire.
... au fait contre qui sommes nous en guerre ? Contre l’Estasia ou contre l’Océania...?
lundi 1 janvier 2018
UNE BREVE HISTOIRE DE LA POURRITURE ETATZUNIENNE
SOURCE
DE L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN (FAUT-IL AVOIR PEUR DES USA, PARTIE 3/4)
Politicoboy Commentaires 4 Commentaires
Nous devons beaucoup aux États-Unis d’Amérique et leurs jeunes hommes et femmes, venus mourir sur nos plages pour nous libérer de l’Allemagne Nazie. Consécutivement, nous avons tendance à considérer l’état américain comme un allié naturel, et par extension une nation à ranger du côté des « bons », des « gentils ». La puissante influence culturelle américaine contribue à alimenter cette vision manichéenne de la géopolitique.
Pourtant, une mise en perspective historique fournit un regard radicalement différent. Comme toutes les grandes puissances avant elle, l’Amérique défend ses propres intérêts. Elle se démarque des anciens empires par l’étendue inégalée de son pouvoir (militaire et économique) et l’usage particulièrement maladroit qu’elle en fait.
Cet article s’inscrit dans notre suite thématique « Faut-il avoir peur des USA ». Après avoir mis en doute la nature démocratique de la République fédérale américaine et souligné le manque de liberté de son peuple, en particulier du point de vue des minorités, nous nous proposons d’analyser la politique étrangère des États-Unis. Nous commencerons par un résumé historique avant d’aborder les questions d’actualité.
Accrochez-vous !
Partie 1 : perspectives historiques
La naissance d’une nation
La nation américaine s’est construite sur un mythe fondateur, une révolution humaniste contre la Couronne britannique, entachée d’un double crime : la traite des noirs et le génocide de vingt à soixante millions d’Amérindiens (1). À travers ces faits historiques, on retrouve tout le paradoxe des États-Unis d’Amérique. D’un côté, ses valeurs républicaines, démocratiques et libértaires. De l’autre, une certaine incapacité à reconnaitre ses erreurs et ses crimes, à laquelle se substitue une conception d’exceptionnalité, de « destinée manifeste » qui est profondément ressentie par la classe dirigeante américaine. (2)
Dès 1812, le nouvel État issu de la déclaration d’indépendance va rapidement adopter une politique extérieure belliqueuse. Subissant les dégâts collatéraux des guerres napoléoniennes, il déclare la guerre à l’Empire Britannique (1812-1815). Ce conflit, considéré par certains historiens comme une tentative de conquête du Canada, débouche sur un statu quo et marque l’entrée en vigueur de la « doctrine Monroe ». Elle repose sur un principe de neutralité (ou non-ingérence) réciproque entre les USA et les puissances coloniales européennes, tout en déclarant par ailleurs le contient américain comme le « pré carré » des USA.
Les États-Unis vont ainsi poursuivre leur expansion en annexant la Floride (1818), puis en chassant les populations amérindiennes du Midwest (« Indien removal act » de 1830), avant de déclarer la guerre au Mexique (1846-1848) afin de conquérir le Texas, l’Arizona et la Californie.
La sécession des États du Sud et la guerre civile (1861-1865) vont permettre l’abolition de l’esclavage et marquer une pause dans les guerres indiennes, qui reprendront entre 1870 et 1890. En 1898, utilisant le prétexte d’un accident naval, les États-Unis déclarent la guerre à l’Espagne et remportent une victoire éclair qui leur permet de se saisir de Cuba, Puerto Rico et des Philippines.
L’entrée en guerre aux côtés de la France et de l’Angleterre suite au torpillage d’un cargo américain par la marine allemande (1917) signe la fin de la doctrine Monroe et la transition d’un statut de puissance régionale à celui de puissance globale.
La seconde guerre mondiale sous un autre angle
Nous avons tous été abreuvés de la version américaine de la Seconde Guerre mondiale, et sans chercher à minimiser la contribution des États-Unis à la victoire contre les forces de l’axe fasciste, il est important de nuancer la rhétorique communément admise.
Se pose en premier la question de l’origine de l’engagement américain, qui découle d’abord de l’attaque du Japon, puis d’une réponse à la déclaration de guerre de l’Allemagne prise par solidarité avec son allié nippon. En 1941, le futur président Truman répondait à Roosevelt au sujet de l’Europe: « Si nous voyons que l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie ; mais si c’est la Russie qui gagne, nous devons aider l’Allemagne, afin qu’ils s’entre-tuent au maximum. »
La victoire sur l’Allemagne Nazie est très largement due à l’URSS, de loin la nation ayant infligé le plus de pertes aux forces allemandes, et ayant payé le plus lourd tribut à la guerre (16 % de la population russe, soit vingt-cinq millions d’individus décédés). C’est l’armée rouge qui capture Berlin et pousse Hitler au suicide, après avoir détruit les quatre cinquièmes des forces allemandes. Le front de l’Est constitue le point central de la Seconde Guerre mondiale, n’en déplaise à l’occident. Par le nombre de soldats et de matériels mobilisés (80% des ressources allemandes à partir de 1941), le nombre de pertes (quarante des soixante millions de la Seconde Guerre mondiale) et le territoire couvert par les conflits. (3)
De même, la capitulation du Japon serait due à l’entrée en guerre de l’Union soviétique et la libération de la Mandchourie, et non aux bombardements massifs des villes japonaises par l’US air force. En particulier, le largage des bombes nucléaires n’aurait eu aucun impact sur la décision japonaise, selon les documents américains déclassifiés en 1988. (4)
Enfin, il est utile de rappeler l’ampleur des « crimes » commis par les forces américaines. Les bombardements systématiques des villes françaises, allemandes et japonaises auront tué plus de 3 millions de civils. Reprenant les tactiques éprouvées par l’Allemagne Nazie, le ciblage délibéré des populations pour désorganiser les troupes ennemies fut largement utilisé. L’usage de bombes incendiaires (napalm) sur les villes allemandes et japonaises est particulièrement bien documenté, tout comme de nombreux actes de massacre de prisonniers et de torture. Au rang des crimes de guerre, l’historien Robert Lilly ajoute le viol de 14 000 femmes allemandes et françaises par les GI’s américains. (5)
De même, le choix stratégique de ne pas bombarder les voies ferroviaires alimentant le camp d’extermination d’Auschwitz (dont l’existence était connue dès 1942) est considéré par certains intellectuels comme un acte de complicité. (6)
Le théâtre du Pacifique connaitra également son lot d’atrocité, qui culminera par le largage de deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (250 000 pertes civiles). L’emploi de ces armes nucléaires est particulièrement contesté. Si elles devaient permettre d’écourter la guerre et d’éviter une invasion couteuse du territoire Japonais, elles ont surtout servi à affirmer la puissance américaine tout en empêchant l’invasion russe du Japon. Le choix des villes fut essentiellement basé sur la météo et la topographie afin de maximiser la destruction et l’impact visuel de cette dernière. La visite du musée d’Hiroshima témoigne ainsi, documents historiques à l’appui, de l’effroyable méticulosité de l’armée américaine. Chaque largage fut escorté par des avions embarquant caméras, appareils photo et de mesure. Les deux bombes firent office de « test » pour mesurer l’impact de deux types de technologie (bombe A et bombe H) et l’emploi d’une troisième bombe ne fut évité que grâce à son délai de fabrication. (7)
Bien entendu, les crimes de guerre commis par l’armée américaine doivent être replacés dans le contexte, et font pâle figure face aux vingt millions de civils chinois massacrés par les Japonais, les six millions de victimes de la Shoah et les vingt-cinq millions de pertes russes infligés par la Wehrmacht.
L’histoire est écrite par les vainqueurs, et ce dicton s’applique particulièrement bien aux États-Unis, du fait de leur rayonnement culturel. À notre imaginaire imprégné des récits héroïques, nous devons donc substituer méthodiquement les faits.
Guerre froide et impérialisme américain
La fin de la Seconde Guerre mondiale marque l’entrée dans la guerre froide, et le début du véritable « impérialisme américain ». Or, si les exactions de l’Union soviétique et des dictatures communistes ne doivent en aucun cas être minimisées, les États-Unis ont eux aussi commis leurs lots d’actions pour les moins discutables.
Pour endiguer la montée du communisme et promouvoir le système capitaliste, de nombreux choix géostratégiques ont été effectués aux dépens de la démocratie. Ainsi, une étude récente de l’université de Carnegie Mellon a estimé, en se basant sur les données gouvernementales officielles, que les USA avaient interféré dans 81 élections étrangères entre 1946 et 2000 (contre 36 pour l’URSS). Ces chiffres ne prennent pas en compte les renversement de régime.
Or la CIA a officiellement reconnu sa responsabilité dans trois coups d’État majeurs. En 1953, Mohammed Mossadegh, Premier ministre de la toute nouvelle République démocratique d’Iran, est destitué au profit du Shah d’Iran. Les trente ans de dictature particulièrement violente et sanguinaire (8) seront finalement interrompus en 1979 par la révolution islamique, et déboucheront sur un nouveau régime autoritaire. En 1954, la CIA renverse le président démocratiquement élu du Guatemala et met en place une dictature reposant sur une junte militaire. L’histoire se répètera au Chili ou le socialiste Allende sera renversé par la junte militaire de Pinochet, avec l’appui reconnu des services secrets américains.
On pourrait citer de nombreux autres exemples, comme l’invasion ratée de Cuba pour renverser Fidel Castro (baie des cochons, 1961) ou l’exécution sommaire de Che Guevara par la CIA (1967), mais c’est encore par les guerres que les USA s’illustrent le mieux.
Celle de Corée (1950-1953) marque le premier épisode de la guerre froide. En réponse à l’agression communiste, l’armée américaine déversera plus de bombes et de napalm sur le pays que la totalité des munitions utilisées dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, tuant plus de 2.2 millions de civils et rasant la totalité des villes de Corée du Nord. Devant l’ampleur de la destruction, le commandement américain a reconnu manquer de cibles encore debout à la fin de la guerre. Après les objectifs militaires, l’US Air Force a méthodiquement bombardé les systèmes d’irrigation et les infrastructures civiles, provoquant des années de famine. (9)
Le général en chef américain, Mr Douglas Mac Arthur, proposa un plan d’action qui incluait le largage de trente à cinquante bombes nucléaires sur la Chine et la Corée du Nord « qui laisseraient derrière nous une ceinture de cobalt radioactif ». Sa persistance à recourir à l’arme nucléaire lui valut d’être limogé par le président Truman en 1952. Pour autant, la menace de recours au feu atomique fut officiellement brandie par la Maison blanche tout au long du conflit, forçant les délégations britanniques à venir en catastrophe à Washington plaider contre l’usage de la bombe , par peur d’un embrasement en Europe. (10)
Si la catastrophe fut évitée, vingt pour cent de la population nord-coréenne périt dans le conflit. Pratiquement tous les habitants ont perdu un ou plusieurs membres de leur premier cercle familial (parent ou enfant), et c’est en partie grâce à la mémoire et l’exploitation des images de ces atrocités que la dictature coréenne a pu se construire et se maintenir au pouvoir.
La guerre du Viêt Nam, ou la culmination de l’absurdité
La guerre du Viêt Nam est officiellement présentée par les Américains comme un conflit « débuté de bonne foi, par des gens respectables, emportés dans un engrenage par de mauvais calculs stratégiques et un excès de confiance » (11). En réalité, elle débute par la tentative de reconquête de l’Indochine par l’armée française, avec l’appui financier et logistique du gouvernement américain, soucieux de conserver son allié en Europe face à la montée du communisme. Après le retrait français, le Viêt Nam est divisé entre le nord communiste et sud capitaliste dont le gouvernement minoritaire est militairement soutenu par les USA. Le référendum prévu par les traités pour parvenir à la réunification du pays sera bloqué par les Américains, comme le reconnait le président Eisenhower dans ses mémoires : « un référendum aurait débouché sur un vote à 80% en faveur des communistes ». (12)
Le refus de la tenue d’élection démocratique va conduire à une montée progressive des tensions sous fond de guérilla, et un accroissement progressif de la présence militaire américaine. La guerre proprement dite débutera sur un faux prétexte. Le lendemain d’un incident naval impliquant deux frégates américaines, la Maison blanche fera adopter par le Congrès une résolution préparée de longue date prévoyant une mobilisation massive de forces militaires et les premières campagnes de bombardement aérien intensif. Or, la maison blanche savait pertinemment que l’incident naval n’avait aucun lien avec les forces vietnamiennes, comme il fut établi par le New York Times suite au « pentagon papers » fuité par Daniel Elsberg en 1971.
L’entrée en guerre ne résulte pas d’un mauvais calcul fait par des dirigeants de bonne foi, mais d’une manipulation de l’opinion américaine au service d’un projet impérialiste.
Le bilan humain de cette « erreur de calcul » parle pour lui-même. Côté américain, soixante milles tués, trois cent mille blessés, des dizaines de milliers de soldats victimes de syndrome post-traumatique ou de maladies induites par l’exposition aux armes chimiques déployées par l’armée américaine. Le Viêt Nam subira pour sa part plus de trois millions de pertes civiles et militaires, essentiellement victimes du plus grand tapis de bombe jamais déversé sur un pays. L’US Air Force largua plus de munitions sur le Viêt Nam que la totalité des bombes utilisées lors de la Seconde Guerre mondiale, toutes nations confondues. Aux armes conventionnelles s’ajoutera l’emploi massif de bombes à sous-munition, de napalm, d’armes chimiques et de désherbants (dont cinquante millions de litres d’agent orange et 75 millions de litres d’herbicide concentrés). Des millions d’hectares de forêt tropicale furent rasés, et 13% de la superficie du pays sera contaminé. Les pays voisins (Cambodge et Laos) où se repliaient les troupes vietnamiennes furent également pris pour cible. Le Laos reçu près d’une tonne de bombes par habitant, et perdit cinquante mille civils, le Cambodge trois cent mille. (13)
On estime à quatre-vingts millions le nombre de bombes à sous-munition non explosée encore présente au Laos. Leurs découvertes tuent chaque année plus de trois cents civils, essentiellement des enfants prenant les sous-munitions pour des jouets. Au Viêt Nam, sans parler de la pollution qui a généré des malformations et maladies dégénératives à répétition suite aux contaminations chimiques, on estime à quarante mille civils le nombre de tués par les bombes américaines depuis la fin du conflit. (14)
Du point de vue politique, la guerre a débouché sur la victoire de la frange la plus radicale du parti communiste, qui instaura des purges drastiques dans sa population et emprisonna et torturera près de cent mille « opposants politiques » une fois arrivée au pouvoir.
La politique américaine au Moyen-Orient pendant la guerre froide
Le traumatisme du Viêt Nam explique probablement l’hésitation américaine à s’impliquer directement dans la guerre civile d’Afghanistan et contre l’invasion russe qui s’en suivit. Le soutien sera surtout financier et logistique. La CIA armera les factions talibanes et appuiera la révolution islamiste, dont certains cadres créeront ensuite l’organisation terroriste Al-Qaïda.
L’Iran ne bénéficia pas d’un tel soutien. Quelques mois après la destitution du Shah, l’Irak de Saddam Hussein envahit la jeune République islamique d’Iran avec la bénédiction des Occidentaux. Au lieu d’une victoire rapide de l’agresseur, le conflit va s’enliser pendant huit ans. Une fois de plus, les armes chimiques, bombes à sous-munitions et gaz sarins seront déployés contre la population. Un million de civils iraniens et trois cent mille militaires iraquiens perdent la vie dans ce conflit majeur débouchant sur un match nul. Outre le bilan humain, cette invasion aura permis à la République islamique d’Iran de durcir son régime et d’assoir son fragile pouvoir.
La guerre froide, elle, se terminera par l’effondrement économique de l’URSS, précipité par une nouvelle course aux armements démarrée par Ronald Reagan et qui manqua de peu de déboucher, suite à un malentendu, sur un conflit nucléaire planétaire. (15)
La gestion catastrophique de l’après-guerre froide.
L’effondrement du bloc communiste va par deux fois fournir l’opportunité aux États-Unis d’assoir considérablement leur leadership mondial tout en diminuant le risque de conflit majeur. Les Américains vont malheureusement faire preuve d’une maladresse et d’une arrogance remarquables.
Premièrement, les USA vont gérer l’effondrement de l’URSS de la pire façon possible. L’application sauvage des politiques économiques préconisées par le FMI et les tenant du néolibéralisme va précipiter une gigantesque récession en Russie, le PIB perdant un quart de sa valeur. En 1996, les USA vont dépenser 16 milliards de dollars pour maintenir Boris Eltsine au pouvoir. (16) Sur le plan diplomatique, l’OTAN n’avait plus de raison d’être (après la disparition du pacte de Varsovie), mais au lieu de dissolution, il va rapidement être étendu aux anciens pays membres du pacte de Varsovie, qui seront par ailleurs progressivement inclus dans l’Union européenne.
L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine va présenter une deuxième opportunité de démilitarisation. Ce dernier tend la main à l’Occident, exprimant le souhait de faire entrer son pays dans l’OTAN et l’UE. (17) La porte lui sera claquée au nez. En guise de politique d’inclusion, les USA vont étendre les frontières de l’OTAN aux frontières russes, avant de déployer des troupes américaines en Pologne, en Estonie et en Lituanie. Des batteries antimissiles compromettant l’équilibre de dissuasion nucléaire seront ensuite acheminées, sous un faux prétexte de défendre l’Europe contre l’Iran (pour ajouter l’injure à l’affront). Cette politique agressive va se poursuivre avec la déstabilisation de la Géorgie, et surtout l’appui d’un coup d’État en Ukraine. Ce dernier point reste souvent démenti par de nombreux commentateurs européens, cependant France 2 a clairement démontré l’implication de la CIA et du gouvernement américain. (17) L’annexion de la Crimée par la Russie et le soutien militaire aux dissidents du Dombass n’en sont pas moins condamnables, mais elles constituent une réponse « logique » aux actions des Occidentaux en Ukraine.
Le Moyen-Orient et la guerre au Terrorisme
Si on devait retenir une zone du monde où les USA ont exercé leur penchant impérialiste avec le plus grand manque de clairvoyance, le Moyen-Orient ferait figure de candidat idéal.
Le point de basculement a lieu lors des attentats du 11 septembre 2001. Les USA répliquent à cette agression par l’envahissement de l’Afghanistan, ouvrant un conflit qui dure depuis maintenant seize ans sans montrer le moindre signe d’apaisement (Trump ayant avalisé le doublement des moyens militaires mis en œuvre sur place). Une fois l’Afghanistan « conquis », l’administration américaine envahit l’Irak sur un double mensonge : la présence d’armes de destruction massive qui ne seront jamais retrouvées, et le lien présumé de Saddam Hussein avec Al Qaida. Ici nous devons noter qu’il ne s’agit pas uniquement d’une manipulation de l’administration Bush, mais bien d’un acte commis avec la complicité de l’opposition démocrate, des médias dits « de gauche » (en particulier le New York Times, principal relais des fausses informations sur les armes de destruction massive) et de l’opinion publique favorable à l’entrée en guerre.
Malgré le véto de l’ONU, les USA mirent l’Irak à feu et à sang, convaincus qu’ils pourraient y exporter la démocratie et récupérer les considérables réserves de pétrole.
On connait la suite, mais rappelons tout de même l’étendue du fiasco. 1100 milliards de dollars dépensés, cinq mille soldats américains tués, dix fois plus de blessés et traumatisés, la généralisation de l’emploi de la torture par l’armée américaine et 1 million d’Irakiens victimes de la guerre.
Tout cela avant l’apparition de l’État islamique, dont les exactions ont déplacé des millions de civils. La reconquête du territoire de l’EI aura généré un coût humain sans commune mesure avec les bombardements russes en Syrie. Le seul siège de Mosul aura déplacé un million de civils et couté la vie à cinquante mille habitants, morts sous les bombes de la coalition américaine.
La guerre contre le terrorisme de Georges Bush aura ainsi eu pour effet de généraliser un microphénomène au monde entier, dont le bilan s’élève à plus de 2 millions de morts, dont 1.3 en Irak et en Afghanistan. (18)
À cela, il faut ajouter le soutien permanent à la colonisation israélienne des territoires palestiniens, le génocide organisé à Gaza (et les 38 milliards de matériel militaire offert, pas vendu, à l’armée israélienne) et le soutien politique et logistique à la guerre de l’Arabie Saoudite au Yémen. Un conflit qui plonge 20 millions de personnes en situation de crise humanitaire, dont 1 million touché par une épidémie de Choléra.
Si l’on souhaitait enfoncer le clou une dernière fois, on pourrait évoquer le cas libyen. Car ce n’était pas alors un ex-général en chef comme Eisenhower, un ancien acteur de série B comme Ronald Reagan ou un ex-alcoolique anonyme et « born again christian » comme George Bush junior, mais bien le lauréat du prix Nobel de la paix Barack Obama qui eut la sagesse d’esprit de céder à l’interventionnisme européen pour appuyer la destruction de l’ensemble des systèmes de défenses antiaériennes de Mouammar Kadhafi afin de permettre sa destitution, avec le succès que l’on sait.
La Libye est désormais divisée en deux zones gouvernées par des factions rivales, qui pratiquent le viol et l’esclavage des migrants qu’ils reçoivent depuis les pays victimes de « la guerre contre le terrorisme », lorsqu’ils ne font pas payer à prix d’or leurs services de passeurs pour traverser la méditerranée sur des embarcations de fortune. Les armes dispensées par la CIA et l’armée françaises aux rebelles libyens ont atterri dans les mains des jihadistes qui exportent le terrorisme au Mali, au Tchad et au Niger.
La même logique de soutien aux rebelles islamistes a pourtant été déployée en Syrie. Et c’est au milieu de ce chaos créé de main de maitre par une succession d’administrations américaines convaincues de la « destination manifeste des USA », qu’arriva Donald Trump.
Seconde partie : la politique étrangère américaine sous Donald Trump
À travers ce long résumé de l’histoire géopolitique américaine, dont le lecteur pardonnera les simplifications, on apprécie la facilité avec laquelle les États-Unis ont eu recours à la force pour défendre leurs intérêts, bien souvent pour des résultats contre-productifs de leur propre point de vue.
Loin de tirer les conclusions de ses échecs répétés, l’Amérique semble déterminée à reproduire ses erreurs. Alors qu’elle fait face à des risques de conflits sur trois fronts (Asie, Moyen-Orient et Europe) et qu’elle est toujours militairement engagée en Afghanistan, en Syrie et en Irak, Donald Trump adopte la même approche stratégique que ses prédécesseurs, reléguant la diplomatie à un jeu de poker menteur.
La lutte contre le terrorisme et le symptôme afghan
Aucun pays ne cristallise aussi clairement l’absurdité de l’approche américaine que l’Afghanistan. Après seize ans de guerre et trois augmentations d’effectifs successifs, le bilan est catastrophique. Al Qaeda et les mouvements terroristes sont plus forts que jamais, les talibans reprennent du terrain sur place, la culture d’opium est devenue la principale source de revenus du pays et le gouvernement central mis en place par les USA figure en tête du classement international de la corruption. (19)
Et pourtant, séduit par les promesses de ressources minières et poussé par l’inertie de l’administration militaire américaine, Donald Trump a décrété une quatrième augmentation des troupes. Au plus fort du conflit, les 130 000 soldats suréquipés de la coalition américaine furent incapables de contrôler le pays, mis en échec par des tactiques de guérilla et l’emploi généralisé de mines artisanales. Les USA ont perdu plus de 2200 hommes et subi 15 000 blessés, auxquels il faut ajouter les pertes de l’armée afghane entrainée par les Occidentaux (39 000 morts).
L’effort occidental pour pacifier l’Afghanistan se heurte à trois réalités fondamentales qui expliquent l’échec de la « guerre au terrorisme ». Premièrement, les populations ressentent la présence occidentale comme une invasion, ce qui rend virtuellement impossible le contrôle des immenses zones géographiques concernées. Deuxièmement, les tactiques de guérillas rendent illusoire toute victoire militaire définitive sur le terrain, comme l’a démontré la guerre du Viêt Nam en son temps. Mais surtout, et c’est le troisième point, la lutte contre le terrorisme par la force ne marche pas, du fait d’une équation simple : chaque frappe de drone ou bombardement qui tue un terroriste cause des dégâts collatéraux à la population, et génère des vocations multiples pour rejoindre la rébellion ou les mouvements terroristes.
Et pourtant, Obama a généralisé l’emploi des drones. Donald Trump s’est empressé de déléguer ces frappes (nécessitant jadis l’autorisation présidentielle) au seul jugement des militaires, tout en abaissant les critères de minimisation des pertes civiles collatérales. On dénote ainsi plus de 2200 civils tués par les frappes chirurgicales américaines après six mois de présidence Trump, tandis que le nombre de frappes de drones a quadruplé comparé à l’ère Obama. (20) Donald Trump s’est également enthousiasmé de l’utilisation de la « mother of all bomb », la plus puissante bombe conventionnelle déployée en Afghanistan (le rayon de déflagration équivaut à celui de la bombe largué sur Hiroshima).
Une approche aussi brutale et absurde ne peut qu’augmenter la diffusion du terrorisme de par le monde.
Ce qui conduit nécessairement à s’interroger sur la véritable volonté américaine (on pourrait ici inclure ses alliés, en particulier la France) de lutter contre le terrorisme. La décision révélée par la BBC de laisser s’échapper les cinq cents cadres de l’état islamique présents à Raqqa, avec leurs armes, leurs familles et leurs équipements lors de la prise de la ville soulève quelques interrogations. Tout comme la politique de soutien à l’Arabie Saoudite et au Qatar, les deux principales sources de soutien financier et idéologique au terrorisme jihadiste.
Le nœud du problème au Moyen-Orient : l’Iran
Avec la défaite imminente de l’EI en Irak et la victoire de Bachar Al-Assad en Syrie, Donald Trump s’est retourné contre la bête noire historique des USA dans la région : l’Iran.
Son premier voyage international débuta par un passage remarqué en Arabie Saoudite, où, devant une quarantaine de chefs d’État de la région, il a déclaré l’Iran principale source du terrorisme mondial. Compte tenu du rôle capital des milices iraniennes dans la victoire contre L’EI, et des attentats perpétrés par ce dernier à Téhéran, on est forcé de reconnaitre qu’il s’agit d’un pathétique prétexte.
Pourtant, l’exécutif américain a officiellement reconnu que les USA cherchaient à renverser le pouvoir iranien au plus vite, tandis que Donald Trump a multiplié les menaces et exigé officiellement de ses conseillers qu’ils lui trouvent un prétexte pour sortir de l’accord sur le nucléaire iranien. (21) Faute de mieux, Trump a finalement décertifié l’accord sans aucune raison tangible et contre l’avis de son administration. On retrouve ainsi la volonté du président américain de défaire coute que coute tout ce que son prédécesseur avait réalisé. Mais au-delà de la personnalité du résident de la Maison blanche, ce qui se joue est bien plus simple : une lutte entre puissances régionales.
L’Arabie Saoudite et Israël ont très mal vécu la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, et usent de leur considérable influence (financière et idéologique) à Washington pour provoquer une escalade. Le poids du complexe militaro-industriel américain et l’aversion profonde de la classe dirigeante américaine pour l’Iran, symbole de la résistance à l’hégémonie américaine, expliquent également ce bellicisme.
Pour autant, un conflit armé avec l’Iran aurait des conséquences désastreuses. Il parait bien illusoire de parvenir à une victoire militaire totale sur un pays au territoire immense et particulièrement montagneux, dont une frange importante de la population reste fanatisée et serait prête à mener une guérilla sur tous les théâtres d’opérations du Moyen-Orient. Le soutien du Hezbollah victorieux en Syrie et de l’Irak libéré par les milices iraniennes risquerait d’embrasser la région de façon catastrophique, tandis qu’une campagne massive de bombardements pourrait pousser la Russie et la Chine à intervenir en faveur de leurs alliés, conformément au pacte de défense mutuelle que ces trois pays ont signé.
L’Iran apparait ainsi comme le nœud principal de par lequel pourrait démarrer un conflit mondial. Or Washington semble déterminé à pousser les Iraniens à la faute. En rendant caduc l’accord sur le nucléaire, ils encouragent l’Iran à parachever son développement de l’arme atomique et surtout, mettent en échec le président Rouhani, élu sur une ligne politique progressiste et d’ouverture. La frange conservatrice iranienne a repris de l’influence, consolidée par les victoires des gardiens de la révolution en Irak et en Syrie, et par la quasi-déclaration de guerre de l’administration américaine et du prince saoudien. Quant au Pentagone, le New York Times démontre qu’il adopte la même méthode déployée du temps de l’Irak pour vendre le conflit iranien à l’opinion publique américaine.
Si l’embrasement généralisé reste peu probable compte tenu de la capacité de dissuasion de l’Iran et du risque d’escalade avec la Russie et la Chine, le passé récent et la volonté clairement affichée de l’administration américaine (jusqu’au Congrès) de pousser l’Iran à la faute présente une véritable menace pour la paix dans le monde.
L’Asie et la Corée du Nord
Après avoir dénoncé les accords de 1995 qui avaient permis de geler le programme nucléaire nord-coréen, Georges Bush Junior plaça ce pays sur sa liste noire « d’axe du mal ». L’invasion de l’Irak, la destruction de la Libye, et le sort réservé à ses leaders (pendaison publique pour Saddam Hussein, lynchage dans la rue pour Kadhafi) achevèrent de convaincre Pyongyang de l’absolue nécessité de développer des armes nucléaires, seule option permettant de garantir la survie du régime. (22) Avec le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump vient de jeter un discrédit permanent sur la parole américaine, et rendu virtuellement impossible la signature de nouveaux accords avec Pyongyang.
Si la Corée du Nord semble avoir réussi à écarter définitivement une tentative d’agression planifiée des USA, le risque d’engrenage involontaire reste entier. On se souvient de la crise des missibles de Cuba, ou plus récemment de l’exercice militaire américain Abel Archer (1983), qui fut interprété par l’URSS comme la planification d’une attaque imminente de son territoire. Cela avait conduit Moscou à déclencher ses procédures de frappes nucléaires préventives visant à engager la totalité de son arsenal dans une tentative désespérée de survivre à ce qui était assimilé à une attaque imminente de l’OTAN. Seule la décision à l’instinct de l’officier de renseignement Leonard Perroots, qui, à la vue de la préparation soviétique décida de ne pas déclencher l’alarme prévue par les procédures officielles, permit d’éviter l’éradication du genre humain. (23)
La situation qui conduisit à cette réaction paranoïaque des Russes (discours extrêmement belliqueux du président Reagan, multiplication des déploiements militaires, exercices et manœuvres simulant une attaque de grande ampleur) est transférable à l’identique à ce qui se passe de nos jours à la frontière coréenne. Les USA comme la Corée du Nord ont pour doctrine militaire de recourir aux armes nucléaires dès les premiers signes d’agression, ce qui rend le risque d’escalade involontaire bien réel.
La Corée du Nord ne revêt qu’un faible intérêt stratégique, mise à part son attitude inacceptablement menaçante. Pourtant, n’importe quel diplomate ou spécialiste vous expliquera que Pyongyang est rationnel, a comme premier objectif sa propre survie, et de ce fait ne se lancerait jamais de lui-même dans un conflit armé qui signifierait assurément sa perte. (24) On pourrait donc imaginer une procédure de négociation qui viserait à démilitariser au maximum la région tout en reconnaissant le droit aux Nord-Coréens de conserver une force de dissuasion, mais ce serait prêter aux Américains une sagesse qu’ils ont systématiquement été incapables de démontrer. Donald Trump a par ailleurs rejeté la proposition de négociation de Kim Jong Un.
Derrière cette crise se situe une lutte plus subtile vis-à-vis de la montée en puissance de la Chine. La surenchère de menaces échangées avec la Corée du Nord a permis à Donald Trump de radicaliser les positions du Japon et de la Corée du Sud, qui se lancent désormais dans une course à l’armement en achetant du matériel américain.
La Russie et le risque nucléaire
Donald Trump avait fait du rapprochement avec la Russie un axe fort de sa campagne. Il fut rapidement contraint par le parti médiatique, l’administration américaine et le parti démocrate à changer de ligne politique, allant jusqu’à se faire imposer la signature de nouvelles sanctions économiques destinées à punir la Russie pour son implication supposée dans l’élection américaine. (25) Il a embrassé le plan d’Obama de réarmement nucléaire et de déploiement systématique de boucliers anti missiles destinés à neutraliser les capacités de réplique russes et chinoises. Le fait qu’il parle ouvertement de l’usage de l’arme atomique (« à quoi bon fabriquer des bombes si on s’interdit de les utiliser ») et ses menaces concrètes envers la Corée du Nord n’ont rien de rassurant.
Risque nucléaire
Pour comprendre le danger objectif posé par la Russie à la sécurité européenne et mondiale, il faut intégrer deux réalités essentielles des conflits nucléaires.
Premièrement, un conflit mineur entre deux puissances régionales aurait des conséquences climatiques dramatiques du fait de la quantité de poussières et cendres soulevées dans la stratosphère. Ce phénomène est connu sous le terme « d’hiver nucléaire ». Sept études indépendantes, dont une principale pilotée par la NASA, ont cherché à analyser l’effet d’un conflit atomique mineur impliquant la détonation de l’équivalent en puissance de 100 bombes Hiroshima (soit entre 50 et 5 bombes nucléaires modernes). Conclusion : cela conduirait à une détérioration du climat qui provoquerait l’éradication de plusieurs milliards d’êtres humains. On parle ici d’un conflit mineur, par exemple résultant d’un affrontement direct entre l’Inde et le Pakistan. (26)
Le recours aux armes atomiques où que ce soit dans le monde concerne donc la sécurité del’ensemble de la planète, et il n’est pas évident que les militaires responsables du planning de telles offensives soient pleinement conscients des retombées, que ce soit par excès de confiance en leur capacité à neutraliser l’arsenal adverse ou par méconnaissance de l’impact de leur propre arsenal.
Le second point est plus critique, il s’agit du principe de dissuasion. Pour éviter qu’une puissance nucléaire fasse usage de son arsenal, il est impérativement nécessaire que deux conditions soient remplies :
- Que l’adversaire soit absolument convaincu qu’une agression résultera dans la destruction totale de l’agresseur (dissuasion défensive)
- Être persuadé que le recours à l’arme nucléaire offensive entrainera la destruction mutuelle des belligérants (dissuasion offensive)
En clair, chaque pays à la capacité d’infliger des pertes insupportables à l’agresseur potentiel, MAIS sans être capable lui-même de détruire l’ennemi par une attaque préventive.
Consécutivement, les risques de catastrophes nucléaires globales sont situés à deux niveaux :
- Une erreur de calcul ou d’interprétation qui pousserait deux nations dans un engrenage (six évènements de ce type ont été recensés pendant la guerre froide, à chaque fois la catastrophe fut évitée par l’intervention humaine en violation des procédures officielles).
- Un déséquilibre de la capacité de dissuasion qui pousserait un pays à déclencher une attaque surprise de la dernière chance, soit par excès de confiance dans ses propres capacités défensives, soit par excès de paranoïa suite au constat de sa perte objective de capacité de réponse en cas d’agression.
Or l’attitude américaine récente remet dramatiquement en question ces équilibres, à travers différentes actions. La première consiste à une modernisation sans précédent de ses capacités de frappe nucléaire, avec le développement de nouvelles armes capables de mener avec succès une « attaque surprise » décisive ; la seconde en déployant en Europe comme en Asie des boucliers de batteries antimissiles dans le but de geler les capacités offensives adverses (de la Chine et de la Russie).
Le risque se situe au niveau d’un excès de confiance qui pourrait pousser les Américains à recourir à des actions locales d’intimidation, persuadés de leur capacité de dissuasion, mais qui seraient interprétées par la Russie ou la Chine comme le signal d’une guerre totale ; ou inversement d’un excès de paranoïa d’un adversaire des États-Unis.
Hystérie antirusse
Le regain de tension avec la Russie, du jamais vu depuis la fin de la guerre froide, s’opère sous fond d’hystérie anti-russe. L’enquête du procureur Mueller sur les collusions présumées de l’équipe de campagne de Donald Trump avec Moscou entretient cette crise de confiance, tout en menaçant Donald Trump de destitution. Cela rend impossible toute négociation bilatérale officielle entre la Maison blanche et le Kremlin, malgré l’urgence d’une coopération entre les deux superpuissances sur de nombreux dossiers.
Le New York Time avait ainsi caractérisé l’échange entre Donald Trump et Vladimir Poutine au G20 de « haute trahison », tandis que le Washington Post n’hésite pas à parler de l’influence russe dans les élections de 2016 comme d’un « Pearl Harbor politique » et « une attaque russe ». Or ces soupcons ne reposent sur rien de tangible, comme le démontre fort bien Le Monde diplomatique en citant ses deux confrères précités. (27)
Dans un article publié par The Nation, le professeur émérite en relation américano-russe Stephen F. Cohen liste les cinq plus grandes menaces qui pèsent sur la sécurité américaine. Pour lui, l’hystérie du russiagate et la démonisation de Poutine arrivent en tête du classement, suivi du risque de voir un réseau de terrorisme international mettre la main sur des armements nucléaires, puis la prolifération nucléaire à l’échelle des états et le réchauffement climatique. Ces problèmes nécessitent une coopération internationale et des dirigeants prudents, tout ce dont l’Amérique fait défaut à l’ère de Trump et de l’hystérie anti-russe.
Conclusion
« Les États n’ont pas d’amis, seulement des intérêts » disaient Charles de Gaulle. Cette maxime s’applique très bien à la France, dont on pourrait ici même dresser la liste des crimes et exactions. Depuis les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie et l’usage systématique de la torture qui y a été fait, en passant par l’invasion de l’Égypte lors de la crise de Suez, les horreurs de la « France Afrique », la complicité dans le génocide rwandais jusqu’au désastre Libyen et le coup d’État sanglant de 2011 contre Gbagbo (Cote d’Ivoire), la France est loin d’être exempte de critique.
Mais les États-Unis se distinguent malgré tout par l’ampleur de leur ingérence, proportionnelle à leur puissance économique et leur propension à faire usage de la force. Le recours injustifié à l’arme atomique, les millions de civils tués délibérément à coup de bombes incendiaires et l’utilisation récurrente de la violence s’expliquent en partie par leur histoire et leur sentiment d’être habité par cette « destinée manifeste ». Elle est plus certainement l’expression de l’abus de pouvoir d’une frange de la classe dirigeante corrompue, aveuglée par une certaine idéologie et poussée par des intérêts financiers bien compris.
Loin de rendre le monde plus sûr, l’impérialisme américain a instauré un climat de danger permanent. Si l’intensité des conflits et leur nombre sont en baisse constante, le risque d’un embrasement général est exacerbé.
Tout se passe comme si un empire sur le déclin avait porté à sa tête un président inexpérimenté et peu compétent, qui s’est entouré de cadres se reconnaissant dans ses valeurs bellicistes pour conduire une politique internationale fondée sur un rapport conflictuel.
L’histoire nous apprend que la survie de l’ordre mondial depuis l’avènement de l’ère nucléaire doit plus à la sagesse de quelques dirigeants sensibles aux voies diplomatiques qu’à un présupposé mécanisme autorégulateur reposant sur la rationalité absolue de l’être humain.
Or, il semble que l’époque ne soit pas favorable au dialogue et à la réflexion, mais plutôt à l’émotion et la réaction. À cela s’ajoute une volonté clairement affichée par la Maison blanche, et partagée par une fraction dominante de la classe dirigeante américaine, de poursuivre dans des voies belliqueuses. Comment expliquer la nouvelle course à l’armement nucléaire et les hausses spectaculaires du budget militaire américain, si ce n’est par l’influence grandissante du complexe militaro-industriel appuyé par une classe médiatique particulièrement hystérique ?
Depuis les États-Unis, l’exposition prolongée aux chaines de télévision américaine vous place dans un état d’esprit anxiogène et colérique ou vous en venez à vous surprendre à penser des choses curieuses, du type « mais qu’ils leur balancent une grosse bombe et qu’on ne m’en parle plus ». Lorsque Donald Trump fit précisément cela, en ordonnant le bombardement d’une base aérienne syrienne où étaient présentes des troupes russes, la presse américaine dans son ensemble applaudi à tout rompre, allant jusqu’à écrire « Donald Trump vient d’habiter la fonction présidentielle ».
Pour éviter qu’une telle nation entraine le reste du monde dans le chaos, il serait sage de prendre rapidement nos distances avec cet « allié » qui se vit encore comme le Sheriff de la planète.
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Cet article constitue la troisième partie d’une série de quatre post sur le thème « Faut-il avoir peur des USA ».
- Première partie : Peut-on parler de démocratie aux Etats-Unis ?
- Seconde partie: USA, pays de la liberté ?
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