---------- toute l’intelligence est dans la trompette ---------- l'information déployée par Jean-claude Barthelay ---------j'ai été enfant de choeur, militant socialiste, pilier de bar, artisan du batiment, conseiller municipal, sportif ( course à pied, alpinisme ) et touriste à Chamonix, c'est dire si j'en ai entendu des conneries...........................
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vendredi 25 septembre 2015
mardi 22 septembre 2015
GUANTANAMO // LE VRAI VISAGE DE L'AMERIQUE // LES VERITABLES TERRORISTES
TERRORISME
*Définition : Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système.
LE FILM :
Histoire vraie de quatre jeunes Anglais partis célébrer le mariage d'un ami au Pakistan, leur pays d'origine, fin septembre 2001. Ils décident alors d'aller en Afghanistan juste après le 11 septembre, pour, voir comment ils pouvaient aider là-bas (à l'époque, les talibans étaient au pouvoir). Ils ne reviendront chez eux que 2 ans et demi plus tard après un séjour prolongé à la prison américaine de Guantánamo. L'un d'eux ne reviendra jamais..
INTRODUCTION
LE FILM :
Histoire vraie de quatre jeunes Anglais partis célébrer le mariage d'un ami au Pakistan, leur pays d'origine, fin septembre 2001. Ils décident alors d'aller en Afghanistan juste après le 11 septembre, pour, voir comment ils pouvaient aider là-bas (à l'époque, les talibans étaient au pouvoir). Ils ne reviendront chez eux que 2 ans et demi plus tard après un séjour prolongé à la prison américaine de Guantánamo. L'un d'eux ne reviendra jamais..
INTRODUCTION
par Amnesty International
Guantánamo est devenu le symbole du mépris dont le gouvernement des États-Unis fait preuve à l'égard du droit international, en raison de la manière dont il traite les personnes détenues dans le cadre de sa « guerre contre le terrorisme ». Le centre de détention de Guantánamo ne constitue qu'un élément d'un système plus vaste de détention secrète et illimitée, de disparition forcée, de « restitutions », de torture et d'autres formes de mauvais traitements.
Sept ans en détention sans inculpation
Le centre de détention de Guantánamo jette une ombre sur le bilan des États-Unis en matière de droits humains. Il est devenu synonyme d'atteintes aux droits de la personne et le symbole d'un gouvernement ne respectant pas ses obligations juridiques internationales.
Près de 800 personnes ont été détenues à Guantánamo depuis le 11 janvier 2002, la plupart d'entre elles sans inculpation ni perspective d'un procès équitable, sans accès ou presque à un avocat, et sans visites de leur famille.
En janvier 2009, environ 250 personnes y sont encore maintenues en détention, dans la majeure partie des cas dans des conditions cruelles, inhumaines ou dégradantes. Une vingtaine ont été inculpées et doivent être jugées lors de procès iniques devant des commissions militaires, et six au moins risquent d'être condamnées à mort.
The Road to Guantánamo
The Road to Guantánamo est un docu fiction de Michael Winterbottom de 2006. Il a reçu l'Ours d'argent du Meilleur réalisateur au festival de Berlin en 2006.
La première a eu lieu au festival de Berlin le 14 février 2006, et le film a été montré pour la première fois au Royaume-Uni sur Channel 4 le 9 mars 2006. Le lendemain, il devint le premier film diffusé simultanément au cinéma, en DVD et sur Internet.
Le tournage s'est déroulé en Afghanistan, au Pakistan et en Iran, qui simula Cuba. Mat Whitecross est co-réalisateur et entreprit la plupart des interviews avec les véritables protagonistes du film.
Les conditions de détention
Source : Wikipédia
D'après le peu d'informations disponibles, il est possible d'avancer que :
§ les détenus, lors de l'ouverture de la prison, ont passé la majorité de leur temps dans des cellules individuelles de 2 mètres sur 2, éclairées continuellement -- des bâtiments en dur ont été construits depuis ;
§ les détenus peuvent être interrogés à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit ;
§ lorsqu'ils sont déplacés, les détenus ont les mains et les pieds menottés et un sac de toile est placé sur leur tête pour les empêcher de voir ;
§ les visites sont limitées (y compris celles des familles et des avocats) ;
§ le dialogue entre prisonniers est restreint ;
§ des tortures (psychologique et physique) pèsent sur la prison. Des organisations non gouvernementales telles qu'Amnesty International en font régulièrement les échos.
§ les détenus sont enfermés dans des cellules, avec de la musique très forte qui joue constamment. D'autres cellules seraient très exiguës.
dimanche 20 septembre 2015
CE GROS CORNICHON NE SAIT MEME PAS QU' ISRAEL EST UNE "PUISSANCE" NUCLEAIRE
« La France a été très ferme dans cette négociation et Laurent Fabius l’a conduite avec beaucoup de rigueur et également de fermeté.Quelle était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite, [silence] Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. Donc, il fallait empêcher que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. »
CQFD
Enfin, presque..
Or on sait qu’Israël est l’une des quatre puissances nucléaires non-signataires du Traité de non-prolifération (avec l’Inde, le Pakistan et la République populaire démocratique de Corée).
C’est même en 1956 que le Président du Conseil Guy Mollet (prédécesseur de François Hollande à la tête du Parti socialiste) organisa ce transfert de technologie nucléaire entre la France et Israël…
Je vous renvoie vers ce billet pour en savoir plus sur ce programme…
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Le dira obligerait à passer de “l’Iran est le gros méchant car il va introduire des armes nucléaires au Moyen-Orient” à “”Tiens, l’Iran est en train de réagir à 1/ un État non-ami qui a déjà introduit des armes nucléaires au Moyen-Orient 2/ au fait qu’un de ses pays frontaliers a été rasé en 2003 par les États-Unis sous un faux prétexte, sans la moindre sanction.” Pas bon…
Grosses félicitations à Claire Chazal et David Pujadas (les deux bidules à gauche et à droite sur la photo) pour leur phénoménale réactivité – ils devraient donc être récompensés en réalisant l’interview en 2016…
jeudi 17 septembre 2015
MARION MARECHAL NOUS VOILA !
source
Marseille capitale de l’extrême droite ?
le 7/09/2015
Marseille a été la « capitale » du Front national le temps d’un week-end, ces 6 et 7 septembre. Sur fond de querelle entre le père et la fille, le substrat idéologique de l’extrême-droite reste intact…
Alors, viendra, viendra pas ? Tout le week-end, le suspense a plané autour de la venue de Jean-Marie Le Pen à l’université d’été du FN qui se tenait, cette année encore, à Marseille, ces 6 et 7 septembre. Au final, le « menhir » comme le surnomment ses soutiens, fondateur d’un parti dont il vient d’être exclu, n’a pas daigné pointer le bout de son œil au parc Chanot. Pas besoin : samedi et dimanche, au grand dam des frontistes et des dirigeants du parti d’extrême droite, il a été au cœur de toutes les discussions, de toutes les attentions.
Au point de sérieusement agacer Marine Le Pen : « Vous écrivez les épisodes d’un feuilleton que vous êtes les seuls à regarder », crache-t-elle aux journalistes osant, encore et toujours, l’interroger sur ses relations avec son père. Il faut dire que, dès l’ouverture de l’université d’été, il joue les trouble-fêtes.
Ainsi, avant le rassemblement « contre la montée des fascismes » en début d’après-midi place Castellane, alors qu’un collectif unitaire contre l’extrême droite organise, samedi matin, une conférence de presse devant la mairie du sénateur-maire FN Stéphane Ravier, dans les quartiers nord, Jean-Marie Le Pen, lui, tient dans une auberge perdue au fin fond du 13ème arrondissement, un déjeuner-meeting où il souffle le chaud et le froid. Car, si, d’un côté, il appelle à « l’unité », écartant l’hypothèse de mener une liste dissidente aux régionales en Paca, il n’en annonce pas moins la création de son propre mouvement.
Ce n’est pas la « Force Nationale Lepéniste » -FNL…- comme le suggère un ancien de l’OAS, André Toise, co-fondateur du FN à l’entrée du meeting mais le « Rassemblement Bleu Blanc Rouge », comme l’annonce le patriarche devant 300 fidèles. Un assemblage hétéroclite de vieux frontistes ne supportant pas la mainmise sur le Front des « mignons » (non, il ne s’agit pas des petits personnages de synthèse…), d’anciens du DPS (le service d’ordre du FN) n’ayant guère goûté la dérive « à gauche » du parti d’extrême droite mais aussi des militants de divers groupuscules, comme la Ligue du Midi ou encore une importante délégation du Parti de la Francede Carl Lang.
Pas de quoi inquiéter Ravier : « S’il y a une liste en Paca sans Jean-Marie Le Pen à sa tête, ce ne sera pas une liste dissidente, ce sera une liste ridicule. On a tout simplement affaire à une assemblée hétéroclite de personnes qui ne sont réunies que par une seule chose : le "tout sauf Marine"… » Reste que, comme le reconnaît Gilbert Collard, « ce serait mentir que de ne pas reconnaître qu’en Paca, on est dans une région particulièrement sensible au discours traditionnel d’un Jean-Marie Le Pen ».
Alors, même si, à l’entrée de cette université d’été, on a pu voir une mère de familles avec ses deux enfants s’amuser avec un nounours auréolé sur son ventre de la flamme tricolore, si, sur les stands, on préfère vanter la « francophonie », l’écologie ou la « rondeur » d’une « cuvée Front National » avec la trogne de Marine Le Pen sur l’étiquette, à la tribune, Florian Philippot, le vice-président du FN, artisan de l’exclusion du « patriarche », a tenu un discours particulièrement musclé mêlant les thématiques traditionnels du Front, « immigration », « communautarisme »,« insécurité »…
Commentaire d’un vieux militant grenoblois : « C’est un discours qu’aurait pu prononcer Jean-Marie Le Pen. Et l’éviction de ce dernier n’y est pas pour rien. Ce discours est loin d’être habituel de la part de Philippot. Mais il sait qu’il y a une place à prendre. Et qu’avec l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, il s’est particulièrement exposé. Il faut donc qu’il donne des gages. »
Car, comme le dit Ravier, « vous savez, d’un point de vue idéologique, le FN n’a pas véritablement évolué ». Confirmation avec une université d’été quasi exclusivement tournée autour de la question « migratoire ». Emblématique : dans son discours, Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen, comme Louis Aliot quelques minutes auparavant, cite… Bernanos. Et répond à la « main tendue » de son grand-père en se disant prête à accepter sur ses listes certains de ceux qui ont osé dire leur préférence pour le FN « canal historique ».
Ce qui ne sera pas simple : « Certes, c’est un détail dans l’histoire du FN mais certains sont allés trop loin, siffle Ravier. Comme Laurent Comas. Il a osé me traité de "petit Benito". Non seulement, je ne suis pas petit. Mais je n’ai jamais été de gauche ! » En tout cas, ce week-end, à Marseille,« capitale du Front » dixit Jean-Marie Le Pen, à l’extrême-droite, entre deux outrances, on aura soufflé le chaud et le froid et joué, à la veille des régionales, l’apaisement. La politique de main tendue, en quelque sorte. Et c’est bien connu, pour saisir une main, il faut souvent tendre le bras. Une vieille habitude à l’extrême droite…
Sébastien Boistel
Au point de sérieusement agacer Marine Le Pen : « Vous écrivez les épisodes d’un feuilleton que vous êtes les seuls à regarder », crache-t-elle aux journalistes osant, encore et toujours, l’interroger sur ses relations avec son père. Il faut dire que, dès l’ouverture de l’université d’été, il joue les trouble-fêtes.
Ainsi, avant le rassemblement « contre la montée des fascismes » en début d’après-midi place Castellane, alors qu’un collectif unitaire contre l’extrême droite organise, samedi matin, une conférence de presse devant la mairie du sénateur-maire FN Stéphane Ravier, dans les quartiers nord, Jean-Marie Le Pen, lui, tient dans une auberge perdue au fin fond du 13ème arrondissement, un déjeuner-meeting où il souffle le chaud et le froid. Car, si, d’un côté, il appelle à « l’unité », écartant l’hypothèse de mener une liste dissidente aux régionales en Paca, il n’en annonce pas moins la création de son propre mouvement.
Ce n’est pas la « Force Nationale Lepéniste » -FNL…- comme le suggère un ancien de l’OAS, André Toise, co-fondateur du FN à l’entrée du meeting mais le « Rassemblement Bleu Blanc Rouge », comme l’annonce le patriarche devant 300 fidèles. Un assemblage hétéroclite de vieux frontistes ne supportant pas la mainmise sur le Front des « mignons » (non, il ne s’agit pas des petits personnages de synthèse…), d’anciens du DPS (le service d’ordre du FN) n’ayant guère goûté la dérive « à gauche » du parti d’extrême droite mais aussi des militants de divers groupuscules, comme la Ligue du Midi ou encore une importante délégation du Parti de la Francede Carl Lang.
Pas de quoi inquiéter Ravier : « S’il y a une liste en Paca sans Jean-Marie Le Pen à sa tête, ce ne sera pas une liste dissidente, ce sera une liste ridicule. On a tout simplement affaire à une assemblée hétéroclite de personnes qui ne sont réunies que par une seule chose : le "tout sauf Marine"… » Reste que, comme le reconnaît Gilbert Collard, « ce serait mentir que de ne pas reconnaître qu’en Paca, on est dans une région particulièrement sensible au discours traditionnel d’un Jean-Marie Le Pen ».
Alors, même si, à l’entrée de cette université d’été, on a pu voir une mère de familles avec ses deux enfants s’amuser avec un nounours auréolé sur son ventre de la flamme tricolore, si, sur les stands, on préfère vanter la « francophonie », l’écologie ou la « rondeur » d’une « cuvée Front National » avec la trogne de Marine Le Pen sur l’étiquette, à la tribune, Florian Philippot, le vice-président du FN, artisan de l’exclusion du « patriarche », a tenu un discours particulièrement musclé mêlant les thématiques traditionnels du Front, « immigration », « communautarisme »,« insécurité »…
Commentaire d’un vieux militant grenoblois : « C’est un discours qu’aurait pu prononcer Jean-Marie Le Pen. Et l’éviction de ce dernier n’y est pas pour rien. Ce discours est loin d’être habituel de la part de Philippot. Mais il sait qu’il y a une place à prendre. Et qu’avec l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, il s’est particulièrement exposé. Il faut donc qu’il donne des gages. »
Car, comme le dit Ravier, « vous savez, d’un point de vue idéologique, le FN n’a pas véritablement évolué ». Confirmation avec une université d’été quasi exclusivement tournée autour de la question « migratoire ». Emblématique : dans son discours, Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen, comme Louis Aliot quelques minutes auparavant, cite… Bernanos. Et répond à la « main tendue » de son grand-père en se disant prête à accepter sur ses listes certains de ceux qui ont osé dire leur préférence pour le FN « canal historique ».
Ce qui ne sera pas simple : « Certes, c’est un détail dans l’histoire du FN mais certains sont allés trop loin, siffle Ravier. Comme Laurent Comas. Il a osé me traité de "petit Benito". Non seulement, je ne suis pas petit. Mais je n’ai jamais été de gauche ! » En tout cas, ce week-end, à Marseille,« capitale du Front » dixit Jean-Marie Le Pen, à l’extrême-droite, entre deux outrances, on aura soufflé le chaud et le froid et joué, à la veille des régionales, l’apaisement. La politique de main tendue, en quelque sorte. Et c’est bien connu, pour saisir une main, il faut souvent tendre le bras. Une vieille habitude à l’extrême droite…
Sébastien Boistel
POUR EN FINIR AVEC LA SYRIE
Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour la Syrie
Nous autres Syriens, de l'intérieur et de l'extérieur, avec nos partenaires de par le monde, voudrions vous soumettre cette initiative politique à portée internationale. Elle préluderait à une sortie de la crise syrienne vieille de quatre ans et demi qui, à n'en pas douter, pèse sur votre conscience et sur celle du monde civilisé.
Notre initiative, simple et réalisable, se résume à l'équation : "Sarin contre barils" !
Monsieur l'Envoyé Spécial, nous vous demandons d'inciter le Conseil de Sécurité de l'ONU à adopter une résolution retournant les armes chimiques de destruction massive à M. Bachar el-Assad pour qu'il en fasse usage contre ses adversaires, rebelles à son pouvoir. En échange de quoi la résolution lui interdirait l'utilisation de barils d'explosifs.
Vous savez pertinemment bien, Monsieur l'Envoyé Spécial, qu'en septembre 2013, des dirigeants américains et russes ont mis au point un accord : M. Bachar el-Assad livre son arsenal chimique en échange de l'impunité pour l'avoir employé, contournant allègrement la fameuse "ligne rouge" de M. Obama.
Vous savez pertinemment bien, Monsieur l'Envoyé Spécial, que M. Bachar el-Assad a utilisé une partie de son arsenal chimique à l'aube du 21 août 2013 dans la Ghouta de Damas, causant la mort de 1500 de ses sujets.
Depuis cet accord russo-américain, M. Bachar el-Assad s'est vu obligé d'intensifier l'usage des barils d'explosifs et de l'aviation militaire tuant tous les jours des victimes par centaines et provoquant des dégâts effroyables dans les villes et villages syriens. Cette expérience de deux ans a signé l'erreur monumentale de la communauté internationale : le retrait de l'arsenal chimique des mains de M. Bachar el-Assad fut une calamité, le lui rendre serait une bénédiction pour le peuple syrien.
Monsieur de Mistura, nous vous assurons qu'une résolution du Conseil de Sécurité issue de cette initiative opérera un virage significatif dans la crise syrienne.
Premièrement : les armes chimiques ne détruisent pas habitations, bâtiments officiels, quartiers et villages. Ils ne ramènent pas des villes entières à l'âge de bronze, où la vitre n'existait pas. C'est donc une arme économique et futuriste réduisant substantiellement les coûts de la reconstruction, soulageant les générations futures d'une partie de cette dette. Nous ne doutons pas que le souci profond que vous vous faites pour eux vous empêche de dormir et angoisse vos responsables des Nations Unies. De plus, la préservation des maisons freinera la propension des survivants à chercher refuge en Europe ou dans les pays voisins.
Deuxièmement, l'arme chimique tue ses victimes dans des souffrances mesurées. Elle protège l'intégrité de leur corps, leur gardant une forme humaine. Elle évite les images effroyables de têtes décapitées, de membres amputés, de corps éventrés, disloqués, souillés de terre et de sang ; un sang rouge sombre qui recouvre ces corps anéantis, tâche les murs, ternit les sols évoquant l'apocalypse de Guernica immortalisé par Picasso. Elle met le holà à cette déferlante d'images terribles qui déboule du pays des Syriens et épuise les âmes sensibles de l'opinion internationale jusqu'à les rendre insomniaques.
Troisièmement, si l'on donne à M. Bachar el-Assad une procuration à durée déterminée l'autorisant à utiliser l'arme chimique, disons jusqu'au 21 août 2016, peut-être que ses forces, faisant une percée significative, viendront à bout des rebelles et la crise syrienne sera alors derrière nous. La stabilité, si chère à cette région stratégique du monde, reviendra. Il est vrai que cela occasionnera la mort de centaine de milliers de Syriens, mais quelle importance ? Et quelle différence ? De toute façon, pour eux, c'est la mort annoncée au moyen des barils, de l'étouffement dans des camions hermétiques ou de la noyade en Méditerranée. Et puis la stabilité mérite bien le sacrifice de quelques victimes, comme l'a déclarée si joliment Madeleine Albright, il y a 17 ans, en défendant l'embargo "imposé au régime de Saddam". Pour elle, la mort d'un demi-million d'enfants irakiens était un juste prix.
Cette initiative prend appui sur ce célèbre précédent; lui-même adossé à la résolution du Conseil de Sécurité "Pétrole contre Nourriture", adopté le 14 Avril 1995.
Quatrièmement, par magnanimité, vous-même et le Conseil de Sécurité admettrez que les Syriens, frappés par le gaz sarin, vont essayer de sauver un maximum de victimes. Mais tranquillisez-vous, le coût de ce sauvetage est modeste et la formation de secouristes, les soins aux victimes restent accessibles. Il est possible de monter, avec de petits moyens, un atelier de fabrication artisanale de masques protecteurs.
S'il vous plaît, ajoutez au projet de résolution un alinéa autorisant le convoyage d'Atropine, d'Adrénaline et de certains produits nécessaires à la fabrication des masques vers les régions bombardées à l'arme chimique.
Nous insistons pour que la résolution inclue cet alinéa dont le nom souligne l'importance: "Atropine contre Sarin"!
Peut-être le Conseil de Sécurité sera-t-il encouragé à adopter cette résolution si vous lui soufflez que les barils et les bombes à vide nécessitent beaucoup de soins et des médicaments, quantité d'instruments chirurgicaux onéreux, des chirurgiens formés, du courant électrique. Chaque opération dure des heures et ses résultats sont aléatoires. Les blessés sont sur des longues listes d'attente et pour beaucoup, le tour ne viendra jamais.
Sincèrement Monsieur l'Envoyé Spécial, les barils sont des armes de destruction autrement plus massive que le sarin, et nous demandons leur substitution par le sarin pour limiter les destructions dans notre pays. C'est le véritable motif de cette initiative.
Monsieur de Mistura,
Pour n'oublier personne et rendre justice à tous, nous vous proposons d'ajouter à la résolution du Conseil de Sécurité un alinéa sollicitant l'envoi d'experts des entreprises allemandes spécialisées pour développer l'efficacité du sarin utilisé. Et un autre priant les Américains de mettre à profit leurs bonnes relations avec les Iraniens pour améliorer les rampes de lancement et les fusées en usage. Les résultats seront meilleurs et leur efficacité redoublée. Les deux pays pourraient s'entendre pour consacrer à cette fin une partie des fonds iraniens retenus. Ce sera un pas de plus vers l'intégration de l'Iran dans le grand concert des nations responsables.
Nous recommandons que les Etats-Unis, la Russie, l'Iran et Israël se tiennent garants de cette initiative. Le premier est l'ami du peuple syrien le plus proéminent et le plus fort, et il est notoire que la Russie et l'Iran sont des intermédiaires impartiaux dans toute négociation liée à la crise syrienne. Israël apportera sa caution pour garantir la réussite de cette initiative dans le cadre de la légitimité internationale. Personne n'ignore en Syrie et de par le monde le rôle positif joué par ces quatre pays pour la paix et la stabilité mondiales.
Nous demandons que la résolution agisse en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies en cas de non-application par M. Bachar el-Assad de la résolution "Sarin contre barils". Alors le Conseil de Sécurité se verra dans l'obligation de penser à prendre des mesures fermes contre toute tentative de M. Bachar el-Assad d'amender l'actuelle constitution pour se faire réélire en 2028.
Nous souhaitons que le Conseil de Sécurité montre une forte détermination à bannir les barils d'explosifs à l'avenir, et peut-être même qu'il initiera une agence spéciale portant le nom de "L'Agence Internationale des Barils" dont le siège serait Téhéran.
Monsieur de Mistura,
Nous sommes convaincus que vous avez saisi le sens profond de cette initiative, celle de Syriens qui, s'appuyant sur le droit des peuples à l'autodétermination proclamé par les Nations Unies et adopté par les pays civilisés, voudraient décider, à leur convenance, de leur propre mort.
Veuillez agréer, Monsieur l'Envoyé Spécial, l'expression de nos sentiments les plus distingués.
Au nom des Syriens d'ici et de là-bas.
"Syriens et leurs amis pour la paix"
mercredi 16 septembre 2015
REFUGIES DANS L'ENFER HONGROIS // un bond de 80 ans en arrière dans des camps d'inspiration nazie au pays de VIKTOR ORBAN
Par Sonia BAKARIC
Des réfugiés à la frontière hungaro-serbe, le 14 septembre 2015 (AFP / Armend Nimani)
RÖSZKE (Hongrie), 16 septembre 2015 – Dans le no man' s land entouré de champs à perte de vue, le flux des réfugiés semble intarissable. De jour comme de nuit, des milliers de femmes arrivant de la Serbie toute proche avancent avec peine, les pieds gonflés dans des chaussures masculines trop grandes pour elles ; des milliers d’hommes à bout de forces portent sur leurs épaules courbées des milliers d’enfants tout aussi exténués, hagards, comme désarticulés.
Après une interminable marche pour fuir la guerre et la misère, les voici confrontés à un monde diamétralement opposé à leurs espoirs : la Hongrie du nationaliste Viktor Orbán. Pour l’heure, la plupart des nouveaux arrivants - des Syriens, des Irakiens, des Afghans ayant déjà des milliers de kilomètres dans les jambes - ont encore la force de sourire, de nous saluer avec bienveillance. Ils n’ont encore aucune idée des épreuves qui les attendent dans ce pays indifférent à leurs souffrances et qui, dépassé par la crise migratoire, vient de boucler sa frontière avec la Serbie avec une clôture de barbelés tranchants érigée par des prisonniers.
Un nouveau mur érigé au cœur de l’Europe par ce même pays qui, il y a vingt-six ans, avait ouvert la première brèche dans le « Rideau de fer » et précipité l’effondrement du communisme en permettant à des milliers d’Allemands de l’Est de fuir vers l’Ouest.
Des réfugiés est-allemands franchissent la frontière hungaro-autrichienne à Sopron, le 10 septembre 1989 (AFP / Interfoto MTI / P.E. Varkony)
Pour moi qui suis originaire de Croatie, qui ai suivi la chute du communisme puis l'avènement des nationalismes dans plusieurs pays de l'ex-bloc de l’Est, le contraste entre la Hongrie post-communiste confiante dans un nouvel avenir et celle d'aujourd'hui, qui semble renfermée sur elle même, est saisissant. Depuis des semaines, la télévision nationale, principale source d’informations du pays, passe en boucle des images montrant les migrants sous leur aspect le plus négatif, les décrivant comme des « terroristes potentiels » ou comme des dégoûtants qui laissent des montagnes de détritus sur leur passage.
Je suis ici dans la Hongrie de Petra Laszlo, cette journaliste d’une chaîne de télévision réputée pour ses positions extrémistes, désormais mondialement célèbre pour avoir,devant les caméras de ses confrères, fait un croche-pied à un réfugié syrien qui fuyait la police avec ses enfants et décoché un coup de pied dans le ventre d’une fillette. Dans cette même Hongrie membre de l’Union européenne, où des bénévoles ont filmé à l’intérieur d’un « camp de transit » interdit d’accès aux journalistes des policiers jetant de la nourriture à des migrants parqués derrière des grillages comme des animaux dans un zoo.
BUDAPEST, 8 septembre
La police tente d'empêcher des réfugiés de monter dans un train à la gare de Budapest-Keleti, le 10 septembre 2015 (AFP / Ferenc Isza)
Dans la gare centrale de Keleti, des centaines de migrants, principalement des Syriens, attendent depuis plusieurs jours, leurs billets à la main, de pouvoir monter dans un train pour l'Autriche. Mais des policiers les bloquent: « Les touristes et les Hongrois d'abord », disent-ils à un groupe d'environ trois cents migrants. La colère et l'incompréhension grondent.
« Pourquoi nous traitent-ils comme ça ? On ne veut pas rester en Hongrie, on veut juste partir d'ici ! » lance l'un d'eux. Le weekend précédent, des milliers de désespérés ont tenté de prendre d'assaut des trains en partance vers l'Allemagne ou l'Autriche, dans un chaos sans précédent à Budapest.
Les marches de la gare sont prises d’assaut par des familles syriennes. Un bébé dort sur le sol, sous une couverture jetée sur ses épaules par sa mère qui dit ne pas comprendre les Hongrois. Sur le perron, une Brésilienne, Regina, appareil photo en bandoulière, cherche désespérément des bénévoles. Cette femme, qui dit se sentir « tellement impuissante devant la détresse de ces réfugiés », raconte qu’elle veut offrir six billets de train à une famille de Syriens et faire le voyage avec eux « pour être sure qu'ils arriveront bien à destination ». La police refuse son offre. Elle reste seule avec sa générosité sous les voutes sculpturales de la gare.
Gare de Budapest-Keleti, le 10 septembre 2015 (AFP / Ferenc Isza)
A l'extérieur, des hommes barbus sortent rapidement du coffre de leur voiture garée à proximité des cartons de vêtements et de chaussures à la dernière mode pour les distribuer. Les migrants, qui ont passé plusieurs nuits d’affilée sur des bancs, sont reconnaissants de cette générosité mais on le sent perdus. Les regards sont furtifs.
A peine suis-je revenue au bureau de l’AFP à Budapest, qui travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour couvrir cette crise migratoire sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, que la rédaction-en-chef à Paris me demande de partir d’urgence à la frontière serbe. Après deux heures de route, nous arrivons à Röszke, ville-frontière située sur l’autoroute qui relie Budapest à Belgrade et principal point de passage des migrants.
RÖSZKE, nuit du 8 au 9 septembre
Un réfugié traverse la frontière serbo-hongroise, le 13 septembre 2015 (AFP / Peter Kohalmi)
La nuit tombe sur Röszke, localité proprette dont les habitants vivent comme reclus dans leurs maisons aux stores et volets baissés, comme insensibles au drame qui se joue à quelques centaines de mètres de chez eux. Dans l’hôtel où nous posons nos valises, les visages des clients sont fermés. C’est un établissement thermal, où les gens viennent pour faire des cures. L’atmosphère est un peu étrange. Elle me fait penser à celle de « L’insoutenable légèreté de l’être », le roman-phare de Milan Kundera, auteur tchèque dont les ouvrages ont pour trame récurrente les vies brisées par le communisme.
Direction le « point de transit », à la frontière, où arrive le gros des migrants.
Et là, soudain, quelques minutes après être sortie de mon hôtel de curistes en peignoir, j'ai le sentiment de me retrouver face à des événements que je n'ai encore jamais vustout au long de ma carrière. J’ai couvert plusieurs conflits et les inexorables crises de réfugiés qui les ont accompagnés. Mais jamais rien de comparable avec ce que j’ai là, face à moi, sur cette plaine hongroise plongée dans les ténèbres: une marée humaine qui coule lentement le long d’une petite route départementale. Le rythme est incessant, comme un souffle de vie qui ne lâche pas prise.
Le "point de transit" frontalier de Röszke, le 8 septembre 2015 (AFP / Attila Kisbenedek)
Depuis les champs de blé ou de tournesols, ils surgissent de partout, leurs visages sont juste éclairés par les gyrophares des voitures de police. Ils disent vouloir marcher jusqu'à Budapest, à 175 km de là, en pleine nuit. Aucun ne se montre agressif envers les journalistes. Ils regardent tous droit devant eux. Ils viennent d’entrer en Hongrie et affirment n’avoir qu’un seul objectif : en sortir en plus vite.
Je prends des notes dans la nuit noire en espérant pouvoir me relire quand j'aurai un peu de lumière.
A quelques mètres de là, la police hongroise tente de dresser un rempart humain pour freiner la progression. Le cordon est bousculé par des centaines de migrants qui scandent : « No more camps » et « Germany ! Germany ! » Plusieurs brandissent leurs enfants dans les airs. Tous les policiers portent des masques hygiéniques. Je vois l’un d’eux qui colle sa main sur le visage d'un migrant en lui ordonnant de se taire. Il sera bousculé par le flot.
Des réfugiés arrivent de nuit à Röszke, le 8 septembre 2015 (AFP / Attila Kisbenedek)
Certains réfugiés poursuivent leur marche vers une station essence, où des tziganes leur offrent des « transports en voiture » jusqu'à la capitale, moyennant 200 euros par famille. Ou plus. Impossible de vérifier. Les chauffeurs improvisés n’aiment pas voir des journalistes leur tourner autour et se montrent agressifs.
Quelques mètres plus loin, nouveau barrage policier. Organisés, les migrants décident de faire un sit-in sur le bitume de l’autoroute qui mène à Budapest. Ils refusent de se laisser conduire dans les camps où les autorités hongroises veulent les enregistrer et relever leurs empreintes digitales. La tension monte encore. Des bouteilles d'eau volent vers les policiers. Un tir de gaz lacrymogène provoque de nouveaux cris. Plusieurs hommes transportent un jeune qui a perdu connaissance, apparemment à cause des gaz. Je dis à un policier que cet homme a besoin d'une aide médicale. « Peut-être », me répond-il avant de tourner la tête.
Un jeune réfugié perd connaissance après avoir respiré des gaz lacrymogènes répandus par la police près de Röszke, le 8 septembre 2015 (AFP / Attila Kisbenedek)
Au bout d’un long moment, le jeune inconscient est finalement évacué en ambulance. Une poignée de migrants accepte de monter dans un bus pour aller dans un camp. Ils se font huer par les autres. La tension est vive, et voilà déjà une nouvelle colonne de migrants qui afflue. Les policiers sont pris en tenaille. Ils appellent des renforts. Des journalistes, redoutant d'être écrasés par un mouvement de foule, se mettent en retrait. D'autres se rapprochent des migrants assis sur la route. Plusieurs dizaines de policiers supplémentaires débarquent de leurs autobus et se déploient pour prêter main forte à leurs collègues à bout de nerfs. Le face à face tendu durera jusque tard dans la nuit.
La tête pleine de ces images saisissantes, nous retournons à l’hôtel pour envoyer nos textes, photos et vidéos. Choqué par ce qu’il a vu, un photographe travaillant pour un média américain craque : « Pourquoi leur font ils vivre cela ? Ils ne veulent que passer, c'est tout ce qu'ils veulent ! » s’écrie-t-il, en larmes.
Quand Rözske s’illumine d’un lever de soleil rougeoyant et spectaculaire, aucun d’entre nous n’a vraiment dormi.
RÖSZKE, 9 septembre
Le prêtre catholique Thomas Liszkai, de Röszke, le seul de Hongrie a avoir voulu ouvrir son église aux réfugiés (AFP / Attila Kisbenedek)
Nous partons interviewer Thomas Liszkai, l'unique prêtre catholique hongrois qui s'est déclaré prêt à ouvrir les portes de son église ainsi qu'une maison d'hôtes pour accueillir des réfugiés. Il brave ainsi les directives de l'Eglise de son pays, qui a appelé à ne pas aider les migrants sous prétexte que cela reviendrait à faire « du trafic d'êtres humains », mais obéit à celles du Vatican qui a au contraire appelé à les accueillir. Rare rayon de lumière dans ce climat de haine et de caricatures déversés sur les migrants, le père Liszkai confie se sentir bien seul dans son initiative. La police a dit non à son projet. Aucun migrant ne franchira le seuil de son église.
Quelques minutes plus tard, nouveau coup de théâtre. Sur l'entrée de l'autoroute de Budapest, plusieurs centaines de migrants qui ont passé la nuit sur le bitume décident de passer en force. Les policiers hongrois, qui portent cette fois des tenues anti-émeutes, se déploient face à eux avec des chiens. Ils le font parfois aboyer sur des hommes qui portent dans leurs bras des enfants terrorisés.
Des policiers hongrois agrippent un enfant réfugié pendant des incidents près de Röszke, le 9 septembre 2015 (AFP / Csaba Segesvari)
Dans la bousculade, des enfants tombent, leur père tente de les protéger en les recouvrant de son corps. Le photographe de l'AFP Attila Kisbenedek les sort de ce mauvais pas, leur évitant de se faire écraser par la foule. Une course folle s’engage (c’est là que la journaliste Petra Laszlo sera filmée en train d’agresser des réfugiés). Les migrants pensent pouvoir rallier à travers-champs l’autoroute pour Budapest. Mais en fait, cette autoroute est bouclée. Pris au piège, les malheureux n’ont d’autre choix que de retourner au « point de transit », près de la frontière, qu’ils avaient quitté la veille.
La multiplication des évènements soudains, la complexité du terrain et du rapport de forces, la densité de la situation, les témoignages des migrants sur leurs vies « dans la guerre » et leurs odyssées respectives créent pour nous, reporters, une charge émotionnelle très forte. Pour couvrir cette situation, où nous devons être partout pour ne rien rater, garder notre distance journalistique nous sauvera.
Le "point de transit" frontalier de Röszke, le 9 septembre 2015 (AFP / Peter Kohalmi)
A plusieurs centaines de mètres de là, des migrants continuent d'affluer depuis la Serbie voisine vers le « point de transit » qui commence à ressembler à une décharge publique à ciel ouvert. Ici, l’aide humanitaire apportée par des bénévoles allemands, autrichiens, mais aussi hongrois est mélangée pêle-mêle. De la nourriture, des chaussures, des cartons, des tentes que les hommes tentent de dresser. Un bénévole anglais, Marc, veut mettre en place des « rues » dans ce gigantesque campement sauvage. En vain, le flot de migrants est trop important. Des volontaires allemands installent des points de distribution de nourriture et de vêtements. Le sol est jonché de tranches de pain, de sandwichs à peine entamés, à coté d'enfants assis sous des tentes ou leurs mères tentent de se reposer.
Comme pour ne pas craquer devant l’immensité du travail à accomplir pour nettoyer la zone de transit, une volontaire hongroise s'est délimité un carré de plusieurs mètres et s’est fixée pour mission d’y ramasser jusqu’au dernier bout de papier…
Un réfugié et son bébé attendent à bord d'un bus hongrois à Röszke, le 10 septembre 2015 (AFP / Csaba Segesvari)
Un groupe de plus en plus important de migrants se forme devant l'unique bus affrété par la police hongroise. Des heures durant, les agents empêchent les migrants de monter à bord. Personne ne comprend la situation. Pourquoi l'attente est-elle si longue? Les camps sont ils saturés? Cherchent-ils, par des brimades inutiles, à envoyer un message aux autres migrants pour les dissuader de venir en Hongrie? A les intimider ? Nous n'aurons aucune réponse à nos questions.
La nuit tombe, la température aussi. Le mercure marque quatre degrés. Comme sortis des ténèbres, des hommes et des femmes, enveloppés dans des couvertures, arpentent le « point de transit » et tentent de se réchauffer autour de feux de bois et en cumulant les couches de vêtements. De jeunes Syriens et une jeune Afghane partagent leurs maigres repas. Des centaines d'enfants restent accrochés à leurs parents. Aucun membre de l'Unicef en vue.
Des policier hongrois arrêtent un groupe de réfugiés qui tentaient de quitter le 'point de transit' de Röszke, le 9 septembre 2015 (AFP / Csaba Segesvari)
Retour à l'hôtel pour transmettre notre travail et avaler notre premier repas de la journée. La nuit est bien avancée quand nous apprenons que des prisonniers sont réquisitionnés pour terminer au plus vite la clôture de 175 kilomètres qui doit sceller la frontière avec la Serbie et endiguer le flot des migrants. Ce sera notre sujet du matin. La nuit est de nouveau très courte.
Venue des quatre coins de l’Europe, l’équipe de l’AFP se serre les coudes. Nous partageons nourriture, aspirines et cigarettes. Nous aussi, nous tentons de garder notre dignité humaine en faisant notre travail. Couvrir les souffrances des réfugiés a un effet miroir sur nos propres identités, sur nos racines et sur nos cultures.
FRONTIERE HUNGARO-SERBE, 10 septembre
Un mirador serbe à la frontière hongroise près de Röszke, le 10 septembre 2015 (AFP / Attila Kisbenedek)
L'aube est froide et pluvieuse. A travers un champ boueux aussi glissant que de la glace, nous marchons vers la clôture barbelée érigée le long de la frontière. Déjà, des prisonniers sont à pied d'œuvre pour finir d'installer les barbelés, qui seront doublés d'une palissade de quatre mètres de haut. La Hongrie s’est donnée jusqu’au 14 septembre à minuit pour achever ce mur. La police nous tient à distance, mais nous parvenons quand même à voir les détenus au travail. Dans une voiture de police garée à proximité, un agent rectifie le maquillage de sa collègue. Une rare note de poésie dans cet endroit glauque, où un mirador d'une autre époque semble figé dans le brouillard.
La pluie continue de s’abattre sans pitié sur les réfugiés qui continuent d'affluer avant la fermeture de la frontière. Quelques bus chargés de migrants partent vers des destinations inconnues. Comme vaincus par l'effet d'épuisement, la plupart des gens ne rechignent plus à monter dans les bus hongrois.
Des détenus hongrois achèvent la construction de la clôture à la frontière avec la Serbie, le 14 septembre 2015 (AFP / Armend Nimani)
Dans la pagaille croissante sur le « point de transit », des Pakistanais cherchent des vêtements secs parmi un tas déposé par des bénévoles. L’un d’entre eux s’empare d’un beau manteau, mais s’aperçoit qu’il s’agit d’un vêtement pour femme. Il découvre aussi un attaché-case, qui lui donne l’aspect insolite d’un homme d’affaires dans la désolation…
La pluie devient de plus en plus froide. Des femmes portant leurs enfants enveloppés dans des sacs poubelles noirs, faute de mieux, tentent de monter dans un des bus, vide et à l'arrêt depuis plusieurs heures. En vain, elles devront attendre. Personne ne comprend la raison. Pourquoi un tel manque d’humanité à l’égard des plus fragiles ?
Nous essayons de poser la question à des employés hongrois du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, qui nous renvoient sur la police. Laquelle ne veut rien savoir de nous et détourne le regard.
Soudain, le bus s'ébranle et un groupe de migrants est autorisé à monter à bord. Un enfant crie « baba, baba » (papa, en arabe) avant de le retrouver parmi les hommes recouverts d'autres sacs poubelles pour se protéger de la pluie. Je me demande ce qui doit se passer dans la tête de tous ces enfants après avoir vu leurs parents humiliés à ce point, quelles rancœurs ils garderont contre la Hongrie…
Une famille de réfugiés arrive en Hongrie sous la pluie, le 10 septembre 2015 (AFP / Attila Kisbenedek)
Sous une tente faite de bric et de broc, des bénévoles hongroises distribuent des chaussures à des enfants aux visages creusés. Cette distribution les met à l'abri de la pluie pour quelques instants aussi.
D'autres parents se pressent à l'entrée d'une autre tente transformée en hôpital de campagne, avec leurs jeunes enfants malades, souffrant de toux, de maux de ventre et de fièvre pour la plupart. Toujours aucun représentant de l'Unicef à l'horizon, et pas la moindre équipe ambulatoire hongroise.
Retour à l'hôtel, trempés et bourrés d'amertume. Dans la nuit, ma collègue Nina, du bureau de Vienne, me téléphone pour me parler de cette désormais fameuse vidéo tournée clandestinement dans un camp de migrants et montrant des policiers hongrois en train de leur lancer de la nourriture comme dans un zoo. Nous tentons de nous y rendre, mais l'endroit est verrouillé par la police. Nous décidons de retenter notre chance dans la matinée.
RÖSZCKE, CAMP DE MIGRANTS NUMERO 2, 11 septembre
Si vous ne parvenez pas à visualiser correctement cette vidéo, cliquez ici.
Et là, le malaise est gigantesque. Je revois mon père m'offrir « Le journal d'Anne Franck » pour mes sept ans et j’ai l’impression d’avoir fait un bond en arrière dans le temps et dans l’histoire, tellement j’ai le sentiment d’être devant l’entrée d’un camp d'inspiration nazie. Je ne suis pas la seule à avoir le sang glacé par cette vision. En fait, tous les journalistes autour de moi ont eu exactement les mêmes pensées.
« Ça pue », dit l’un d’eux.
Nous sommes devant un camp interdit d'accès aux médias, cerné de grillages barbelés de quatre mètres de haut, sous forte surveillance. Des policiers patrouillent le long de la clôture avec des bergers allemands agressifs. Certains jouent sur la laisse des chiens pour qu’ils aboient à notre passage, et en rient.
Derrière les grilles, on aperçoit les visages des migrants, qui semblent au-delà de tout épuisement. Le silence est à couper au couteau. Des centaines de personnes qui pensaient monter dans un bus pour Budapest se sont retrouvées ici. Elles ont attendu pendant des heures à la frontière pour, au final, ne parcourir que deux cent mètres.
Des réfugiés montrent leurs bracelets numérotés à travers la clôture d'un camp de réfugiés près de Röszke, le 11 septembre 2015 (AFP / Peter Kohalmi)
Devant le camp, des bus chargés de migrants attendent le feu vert des policiers aux visages hermétiques pour débarquer leurs passagers. Personne ne s’adresse aux réfugiés pour leur expliquer ce qui va se passer. Après une interminable attente, ils doivent descendre, se ranger en file indienne pour entrer dans le camp où ils sont enregistrés. Un bracelet rose portant leur nom et leur date d'entrée dans le camp avec un code barre leur est apposé. Ces chiffres sur leurs poignets me font frissonner… Les nouveaux venus sont ensuite répartis dans les différents blocs composés de tentes ouvertes à tous les vents.
Je suis tout de même en mesure de parler avec des migrants, à travers le grillage et sous la surveillance permanente d’un policier. Tous mes interlocuteurs improvisés - Irakiens, Syriens, Afghans, Pakistanais – décrivent des conditions de vie épouvantables. Certains disent se sentir prisonniers, d’être « à Guantanamo ». D’autres affirment être « traités comme des animaux », se plaignent du manque de nourriture et de couvertures. Ils disent être privés de toute aide médicale, empêchés de recharger leurs téléphones portables pour rester en contact avec leurs proches.
Un camp de réfugiés près de Röszke, le 11 septembre 2015 (AFP / Peter Kohalmi)
Nous quittons Rözcke la tête pleine d’images insoutenables, comme celle de cet enfant qui hurlait de peur dans la foule chaotique après avoir, pendant quelques longs instants, perdu de vue ses parents. Sur la route du retour, nous croisons des convois militaires. La troupe a été réquisitionnée, elle aussi, pour finir d’installer le mur frontalier.
Maintenant, je suis rentrée à Paris. J'ai rangé mes carnets de notes qui auront bien souffert, tout comme mes chaussures encore maculées de boue hongroise. Je revois tous ces visages, tous ces gens implorant une aide minimale, de voir un médecin, de téléphoner ou de manger à leur faim, et qui à chaque fois se heurtaient au même mur d'indifférence des policiers hongrois.
Et depuis, la Hongrie, dont la population avait été jetée sur les routes de l’exode pendant la deuxième guerre mondiale puis enfermée des décennies durant derrière le Rideau de fer, a fermé sa frontière aux désespérés fuyant la guerre. C’était le 14 septembre 2015.
Sonia Bakaric est une journaliste de l'AFP basée à Paris.
La frontière hungaro-serbe fermée près de Horgos, le 16 septembre 2015 (AFP / Armend Nimani)
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