L’humanité observée par un voyageur de passage.
Les nations ont soldé leur identité et ne sont plus que des unités administratives au service d’un commerce mondial initié et géré par une poignée de grands argentiers propriétaires de la majorité des grandes firmes, bancaires, industrielles et médiatiques. Une telle concentration des biens et des pouvoirs, sans cesse en expansion, engendre de fait des déséquilibres sociétaux et initie naturellement une dictature de la pauvreté et de l’esclavage. Le vieux schéma du productivisme basé sur une croissance exponentielle et gravé dans le marbre par nos dirigeants, se nourrit d’un pillage systématique des matières premières, d’un saccage de l’environnement et conduit irrémédiablement l’humanité à sa perte. Une population terrestre en perpétuelle croissance ne peut, par ses demandes basées sur un tel modèle consumérisme, qu’amplifiée les phénomènes négatifs sur son écosystème. Il faut modifier en profondeur et en urgence le mode de gestion des sociétés et ne plus avoir comme critère, unique et prioritaire, l’économie et comme feuille de route les rapports financiers. Demain, devant de tels niveaux de dégradation, un manuel de jardinage sera bien plus utile qu'un manuel d'économie. Petit conseil au passage, gardez toujours des graines de ce que vous avez semé.
Mettre en compétition les êtres entres eux plutôt que de leur montrer les aspects positifs et constructifs de la solidarité ne fait qu’attiser les envies, nourrir les jalousies et naitre les haines. Analysez les compétitions sportives actuelles, les expansions des sociétés commerciales et industrielles, les combats pour les postes à pouvoir etc… et que constatez vous sinon que pour être devant l’autre, il faut le vaincre, l’absorber ou le détruire. Imaginez une communauté sans esprit de compétition mais avec la volonté du bien être de tous, où les efforts ne seraient plus portés sur l’enrichissement matériel personnel mais sur l’enrichissement spirituel collectif. Rêverie de Bisounours lui direz vous, il vous répondra survie car vous n’avez plus le choix à moins de laisser les trois quart de la population et des espèces, si ce n’est l’humanité dans sa globalité, disparaitre avant la fin de ce siècle. A garder et amplifier les méthodes actuelles et leurs postures, comment feront les individus lorsqu’ils seront plus de 10 milliards d’êtres humains en 2050 alors qu’aujourd’hui déjà, ils prennent à la terre en une année plus que ce qu’elle peut produire dans ce même laps de temps.
Ceci n’est pas une analyse morale pour définir le bien ou le mal mais, une analyse factuelle avec comme postulat de base la recherche d'une utopique solution viable à moyen et court terme. Je dis bien utopique car, il me semble que la solution, de par la complexité des problèmes, la différence des modes de vie, des niveaux de connaissances et des centres d’intérêts des différentes couches qui composent la population terrestre, n’est plus au niveau des compétences humaines. Il y a les optimistes qui voient le verre à moitié plein et les pessimistes qui voient le verre à moitié vide. Ces deux là se shootent au blanc ou au noir et ne manquent pas d'imagination pour s’abriter derrière d’hypothétiques illusions ou se noyer dans de sombres désespoirs. Devant la situation actuelle et les orientations prises par les meneurs, c’est un visiteur de passage qui assiste à une tragédie et voit le monde tel qu’il est et, aux vues des résultats et conflits présents, il a cette étrange sensation que celui-ci est très majoritairement peuplé de fous furieux, de sadiques professionnels, de consommateurs décérébrés, de malades du pouvoir et d'hommes cupides jusqu'au délire ou fanatiques jusqu'à la mort. Baignant dans leur folie et leur ignorance, ils vous préparent l'apocalypse. De la confusion nait le chaos et si cela continu ainsi, la société bâtie sur un pacte tacite de morale humaniste volera en éclat et s'écroulera comme vaste jeu de dominos. Visiblement, les prédateurs dépècent un monde qui court à sa perte.
Nul besoin d’être Cassandre pour faire le constat suivant : Depuis le siècle dernier, l’homme dégrade systématiquement son environnement. Si vous êtes au fait des mécanismes du réchauffement climatique, vous savez que les taux de CO2 et de méthane dans l'atmosphère sont au plus haut et continuent d’augmenter et même si vous réussissez à les stabiliser cela aura un impact certain sur le climat de manière exponentielle avant la fin du siècle. Les mers et les océans sont remplis de déchets à base de matière plastique si bien qu’on parle de septième continent. Sur terre en se mêlant au sol, ce matériau artificiel va caractériser la couche sédimentaire de notre époque. Ce ne sont pas les seuls déchets humains qui se retrouvent dans les sols. L'aluminium, le béton, les résidus d'hydrocarbures, et de nombreux produits chimiques, entre autres, vont très vite devenir des "technofossiles". Passons aux radiations. Les essais d'armes nucléaires et les accidents (Tchernobyl, Fukushima...) ont provoqué des retombées radioactives à des degrés divers sur l'ensemble de la planète. Elles aussi seront détectables par les géologues du futur comme une caractéristique de l'empreinte humaine. Il y a de fortes chances, vu les nombreuses centrales nucléaires en fin de vie encore en activité et avec les systèmes de sécurité obsolètes qui ne sont plus au niveau pour l’époque, que des incidents du même styles surviennent dans les décennies à venir. Une agriculture moderne et outrancière à la recherche de gain quantitatif a délaissé le qualitatif et modifié l’environnement en profondeur. Nombre de forêts ont disparu, et continuent à disparaître pour laisser la place à des terres exploitables pour une agriculture intensive et chimiquement agressive ou à de l'élevage de masse gavé aux antibiotiques. Les destructions d'espèces animales et végétales viennent aussi grandir la liste des modifications de la nature dues à la rapacité productive de l'homme. A cela il faut ajouter l'ensemble OGM, pesticides et autres nitrates, sous-produits de l'agriculture qui depuis des décennies empoisonnent les rivières et les fleuves et rend l’eau dangereuse à la consommation. La déforestation, en outre, provoque une plus grande érosion des sols.
Il est désolant de constater que depuis ces deux derniers siècles les niveaux de cupidité et d’agressivité n’ont pas, malgré les progrès réalisés et les conforts de vie grandement améliorés, cessés de progresser. L’homme est un prédateur, tous le savent, aussi il est surprenant que malgré toutes les découvertes, l’évolution des technologies, les accès à la culture et les connaissances accumulées, l’humanité ne tire pas les conséquences et les enseignements de son histoire afin d’éviter les mêmes erreurs meurtrières de son passé. La survie d’une espèce ne peut se faire que par l’évolution individuelle de ses composants. Vous êtes confrontés à l’usage que vous faites de vous même, qui regarde à l’extérieur rêve, qui regarde à l’intérieur s’éveille. Chaque individu par une conduite positive envers autrui engendre une attitude saine sur le groupe et c’est par la loi du nombre que s’accroit et se propage une énergie positive ou négative. Regardez aujourd’hui, les guerres, les conflits religieux, la rapacité financière, l’avidité du pouvoir, l’agressivité latente au travail, le stress et le mal être dans les foules etc… Tous ces éléments mis bout à bout amplifient de manière exponentielle la noirceur et la négativité des sociétés. Coupable collectivement car responsable individuellement parce qu’ensemble, vous êtes la somme des possibles. L’avenir n’est jamais que du présent à remettre en ordre.
L’homme a pendant des siècles réussi dans la paix et l’harmonie à être artiste et bâtisseur avant de se transformer en pillard et en massacreur parce que les rapports de production qu’il a lui même crées l’exigent. A bien y regarder, son organisation de sociétés et ses techniques de pointes cachent la pire des violences. Il transforme la nature en alliée pour mieux la piller, l’épuiser. Qu’a t’il fait de la beauté du monde, de la beauté des corps ? Il serait prétentieux de sa part de se croire seul dans l’univers. Peut-être sont-ils là, à l’observer et ils vont bientôt donner un contenu réel à sa nostalgie. Il est temps qu’il comprenne ce qu’il va réellement perdre.
Comme ce juif errant qui jadis refusa un verre d’eau au plus célèbre des crucifiés, il se déplace dans le temps, marche à travers l’espace et témoin de votre peine, observe ce monde qui agonise…. Souvenez-vous, le problème avec la fin du monde c’est qu’on ne peut pas la raconter à ses petits enfants.
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