Il avait tout prévu, l’ex-matamore élyséen, et surtout de sortir en tête du 1er tour de la « primaire de la droite et du centre » pour dynamiser sa campagne présidentielle. Tout prévu, sauf que le bon sens des électeurs le renvoie dans les poubelles de l’Histoire d’où il n’aurait jamais dû ressortir après son échec de 2012...
Hier soir, Sarkozy a subi une bérézina politique dont il ne se remettra pas. Pire, cette cuisante déroute lui est infligée par ceux-là même, Fillon et Juppé, qu’il surnommait, avec un grand mépris et son élégance coutumière, « Durien » et « Ducon » lorsqu’il était au pouvoir.
Avec respectivement un score de 44,2 % et 28,4 %, les deux anciens Premiers ministres administrent une déculottée magistrale à celui qui entendait vendredi dernier dans son dernier meeting « siffler la fin de la partie » à son avantage, sous les acclamations d’un public de groupies aveugles et sourdes au rejet du personnage. Avec un score de 20,6 %, Sarkozy sort laminé, ridiculisé, humilié, de cet exercice électoral, malgré un statut d’ancien Président de la République dont il pensait qu’il suffirait à écarter les ambitions des sous-fifres qui avaient eu l’outrecuidance de lui disputer la suzeraineté du parti.
Sarkozy avait pronostiqué un « effet de blast » en sa faveur à l’occasion de son entrée dans la campagne de la « primaire ». Non seulement cet effet de blast ne s’est pas produit, mais Sarkozy a dû galérer pour ne pas être irrémédiablement distancé durant la campagne qui s’est achevée vendredi soir par ce « Durien » et ce « Ducon » qu’il a régulièrement traités de « connards », d’« abrutis » et même d’« enculés ». Des qualificatifs dont il a, il est vrai, également affublé les syndicalistes, les magistrats, les chercheurs, les diplomates, les militaires, les ministres, ses propres collaborateurs, et même les Bretons.
Les Français ne s’y sont pas trompés : la campagne de Sarkozy a été marquée par une double imposture.
En se présentant comme « le candidat du peuple contre le système », notre pathétique matamore a, en espérant bénéficier du syndrome Trump, carrément pris les électeurs pour des cons. À l’exception du cœur partisan de LR, principalement constitué de militants gravement diminués par leurs œillères, qui pouvait gober un argument de cette nature ? Sarkozy est en effet un pur produit de ce « système » subclaquant. Il en est même l’archétype : méprisant envers les faibles et servile avec les puissants oligarques de l’industrie et de la finance.
La deuxième imposture de sa campagne a résidé dans sa prétendue volonté, assénée avec la force des bonimenteurs de foire, de respecter les attentes du peuple, n’hésitant pas à arguer qu’il avait toujours agi ainsi. Impossible de lister ici tous les manquements à sa parole que Sarkozy a infligés à ce peuple qu’il espérait une fois de plus rouler dans la farine pour servir ses rêves égotiques de puissance. Mais nul n’a oublié la manière dont, en 2008, il a jeté dans la cuvette des chiottes le résultat du référendum de 2005 portant sur le projet de traité constitutionnel pour l’Europe. En cette occasion les Français avaient pourtant dit NON à une large majorité. Un vote d’« abrutis » sans aucun doute.
Les plus de 4 millions d’électeurs à la « primaire de la droite et du centre » ont, en ce dimanche, fait œuvre de salubrité publique en débarrassant le paysage politique national de cet aventurier cynique, menteur, manipulateur, inculte et vulgaire qui n’aurait jamais dû pouvoir accéder à la fonction présidentielle.
L’avenir de Sarkozy est maintenant dans le box des accusés. Plus rien ne s’oppose en effet à un renvoi en correctionnelle par le juge Tournaire dans le cadre de l’affaire Bygmalion. Avant sans doute un procès ultérieur dans le cadre de l’affaire du financement libyen de la campagne de 2007. Jamais avant Sarkozy, un candidat à la présidence n’avait à un tel point été suspecté d’avoir violé la démocratie en fraudant massivement, et à deux reprises, le scrutin majeur de la République. Des milliers de petits délinquants sont, chaque année, condamnés et incarcérés pour des faits nettement moins graves. La parole doit maintenant être donnée aux juges.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire