Bobards du Panama: les « crimes » des ennemis de la France
S’il y a cause de se réjouir cette semaine en France, c’est sans doute parce que les « Panama Papers » ne révèlent presque rien sur les paradis fiscaux des élites françaises. L’attention dans les médias français – tout en ayant reconnu discrètement l’existence de biens offshore du Premier Ministre britannique David Cameron – s’est exclusivement portée sur les prétendus ennemis de la liberté – des « dictateurs qui assassinent leur peuple » comme Bachar al-Assad de Syrie et bien entendu le primus inter pares des gredins planétaires: le Président russe Vladimir Poutine; et ceci en dépit du fait que le nom de Poutine n’apparaisse pas sur un seul document rendu public par le Consortium International de Journalistes d’Investigation financé par George Soros et USAID (United States Agency for International Development).
Par contre, personne ne peut lire dans la presse française à grand tirage que des institutions qui représentent certains des individus les plus riches et puissants de la planète, des institutions qui sont toutes intimement liées à la Central Intelligence Agency (CIA): la Ford Foundation; le Carnegie Enbdowment for Democracy; et bien sûr la mère des entreprises de campagnes de déstabilisation fabriquées par les USA à travers le monde, l’Open Society Foundation, assurent le financement de cette « fuite exclusive » de documents.
En lieu et place, nous trouvons des dirigeants que la France a assidûment cherché à renverser commodément reliés aux Panama Papers. Bien que le nom de Bachar al-Assad n’apparaisse sur aucun document, Le Monde a publié le portrait du président syrien à la Une de son édition du 4 avril.
La « connexion Assad » aux documents est fournie par le cousin du Président Berkane Maklouf qui, nous est-il dit, a essayé de contourner les sanctions frappant son pays en créant des entreprises offshore qui ont fourni des pièces de rechange à l’armée de l’air syrienne. Les déclarations de Maklouf sur sa volonté de rester et de mourir en Syrie sont également citées pour démontrer combien il est loyal envers le « régime brutal ».
Ici, nous devons clarifier quelques points sur la Syrie et son « régime brutal ». La Syrie est une république démocratique. Le gouvernement syrien n’est pas, de ce fait, un « régime brutal ». Depuis que des snipers non-identifiés ont ouvert le feu sur la police et des manifestants dans la ville de Deraa le 17 mars 2011, la Syrie a été envahie par des mercenaires terroristes venus du monde entier, dont le passage à l’intérieur du pays a été préparé par la Turquie et le Conseil de Coopération du Golfe, en accord avec le Commandement Central de l’OTAN.
La plupart, sinon tous les crimes de cette guerre ont été commis par les « rebelles » appuyés par l’OTAN. Ces rebelles soutenus par l’OTAN sont des terroristes Takfiris. Toutes les agences de presse occidentales ont raconté des mensonges sur la guerre en Syrie, ce qui veut dire que des milliers de journalistes sont complices de crimes de guerre – ces mêmes journalistes qui accusent désormais le « clan Assad » de fraude financière.
L’OTAN et le Conseil de Coopération du Golfe n’essayent pas de vaincre Da’esh en Syrie. En fait, ainsi que l’ancien commandant de l’OTAN Wesley Clark l’a reconnu, Da’esh est une création des États-Unis et d’Israël dont l’objectif est d’écraser l’axe de résistance chiite anti-sioniste au Moyen-Orient.
La désinformation médiatique à propos de la Syrie fait partie intégrante de l’effort de guerre de l’OTAN – un fait reconnu par l’ancien Conseiller à la Sécurité Nationale des USA Zbigniew Brzezinski.
Il n’y a jamais eu de répression contre des manifestants pacifiques de la part du gouvernement syrien. L’Armée Arabe Syrienne a combattu une insurrection armée soutenue par des puissances occidentales. Toutes ses opérations militaires sont par conséquent en concordance avec le droit international, qui stipule clairement que les nations ont un droit à la légitime défense. Une stratégie-clé employée par les brigades de terroristes en Syrie est de commettre des atrocités et de les imputer au gouvernement.
La plus notoire de ces atrocités a été le massacre de Houla en 2012, quand les enfants de familles pro-gouvernementales ont été massacrés par des terroristes soutenus par l’Occident. L’un des seuls journalistes de la presse occidentale à l’avoir confirmé est Rainer Hermann du Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans un article publié le 6 juin 2012.
En dépit du fait que Hermann soit considéré comme l’un des plus éminents experts européens sur la Syrie, la chaîne franco-allemandeARTE ignora son analyse dans un documentaire profondément malhonnête en 2012 – qui a depuis disparu de leurs archives.
Dans les années qui ont précédé la guerre, le Président Bachar al-Assad était considéré comme un réformateur par l’establishment politique occidental. Les réformes instituées par Assad favorisaient la bourgeoisie nationale émergente aux dépens de la classe ouvrière bourgeonnante du pays. La privatisation « restait dans la famille », avec d’importants contrats étant dévolus à des hommes d’affaire dotés des bonnes relations, loyaux envers l’état, tel Berkane Maklouf.
Le problème des élites corporatistes occidentales, cependant, n’avait rien à voir avec la détresse de la classe ouvrière; c’était plutôt le fait que la Syrie demeurait encore un état souverain et protectionniste, sans aucune dette étrangère et un haut degré d’autonomie politique et économique. Le « Consensus de Washington » réclamait « l’ouverture » de la Syrie à des investissements étrangers plus directs, de pair avec l’affaiblissement de sa souveraineté nationale – pour que l’état arabe nationaliste ne soit plus en mesure de se défendre face à Israël. Quand Assad a refusé de s’y plier, l’OTAN a fomenté une guerre par procuration contre la nation arabe.
Désormais, une tentative est faite par les médias français pour diffamer la famille Assad en dépeignant Berkane Maklouf comme un criminel blanchisseur d’argent; alors qu’en fait, l’usage par l’homme d’affaires syrien de comptes offshore pour soutenir l’effort de guerre syrien n’est pas seulement pardonnable, il est particulièrement remarquable.
Maklouf se démarque nettement d’un autre membre du clan Assad, dont les activités illégales ont récemment été instruites par les tribunaux français; son nom est Rifaat al-Assad et c’est un oncle du potentat syrien. Le 28 avril 2014, Libération rapportait que les onéreuses propriétés de Rifaat faisaient l’objet d’une enquête des tribunaux français pour évasion fiscale.
Le titre nous dit que Rifaat est un cousin du « dictateur syrien »; quelques lignes plus loin dans le texte, nous apprenons qu’il est tombé en disgrâce et en exil à la suite d’un coup d’état avorté en 1984; ensuite l’article révèle tranquillement que le traître et criminel syrien avait en fait rejoint une famille complètement différente: les services secrets français. En somme, bien que l’article semble montrer la criminalité du clan Assad, il démontre en fait le contraire. Car Rifaat al-Assad, banni de Syrie, s’était mis à travailler au service de la politique étrangère française.
De manière similaire, alors que davantage de documents sont « fuités » des Panama Papers, les vrais journalistes d’investigation qui ne sont pas à la solde de Soros/USAID/CIA seront mieux placés pour rendre concrètement compte du dernier stratagème de chaos de l’Empire.
Le journaliste allemand Ernst Wolf, ainsi que le journaliste français Thierry Meyssan, ont plaidé que les Panama Papers font partie d’une conspiration financière US dirigée contre l’Europe, où les investisseurs subissent un chantage pour loger leur argent dans des banques étasuniennes; un prélude, avancent-ils, à une nouvelle crise financière mondiale, qui menace de plonger le Vieux Continent dans le chaos.
En 1892, un autre scandale majeur impliquant le Panama avait secoué Paris, quand il fut révélé que le gouvernement français – afin de cacher la banqueroute financière de leur projet de canal au Panama – avaient accepté des pots-de-vin de la part des industriels concernés. Le climat politique français était alors devenu particulièrement « antisémite » quand le journal La Libre Parole avait commencé à publier tous les noms des financiers impliqués dans la magouille – la plupart d’entre eux étant juifs. Étant donné ce que nous savons de ceux qui financent le Consortium International de Journalistes d’Investigation, cette fois-ci la classe dirigeante sioniste française n’a rien à craindre.
Par Gearoid O’Colmain, traduit par Lawrence Desforges
Gearoid O’Colmain, correspondant du média indépendant American Herald Tribune à Paris, est un journaliste et analyste politique. Son travail se focalise sur la mondialisation, la géopolitique et la lutte des classes. Ses articles ont été traduits dans de nombreuses langues. Il est un contributeur régulier à Global Research, Russia Today International, Press TV, Sputnik Radio France, Sputnik English, Al Etijah TV, Sahar TV English, Sahar French et est également apparu sur Al Jazeera. Il écrit en anglais, en gaélique irlandais et en français.
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