Ce texte, déjà publié chez les moutons enragés, nous a été soumis par son auteur, Zénon. Si le gouvernement veut réellement limiter l’immigration, il devrait placarder cette lettre à l’entrée de tous les consulats de France. Au-delà de l’immigration, la lettre s’adresse aussi aux Français eux-mêmes, étalant les mensonges et faux-semblants que nous aimerions ne pas voir. RI

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Je m’adresse aujourd’hui à tous les enfants de terres exploitées, de pays en guerre, de cours d’eau et de territoires corrompus ou stérilisés par la cupidité humaine à quelque niveau de responsabilité que ce soit. Je m’adresse à tous les déshérités de leurs racines, de leurs ressources et de leurs traditions, qu’ils soient nés de ce côté du monde ou aux antipodes. À l’ensemble de celles et ceux prêts à faire le pari d’un avenir meilleur. Car un malheur commun menace de nous jeter dans la tourmente et la diaspora généralisées. Et que seul d’un commun accord, les peuples de la Terre auront une chance de sauver leurs valeurs et leur liberté.
J’ai grandi dans une modeste banlieue française que la bienpensance politique actuelle qualifierait de « société multiculturelle ». À vrai dire un modèle réussi d’entre elles, car il n’était parmi nous du temps de ma jeunesse ni question de racisme, ni de contradiction déclarée entre la vie citoyenne et les pratiques religieuses.
Il faut dire qu’à l’aube des années quatre-vingt-dix, la France offrait encore assez de possibilités d’emploi et d’accès au confort de vie occidental pour permettre l’intégration de travailleurs du monde entier et de toutes cultures. Le socle idéologique consumériste était à l’époque assez solide. Puis est venu le temps de la désillusion progressive. Prise dans le tourbillon mondialiste, l’Europe a petit à petit vu se fondre sa capacité à assurer le bien-être matériel de ses habitants. Et ses rêves d’égaler le « modèle » américain, sauf en matière d’injustice, de lois liberticides et d’abus policiers. En périphérie des grandes villes, les descendants de la main d’œuvre bon marché de l’époque se sont retrouvés parqués, ethnie par ethnie, confession par confession, dans des cités dortoirs sans âme ni horizon. Ni surtout sans la moindre perspective d’en sortir. Une économie parallèle à celle autorisée légalement s’est organisée afin d’y permettre une survie plus ou moins précaire, avec la complicité d’un pouvoir d’état ici comme ailleurs acteur de sa propre déréliction. Les peuples ont appris à s’y regarder en chiens de faïence. À se croire en compétition dans un système qui de toute évidence pouvait dorénavant se passer d’eux.
Les derniers ressorts de cet empire à bout de souffle, pour se maintenir, ont été ces dernières décennies l’émission par wagons entiers de monnaie de singe ; autrement dit d’argent-dette sans la moindre valeur, l’ingérence ou la guerre pour l’appropriation des ressources naturelles, et la propagande. Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que nous sommes depuis trop longtemps victimes de cette imagerie mensongère qu’entretient de lui-même l’Occident. Je connais la fiction continuellement véhiculée dans vos foyers par Hollywood, la publicité, mais aussi et surtout par les récits idéalisés de vos fils, frères ou voisins déjà expatriés. J’ai rencontré nombre d’entre eux travaillant ici depuis des années, dont la plupart se privaient de tout et envoyaient chaque mois au pays de quoi rembourser dans un premier temps les sommes cotisées pour leur voyage. Et continuer ensuite indéfiniment afin d’entretenir le mythe de leur réussite personnelle, de honte à l’idée que soit révélée la réalité de leur condition. Ils se complaisent par faiblesse à vous entretenir dans l’illusion d’un pays de Cocagne où tout est possible et où vous seriez, vous aussi, les bienvenus. C’est pourquoi je vais tenter de vous décrire le quotidien que beaucoup n’avoueront jamais. Et vous apporter un bref aperçu des revers de ce décor idyllique.
Bienvenue au royaume de la fausse abondance. L’apparente profusion de denrées de toutes sortes importées des quatre coins du Monde ne fait qu’occulter la pauvreté en nutriments des aliments proposés à nos portefeuilles. Le Codex alimentarius règle en la matière la quantité de vitamines et d’acides aminés que doivent contenir nos tomates, tandis que sont testés les taux de pesticides et produits chimiques supportables par nos organismes. L’empoisonnement généralisé des sols sera le terreau des cancers et autres maladies chroniques faisant la prospérité florissante de notre industrie pharmaceutique. Si vous aussi voulez lui servir de cobaye, vous êtes aimablement invités à vous joindre à nous. Bon appétit !
Pour ce qui est des salaires mirobolants que vous feront miroiter passeurs et autres exploitants de la traite humaine néocoloniale, il faut savoir qu’un emploi non-qualifié ne vous rapportera guère plus que le salaire minimum. Qu’en déduisant de celui-ci impôts et charges, il sera impossible d’entretenir avec une famille. Ce salaire légal est d’ailleurs ici l’objet de constantes remises en question : on proposera au jeune de moins de vingt-cinq ans, entre deux stages non-rémunérés, un « service civique » ou autre boulot de larbin payé au lance-pierre, corvéable à merci et jetable à l’issue de son contrat. Le fonds monétaire international songe d’autre part à faire nos états-vassaux légiférer de sorte à vous employer sans rémunération minimale ni limite horaire. L’opulence ne dissimule ici encore qu’un esclavagisme absolu.
Les naturalisés de longue date auront la chance, s’ils sont seuls, de partager à trois sur des lits superposés une chambre de neuf mètres carrés dans un foyer de travailleurs, ou bien s’ils ont une famille d’occuper un clapier délabré au fin fond d’une cité sans terre ni espace, à la verdure artificielle et où l’imagination se trouve perpétuellement cantonnée entre quatre murs. À ceci de différent avec la vie en prison qu’il vous faudra dans celle-ci payer pour votre cellule. Quant aux arrivants les plus récents d’entre vous, ils auront droit à un confort d’accueil digne de celui de nos camps des années quarante, avec la technologie génétique en renfort. Il vous faudra laisser votre ADN à l’entrée et présenter vos empreintes pour passer la nuit dans un container de transport de fret recyclé pour l’occasion, sans fenêtre, en compagnie d’une soixantaine de compagnons de galère… Une énumération complète serait trop longue pour ce chapitre.
Au contraire de ce que vous avez pu connaître dans vos maisons, dans les rues de vos villes ou de vos villages, la vie de famille a depuis longtemps cessé d’être ici la norme ou la référence. Les générations ne communiquent plus. Les vieux achèvent leur existence loin des leurs, dans des sanatoriums où l’épaisseur des murs et les sédatifs garantissent que ne filtrent pas un écho de leur témoignage ou de leur souffrance. Ici comme dans les autres provinces où nul regard ne peut échapper aux écrans numériques, la parole est de plus en plus notoirement proscrite. Aventurez-vous dans nos quartiers chics ou dans nos ghettos, vous n’y croiserez qu’un essaim de fantômes abîmés dans une dimension parallèle. Quelle que soit enfin votre culture d’origine, nos gouvernements voudront, par tous les moyens institutionnels et publicitaires, y substituer chez vos enfants celle de la suprématie marchande. Derrière son culte de l’individualité narcissique, celle-ci ne vise en définitive qu’à dissoudre toutes nos identités. Condition qu’il vous faudra accepter pour bénéficier des allocations allouées à crédit afin d’ajourner l’effondrement qui nous pend au nez.
Car certes, si vous espérez profiter de notre système social, il vous sera encore possible de vivoter de prestations et d’aides en tous genres sans devoir travailler en contrepartie.
Du moins quelque temps. Car il existe plusieurs revers à cette usine à gaz. D’une part, ne croyez pas que l’assistanat tel que nous le voyons pratiqué relève d’un quelconque humanisme. C’est au contraire l’instrument idéal d’un empire totalitaire pour assujettir définitivement ses ressortissants. L’attribution de ces subsides dépendra en effet de votre soumission à toutes les décisions politiques, à toutes les autorités, à tous les contrôles. L’objectif réel du dispositif est de museler toute contestation, d’éteindre d’avance toute revendication chez des individus dociles et grassouillets. Votre liberté sera le prix à payer de votre confort matériel. L’état réussit en prime le tour de force, en nous entretenant dans la dépendance, de faire oublier que c’est d’abord lui qui dépend de nous. Parallèlement, le maintien constant d’inégalités de traitement entre différentes couches de population ; de privilèges aux uns tandis que d’autres sont exploités, permet au pouvoir de diviser les peuples enferrés dans un faux antagonisme idéologique. Par un effet particulièrement pervers d’inversion des valeurs, la « solidarité » institutionnelle s’avère l’impitoyable broyeuse de toute la cohésion naturelle à nos sociétés.
J’en arrive ainsi au mythe fondateur d’une des plus grandes impostures jamais mises en scène : je veux parler de la démocratie moderne. Vous savez : cet idéal charitablement bombardé partout sur le globe, assaisonné d’uranium appauvri et de phosphore blanc. Conçu dans les loges britanniques et françaises tout au long du dix-septième siècle, le modèle démocratique actuel ne présente aucune caractéristique en commun avec celui de la Grèce antique dont il se réclame. Cette mascarade avait pour vocation de liquider, en Europe et dans le reste du Monde, l’ordre traditionnel pour lui substituer un régime totalitaire transhumaniste et marchand alors en projet. Il fallait un système de transition propre à fournir au peuple l’illusion de sa liberté, de sa mainmise sur son destin tandis qu’on dressait autour de lui les tours et les barbelés. Ce prétendu « pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple » n’a cessé de mimer une représentativité publique dès le départ purement fictive. Ses dirigeants sont tous préalablement cooptés parmi les ayant-droits des intérêts mondialistes, et leurs gesticulations médiatiques dissimulent à grand peine leur adhésion unanime au dessein final : notre propre signature au bas du contrat de leur totale procuration sur nos vies. Car à présent que sont suffisamment concentrés pouvoirs et richesses, que nous-mêmes y sommes de mieux en mieux préparés, et que science et technologie convergent à leur proposer la matrice adéquate à la réalisation du projet, le moment est venu pour eux de lever le masque. Il serait bien sûr plus simple de déployer l’arsenal militaro-policier comme par le passé. Mais l’Histoire ne leur a que trop bien enseigné qu’une manœuvre violente entraîne mécaniquement une violence équivalente en retour. C’est notamment la raison pour laquelle leurs manœuvres de contre-insurrection restent aussi relativement mesurées, et qu’ils autorisent de si bon gré la diffusion de tant de scandales les concernant. Croyez-vous vraiment qu’une presse majoritairement possédée par des marchands d’armes et des banquiers risquerait de livrer des informations nuisibles aux intérêts de ses maîtres ? La divulgation au grand jour d’affaires de corruption, d’escroqueries, et l’affichage de la vie privée des politiciens dans les tabloïds ne participent en réalité qu’au discrédit volontaire de la forme actuelle d’exercice du pouvoir afin d’encourager l’acceptation de la suivante. Que les âmes optent de leur plein gré pour la damnation n’est-il pas le défi du diable ?
Je ne me suis pas livré à cette assez longue énumération dans l’idée de vous faire croire que la vie d’ici serait pire que chez vous. Mais pour que vous puissiez vous représenter ces réalités, au lieu de phénomènes distincts, comme les différents rouages d’un même processus. La police et la publicité, la pollution et la technologie, les guerres, les famines, l’économie et la politique se trouvent aussi étroitement liées qu’est intégré chaque être à son environnement extérieur. Les grandes vagues de migrations prévues, financées et logistiquement soutenues par les pouvoirs en place concourent de la même manière à l’instauration de l’ordre qu’ils entendent imposer par le chaos. Leur objectif n’est pas le remplacement de population que craignent tant les plus attachés d’entre nous à leur territoire ou à leurs coutumes. Il s’agit de mettre en œuvre la spoliation généralisée non seulement de nos biens et de nos ressources, mais aussi des vôtres. Car tandis que vous occuperez nos emplois pour vos salaires d’origine, personne ne défendra vos pays des juntes mercenaires y sécurisant le pillage des richesses devant vous revenir… Rien ne condamne pourtant quiconque à n’être qu’un simple pion sur leur échiquier. Il suffit pour commencer de ne pas céder aux chants des sirènes.
Car le grand basculement se dessine déjà ; à travers l’effondrement économique du bloc occidental, la disparition progressive du dollar dans les échanges internationaux ou celle de l’argent physique aux guichets des banques. Nous sommes actuellement près du point de rupture. L’ancien système est en état de mort clinique, tandis que le prochain tarde à se mettre en place en raison de dissensions au sommet quant à la répartition des profits. Tout est par définition possible dans un pays sans loi. Il en est également ainsi à l’échelle du Monde. Ce moment historique offre certes la perspective d’un enfer total, mais aussi l’opportunité d’un profond rééquilibrage entre les pouvoirs et dans nos rapports. Nous avons le choix de souscrire à l’idéologie dominante et de travailler à notre propre perte, ou de participer activement à bâtir un autre avenir.
Alors, d’abord aux expatriés d’ici pour s’enrichir des métastases de notre système aux quatre coins du globe : vous ne serez pas à l’abri des vents dans l’œil du cyclone. Vous condamnez vous-mêmes vos enfants à grandir dans des cités-bulles en perpétuel état de siège. La consanguinité aura eu raison de vos murs avant la troisième génération.
À tous les trimards et déshérités ne rêvant que d’Eldorado, sachez que la terre promise n’est, à l’instar de l’âge d’or, que pure et simple vue de l’esprit. Le seul paradis qui vous tend les bras réside en l’état intérieur que vous cultivez ici et maintenant. Dans votre volonté de lui donner corps à travers vos actes. A quoi bon dès lors désespérément vouloir grappiller quelques dernières miettes d’un consumérisme à crédit, surtout quand celui-ci ne demeure principalement possible que par l’expropriation des fruits de votre travail et de vos ressources, alors qu’aussi bien l’instinct de conservation que la logique exigerait de vous battre pour libérer vos pays de l’emprise de ses exploiteurs ? Beaucoup sourient en effet ici des « républiques bananières » instituées pour accréditer l’émancipation des anciennes colonies. Ils gagneraient à considérer qu’elles ne sont que les plus récents avatars des nôtres. Vendus à la même cause. Rappelons-nous du sort de ceux ayant sincèrement œuvré au bien-être de leur peuple : Sankara, Chavez ou Kadhafi. Probablement bientôt Bachar-Al-Assad… Vous m’aurez compris. Nous avons chacun du ménage à faire parmi nos délégués et nos ambassades. Vous me demanderez comment renverser les choses à notre niveau. Je ne suis pas spécialiste en insurrection contre-impériale, mais s’ils ont fait de la technologie leur arme principale, nous devons partir du présupposé que c’est également leur talon d’Achille. Quand je parlais tout à l’heure de se battre, il s’agissait avant tout de ne pas déserter le terrain ni de se tromper d’ennemi. Puisque la mobilisation constante est l’artifice par lequel ils arrivent à nous déposséder de notre présence à nous-mêmes, la désidentification doit devenir notre mode d’action conscient. Le désintérêt pour les signes d’appartenance à telle ou telle catégorie sociale doit nous conduire à réinvestir le langage, l’espace public, ainsi que chaque interstice de liberté laissé vacant. S’il peut paraître insensé d’opposer la simple parole aux canons des chars et aux bombes, songez que leur armement leur confère seulement le pouvoir de détruire ce Monde, tandis que le Verbe nous offre celui d’en inventer de nouveaux.
Aux égarés qui voient en la perspective d’investir l’Europe l’opportunité d’une revanche au colonialisme ; qui considèrent l’ensemble des Occidentaux comme les bénéficiaires de l’exploitation dont ont fait l’objet leurs aïeux, je répondrai de ne pas tant se focaliser sur l’esclavage passé que sur celui à venir. Et de surtout garder à l’esprit que la traite ou bien l’expansionnisme impérial de l’époque n’ont pas profité à la majorité des visages-pâles, loin s’en faut, mais à une petite minorité dont descendent les milliardaires finançant et soutenant aujourd’hui les réseaux de passeurs pour votre venue… Je laisse à chacun le soin d’effectuer ses propres recherches sur le sujet. En tout état de cause, il convient de se demander toujours ce que dissimulent la gratuité, l’humanisme, ou encore l’apparente hospitalité des pays visés. Et si votre désir de vengeance est tel que vous ne pouvez vous empêcher de passer à l’acte, alors veillez à ce que celui-ci ne se trompe pas d’ennemi. Qu’il s’attaque en priorité aux responsables de la situation : c’est-à-dire les générations de politiciens corrompus qui se sont succédées à superviser votre asservissement pour le compte de multinationales apatrides. Comme je le disais, nous avons le même ménage à faire de notre côté. Probablement d’ailleurs depuis plus longtemps.
À ceux enfin qui rêvent de mourir en martyr et ne croient pouvoir donner un sens à leur vie qu’en la sacrifiant, qui se repaissent des larmes et du sang de leurs anciens frères en humanité : vous n’êtes à la face du Monde que les putes au rabais des maîtres que vous prétendez combattre. Le wahhabisme n’est qu’une énième émanation talmudique visant à concrétiser le projet du grand Israël. En vous réclamant de l’Islam pour perpétrer vos crimes, vous dévoyez la foi et la recherche spirituelle d’un milliard et demi de croyants sincères… Il n’existe ici-bas nulle autre guerre sainte que celle qui consiste à traquer inlassablement l’Ennemi en soi. Vous prétendez au Paradis pour avoir semé autour de vous les grains du chaos ? Je dis que si Dieu existe comme je le crois, vous découvrirez bientôt que le ridicule sera votre seule immortalité.
Il est certes très difficile d’avancer debout les yeux grands ouverts en ces temps de confusion et de tromperie généralisées. Tellement plus simple de céder aux promesses d’une secte ou d’une autre. De se soumettre à la première croyance ou autorité pour se déresponsabiliser de ses actes. Pourtant… La libération commence par l’acceptation de notre implication dans le processus décrit plus haut. Dans son inscription profonde en notre subconscient et dans nos réflexes. « Dieu se rit des hommes dénonçant les effets dont ils chérissent les causes », écrivait Bossuet. Il nous faut comprendre en quoi nous alimentons le système de prédation actuel non seulement par l’emploi que nous acceptons d’y occuper et par nos choix de consommation, mais aussi dans notre rapport à l’autre ainsi qu’à nous-mêmes. Parce qu’effectivement, asseoir l’hégémonie des banques en s’endettant pour acheter des merdes inutiles dont la production implique l’exploitation d’enfants, la ruine de notre habitat naturel et la disparition de la plupart des espèces vivantes, est une participation active à la mécanique mortifère dans laquelle nous sommes engoncés. Ceci n’est qu’un exemple de toutes les façons par lesquelles, entre d’un côté la peur et de l’autre la tentation, nous entretenons notre propre esclavage et celui des autres. Mais nous préférons fuir ces réalités du regard, d’abord par orgueil : comment ai-je été assez sot pour me laisser abuser à ce point ? Mais peut-être aussi, et plus sournoisement, de réticence à admettre que nous ne sommes qu’Un.
Il ne saurait ici être question de philosophie, ni d’une quelconque référence à la doctrine du nouvel-âge. Ce fait tend à être prouvé aussi bien par l’observation des fonctions d’apprentissage chez les animaux, la synchronicité de la maîtrise du feu comme de la découverte de la roue parmi des peuples n’ayant pu communiquer entre eux, ou bien la floraison simultanée des bambous partout sur le globe, que par les découvertes scientifiques les plus récentes quant à la transmission de l’information au niveau quantique. Bien que sur le plan matériel chaque chose nous apparaisse distincte des autres, les éléments qui les constituent sont en perpétuelle interaction au niveau de l’infiniment petit, dans lequel se fondent toute frontière et toute notion de temps et d’espace. Il semblerait que l’univers que nous percevons soit en réalité de nature holographique. À ce titre, le Tout serait alors dans son principe indivisible de ses parties. Ce paradigme expliquerait de façon cohérente non seulement l’omniprésence du nombre d’or et la géométrie fractale que l’on retrouve dans toutes les structures du vivant, mais également les phénomènes moins tangibles de visualisation à distance et de transmission de pensée. Une connexion intime à cette dimension de nous-mêmes incluse dans l’esprit du Tout rendrait possibles les miracles attribués aux plus grands mages. Je n’aurai pas la prétention intellectuelle de confirmer ou d’infirmer une telle théorie. La recherche rejoint néanmoins dans ce domaine les enseignements traditionnels notamment amérindiens, gnostiques, bouddhistes et hindous.
Nous devons alors nous pencher sur cet attachement maladif à nous croire uniques et distincts de ce qui nous entoure. Sur cette peur du lâcher-prise, de notre perméabilité au monde extérieur nécessitant pour s’en prémunir de dessiner toute une architecture de lignes imaginaires. Nous sommes d’abord collectivement soumis à un conditionnement multiséculaire à la dissociation et au dualisme. Devenu aujourd’hui injonction quasiment acceptée par tous à perpétuellement se définir. Si l’on remonte le fil de notre généalogie, on trouve la plus ancienne expression de ce penchant chez les premiers de nos ancêtres à avoir enterré leurs morts. Même si des raisons sanitaires peuvent en avoir expliqué la cause, je trouve intéressant que l’anthropologie considère cette distinction de notre part entre vie et trépas comme ce qui différencie également l’homme de l’animal… Mais il ne s’agit pas de gloser sur nos origines. Cette peur de disparaître est assurément à la base des limites que nous mettons nous-mêmes à notre perception. Elle est l’exact pendant à notre incapacité d’assumer l’arborescence infinie des conséquences de nos actes. En somme, l’envers de notre peur de vivre… L’interprétation volontairement biaisée par les religions du Déluge et des catastrophes ; cette vision infantilisante du châtiment d’un Dieu à l’image que l’homme se fait de lui-même, voudrait nous faire occulter la parfaite résonnance entre nos émotions, négatives ou positives, et le degré d’harmonie possible sur la planète. Notre responsabilité directe en tout ce qui se manifeste. Mais une fois admise la porosité entre notre autofiction et ce qui nous entoure, une fois pleinement acceptée l’absence de barrière entre quoi que ce soit, il nous redevient possible de voir l’étendue des implications de notre simple présence au Monde. De notre capacité d’agir à notre niveau à y bâtir un enfer techno-moderne ou une antichambre du paradis.
Il apparaît certes probable à l’aune de plusieurs constats précités qu’une nouvelle guerre Mondiale est inscrite au calendrier. Mais cet avenir que l’on nous promet et nous vend ne dépend que de notre soumission aux desiderata de nos maîtres. Il va de soi que toute insurrection populaire serait aujourd’hui plus violemment que jamais réprimée. Mais il n’appartient qu’à nous de cesser de nous enchaîner davantage à ce système d’illusions qui voudrait que le bien-être soit nécessairement matériel. Que nous soit gravée sur le front l’obligation de travailler encore et encore, de courir d’urgence en urgence à des tâches toujours plus absurdes afin de seulement pouvoir prétendre « s’en sortir »… Il n’existe en réalité aucune issue positive à cette fuite en avant. Ni individuelle ni collective. Notre course après plus d’argent, de croissance, de produit intérieur brut et de consommation ne constitue pas la solution à nos maux : elle en est au contraire la cause. Elle est à l’origine de la plupart des conflits entre personnes ou nations. De la pollution de l’air, des eaux et des sols par l’industrie lourde et le nucléaire. Elle est le prétexte à nous faire œuvrer quotidiennement contre notre propre intérêt, ainsi que l’instrument par excellence de notre aliénation. N’importe qui a cependant la capacité de conjurer ce mauvais sort. Il suffit pour cela de commencer à ne plus y croire. De ne plus légitimer par un bulletin de vote la présence au pouvoir d’escrocs, d’assassins et de vendus notoires. De ne plus accorder de crédit aux paroles de journalistes employés par des marchands d’armes. Ni d’acheter la dernière connerie technologique importée de l’autre bout du globe et qui, loin de vous rapprocher de votre entourage, vous isolera toujours plus. Il convient enfin de considérer l’argent pour ce qu’il est réellement : à savoir l’instrument de domination d’une poignée de magiciens noirs sur l’humanité. Le Veau d’or de la nouvelle Babylone… Mes frères, mes sœurs, il est plus que grand temps de mettre le feu aux idoles. De nous réapproprier notre temps, notre énergie. Notre liberté. De rompre avec nos comportements dictés par la peur et nos dépendances à de faux besoins. Car nous valons tous autant que nous sommes infiniment plus que cela. Plus que nous ne pouvons même l’imaginer. Notre conscience est l’intermédiaire entre l’unicité de l’Esprit et son action jusque dans la division cellulaire. Elle est de nature intrinsèquement magique et tissée de reflets d’étoiles. Aussi ne devons ni ne pouvons-nous laisser s’éteindre cette flamme. Ni oublier l’Enfant, plus que quiconque ouvert à l’amour et à la beauté. Nous avons l’incroyable chance d’être au Monde ici et maintenant. De pouvoir absolument tout faire pour le sauver. Qu’attendons-nous pour rendre son sens à nos vies ?
L’Histoire nous a plus de fois qu’il n’en fallait enseigné que les renversements de régime, utopies ou révolutions imposées du collectif à l’individu n’ouvrent la porte qu’aux pires catastrophes humaines. Aucun bonheur ni salut n’est à rechercher ailleurs qu’en nous-mêmes. La seule structure sociale harmonieuse et viable dans la durée sera celle que nous mettrons en œuvre une fois opérée cette libération intérieure. Trop de générations avant nous se sont fourvoyées à de vains combats, ou bien par lâcheté ou paresse ont préféré commettre leurs descendants au soin d’assumer leurs erreurs. Devant l’état d’avancement du projet de grand génocide avant le transhumanisme, nous sommes probablement la dernière à disposer d’une chance – même si je concède qu’elle semble infime – de s’émanciper. Il sera trop tard lorsque nos héritiers porteront des implants informatiques au cerveau et seront physiquement dépendants de la robotique pour survivre. Devant le soleil qui nous illumine, devant les cours d’eau qui nous baignent et sous les cieux qui nous guident, au nom de nos plus beaux souvenirs et de nos rêves les plus sacrés, nous ne pouvons pas tolérer de laisser perpétrer une telle infamie. Alors levons-nous, camarades, avant de regretter d’avoir gardé les bras croisés sur Terre en cette fin de cycle. Le château de cartes du grand Architecte est plus que jamais branlant, vulnérable à la moindre secousse. Il nous est possible, par notre simple désertion des champs de bataille qu’ils voudraient nous voir investir, de renverser en à peine quelques jours ce système inique. Saisissons cette ultime occasion d’honorer la lumière en chacun de nous et la liberté qui coule en nos veines. Nous avons reçu la grâce infinie de pouvoir nous transcender au travers des épreuves qui nous incombent. Le moment où jamais est venu de nous en rendre dignes.
Zénon