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samedi 28 février 2015

EN CE BEAU PAYS DE MERDE ......

et si on arrêtait de parler de charlie ?

À propos de « nous » et d’ « eux », et de la nécessité de sortir du choc des civilisations
par Sellouma 
26 février 2015
Les lignes qui suivent sont une réponse aux discours et pratiques amalgamant les populations victimes de l’islamophobie et du racisme d’état en ce beau pays de merde…
L’envie d’écrire est née de la lecture de l’article de Pacôme Thiellement, « Nous sommes tous des hypocrites », lui-même écrit en réponse frontale aux « Je suis charlie » de l’après 7 janvier, et qui a suscité en moi un certain malaise. L’article de Pacôme cible à juste titre un « nous », celui que l’élite politique, médiatique et culturelle a construit sur le mépris de classe et de race. Mais la définition du « eux » censée s’y opposer, faisant des tueurs du Charlie ses figures de proue, me paraît réductrice. Certes, l’article de Pacôme est percutant dans cette mise en scène terrible d’un conflit raciste, impérialiste et classiste, avec comme toile de fond salutaire une ébauche des conditions sociales ayant amené les protagonistes à commettre cet attentat. Mais les contours dessinés par ce « nous » et « eux » sont au mieux volontairement imprécis, au pire forçant un trait inexistant quand il s’agit d’aborder les musulman-e-s et non blanch-e-s pauvres. Justice est rendue aux « eux » diabolisés – et les « nous » endossent à juste titre le sale rôle : cette stratégie d’inversion rend le texte terriblement efficace. Mais ce serait trahir la réalité sociale que de rester dans ce cadre.
Il faut désormais dégainer une autre réponse stratégique, qui implique de cesser de poser notre analyse à partir de l’attentat contre Charlie, dont le gonflement médiatique n’est rien d’autre que la mise en scène d’un choc des civilisations. Il est important de rompre aussi avec une lecture raciale et sociale trop expéditive, autrement dit : délier jusqu’au bout l’association entre le fait d’être pauvre et musulman en France et celui d’être un takfiriste. Les catégories les plus opprimées de la société font en effet l’objet trop souvent de jugements experts qui analysent leurs orientations politiques comme des choix « identitaires », découlant eux-même de leur origine sociale et culturelle, et cette assignation automatique alimente les discours complotistes sur la « communauté musulmane ».
Nous avons aussi vécu ce genre de discours à propos des gays, des lesbiennes, des trans aussi, associé-e-s à une maléfique opération intitulée « Théorie du Genre », supposée menacer l’équilibre de la famille et de la nation. Si le fait de subir l’exploitation et la domination marque assurément nos trajectoires de vie, nous restons comme quiconque le produit de nos actions. L’autodétermination n’est pas un luxe réservé au self made man bien né ou au miraculé social. On pourrait même dire le contraire : n’est-ce pas quand on est un bourgeois pété de thunes qu’il est le plus difficile de s’extraire de son milieu, de son confort, de sa clique sociale, de ses préjugés ? De sa damnation prochaine ? Jésus n’a-t-il pas prévenu qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ?
Sortir du microcosme charliste signifie aussi porter son attention aux phénomènes politiques internationaux/hors frontières, en l’occurrence les effets des processus révolutionnaires et contre-révolutionnaires dans le monde arabe. L’ensemble de ces effets n’épargnent personne. La politique s’occupe de nous, et si les événements politiques en France nous somment de nous positionner, pourquoi ne serait-ce pas le cas des questions internationales ?
Qui sommes « nous » ?
Aujourd’hui les musulman-e-s, groupe dont je fais partie, n’ont pas le droit de s’exprimer politiquement. Notre subjectivité est déniée ou dénigrée, considérée justement comme trop subjective, voire irrationnelle, pour porter un quelconque savoir – surtout lorsqu’elle menace de mettre en pièces un système économique et civilisationnel. Il est terrible de constater à quel point il est aisé de nous marteler l’esprit au point d’oublier que nous sommes juste à quatre ans du déclenchement des révolutions dans le monde arabe, un exemple pour le monde entier, et en France à dix ans depuis la révolte des banlieues.
Les récents événements politiques prouvent également de la capacité politique de nombre de victimes du racisme de prendre en charge une solidarité politique, vis-à-vis des victimes de la guerre, la contre-révolution, de la répression d’état et de l’oppression, quitte à se retrouver sur la première ligne de la répression policière. Ce fut le cas cet été lorsque les manifestations de solidarité avec la Palestine avaient subi une répression raciste, car les manifestants avaient dénoncé la complicité du régime français dans la perpétuation du régime colonial israëlien.
La meilleure façon d’aborder les catégories sociales me paraît être de partir des dynamiques dont elles sont porteuses. Si exister c’est exister politiquement, alors les différentes formes de luttes que nous choisissons traduisent quelque chose de notre mode d’existence et du type de monde que nous souhaitons construire – c’est ce que révèlent par exemple les travaux d’Abdellali Hajjat sur l’engagement politique des migrants et de leurs enfants. Dans un article collectif cosigné par Chadia Arab, Ahmed Boubeker, Nadia Fadil, Nacira Guénif-Souilamas, Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Nasima Moujoud, Nouria Ouali et Maboula Soumahoro, et intitulé « Ça fait quoi d’être un problème ? », on apprend que
« les membres du "réseau des Buttes Chaumont", dont les frères Kouachi, s’étaient fait exclure des manifestations pro-palestiniennes par les militants de l’immigration et antifascistes au début des années 2000. »
Et plus loin :
« Ironie de l’histoire : ce sont ceux qui se sont hier opposés sur le terrain aux groupuscules violents qui sont aujourd’hui pointés du doigt lorsqu’ils dénoncent l’islamophobie... »
C’est dans cette hétérogénéité militante du nous, animée par le même désir de libération, que je m’inscris et dont voici pour partie l’un des déclencheurs.
Quand les révolutions crevaient l’écran.
Tout d’un coup, j’avais senti un poids se libérer de mes épaules. La tête redressée, je pouvais enfin contempler le monde autour de moi, et regarder droit dans les yeux mes semblables dans le métro. Nous étions fiers et heureux que le monde voie enfin ce dont nous étions capables, qui nous étions réellement. C’était il y a quatre ans à peine, le lendemain des révolutions dans le monde arabe : Tunisie, Egypte, Lybie, Syrie, Bahreïn !
Du Maghreb au Golfe, une foule diverse crevait l’écran au grand dam des médias français. Les clameurs étaient trop fortes pour qu’on ne les entende pas. Les femmes voilées trop présentes pour être invisibilisées. En Egypte, les temps forts des manifestations tombaient souvent le vendredi [1]. La France, ce grand pays des droits islamophobes, assistait, à mon grand bonheur, aux massives prières de rue sur les grandes places. Elles mettaient en scène des égyptiens qui se prosternaient devant Allah, lançant par là-même un défi au pouvoir en place en lui tournant le dos. À ce moment là, le pot pourri des espérances musulmanes, chrétiennes et athées réglait son compte à l’ordre établi : ni dictateur ni sauveur, le peuple prenait son destin en main.
Les peuples du monde arabe donnaient une leçon au monde entier, ils rejetaient les effets désastreux des politiques néo-libérales qui scellaient une alliance redoutable entre dictatures et puissances impérialistes :
إذا الشعــب يومــا أراد الحيــاة فلا بـــد أن يستجيب القــدر
« Lorsqu’un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin de répondre. » [2]
Ce vers issu du poème « La volonté de vivre » est devenu un des slogans des révolutions dans le monde arabe. Il a été composé en 1933 par le poète tunisien Abou El Kacem Chebbi alors qu’il était malade. Il décéda un an plus tard à l’âge de 25 ans.
Ces mots résonnent avec une particulière intensité en Syrie – tandis que les médias, dans leur marche contre-révolutionnaire en France, avec pour arme de choix l’islamophobie, nous expliquent qu’il n’y a, là-bas, que des terroristes. Dire cela est encore une fois réducteur, et c’est participer à la négation des luttes et résistances constantes d’un peuple qui n’a pas voulu abandonner sa liberté aux mains des puissances étrangères – ou celles ensanglantées d’Al Assad.
C’est dans cet ailleurs précisément que se joue aussi notre destin, comme le rappelle Shadi Abu Al-Fakhir, membre fondateur des comités locaux de coordination à Damas, qui dès 2012 nous prévenait que :
« Le sang qui est versé chaque jour en Syrie est aussi un sang versé pour les luttes populaires autre part dans le monde, il s’agit d’une lutte sociale, politique et économique parce que la victoire de la révolution syrienne sera une victoire pour les peuples du monde. La révolution syrienne est pour tous les peuples du monde contre tous les régimes autoritaires qui oppriment leur propre peuple (…) et tous les activistes se battent non seulement pour renverser le régime mais ils se battent aussi pour entrer dans un nouveau siècle, le vingt-et-unième siècle, pour la fin de l’exploitation, la fin de toutes les oppressions contre les peuples du monde, et ça le peuple syrien paye un prix fort chaque jour pour que cela soit possible dans leur futur. » [3]
Les destins des peuples sont liés, et le recul dramatique de cette révolution, que le silence et l’absence de soutien politique étouffent, a redonné confiance aux puissances étatiques pour nous écraser.
Le terrorisme d’État se moque de nous
L’Etat français effrayé par l’effet domino que pourraient entraîner ces insoumissions de masse auprès de la jeunesse marginalisée, de ce « nous » qui se dessine dans le monde arabe, et de sa possible contamination en France, contre attaque. Avec une arme de choix : la diabolisation dont tous les descendants de migrant.e.s font les frais depuis des décennies, et en particulier l’islamophobie. Mais l’impossibilité d’une campagne antiraciste et internationaliste soutenue a laissé le terrain libre à nos ennemis médiatiques et étatiques pour jouer des effets de disproportion et de désinformation quant aux processus politiques en œuvre dans le monde arabe.
Eh oui, la France avance à grands pas dans l’instauration d’un régime d’exception, de terreur, de repli identitaire autour de « valeurs françaises » telles que la famille, la pureté raciale, l’assignation sexiste et validiste. Oui, l’intégrisme républicard se moque de nous. Mais sommes nous pour autant entrés, comme le concluait l’article de Pacôme Thiellement, dans un « monde de plomb » ? Quelque part, pris dans la lourdeur assommante, nous oscillons entre la volonté de vivre et la mort. Et je ne peux m’empêcher de penser que, dans chacune de nos manifestations nous
« maudis[sons] ceux qui ne s’adaptent pas

aux aléas du temps et se contentent de mener
une vie morne, comme les pierres.
Le monde est vivant.
Il aime la vie et méprise les morts,

aussi fameux qu’ils soient. » [4]

p.-s.

Images : Demokrecy de Saira Wassim. Les rebelles de Saira Wassim. Affiche du collectif Le peuple Syrien connait son chemin.

notes

[1] En arabe, le vendredi, ou jumu’a, signifie le rassemblement
[2] Traduction de Masliah.
[4] La volonté de vivre, Poème d’Abou El Kacem Chebbi. Traduction Masliah

SOURCE : http://lmsi.net/Et-si-on-arretait-de-parler-de

Triste espèce. Pauvre Chouette.

L’ère de la civilisation humaine, aussi courte et étrange fût-elle, semblerait tirer sa révérence.

La fin de l’Histoire ?

Il n’est pas agréable de sonder les pensées qui doivent passer par l’esprit de la chouette de Minerve au crépuscule alors qu’elle entreprend la tâche d’interpréter l’ère de la civilisation humaine, qui peut-être maintenant se rapproche d’une fin déshonorante.
Cette ère a débuté il y a presque 10.000 ans dans le Croissant Fertile, qui s’étend des terres du Tigre et de l’Euphrate, traverse la Phénicie sur la côte orientale de la Méditerranée jusqu’à la Vallée du Nil, et puis vers la Grèce et au-delà.
Ce qui se produit dans cette région est riche en enseignements douloureux sur les bas-fonds dans l’espèce humaine peut plonger.
La fin probable de l’ère de la civilisation est annoncée dans un nouveau projet de rapport par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’évaluateur généralement prudent de ce qui arrive au monde physique.
Les terres qui bordent le Tigre et l’Euphrate ont été la scène d’horreurs indescriptibles ces dernières années. L’agression de George W. Bush et de Tony Blair en 2003, ce que beaucoup d’Irakiens ont comparé aux invasions des Mongoles du XIIIe siècle, fut un nouveau coup meurtrier. L’invasion détruisit beaucoup de ce qui avait survécu aux sanctions infligées par les Nations Unies à l’encontre de l’Irak – sanctions impulsées par Bill Clinton, et condamnées comme « génocidaires » par les mêmes distingués diplomates Denis Halliday et Hans von Sponeck qui les avaient administrées avant leurs démissions protestataires. Les rapports ravageurs de Halliday et von Sponeck ont subi le traitement habituellement accordé aux faits indésirables.
Une des conséquences terribles de l’invasion des Etats-Unis et du Royaume-Uni est dépeinte dans le « guide visuel de la crise en Irak et en Syrie » du New York Times comme un changement radical à Bagdad. Les quartiers mixtes de 2003 sont aujourd’hui devenus des enclaves sectaires piégées dans l’amertume et la haine. Les conflits qui ont fait éruption suite à l’invasion se sont répandus au-delà de l’Irak et c’est désormais la région toute entière qui se déchire en lambeaux.
Une grande partie de la région du Tigre et de l’Euphrate est entre les mains d’ISIS et son Etat islamique autoproclamé, une caricature sinistre de la forme extrémiste de l’Islam radical domicilié en Arabie Saoudite. Patrick Cockburn, un correspondant au Moyen-Orient pour The Independent et qui est un des analystes les mieux informés d’ISIS, la décrit comme « une organisation très effrayante et fasciste à bien des égards, très sectaire, qui tue quiconque ne croit pas en leur version particulièrement rigoureuse de l’Islam. »
Cockburn précise également la contradiction dans la réaction occidentale à l’émergence d’ISIS : les efforts d’arrêter son avance en Irak associé à d’autres efforts pour miner l’adversaire principal du groupe en Syrie, le régime brutal de Bashar el Assad. En attendant, une barrière importante à la diffusion de la peste d’ISIS vers le Liban est le Hezbollah, un ennemi détesté par les États-Unis ainsi que par son allié israélien. Et, pour compliquer davantage la situation, les États-Unis et l’Iran partagent désormais une inquiétude justifiée concernant la montée de l’Etat islamique, une inquiétude partagée par d’autres dans cette région si riche en conflits.
L’Egypte a sombré dans un de ses jours les plus noirs sous une dictature militaire qui bénéficie toujours de l’appui des États-Unis. Le destin de l’Egypte n’a pas été écrit dans les étoiles. Depuis des siècles, des voies alternatives ont été faisables et réalisables, et, souvent, une main de fer impériale a fait barrage.
Depuis les horreurs renouvelées de ces dernières semaines il devrait être inutile de commenter ce qui émane de Jérusalem, autrefois considéré un centre de moralité.
Il y a quatre-vingts ans, Martin Heidegger a fait l’éloge de l’Allemagne des nazis pour avoir fourni les meilleurs espoirs dans la libération de la civilisation glorieuse des Grecs d’antan de l’emprise des barbares de l’Est et de l’Ouest. Aujourd’hui, les banquiers allemands écrasent la Grèce sous un régime économique conçu pour maintenir leur richesse et leur puissance.
La fin probable de l’ère de la civilisation est annoncée dans un nouveau projet de rapport par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’évaluateur généralement conservateur de ce qui arrive au monde physique.
La conclusion du rapport est que l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre risque de provoquer « des impacts qui seront graves, omniprésents et irréversibles pour les personnes ainsi que les écosystèmes » au cours des prochaines décennies. Le monde approche de la température qui ne permettra pas d’arrêter la fonte de la vaste couche de glace qui recouvre le Groenland. Si l’on ajoute la fonte des glaces de l’antarctique, cela pourrait faire monter les niveaux des mers et provoquer l’inondation de villes importantes aussi bien que des plaines côtières.
L’ère de la civilisation coïncide étroitement avec l’époque géologique de l’holocène qui commença il y a plus de 11 000 ans alors que l’époque précédente – le pléistocène – dura 2,5 millions d’années. Désormais, les scientifiques estiment qu’il y a environ 250 ans une époque nouvelle a commencé, l’Anthropocène, la période au cours de laquelle l’activité humaine a commencé à influer de manière spectaculaire sur le monde physique. Il est difficile de ne pas prendre en compte la rapidité de ce changement d’époque géologique.
Un des indices de l’impact humain est l’extinction des espèces, désormais estimé à un taux semblable à celui d’il y a 65 millions d’années lorsque un astéroïde heurta la terre. C’est la cause supposée de la fin de l’ère des dinosaures, ce qui a ouvert la voie à la prolifération de petits mammifères, pour aboutir aux humains d’aujourd’hui. Aujourd’hui, ce sont les humains qui, en jouant le rôle de l’astéroïde, condamnent une bonne partie de la vie à l’extinction.
Dans son rapport le GIEC réaffirme que la « grande majorité » des réserves connues d’énergies fossiles devrait-être conservée sous terre pour prévenir les futures générations de risques intolérables. En attendant, les grandes sociétés du secteur énergétique ne font aucun secret de leur objectif d’exploiter ces réserves et d’en trouver d’autres.
Le jour précédant l’annonce des conclusions du GIEC, le New York Times a signalé que les gigantesques réserves de céréales du Mid-West pourrissent afin que les produits du boom pétrolier dans le Dakota du Nord puissent être acheminés par train vers l’Asie et l’Europe.
Une des conséquences les plus redoutées lors du réchauffement climatique de l’Anthropocène est le dégel des zones du permafrost. Une étude publiée dans le magazine Science prévient que « même les températures légèrement plus chaudes [en dessous de celles anticipées pour les années à venir] pourraient être à l’origine de la fonte du permafrost, ce qui à son tour menacerait de déclencher le relâchement de quantités considérables de gaz à effet de serre – actuellement emprisonnés dans la glace » – encourant le risque « de conséquences fatales » pour le climat global.
Arundhati Roy propose que « la métaphore la plus appropriée pour la folie de nos temps » soit le glacier de Siachen, où les soldats indiens et pakistanais se sont entre-tués sur le champ de baille le plus haut du monde. À présent, le glacier fond en dévoilant des « milliers de projectiles d’artillerie vides, des tambours de carburant vides, des piolets, des vieilles bottes, des tentes et toutes sortes d’autres déchets dont des milliers d’êtres humains en guerre produisent » lors de conflits absurdes. Et tandis que les glaciers fondent, l’Inde et le Pakistan sont face à un désastre indescriptible.
Triste espèce. Pauvre Chouette.
Paru dans In These Times, 4 septembre 2014
VF : http://www.chomsky.fr/ 10 octobre 2014
Traduction : M. Labruyère et B. Ruby
Photo : le glacier de Siachen

jeudi 26 février 2015

LES ATTENTATS NE SONT PAS TOUJOURS L'OEUVRE DE CEUX QUE L'ON CROIT

CONNAITRE LE RESEAU GLADIO

Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio…

Le Réseau Voltaire débute la publication en épisodes de l’ouvrage de référence sur l’activité des services secrets de l’OTAN depuis la création de l’Alliance atlantique jusqu’aux années 90. Bien qu’il s’agisse du travail d’un historien, cette enquête sur le Gladio ne ressort pas de l’Histoire, mais bien de notre vie quotidienne. Cette structure secrète est toujours active et les États européens sont toujours sous tutelle anglo-saxonne, comme l’ont montré les enquêtes parlementaires sur les enlèvements perpétrés par la CIA depuis 2001. Il est impossible de comprendre la politique en Europe sans avoir une connaissance précise des réseaux « Stay-Behind ». 
Ce premier article retrace la découverte du Gladio par les magistrats italiens à la fin des années 80.

mercredi 25 février 2015

. La vraie histoire ...... malheureusement ........de la France depuis 200 ans

En 6 heures et 25 minutes , comprendre et connaître toutes les manipulations criminelles des politiciens et militaires qui font depuis 200 ans les " citoyens chair à canon " indispensables aux possédants .

L’Histoire est l’arme absolue pour vaincre la société oligarchique dominante. Sachons le passé en dehors de la propagande élitiste pour comprendre le présent et anticiper l’avenir. L’histoire se doit de redevenir populaire, nous devons la sortir du carcan oligarchique.

lundi 23 février 2015

Ha que c’est beau la communauté nationale en marche. Et au pas de l’oie, c’est pour quand?

MANQUE SEULEMENT PETAIN SUR CETTE PHOTO 
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LE VENTRE EST ENCORE FECOND D’OU EST SORTI LA BETE IMMONDE


""Bonjour, en tant que bon Français, je vous écris pour dénoncer mon voisin qui n’est pas Charlie…"





Châteaurenard : ils n’avaient pas respecté l’affiche “Je suis Charlie”


La Cellule de citoyenneté et tranquillité publique a reçu les deux collégiens et leurs parents dans une procédure de
La Cellule de citoyenneté et tranquillité publique a reçu les deux collégiens et leurs parents dans une procédure de “Rappel à l’ordre”
Vendredi après-midi s’est tenue, dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville, une cérémonie au caractère très solennel : un rappel à l’ordre, organisé dans le cadre de la Cellule de citoyenneté et de tranquillité publique.
Deux collégiens, accompagnés de leurs parents, y étaient convoqués par le député-maire Bernard Reynès, qui les a reçus, entouré de l’adjoint chargé des affaires scolaires (Claude Labarde), de l’adjoint à la sécurité (Michel Lombardo), des chefs d’établissement des deux collèges de la ville, du chef de la police municipale (Max Chaumeil) et de la directrice du CCAS (Élisabeth Rousset).
Possible condamnation
Motif ? Ces deux jeunes, âgés de 12 et 13 ans et demi, n’ont pas respecté l’affiche “Je suis Charlie”, apposée dans leurs deux collèges, après les tragiques événements de ce début de mois, et ils n’ont pas marqué la minute de silence, tenant même des propos jugés inquiétants.
Si ce rendez-vous s’est déroulé à huis clos, l’élu, qui a agi en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la loi, a expliqué, à l’issue, que cette procédure s’adressait autant aux enfants qu’à leurs familles.“Nous ne pouvons en effet pas considérer qu’un adolescent de cet âge-là est totalement responsable de ses propos et de ses agissements”. L’objectif était donc ausside sensibiliser leurs proches à leur responsabilité éducative.
Après le rappel des faits par les deux principaux et après avoir écouté les arguments des parents sur la conduite des deux adolescents, la responsable du CCAS leur a proposé un accompagnement éducatif.
“Nous avons voulu leur faire comprendre la gravité de leurs actes. Et leur donner l’occasion de se ressaisir. Cette procédure est un avertissement d’une grande fermeté mais c’est aussi une main tendue. Ce sont des faits que nous ne voulons absolument pas laisser passer”, explique aussi le premier magistrat de la commune. Il a également insisté sur le fait que cette fois-ci il s’en est tenu à un rappel à l’ordre mais que la loi l’autorise, s’il le décidait, à leur demander réparation du préjudice subi par la Ville.
Et, en cas de réitération, il se verra “dans l’obligation d’en informer le Procureur de la République qui pourra décider d’une sanction, laquelle pourrait déboucher sur une condamnation par un tribunal.” Ce qu’il n’a pas souhaité pour l’instant, afin d’éviter des conséquences dommageables sur leur avenir.
Des propos corroborés par Mounir Layouen, principal du collège Roquecoquille. “Après le rappel des faits, j’ai dit à l’élève, qui a offensé la mémoire des victimes, la gravité de ses gestes. Que c’était inadmissible, inacceptable et incompatible avec le message d’unité nationale, avec les valeurs de la République. Je lui ai aussi expliqué qu’il tombait sous le coup de la loi. Qu’ayant plus de 13 ans, il est passible de poursuites devant un tribunal. C’était un message de fermeté, qui se veut pédagogique et une main tendue à la famille”. Mêmes propos aussi de Jean-Jacques Ayme, directeur du collège Saint-Joseph. “C’est un soutien à la parentalité”, a conclu la directrice du CCAS.
SOURCE : http://www.les-crises.fr/chateaurenard-ils-n-avaient-pas-respecte-laffiche-je-suis-charlie/

Si j’étais un de ces élus peu soucieux des engagements qu’ils ont pris, je commencerais à m’inquiéter et à craindre de me retrouver un jour admonesté publiquement par un comité de salut public ou un tribunal populaire (qui ne serait qu’un nom plus franc et plus clair que “cellule citoyenneté et tranquillité publique”)

dimanche 22 février 2015

Bienvenue dans un monde de plomb


par Pacôme Thiellement 
13 janvier 2015
Nous sommes tous des hypocrites. C’est peut-être ça, ce que veut dire « Je suis Charlie ». Ça veut dire : nous sommes tous des hypocrites. Nous avons trouvé un événement qui nous permet d’expier plus de quarante ans d’écrasement politique, social, affectif, intellectuel des minorités pauvres d’origine étrangère, habitant en banlieue.
Nous sommes des hypocrites parce que nous prétendons que les terroristes se sont attaqués à la liberté d’expression, en tirant à la kalachnikov sur l’équipe de Charlie Hebdo, alors qu’en réalité, ils se sont attaqués à des bourgeois donneurs de leçon pleins de bonne conscience, c’est-à-dire des hypocrites, c’est-à-dire nous. Et à chaque fois qu’une explosion terroriste aura lieu, quand bien même la victime serait votre mari, votre épouse, votre fils, votre mère, et quelque soit le degré de votre chagrin et de votre révolte, pensez que ces attentats ne sont pas aveugles. La personne qui est visée, pas de doute, c’est bien nous. C’est-à-dire le type qui a cautionné la merde dans laquelle on tient une immense partie du globe depuis quarante ans. Et qui continue à la cautionner. Le diable rit de nous voir déplorer les phénomènes dont nous avons produits les causes.
À partir du moment où nous avons cru héroïque de cautionner les caricatures de Mahomet, nous avons signé notre arrêt de mort. Nous avons refusé d’admettre qu’en se foutant de la gueule du prophète, on humiliait les mecs d’ici qui y croyaient – c’est-à-dire essentiellement des pauvres, issus de l’immigration, sans débouchés, habitant dans des taudis de misère. Ce n’était pas leur croyance qu’il fallait attaquer, mais leurs conditions de vie. À partir de ce moment-là, seulement, nous aurions pu être, sinon crédibles, du moins audibles.
Pendant des années, nous avons, d’un côté, tenus la population maghrébine issue de l’immigration dans la misère crasse, pendant que, de l’autre, avec l’excuse d’exporter la démocratie, nous avons attaqué l’Irak, la Libye, la Syrie dans l’espoir de récupérer leurs richesses, permettant à des bandes organisées d’y prospérer, de créer ces groupes armés dans le style de Al Quaïda ou de Daesch, et, in fine, de financer les exécutions terroristes que nous déplorons aujourd’hui. Et au milieu de ça, pour se détendre, qu’est-ce qu’on faisait ? On se foutait de la gueule de Mahomet.
Il n’y avait pas besoin d’être bien malin pour se douter que, plus on allait continuer dans cette voie, plus on risquait de se faire tuer par un ou deux mecs qui s’organiseraient. Sur les millions qui, à tort ou à raison, se sentaient visés, il y en aurait forcément un ou deux qui craqueraient. Ils ont craqué. Ils sont allés « venger le prophète ». Mais en réalité, en « vengeant le prophète », ils nous ont surtout fait savoir que le monde qu’on leur proposait leur semblait bien pourri.
Nous ne sommes pas tués par des vieux, des chefs, des gouvernements ou des états. Nous sommes tués par nos enfants. Nous sommes tués par la dernière génération d’enfants que produit le capitalisme occidental. Et certains de ces enfants ne se contentent pas, comme ceux des générations précédentes, de choisir entre nettoyer nos chiottes ou dealer notre coke. Certains de ces enfants ont décidé de nous rayer de la carte, nous : les connards qui chient à la gueule de leur pauvreté et de leurs croyances.
Nous sommes morts, mais ce n’est rien par rapport à ceux qui viennent. C’est pour ceux qui viennent qu’il faut être tristes, surtout. Eux, nous les avons mis dans la prison du Temps : une époque qui sera de plus en plus étroitement surveillée et attaquée, un monde qui se partagera, comme l’Amérique de Bush, et pire que l’Amérique de Bush, entre terrorisme et opérations de police, entre des gosses qui se font tuer, et des flics qui déboulent après pour regarder le résultat. Alors oui, nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les victimes d’unstorytelling dégueulasse, destiné à diviser les pauvres entre eux sous l’œil des ordures qui nous gouvernent. Nous sommes tous des somnambules dans le cauchemar néo-conservateur destiné à préserver les privilèges des plus riches et accroître la misère et la domesticité des pauvres. Nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les auteurs de cette parade sordide. Bienvenue dans un monde de plomb.