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mardi 20 octobre 2015

ALLAHOU-AKBAR



Chassant ses démons, le verbe exorcise l'action, sa fidèle supplétive. De ce fait tout ce qui ne se dit en mot, s’exprime en violence. Et ce que les gorges ne peuvent psalmodier en parole, les canons des Kalachnikovs crachent en rafale. Dès lors rien d’étonnant que, de nos jours, les cris Allahou-Akbar et les crépitements des balles concomitent. L'explosion de la vérité enfermée sous terre dont nous parlait tant jadis Émile Zola.


Cide
Lundi 19 Octobre 2015

 Zola,  le Kalachnikov et Allahou-Akbar.

Chassant ses démons, le verbe exorcise l'action, sa fidèle supplétive. Et tout ce qui ne se dit en mot, s’exprime forcement en violence. Ainsi ce que les gorges ne peuvent psalmodier en parole, les canons crachent en rafale. 

Dès lors rien d’étonnant que, de nos jours, les cris Allahou-Akbar et les crépitements des balles concomitent. Au point que beaucoup ont désormais du mal à les séparer ou même à en entrevoir les dépendances. 

Pourtant la vérité est claire. Elle est que la pratique religieuse fut fortement combattue par les régimes permissifs au nom d'un progressisme de façade, cache misère en réalité d'un for vice sociopolitique. 

Car de la Tunisie de Ben Ali jusqu'à la Syrie d'Assad en passant par la Libye de Khadafi ou l’Égypte des militaires une seule prière dans une mosquée valait condamnation par subversion. Depuis ces deux mots, les plus répétés en prière, sont devenus hautement suspicieux. 

Et peu de gorges osaient lever la voix pour les crier. Les rafales des kalachnikovs s'en sont alors chargés. L'explosion de la vérité enfermée sous terre dont nous parlait tant jadis Émile Zola. 

Preuve nette que c'est toujours l’oppression sociale qui engendre la violence politique. Toujours est-il que cette dernière, une fois qualifiée de terrorisme, perd sa raison d’être et sa mémoire propre. 

Autant dire que plus personne n'ose expliquer ses ressorts, quand bien même comprendre n'est pas justifier. Du coup ses auteurs deviennent des êtres essentiellement barbares et sanguinaires. 

Déshumanisés alors, la répression qui s’abattra sur eux se trouve réduite à une simple étape dans ce même processus qui les a vus naître. Alimentant de fait la problématique plus que la solution. 

Or, vouloir endiguer la violence politique avant de tarir ses sources créatrices et nourricières revient à vouloir cogner sa tête contre le mur sans avoir mal. Et la répression tous azimuts pour s'en prémunir est aussi insensée que menacer le dit mur de cogner encore plus fort s'il recommence. 

Autant dire le ridicule d’espérer vaincre aujourd’hui l’État Islamique avant d'abattre d'abord le régime Assad ou contrer le confessionnalisme iranien en Irak, les deux mamelles desquelles cette hydre tire toute sa force et sa raison d’être . 

Voire d'assurer un avenir et une stabilité en Égypte avant le retour à la légitimité constitutionnelle issue des urnes. Surtout que les règles démocratiques doivent s'appliquer à tous. Quelque soit l’étiquetage politique ou idéologique. 

Sans oublier les tensions tendues entre Orient et Occident, tant que le Peuple palestinien n'a pas recouvré ses légitimes droits à l’indépendance, la sécurité et la justice. 

C'est que la réaction suit inexorablement l'action et elle ne peut en aucun cas s'en départir. 


Et c'est ici que la morale collective doit fusionner avec le bon sens pour dénoncer et combattre toute oppression. Si ce n'est au nom d'une valeur commune, au moins cela doit-être au nom de l’intérêt des uns et des autres. 

Le chaos syrien est en effet là, telle une plaie béante, pour nous rappeler que, d'une part, aucun conflit est secondaire et que, de l'autre, tout pourrissement engendre des explosions incontrôlables dont les fracas attenteront à tous. 

L’échelle maléfique sera encore autrement plus grande si l’Égypte vient à exploser. Car toute l'Europe, l'Afrique et même l'Asie mineure se trouveront affectées directement et irrémédiablement. 

D’où la nécessité de bien saisir le bon degré de dangerosité de ces processus destructeurs, qui, de surcroît, s’ébranlent souvent en grande vitesse. 
Car comme le bouton de fièvre est le signe d'un état fiévreux causé par un virus invisible, les mouvements violents ou terroristes sont eux l'ombre visible d'un dysfonctionnement de l’État et son système de gouvernance. 

Une fois ce dysfonctionnement réparé ou son « facteur déclenchant » traité, le dérangeant bouton disparaît. Jamais l'inverse. 

En somme : ''Quand on enferme la vérité sous terre, elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion, que, le jour ou elle éclate, elle fait tout sauter avec elle" [1]. 









[1] Émile Zola. J'accuse 

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