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dimanche 24 janvier 2016

QUELQUE CHOSE DE LA COMMUNE

SOURCE



notre amie la Crossope: vivent ses petites dents pointues!


 Contre l'offensive militaro-judiciaire en préparation,
 Contre le monde de la croissance illimitée incarné par un imbécile projet d'aéroport qui n'a pas d'autre utilité que de satisfaire des lobbies économiques et des ego politiques,
contre le monde qui engendre les guerres et refuse d'accueillir ceux qui les fuient, 
contre la société nucléaire chauffant les serres à tomates ogm, contre l'agriculture industrielle, ses fermes-usines et ses milices FNSEA, sa transformation de la nature en Dysneyland et son brevetage du vivant,
contre les nécrotechnologies et l'artificialisation-rentabilisation de tout ce qui existe - humains, surtout humains, compris,
contre une police chez qui l'état d'urgence libère des réflexes remontant à la guerre d'Algérie,
contre une justice qui acquitte le flic qui a abattu un jeune d'une balle dans le dos et qui condamne les salariés de Goodyear,
contre la terrorisation antiterroriste,
contre les médias dominants et leur travail de dégénération des imaginaires,
contre un gouvernement paillasson du Medef (et accessoirement sa fausse critique incarnée par l'opération de retour des morts-vivants baptisée "primaires à gauche"),
contre les fausses solutions à la décomposition de la politique institutionnelle que sont les délires identitaires fascistes, laïcardo-républicains ou djihadistes,


Il faut soutenir la ZAD de Notre-Dame des Landes et les paysans désignés comme squatters par les laquais de Vinci, 
Il faut sauver les campagnols amphibies, les lézards vivipares, les tritons marbrés et ceux de Blasius, la Sibthorpie d'Europe, la Pulicaire commune, la Cicendie naine…
…et le préféré de ce blog:  la Crossope, cette musaraigne qui, pour défendre son territoire,  dispose de nombreuses dents pointues et contenant du venin, ce qui lui permet d'immobiliser des proies beaucoup plus grosses qu'elle tout en les mâchant. Que cette force-là soit avec les zadistes ! 
Là où l'on est (voir communiqué en fin de message), de la manière qu'on peut, si l'on est un tant soi peu attaché à un projet d'émancipation anticapitaliste, il n'y a rien de plus urgent que de participer au mouvement qui aide et fait vivre la zad et son esprit partout.
Camarades, une bataille décisive se prépare, les camps sont clairement définis, nous sommes dos au mur. Face aux flashballs, aux gaz et aux blindés, face à l'obscurantisme des exploiteurs des hommes et de la nature, les zadistes peuvent paraître bien faibles. Mais ils ont en eux toute la force du soleil qui, en une fois, découvre un nouveau monde.



 ***
Pour mieux comprendre ce qu'il s'agit de défendre, on pourra par exemple lire et diffuser le livre de Constellations-Boum paru aux éditions de l'Echappée. Extraits: 
« Dans l’assemblée bimensuelle « Sème ta zad », dont l’idée est née des discussions passionnées entre occupant.e.s et paysan.e.s sur les barricades du Rosier à l’automne 2012, on discute de l’usage agricole des terres de la zone. On fait un point sur les potagers collectifs et sur leurs besoins en matériel et coups de main. On définit les parcelles libres d’usage qui seront dévolues aux cultures de plein champ, dont on attend quelques tonnes de patates et d’oignons. On se dispute sur la dépendance au pétrole de l’agriculture mécanisée ou sur l’exploitation des animaux. On se dote d’une Coopérative d’Usure, Réparation, Casse, et éventuellement Utilisation de Matériel Agricole (la CURCUMA) qui prendra soin des tracteurs en fin de vie légués à la lutte. Le groupe « vaches » ou le groupe « céréales » mettent en place la rotation culturale entre blé, pâtures, sarrasin et fourrage. Un paysan qui refuse l’expropriation propose d’inclure certains de ses champs dans le cycle de rotation, tandis que des occupantes préparent l’expérimentation d’une culture de légumineuses avec des éleveurs bovins de COPAIN. Le résultat, à l’heure actuelle, c’est l’occupation collective et progressive de 220 ha. Un rendez-vous hebdomadaire, qui ressemble à s’y méprendre à un marché – si ce n’est que tout y est à prix libre : chacun donne ce qu’il peut et veut –, permet de mettre en partage une partie de la production agricole. Le reste sert notamment au ravitaillement d’autres luttes, de cantines populaires ou de squats de migrants dans la métropole nantaise.
D’innombrables autres expériences d’autonomie fleurissent, hors des logiques marchandes et gestionnaires. Ce qui était déjà en germe avant la période des expulsions a pris une nouvelle dimension. On voit apparaître un atelier de couture ou de réparation de vélos, une conserverie, une brasserie, une nouvelle boulangerie, un restauroulotte, une meunerie, un espace d’écriture et d’enregistrement de rap, une salle de danse et des cours d’autodéfense… On travaille à la réappropriation du soin avec des jardins de plantes médicinales et des formations médicales, notamment sur les premiers secours aux blessés par les armes de la police. On cherche à construire nos propres réseaux de communication, du site internet à la radio FM. Un bulletin, qui regroupe rendez-vous, comptes rendus d’assemblées, récits et coups de gueule, est confectionné et distribué chaque semaine dans les soixante lieux de vie de la zone par des « facteurs » à pied ou à vélo. On explore des manières de faire la fête à mille lieues des clubs branchés et de l’industrie du divertissement : un festnoz pour inaugurer un hangar convoyé, malgré l’interdiction formelle de la Préfecture, depuis les confins du Finistère ; un banquet de 60 mètres linéaires dans la poussière des balles de blé lors d’une fête des battages ; des transes nocturnes dans une grange graffée, sur de la musique expérimentale ou envoûtés par la voix d’une cantatrice d’opéra… On entretient nous-mêmes une partie des haies, des chemins, des réseaux électriques et des adductions d’eau, lors de grands chantiers collectifs plus ou moins réguliers. On multiplie les constructions, sans permis, ni plan local d’urbanisme, mais avec une inventivité architecturale certaine : à l’aide de matériaux de récup’, de terre, de paille ou de bois d’œuvre abattu et découpé sur place par une scierie mobile amie qui a traversé la France. On cherche sans relâche à s’accorder sur l’usage de ce qui est commun, à en élargir le champ et à densifier les liens qui nous tiennent ». (…)
« Il y a dans ce qui se trame à la zad quelque chose de la commune. Quelque chose de la Commune de 1871, quand une irrépressible émotion collective saisit les habitants de Paris qui devinrent, derrière les barricades, les maîtres de leur vie quotidienne et de leur histoire, soulevant un immense espoir révolutionnaire et entraînant à leur suite des soulèvements dans de nombreuses autres villes. Quelque chose des communes du Moyen Âge qui parvinrent à s’arracher à l’emprise du pouvoir féodal et à défendre les communaux, ces terres, outils et ressources à l’usage partagé. Quelque chose, aussi, de l’éphémère commune de Nantes en 1968, pendant laquelle ouvriers et étudiants occupèrent l’hôtel de ville, bloquèrent la région et organisèrent le ravitaillement des grévistes avec les paysans. Quelque chose qui, désormais, est à la fois le moyen et le sens de notre lutte, et que nous devons continuer à approfondir. Ces imaginaires sont de ceux qui viennent irriguer le bocage de Notre-Dame-des-Landes dans la quête d’un présent désirable et d’un futur possible ».

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