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vendredi 4 décembre 2015

VERS LA GUERRE A PAS DE GEANT : UN GEANT DEMENTIEL

Crise euro-méditerranéenne, ou de la Guerre Hybride à grande échelle - par Giuseppe Masala et Maurizio Blondet

"De plus en plus rapidement, la chronique donne forme à l'histoire de cette nouvelle guerre, qui avance grande et terrible". Officiellement une guerre "contre le tigre de papier appelé ISIS, officieusement entre deux blocs qui se disputent la Mer Noire, la Méditerranée Orientale, le Syrak et le monopole dans le Golfe Persique". Analyse des faits par Giuseppe Masala et Maurizio Blondet.

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Obama et Erdogan
Les DétroitsLes Détroits
G.Masala © megachip.globalist.itG.Masala © megachip.globalist.it
3 DÉCEMBRE 2015 - PAR GIUSEPPE MASALA
De plus en plus rapidement, la chronique donne forme à cette nouvelle guerre, qui menace grande et terrible, voici les derniers faits:
- Très forte attaque de Poutine à la Turquie lors du discours d'aujourd'hui sur l'État de l'Union : Vladimir Vladimirovitch met en doute la santé mentale de la direction de la Turquie et déclare que Ankara regrettera amèrement l'abattement de l'avion russe.
- L'OTAN enverra un navire de commandement et de contrôle dans les côtes de la Turquie et de nouveaux avions dans des bases turques.
- La Russie va ouvrir trois nouvelles bases aériennes en Syrie: Laodicée (Lattaquié), Homs et Hama.
- La Russie armera les Kurdes syriens en fonction anti-turque.
- L'Allemagne rejoindra les bombardiers en Syrie sans aucune coordination avec les Russes;
- La Grande Bretagne bombarde en Syrie sans aucune coordination avec les Russes;
- Bientôt l'Iran bombardera en Syrie sur la base de l'alliance avec la Russie et le gouvernement légitime syrien et donc sans aucune coordination avec l'OTAN.
- La rumeur veut que la Turquie est en train de lancer une opération militaire pour sceller ses frontières avec la Syrie. Traduisant la métaphore cela signifie que les Turcs s'apprêtent à envahir la Syrie avant que les Russes ne ferment les frontières avec la Turquie. Une invasion turque serait une situation très grave, un saut vers le niveau le plus redoutable d'interactions stratégiques et de batailles avec des implications mondiales.
- Les Russes présument que dans quelques semaines (à moins qu'il n'y ait une véritabledésescalade) la fermeture du Bosphore aux navires russes par le gouvernement turc.
- En violation claire et sans équivoque de l'accord de Minsk 2, les autorités ukrainiennes occupent deux villages (Pavlopil et Hnutove) dans le nord-est de Mariupol et appartenant à la zone démilitarisée (zone verte).
- Alors que l'OTAN annonce l'adhésion prochaine du Monténégro, elle accélère pour faire entrer dans son orbite aussi la Bosnie, la Moldavie et la Géorgie, en attirant ainsi dans l'entrelacement institutionnel européen aussi les bourbiers conflictuels des Balkans et du Caucase. 
Fait intéressant, il a été annoncé que le groupe d'attaque du porte-avions USS Truman ne se positionnera pas dans la Méditerranée orientale, mais dans le golfe Persique. Visiblement les croiseur lourd lance-missiles Moskva et les sous-marins russes stationnées au large des côtes syriennes (et turques) gardent à une distance prudente beaucoup de monde ... 
Le vent soufflant sur la ligne de faille Ukraine-Mer Noire-Turquie-Syrak-Iran devient assez froid.

Vers la guerre à pas de géant : un géant démentiel - par Maurizio Blondet 
C'est l'OTAN qui détermine totalement la politique étrangère européenne, qui se fait entraîner dans un tourbillon de provocations qui peuvent conduire à la guerre mondiale
3 DECEMBRE 2015 - PAR MAURIZIO BLONDET
"Que ce soit clair : la Turquie est membre de l'OTAN et notre allié", a dit Obama à Paris à la marge du sommet sur le climat. Les preuves (écrasantes) apportées par Moscou que Erdogan et famille trafiquent le pétrole de Daesh ? "Totalement absurdes", a répondu Steve Warren, porte-parole du Pentagone. Il a décidé de positionner des batteries de Patriot à la front!ère entre la Turquie et la Syrie, comme le voulait Erdogan (et n'avait pas obtenu jusqu'à ce jour).
En même temps, l'OTAN - sur recommandation du conseil américain de l'alliance - invite le microscopique Monténégro (630.000 habitants) et conduit des exercices militaires en Ukraine avec le régime de Kiev. Auquel elle a fourni déjà des armes létales. De son côté Iatseniuk, le gouverneur du régime de Kiev qui est en banque-route et tenu débout par des milliards de financements FMI et européens, propose de fournir à la Turquie "maïs et tournesol et pétrole" (sic) à Erdogan pour l'aider dans la lutte contre la Russie. 
Cameron a obtenu de son parlement le feu vert pour "bombarder les bases ISIS" en Syrie et il le fait sans se coordonner avec les Russes. En pratique, un acte d'hostilité.
Et l'EU a décidé - à huis clos, sans consulter les parlements par la volonté de Angela Merkel - de prolonger les sanctions contre Moscou. Qu'est-ce qu'on reproche à la Russie au juste, on ne sait plus. Une chose est claire : "C'est l'OTAN qui détermine totalement la politique étrangère de l'EU", commente Deutsche Wirtschaft Nachrichten.

Berlin s'engage pour la première fois à envoyer ses Tornado bombarder la Syrie - désormais clairement une opération occidentale pour empêcher la victoire russe contre l'ISIS - bien que des 93 Tornado qu'elle avait acheté au départ ne restent opérationnels seulement 29, des avions âgés jusqu'à 34 ans et considérés obsolètes. Des 68 Eurofighter plus modernes, en restent opérationnels 37. Mais même Berlin a annoncé qu'elle bombardera "sans se coordonner avec la Russie".
La misérable faiblesse par laquelle les européens se prêtent à ces provocations démentes anti-Poutine est démontrée par le fait que depuis que Moscou a positionné les S-400 pour contrer les avions turcs, le français Charles De Gaulle a arrêté de "bombarder l'ISIS". Huit, neuf jours sans incursions sur la Syrie ; sans le permis de Assad - qui ne veut demander - Hollande (qui avait promis une "réponse impitoyable") n'ose risquer son seul porte-avions. Pendant plusieurs jours, au contraire, le Charles De Gaulle a été introuvable. Puis on a découvert qu'il avait quitté la Méditerranée Orientale "pour se réfugier derrière les Patriot USA en Turquie".
Erdogan, qui ne croit pas trouver chaque jour plus de membres de l'OTAN impliqués dans sa sale guerre, a immédiatement consenti aux avions chasseurs français d'aller "bombarder l'ISIS" (entraver les russes) depuis la base turque de Incirlik.
En somme tout l'Occident, dans une parfaite mauvaise foi, s'est arrangé pour donner raison à Erdogan et soutenir de fait Daesh qui succombe sous les tirs russes.
Le nombre de provocations qui émergent dans ces jours est de trop, pour ne pas voir une volonté précise. Il émerge que lorsque les F-16 turcs abattirent le Sukhoi, ils étaient aidés par des F-16 américains comme prétexte pour une représaille russe. "Si c'est vrai, cela signifie que Obama n'a aucun scrupule à commencer un conflit direct avec Moscou", a commenté Michael Jabara Carley, chercheur en politique internationale à l'Université de Montreal.
La dernière jusqu'à ce jour et peut-être la provocation la plus inquiétante : deux sous-marins turcs (Dolunay et Burakreis) escortés par le croiseur américain USS Carney qui porte des missiles balistiques Aegis, sont en train de suivre de près le navire de guerre Moskva, armé de missiles S-300, au large de Chypre, dans les eaux internationales.
La chose est alarmante  parce que ça peut être le prélude à la rétorsion de Moscou la plus crainte depuis les temps des Tsars : que la Turquie ferme le Bosphore et les Dardanellesà la navigation russe. Des rumeurs non vérifiables que Erdogan est déjà en train de le faire : le trafic des navires russes dans les détroits est visiblement ralenti. Il n'y a pas de doute que le régime turc y pense, en est tenté. Le Premier ministre Davutoglou a menacé : "La Russie aussi a beaucoup à perdre" des contre-sanctions.
Si Erdogan fermait les détroits, il commettrait un acte criminel international avec peu de précédents, une violation de la liberté de navigation punie - pour les détroits - par laConvention de Montreux de 1936.
Moscou pourrait faire valoir la Convention et obtenir une condamnation de la soi-disant communauté internationale. Mais en quel lieu ? L'ONU ? L'Europe? Il est clair que la "communauté internationale" est dominée par l'empire du chaos, et lui donnerait tort.
Empêchée de passer avec les bateaux par les Détroits, la Russie ne pourrait plus refournir facilement ses forces en Syrie. Pire : toute sorte de commerce russe serait pratiquement paralysé, rendu difficile et coûteux.
À ce moment là, la guerre contre l'OTAN pour Poutine ne deviendrait pas une option, mais une nécessité. Exactement comme les sanctions de Roosevelt qui laissaient le Japon avec des réserves de pétrole pour huit mois, convainquirent Tokyo que la guerre était une nécessité, autrement ça aurait signifié l'étranglement : et ce fut l'attendue, souhaitée, très désirée Pearl Harbour. Comme un cas d'école, les Etats-Unis "se font agresser" pour commencer les guerres mondiales, et celles locales. 
pour les missiles Aegis, v. aussi les versions anglaise et italienne :
https://en.wikipedia.org/wi
https://it.wikipedia.org/wiki/Sistema_Aegiski/Aegis_Combat_System

La guerre hybride à grande échelle, vers l'abîme - par Giuseppe Masala 
27 NOVEMBRE 2015 - PAR GIUSEPPE MASALA
Pendant que par les mots tout le monde parle de désescalade en ce qui concerne la crise syrienne (ou comme ce serait plus juste de l'appeler : la crise euro-méditerranéenne) les faits nous racontent une toute autre histoire : 
-La Russie envoie en Syrie l'instrument l'instrument anti-aérien le plus meurtrier à l'échelle mondiale : l'S-400. De fait, est engendrée une bulle où il est impossible de voler sans le consentement tacite des russes. Une telle bulle a un diamètre d'au moins 300 km en partant de l'aéroport de Lattakié.
-Moscou enverra au moins 12 intercepteurs Sukoy Su-30.
-Des rumeurs de couloir parlent d'une Russie prête à armer avec des missiles anti-aériens portables Igla les troupes kurdes qui se battent contre l'ISIS et qui combattent en même temps contre les Turcs. 
De leur côté les Américains :
-Envoient le groupe de bataille du porte-avions Truman qui devrait arriver en Méditerranée orientale la semaine prochaine. 
Pour ce qui concerne la partie européenne de la crise :
-les USA mettent au bilan les premières aides à l'Ukraine en armes létales. Auparavant ils les fournissaient officieusement mais maintenant la chose est officielle et est exhibée sur le site du gouvernement américain.
-Les Russes coupent les fournitures du gaz à l'Ukraine en plein hiver.
-Les nationalistes ukrainiens font sauteur 4 pylônes près de l'isthme criméen tout en laissant sans électricité toute la Crimée.
Ce sont des faits gravissimes dont personne ne parle.
Si on regarde une carte géographique, désormais tout l'arc de crise part de l'Ukraine, traverse la Mer Noire, puis la Turquie, et finit en Syrak (Irak+Syrie) sans solution de continuité. Un immense charnier fait de sanctions, affrontements de basse intensité, attentats terroristes et guerre déclarée (officiellement contre le tigre de papier appelé ISIS, officieusement entre deux blocs qui se disputent la Mer Noire, la Méditerranée Orientale, le Syrak et le monopole dans le Golfe Persique).
Il ne suffit plus de définir cette chose comme une "guerre mondiale à échéances", comme le dit le Pape François. Peut-être est-il plus juste de la définir comme une guerre hybride à grande échelle.

sources:

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