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mercredi 28 septembre 2016

NOVECENTO /// BERNARDO BERTOLUCCI

Un film de conviction où le flux des émotions vous entraîne dans un combat, qui demain pourrait être le vôtre. L’argument : Parabole sur l’itinéraire de deux enfants qui naissent en 1900 dans un village d’Emilie. L’un, Olmo Dalco, appartient au milieu des metayers, l’autre, Alfredo Berlinghieri, est le fils du propriétaire. Notre avis : Vous ne savez pas quoi faire de vos prochaines 5 heures ? Alors installez-vous confortablement devant votre écran pour découvrir l’un des chefs-d’œuvre du cinéma italien 1900 (« Novecento » pour les puristes) réalisé par Bernardo Bertolucci et sorti en 1976. Vous y serez bercés par une somptueuse et romanesque composition de l’acolyte de Sergio Leone, le compositeur de « L’homme à l’harmonica », Ennio Morricone. Peut-être beaucoup d’entre vous serez effrayés par cette durée et abandonnerez l’idée de le voir. Mais rassurez-vous ! Tout est prévu ! Le film est fractionné en deux époques, une saga à voir en une ou deux fois ! C’est grâce au succès de son précédent film Le dernier tango à Paris, resté dans les mémoires pour sa célèbre scène avec le beurre, que Bertolucci obtient le financement nécessaire à la production de ce film qui lui tient à cœur. Lui permettant ainsi de bénéficier d’un casting international et aujourd’hui prestigieux, avec dans les rôles titres Burt Lancaster, Donald Sutherland, le jeune mais non moins prometteur Robert de Niro et notre future et controversée figure nationale, Gérard Depardieu. « Rome ne s’étant pas faite en un seul jour », Bertolucci n’a sans doute pas voulu bâcler son discours. Il a pris le parti de prendre son temps afin de nous retracer, en une gigantesque fresque historique, la première moitié du XXème siècle de l’histoire de son pays, l’Italie. Une Italie en souffrance et en déperdition, divisée entre le monde des paysans et celui des propriétaires, où viendra s’intercaler le fascisme. Cette métaphore constante, à travers ses personnages, de cette « malade » qui n’arrive pas à enfanter ou alors dans la mort, fonctionne parfaitement. Le choix de décrire ce milieu rural en profondeur, invite le spectateur à partager sans détour les temps fort d’une vie, de la naissance à la mort. Cette description rurale n’est pas sans rappeler un autre film, qui sortira quelques années plus tard en 1978, le très réaliste L’arbre aux sabots d’Ermanno Olmi. Où la condition paysanne et son dur labeur y sont parfaitement illustrés. Où le temps paraît être une éternité. Où au bout d’une heure de visionnage, le spectateur soupire en regardant sa montre en espérant que son calvaire sera bientôt terminé, mais que nenni vous n’en êtes qu’au tiers du film... Ici nul ennui, le film tient toutes ses promesses. Grâce à un scénario et une mise en scène hauts en couleurs, le film entraîne le spectateur à remonter le cours de l’histoire, et à se laisser guider par le flux des événements. On s’arrêtera sur le côté très sexuel du film et la désinhibition des personnages. La pudeur y est totalement absente. Couvrez ce sein que je ne saurais voir., réplique allant comme un gant à nos amis d’outre-Atlantique qui n’ont pu s’abstenir de censurer certaines scènes. Pour les plus audacieux, vous apprécierez la nudité du beau Robert de Niro et pour ceux qui l’aurait loupé dans Les valseuses de Bertrand Blier, vous aurez aussi la chance de voir Gérard Depardieu dans le plus simple appareil. Tout ce beau petit monde se retrouvant dans une mythique, malheureusement assez courte, scène de masturbation. La sexualité infantile est elle aussi filmée. Il n’est pas sûr qu’aujourd’hui, il serait possible de tourner des films les sexualisant sous peine d’être taxé de pédophilie. Mais ici la démarche est bien scénaristique, et il n’est point question de voyeurisme. De nos jours, la nudité scénique se fait assez rare. Est-ce un sursaut de pudibonderie ? Ou est-ce la difficulté du corps et du jeu qu’il est plus difficile de filmer ? Cette sexualité alliée au fascisme n’est pas sans évoquer le très sulfureux et scandaleux Salò ou les 120 Jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini sorti en 1976. Même s’il est vrai que nous ne sommes pas en présence du même film. Il en ressort que l’on perçoit ce même sentiment de dégoût. La scène du viol de l’enfant, suggérée par l’acte sexuel de Regina et d’Attila est d’autant plus bouleversante, que le spectateur a la véritable sensation d’assister au viol en direct. Séquence tellement violente et dérangeante que la scène du viol dans le film Irréversible de Gaspard Noé paraît bien fade à côté. Une nouvelle fois, Bertolucci fait preuve d’une grande maîtrise de la mise en scène, en réussissant à nous transmettre une vision écœurante du fascisme. Le succès tient aussi pour beaucoup au choix de ses acteurs. Robert de Niro y est parfait dans son rôle de nanti refusant de voir la réalité. Il trouve en écho le jeune Gérard Depardieu où son excellent jeu de paysan révolutionnaire arrive à nous faire oublier celui qu’il est devenu. Mais par dessus tout, celui qui retiendra notre attention pour la qualité de son interprétation, n’est autre que l’excellent Donald Sutherland, le mal incarné. Incroyablement juste, son visage aidant avec ses yeux. exorbités, Sutherland arrive à personnifier la cruauté du fascisme. Ce rôle est sans doute le meilleur de toute sa carrière

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