Une provocation, le burkini ? Bien sûr ! Mais pas plus que le bikini ou le monokini en leur temps, pas plus que le string, le piercing, le tatouage, le décolleté plongeant ou le jean déchiré ou les costumes-cravate de rigueur…
C’est une constante au fil des générations. Tout groupe social éprouve le besoin de se distinguer du reste de la société, souvent en passant par la provocation et divers excès. Ce sont les soupapes nécessaires à l’émancipation de tout groupe humain quel qu’il soit.

Un miroir cruel de notre propre confusion

La connotation religieuse du burkini ? Et alors, en quoi cela concerne-t-il ceux qui justement ne sont pas de cette religion, du moment qu’on ne les contraints pas de s’en accoutrer ? La liberté de la femme, là-dedans ? C’est aux femmes musulmanes de résoudre ce problème, pas aux non-musulmans de leur imposer leurs solutions.
Cette hystérie contre le burkini, après celle contre le voile ou la viande halal, témoigne d’un grave dérèglement de notre santé mentale et de notre capacité à admettre l’autre avec ses différences, fussent-elles un brin provocatrices. Faut-il être singulièrement fragilisé en ses propres croyances pour être ainsi déstabilisé par celles des autres ? Franchement, je trouve ça un peu cucul-la-praline, le burkini (les jeans déchirés aussi d’ailleurs), mais ça ne me dérange pas plus que ça.
À trop vouloir sceller les soupapes d’émancipation des groupes sociaux, nous ne faisons que monter en épingle de simples faits de mode ponctuels et très circonscrits, qu’exacerber l’intolérance, la haine, les passions destructrices. Cette affaire grotesque autour du burkini n’est qu’un nouveau miroir cruel de notre propre confusion. 
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